Un nouveau regard sur l’évangélisation
18 juin 2006

Un nouveau regard sur l’évangélisation

Prédicateur:
Passage: 1 Pierre 2:12 et 1 Pierre 3:15-16

Introduction

Nous sommes le 18 juin. C'est déjà la fin de l'année scolaire, ou presque. Il flotte un air de vacances. Il y a eu des examens, d'autres sont encore à venir, puis ce sera l'été. C'est le moment des bilans, comme nous en faisons en ce moment pour les activités de l'Église. C'est l'heure des réflexions concernant la suite.

J'aimerais partager avec vous certains réflexions que nous avons eues en conseil et que nous pourrions appeler : un nouveau regard sur l'évangélisation.

C'est quoi, l'évangélisation ? C'est la communication de l'évangile à ceux qui ne le connaissent pas, ou qui le connaissent mal. Ce n'est pas : imposer mon expérience de la vie à quelqu'un d'autre. C'est lui dire, avec humilité et respect, ce que je sais de l'Évangile. C'est comme lui fournir l'adresse d'un bon restaurant, ou lui expliquer comment faire pousser des tomates.

Avec un plus : la conviction que c'est Dieu lui-même qui nous confie cette mission. Jésus a dit aux apôtres d'aller dans le monde entier faire des disciples parmi tous les peuples. Et nous sommes solidaires de cette mission. C'est même l'une des convictions fortes des Églises Évangéliques dont nous faisons partie : nous sommes appelés à dire plus loin le témoignage de Jésus-Christ. Avec l'espoir que nous serons entendus.

Aujourd'hui, et c'est un phénomène étrange, on dirait que seuls les politiques et les artistes et les marginaux ont le droit de faire valoir leur point de vue. Un chrétien qui parle de sa foi est taxé d'intégriste ou de fanatique, on dit qu'il ne respecte pas la laïcité. Mais non, il use simplement de son droit humain et démocratique. La liberté d'expression fait partie de la constitution française et de la déclaration universelle des droits de l'homme. Évangélisons, donc.

Réflexions à Ozoir concernant l'évangélisation

Ces derniers temps à Ozoir, nous avons travaillé plusieurs thèmes très importants : la diversité culturelle, les petits groupes, la communion fraternelle. Nous avons trouvé un responsable dynamique pour le groupe de jeunes. Nous avons essayé de mettre en œuvre les dons de chacun. Les cultes sont bienfaisants, les responsables sont unis. Nous avons mené des actions grand public.

Mais n'avons pas une stratégie d'évangélisation qui repose sur une analyse claire des besoins et des possibilités d'action aujourd'hui. C'est un comble, me diriez-vous dans une Église qui se dit évangélique.

QUATRE CONSTATS

Un premier constat : la lassitude

Mais j'ai l'impression que nous sommes fatigués de l'évangélisation. Nous avons l'impression d'avoir tout essayé en vain. Autrefois, certaines méthodes ont porté des fruits, mais aujourd'hui nous n'avons pas confiance en elles, nous n'avons pas envie de les infliger à nos amis, nous sentons un décalage entre ce que nous proposent les professionnels de l'évangélisation et ce que nous, chrétiens lambda, pouvons faire. Pour beaucoup de chrétiens, la terre autour de nous est devenue stérile.

Ce constat pessimiste ne concerne pas tout le monde. Aux Antilles et en Afrique on parle beaucoup plus facilement de Dieu qu'en Europe. Les chrétiens antillais et africains d'Ozoir ont autour d'eux des réseaux d'amis et de parents où l'évangélisation est encore possible. Les jeunes et les étudiants peuvent eux aussi rencontrer une certaine ouverture d'esprit. Mais les métropolitains de plus de trente ans ont beaucoup plus de mal. Dans d'autres pays du monde, vous prêchez dans la rue, les gens se convertissent sur-le-champ. Mais chez nous, dans notre évangélisme moins exubérant, dans notre culture européenne, on ne voit pas beaucoup de progrès et, surtout, on ne voit plus beaucoup de zèle pour évangéliser.

Deuxième constat : Tous ne sont pas las, mais tous ont besoin de s'adapter culturellement

Il y a quelques semaines dans notre groupe de maison nous parlions du témoignage personnel. Et Gertrude, qui vient du Congo-Brazzaville, nous disait qu'à son travail elle pouvait facilement parler de Dieu à ses collègues. A ses collègues noirs. Mais pas aux blancs. Odette, qui vient du Congo-Kinshasa, dit la même chose. Et elle demande si c'est partout pareil. Je lui ai dit qu'oui.

Mais le constat de mes amies africaines m'a réveillé. Mon vieux, voilà un chantier. Former ceux et celles qui ont envie de témoigner pour qu'ils soient des témoins efficaces dans une culture qui aimerait bien étouffer leur voix. Les former en tant que missionnaires.

