Un peuple pour…
3 septembre 2006

Un peuple pour…

Prédicateur:
Passage: 1 Pierre 2:1-10

Introduction

Soyez saints. Si nous sommes devenus chrétiens, notre vie a changé. C’est l’une des raisons majeures pour prendre cet ordre au sérieux. L’apôtre Pierre dit que ce changement est comme une naissance, comme une purification, une obéissance à la vérité, comme la fin de l’ignorance. C’est comme être libéré de la futilité des habitudes ancestrales, comme échapper aux pulsions que nous ne maîtrisions pas. C’est un changement où Dieu s’engage, en nous faisant naître de nouveau. C’est un changement où nous nous engageons par la foi.

Dans la suite que nous voulons lire ce matin, la perspective change un peu. Au lieu de nous demander comment la foi en Jésus change la vie d’un individu, sur le plan personnel, nous allons nous intéresser aux conséquences de sa conversion pour la vie dans un groupe.

Lecture

Je lirai 1 Pierre 2, les versets 1 à 10. Nous commencerons avec le thème de la sainteté personnelle pour arriver au thème de la communauté.

1.Pi 2,1 Rejetez donc toutes les formes de méchanceté et de ruse, l'hypocrisie, la jalousie, et toute médisance.

1.Pi 2,2 Comme des enfants nouveau-nés, désirez ardemment le lait pur de la Parole, afin qu'il vous fasse grandir en vue du salut,

1.Pi 2,3 puisque, comme dit l'Ecriture, vous avez goûté combien le Seigneur est bon.

1.Pi 2,4 Il est la pierre vivante que les hommes ont rejetée mais que Dieu a choisie et à laquelle il attache une grande valeur. Approchez-vous donc de lui,

1.Pi 2,5 et puisque vous êtes vous aussi des pierres vivantes, édifiez-vous pour former un temple spirituel et pour constituer un groupe de prêtres consacrés à Dieu, chargés de lui offrir des sacrifices spirituels qu'il pourra accepter favorablement par Jésus-Christ.

1.Pi 2,6 Voici, en effet, ce qu'on trouve dans l'Ecriture à ce sujet : J'ai choisi une pierre de grande valeur et je la pose en Sion à l'angle de l'édifice. Celui qui met sa confiance en elle ne connaîtra jamais le déshonneur.

1.Pi 2,7 Pour vous donc qui croyez : l'honneur ! Mais pour ceux qui ne croient pas : La pierre rejetée par les constructeurs est devenue la pierre principale, à l'angle de l'édifice,

1.Pi 2,8 une pierre qui fait tomber, un rocher qui fait trébucher. Parce qu'ils refusent de croire à la Parole, il leur arrive ce qui était prévu pour eux : ils tombent à cause de cette pierre.

1.Pi 2,9 Mais vous, vous êtes une race élue, une communauté de rois-prêtres, une nation sainte, un peuple que Dieu a libéré pour que vous célébriez bien haut les oeuvres merveilleuses de celui qui vous a appelés à passer des ténèbres à son admirable lumière.

1.Pi2,10 Car vous qui autrefois n'étiez pas son peuple, vous êtes maintenant le peuple de Dieu. Vous qui n'étiez pas au bénéfice de la grâce de Dieu, vous êtes à présent l'objet de sa grâce.

S’approcher de Christ

Goûtez et voyez que le Seigneur est bon, dit le Psaume 34. C’est ce que nous avons fait. C’est ce qui nous motive pour aller de l’avant, pour rechercher la sainteté, pour nous nourrir de la Parole de Dieu, pour grandir dans toutes les dimensions du salut. Ce n’est ni la peur ni la tradition des ancêtres qui nous motive : mais la bonté de Dieu. Approchons-nous donc de lui.

Je vois bien ce qu’il faut faire pour s’approcher d’une star du foot ou de la télé. Il faut se débrouiller pour savoir où elle est, par où elle va passer. Il faut passer devant les autres, ou entre les autres. Il faut contourner le service d’ordre. Et le tout pour offrir des fleurs ou obtenir une signature. On s’approche… mais après, la star s’éloigne.

S’approcher de Dieu… alors qu’on peut le trouver partout et qu’il n’y a pas de service d’ordre pour barrer le chemin. Mais il y a tout de même une distance morale, des obstacles spirituels. S’approcher du Seigneur : c’est une façon que la Bible utilise pour parler de la foi, comme lorsque Jésus dit : « Venez à moi… ». La foi, avec la repentance. La foi, avec l’écoute. La foi, avec l’obéissance. C’est comme cela qu’on s’approche de Dieu. En reconnaissant que c’est lui le Maître.

