16 avril 2006

Pâques 2006

Prédicateur:
Passage: 1 Corinthiens 15:3-9
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Introduction

Ces jours-ci, on entendra sûrement parler de l'Evangile de Judas. J'ai bien dit : l'Evangile de Judas. C'est un manuscrit en langue copte des années 300 après Jésus-Christ. L'original grec qui a dû voir le jour entre 150 et 180 de notre ère. Les journalistes vont essayer de nos faire croire qu'il nous donne des renseignements inédits sur Jésus et sur Judas. 150 ans après les faits.

Ce n'est pas un évangile comme nous entendons le mot. Il n'est pas question des actes de Jésus, seulement d'entretiens qu'il aurait eus avec ses disciples juste avant la croix. Jésus se moque d'eux, il leur rit au nez, parce qu'ils sont habités par un dieu inférieur, ils ne comprennent rien à rien. Judas est le seul qui aurait compris que Jésus était le représentant du Dieu bon. Jésus lui demande de le trahir, pour qu'il puisse sauver le monde… non du péché, mais de l'ignorance qui s'attache à ce monde mauvais et matériel. En fait, ce n'est pas Jésus qui sera sacrifié. Il dit à Judas : « Tu surpasseras tous les autres, car tu sacrifieras l'homme qui me sert d'habit ».

Nous voilà dans le bon vieux délire des gnostiques, avec plein de spéculations sur la hiérarchie des puissances invisibles, sur le mauvais dieu créateur et le dieu bon, et sur Jésus qui n'avait que l'apparence de l'humanité. Un homme lui servait d'habit.

Si nous remontons une centaine d'années plus tôt, ce ne sont pas des spéculations philosophiques que nous trouvons, mais une série de témoignages oculaires et de récits d'historien. Quatre Evangiles beaucoup plus près de l'événement. Ils disent tous que Jésus, homme à part entière, est vraiment mort, vraiment ressuscité.

Ce témoignage est résumé dans une lettre datant des années 54-55 de notre ère. Je vais vous le lire. Il s'agit d'1 Corinthiens 15.3-9.

L'apôtre Paul dit ici que la première partie de ce témoignage n'est pas directement de lui. D'autres le lui ont transmis. Avant lui il y avait de témoins directs, peut-être des écrits. Des récits que l'on pouvait apprendre par cœur pour la transmission orale. C'est à partir de ces faits que Paul construit son enseignement dans le reste du chapitre. Ce n'est pas la philosophie qui crée le récit, comme chez les gnostiques, c'est le récit qui force à réfléchir et qui amène à croire.

J'aimerais appeler à la barre l'un de ces témoins directs, Yohanan ben Zibdiyahou, ou si vous préférez, Jean, fils de Zébédée. J'aimerais qu'il nous parle de ce qu'il a vécu à l'occasion de la Pâque de l'an 30. Vous pourrez vérifier son témoignage sur la feuille qui vous a été remise.

Le témoignage de Jean

J'étais jeune à l'époque. Ce jour-là, toute ma vie je m'en souviendrai. Les hurlements. Les obscénités. La haine. Les gens qui ricanent. Et qui peu à peu se taisent. Ils attendent. C'est le spectacle des grands jours, le spectacle des exécutions. Mais cette fois-ci même les ivrognes sont impressionnés. Ils attendent. Plus rien ne se passe. Le soleil monte dans le ciel. Il commence à faire chaud. On attend.

On attend le miracle ou la mort.

Moi, j'attends que Jésus meure. Il n'y a rien d'autre à faire. Quel gâchis ! ça ne devait pas se terminer comme ça. Il était pour moi comme un ami, comme un frère aîné, comme un guide spirituel. Et ses ennemis l'ont piégé, l'ont mis en croix. J'attends. Je prie pour que ça se termine vite. Je prie pour que Dieu le soulage. Je prie ne sais quoi. J'attends.

J'ai tout vu. Les ténèbres, le coup de lance, l'eau et le sang. Les deux autres qui ont les jambes brisées à coups de masse. Ce corps inerte, qui repose enfin, enroulé dans un drap.