La dimension communautaire de la foi

Et c’est ici que l’apôtre Pierre enchaîne avec la dimension communautaire de la foi : Comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former un temple spirituel. Des pierres. Tout ce qu’il y a de plus mort. Des pierres vivantes, dit-il. C’est donc une image, l’image de chrétiens qui s’assemblent et qui s’ajustent les uns aux autres comme les pierres d’un grand bâtiment. Une maison faite avec des pierres, ça coûte cher. Et le genre de maison que Pierre envisage ici n’est rien de moins qu’un temple où Dieu sera adoré. Toutes ces pierres, un seul temple spirituel. Tous ces chrétiens, une seule communauté.

Il est évident que le monde occidentale est faible dans ce domaine. Toute notre société est individualiste, tournée vers les droits de l’individu plutôt que vers les droits de la communauté. Cela a dû commencer très tôt, en germe lors de la Réforme, avec de plus en plus de puissance à travers les Lumières, la Révolution française, le mouvement romantique, jusqu’aux temps modernes. Cela a un côté très positif, parce que la communauté a souvent été répressive : l’Église contre les protestants ; les protestants contre les anabaptistes ; l’armée contre Dreyfus ; le village contre celui ou celle qui affiche sa différence ; la classe d’école contre l’élève souffre-douleur.

Il n’empêche que l’être humain sans une communauté n’est rien. Les politiques le disent : la cohésion sociale est un vrai problème de nos jours. Parce que tout pousse vers le libre choix, l’individualisme, le refus des contraintes, l’éclatement, la solitude, l’égoïsme. Sans renoncer aux droits des personnes, le monde occidental a besoin de retrouver le sens de la communauté.

L’Église

L’Église a besoin de retrouver le sens de la communauté. Voyez avec quels mots l’apôtre Pierre la décrit :

  • une maison spirituelle, un temple ;

  • un saint sacerdoce, un groupe de prêtres consacrés à Dieu ;

  • une race élue, une lignée choisie ;

  • un sacerdoce royale, une communauté de rois-prêtres ;

  • une nation sainte ;

  • un peuple que Dieu s’est acquis.

Avec ces mots-là, on comprend que l’Église est très importante et pour Dieu et pour nous. Si nous appartenons à Jésus-Christ, nous appartenons à ce peuple saint. La négliger, s’en séparer, s’en couper, ce serait grave.

Les mots que Pierre emploie font penser au peuple d’Israël dans l’Ancien Testament. Peuple différent des autres, peuple élu, peuple racheté de l’Egypte, peuple de la loi, peuple à la destinée si particulière. Et l’Église dans ce monde est dans une situation semblable. Dans le monde sans être du monde. Rachetée de la vaine manière de vivre hérité de nos ancêtres, disait l’apôtre. Nous partageons la même humanité que tout le monde. Mais nous avons une vocation, une loi, une identité qui nous mettent à part.

La différence

L’apôtre Pierre a des mots pour parler de cette différence.

  • Au verset 7, il est question de la différence entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, qui rejettent le Christ. L’honneur que Dieu réserve aux uns, le contraire pour les autres.

  • Au verset 8, il y en a qui trébuchent, qui achoppent sur la personne de Jésus-Christ. Ceux qui lui font confiance vont tenir debout.

  • Au verset 10, Pierre dit nous n’étions pas le peuple de Dieu. Nous n’étions pas non plus au bénéfice de sa grâce. Quelque chose a donc changé, nous ne sommes plus comme avant, nous ne sommes plus tout à fait comme tout le monde.

Et cette différence qui nous démarque des autres, le Christ l’a vécue aussi. Au verset 7, citant le prophète Esaïe, le Christ a été rejeté par les constructeurs, c’est à dire par les autorités du peuple juif. Au verset 4, selon l’apôtre Pierre, il a été rejeté par les hommes en général, sans distinction de lieu ou de temps. Alors que Dieu l’avait choisi et établi et honoré.

Si tu es chrétien, tu as choisi de suivre quelqu’un de différent. Il faut que tu acceptes la différence et que tu mènes ta vie en conséquence. Il faut que tu prennes ta place avec fierté dans le peuple nouveau que Dieu est en train de créer.