J'ai tout entendu. Père, pardonne-leur. Fils, voici ta mère. Tout est accompli.

J'ai tout senti, les odeurs. Le sang. Le vinaigre. Les aromates que les femmes ont mis dans le drap. Heureusement qu'elles étaient là, pour s'occuper de tout. Marie et moi, nous n'avions qu'à les suivre jusqu'à la tombe. Puis j'ai ramené Marie chez moi.

Céphas nous a rejoints à la maison. Comment il a trouvé la force d'aller à la colline du Crâne, je ne sais pas. Mais il a passé le sabbat avec nous. Il n'a voulu que dormir. Et pleurer.

Le troisième jour, on s'était à peine levé que ça cognait à la porte et que ça criait. C'était l'autre Marie, celle de Magdala. « On a enlevé le Seigneur de la tombe, et nous ne savons pas où on l'a mis. » Le choc ! Le temps de retrousser nos robes, Simon et moi courons jusque là-bas. La Magdeleine, elle est semée. On arrive sur place, la tombe est ouverte, la grosse pierre est sur le côté, les saletés laissées par les gardes sont là, mais plus de soldats. Simon n'a jamais été très pratiquant, il est entré dans la tombe sans se poser de questions. Il me dit de le suivre. Il n'y a plus personne. « On a enlevé le Seigneur de la tombe ». Ce n'est pas ça. Ou alors il faut croire qu'ils ont pris de temps d'enlever le drap, de défaire les bandes, de tout ranger sur le côté, et de partir avec un corps nu qui suintait de toutes ses plaies. Non, personne n'a enlevé le Seigneur. Il s'est enlevé tout seul, il est ressuscité. Le troisième jour, tenant à peine debout dans cette tombe creusée dans la roche, je l'ai cru.

Un flash ? Une révélation ? Un éclair mystique ? Pas vraiment. Tout un ensemble d'éléments qui en cet instant se sont assemblés, spontanément, comme les pièces d'une mosaïque.

Je savais déjà que Jésus avait un pouvoir sur la mort. Il a fait revivre un jeune qu'on était sur le point d'enterrer. Il a ressuscité une petite jeune fille. Et surtout il a fait revenir à la vie le frère de Marie et de Marthe, qui était dans la tombe depuis quatre jours. « Je suis la résurrection et la vie », dit Jésus. Et pour le prouver, il fait revenir Lazare. Il avait un pouvoir sur la mort.

Une autre partie de la mosaïque, c'est la vie et la personnalité de Jésus. J'étais avec lui depuis 3 ans. Je l'ai vu fatigué. Je l'ai vu entouré d'ivrognes et de prostituées. Je l'ai vu harcelé par les chefs religieux. Je l'ai vu adulé par la foule. J'ai vu comment il se comportait quand il était seul. Jamais, jamais il n'a péché. Je l'ai vu faire des miracles. Et j'ai cru, nous avons tous cru, qu'il était vraiment ce qu'il disait : l'envoyé de Dieu, le Fils de Dieu, l'Eternel. Pendant trois ans nous l'avons regardé à la loupe. Il était bien le Messie. Et un jour, un vendredi de fureur et de haine et de sang, un seul jour disait le contraire. Je tremblais de froid dans cette tombe. J'ai compris que c'est ce vendredi noir qu'il faillait comprendre autrement, et pas les trois ans.

Et ce n'est pas seulement la fraîcheur matinale qui me faisait trembler. C'est d'avoir vu de mes propres yeux, d'avoir touché de mes mains, d'avoir vu et entendu la vie éternelle venue du Père.

Plusieurs fois il nous avait dit ce qui lui arriverait : le rejet, le fouet, la croix. Plusieurs fois il nous avait prévenu que ça ne se passerait pas comme nous on le pensait. Et plusieurs fois il nous avait dit qu'il ressusciterait. Voilà encore l'un de ses jeux de mots, je pensais, encore l'une de ses paraboles. Mais non. C'était la plus stricte vérité. Et ça collait avec ce que disent les Ecritures.

C'est pour toutes ces raisons-là que j'ai cru. Le tombeau était vide – mais pas vide. Parce qu'il y avait les linges mortuaires par terre, et le linge qui couvrait sa tête enroulé à part, à sa place.

Je suis rentré chez moi, sonné.

Le soir, on s'est retrouvé tous ensemble chez Jean-Marc et sa mère. Il ne manquait que Thomas. Moi j'ai vu un tombeau vide. Simon a vu le Seigneur, vraiment. Cléopas et sa femme ont vu le Seigneur. La Magdeleine a vu le Seigneur. D'autres femmes pareil. Nous étions quinze ou vingt à en parler. Et puis, Jésus s'est joint à nous. Comme si de rien n'était. Comme si les portes n'étaient pas fermées à clef. Comme s'il n'était pas mort. On ne pouvait pas se tromper, c'était bien lui, en chair et en os, avec des trous là, et là. Le Seigneur. Vraiment ressuscité.

Jésus a fait encore beaucoup d'autres choses que je ne peux pas vous dire ce matin. Mais je vous ai raconté ces choses afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie en son nom.

Ce que je vous dis là, je l'ai écrit aussi. Je suis vieux maintenant. Bientôt je le reverrai tel qu'il est. Mais j'ai tellement envie que vous le connaissiez aussi, que vous soyez en communion avec nous, que vous ayez la vie éternelle.

Gardez-vous des contrefaçons. Gardez-vous des idoles !

Voilà un témoignage solide. Si vous voulez l'avoir en entier, ce livret bleu est à votre disposition à la sortie du culte. Nous l'appelons aujourd'hui l'Evangile de Jean. C'est le dernier des quatre évangiles véritables, c'est sans doute le plus profond. Il faut le connaître. Et à travers ce livre, vous connaîtrez le Fils de Dieu, Jésus, vrai homme, vrai Dieu, mort pour vous, vivant pour toujours.

Il est ressuscité. Il est vraiment ressuscité !

Résumé

Message de Pâques 2006

L'Evangile de Judas

Manuscrit copte des années 300 ap. J-C.

Original grec rédigé 150-180 ap. J-C.

Entretiens de Jésus avec ses disciples avant la croix.

Jésus se moque d'eux : ils sont habités par un dieu inférieur.

Judas est le seul qui aurait compris.

Jésus lui dit : « Tu surpasseras tous les autres, car tu sacrifieras l'homme qui me sert d'habit ».

Philosophie gnostique :

  • spéculations sur la hiérarchie des puissances invisibles ;
  • le mauvais dieu créateur et le dieu bon ;
  • Jésus n'avait que l'apparence de l'humanité.

Rédaction des Evangiles de Mathieu, Marc, Luc et Jean : 60-90 ap. J-C :

  • témoignages oculaires ;
  • récits d'historien ;
  • Jésus, homme à part entière, est vraiment mort, vraiment ressuscité ;
  • Il est le Messie, le Fils de Dieu.

Résumé dans 1 Corinthiens 15.3-9, 54-55 ap. J-C.

Le témoignage de Jean

Jésus est vraiment mort à la croix : Jean 19

Le matin de Pâques : Jean 20.1-18

Jésus plus fort que la mort : Jean 11

« Je suis la résurrection et la vie » : Jean 11.25

Jésus sans péché : Jean 8.29 et 46

Jésus Fils de Dieu : Jean 5.15-30

Jésus, l'Eternel : Jean 8.58 ; Jean 1.1 et 20.28

Jean a vu, entendu, touché : 1 Jean 1.1-3

Jésus annonce sa mort et sa résurrection : Jean 2.19-21 ; 6.51

Cf. Marc 8.31 ; 9.31 ; 10.33-34

Les Ecritures annoncent sa résurrection : Esaïe 53.10-11 ; Jean 20.9

Le soir du dimanche : Jean 20.19-23. Cf. Luc 24.33-45

Jésus a fait beaucoup d'autres choses : Jean 20.30-31

Nous le verrons tel qu'il est : 1 Jean 3.2

Avoir la vie éternelle en Christ : Jean 3.16 ; 1 Jean 5.13

Gardez-vous des idoles : 1 Jean 5.21

Il est réellement ressuscité !