La vocation : dire les hauts faits de Dieu

Et qu’est-ce que tu vas y faire ? Le verset 5 répond à cette question. Comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former un temple spirituel et pour constituer un groupe de prêtres consacrés à Dieu, chargés de lui offrir des sacrifices spirituels…

En Egypte, en Grèce, à Babylone, toutes les religions de l’antiquité avaient des prêtres, des gens mis à part pour servir les dieux. Très souvent l’essentiel de leur activité se passait loin de la foule : ils étaient isolés dans leur temple et ils offraient des sacrifices à leur dieux. Pour la crue du Nil. Pour la vie de l’empereur. Pour les récoltes. Pour la victoire. C’était leur job. Pourvu que les dieux acceptent leurs sacrifices.

Quels sacrifices ? De l’encens, des céréales, du vin, de l’huile, des animaux… parfois des prisonniers de guerre, des criminels, des enfants même. En tout cas, l’offrande était matérielle.

Et nous, si nous sommes des prêtres, qu’est-ce que nous allons offrir à Dieu ? Des sacrifices spirituels, dit Pierre. Il n’est plus question d’offrir un coq dans un temple païen. Il n’est plus question d’offrir un mouton dans le Temple de Jérusalem. C’est fini, tout ça, à cause du sacrifice de Jésus. Les sacrifices que nous offrons sont spirituels.

Si vous cherchez dans d’autres livres du Nouveau Testament, vous trouverez au moins trois exemples du sacrifice que le chrétien offre à Dieu.

Rom 12,1 Je vous invite donc, frères, à cause de cette immense bonté de Dieu, à lui offrir votre corps comme un sacrifice vivant, saint et qui plaise à Dieu. Ce sera là de votre part un culte spirituel.

Ici nous sommes invité à nous offrir nous-mêmes à Dieu, notre vie, notre corps, notre intelligence, toutes nos facultés pour le servir.

Ph 2,17 … le sacrifice que vous offrez à Dieu, c'est-à-dire le service de votre foi

Le service de notre foi, c’est un sacrifice offert à Dieu.

Hbr 13,15 Par Jésus, offrons donc en tout temps à Dieu un sacrifice de louange qui consiste à célébrer son nom.

Nous louanges sont un sacrifice offert à Dieu.

Mais dans le passage que nous avons lu en 1 Pierre il y a encore autre chose. Au verset 5 il est question d’un corps de prêtres qui offrent des sacrifices spirituels ; au verset 9 d’une communauté de rois et de prêtres qui annoncent les hauts faits de Dieu. Et le premier des hauts faits de Dieu que nous proclamons est celui dont l’apôtre ne cesse de parler : le Christ, annoncé par les prophètes, est venu. Celui qui, comme un agneau, a donné sa vie en sacrifice pour nous est ressuscité. La pierre rejetée par les hommes est devenue la pierre principale de toute la maison. Nous faisons donc partie d’une communauté qui a comme mission de dire ce que Dieu a fait. Où ça ?

Nous avons entre autres la mission d’adorer Dieu, de lui apporter le sacrifice de la louange. Nous le faisons ici ce matin. Du coup, nous redisons les œuvres de Dieu devant Dieu et les uns aux autres. Mais le mot que Pierre emploie ici comporte la nuance : aller annoncer, proclamer, révéler, raconter. Il ne s’agit pas seulement de célébrer les œuvres magnifiques de Dieu entre chrétiens. Mais d’aller les dire plus loin, les annoncer. Comme les prêtres juifs d’autrefois qui ne restaient pas coincés dans leur temple mais qui vivaient au milieu du peuple et qui devaient enseigner la loi au peuple.

Nous avons à dire ce que Dieu a fait de façon à être compris par ceux qui nous entourent. Ce qui implique le respect, l’humilité, l’intégrité, la sainteté. Ce qui implique l’amour des gens, la patience, l’écoute. Ce qui implique d’apprendre les mots et les concepts et les idées qui communiquent vraiment. Nous avons beaucoup de choses à apprendre dans ces domaines. C’est un vrai défi qui incombe à tout le peuple de Dieu.

Conclusion

Pourquoi Dieu t’a-t-il fait naître à une vie nouvelle par son Esprit ? Pour que tu intègres son peuple, et pour que tu annonces ses hauts faits. Ils nous a appelés pour cela. Ensemble, Dieu veut qu’on réussisse.

Amen.