Il y a dix jours mon collègue Alain Debret devait m'attendre à la gare d'Ozoir-la-Ferrière à 7 heures du matin pour que nous partions ensuite ensemble pour une réunion près de Montbéliard. Le voilà donc qui se lève de bonne heure et qui se trouve dans le wagon du RER E devant un petit tas de sable. Quelqu'un avait vomi. Un autre voyageur dit une petite banalité, et les voilà qui discutent. Moi aussi, dit l'autre, je buvais, je fumais, mais c'est fini grâce à la foi. Oui, dit Alain, la foi c'est important. Le Coran dit ceci, affirme l'autre. La Bible affirme ceci, dit Alain. A sept heures du matin un musulman africain témoigne à un pasteur blanc. C'est frappant. Et c'est un défi pour les chrétiens.

Le défi qui se présente à nos amis Africains, c'est aussi le problème de nous autres européens. Nous ne savons plus comment rejoindre nos contemporains, comment leur témoigner. Nous nous sommes adaptés jusqu'à un certain point. Mais si je regarde notre Église, si je regarde ma propre vie, j'ai un sentiment de frustration et de culpabilité. En ce qui concerne l'évangélisation, je sais ce que je ne veux plus faire. Mais est-ce que je sais ce que je veux ? Il faut qu'on s'adapte.

Troisième constat : le blocage se situe en amont de toute réunion et de toute méthode

Un autre constat m'a éclairé. Nous arrivons très bien à organiser des concerts d'évangélisation. Mais les chrétiens ont du mal à inviter leurs amis. D'abord ils ne savent pas si la prestation va être de qualité. Ensuite ils ont peur qu'après un bon moment musical on ne vienne prêcher Évangile Leurs amis ne sont pas venus pour ça. Ils ressentent un profond malaise avec une technique commerciale qui commence avec les centres d'intérêt du client pour ensuite vendre un produit qui n'a rien à voir. Nous, à Ozoir, on peut organiser des événements.

Mais là où j'ai fait un pas de plus, c'est en me rendant compte que le blocage dans l'évangélisation se situait dans notre tête, dans nos mentalités, dans notre style de vie. Le blocage n'est pas dans le choix des méthodes – film, concert, tract ou livre. C'est dans le fait que nous ne connaissons pas beaucoup de non-chrétiens, et que nous n'arrivons pas, pour xy raisons, à leur annoncer Évangile

Quatrième constat : je ne peux pas me défausser sur d'introuvables évangélistes

Je peux peut-être vous indiquer un dernier élément qui m'a fait évoluer. Pendant longtemps j'ai prié pour que Dieu nous donne des évangélistes. J'ai essayé en vain d'avoir un comité pour l'évangélisation. Et puis je me suis rendu compte que je ne pouvais pas me défausser sur les autres d'une responsabilité qui est la mienne ; et que Église ne pouvait pas le faire non plus. Selon Éphésiens 4 il y a bien un ministère d'évangéliste. Mais il s'exerce en faveur de tous les chrétiens pour les équiper pour leur ministère. Il n'est pas un oreiller de paresse.

Objectif : un demi-tour dans les mentalités !

Je vois donc comme un grand chantier pour l'année qui vient, et même au-delà, d'effectuer un changement de culture dans Église, et en moi-même d'abord, pour que Église soit tournée davantage vers l'extérieur.

Comprenez-moi bien. Je ne m'engage pas dans une sorte de course aux méthodes, comme si avec tel film, tel chanteur, telle formation allait enfin marcher. Nous ne sommes pas à l'affût de l'ultime astuce de marketing qui résoudrait nos difficultés. Nous n'avons pas de produit à vendre.

Voici le but que je me fixe, que le conseil d'Ozoir se fixe pour l'année qui vient, pour plusieurs années sans doute :

Opérer un changement de mentalité en nous et dans Église pour que notre mission dans le monde soit mieux comprise et mieux vécue. Qu'à la longue nous soyons tous plus à l'aise dans nos contacts avec ceux qui ne connaissent pas le Seigneur, que nous en connaissions beaucoup, que nous sachions apporter à chacun la parcelle de vérité qu'il est capable de recevoir, que nous ayons une panoplie complète d'approches qui permettent à nos contemporains de nous découvrir, de découvrir notre message, de découvrir notre Seigneur.

AXES PRIORITAIRES

Augmenter la surface de contact

Un objectif qui me paraît incontournable, c'est que nous devons augmenter la surface de contact entre les chrétiens et les autres. Comment témoigner – même à la façon d'1 Pierre 3.15 – si on reste toujours dans le même cercle, dans un cercle restreint ? Comment parler en profondeur à une personne, si on n'a pas de contacts superficiels avec des dizaines ?

Développer un esprit de service

Ces derniers temps, certains chrétiens mettent l'accent sur les services que nous pouvons rendre à nos contemporains. Non pas en tant qu'appât (je te fais du bien, ensuite tu es bien obligé de m'écouter) mais en tant valeur humaine et chrétienne permanente. Les services rendus augmentent notre surface de contact avec le monde, donnant plus d'occasions pour parler à titre personnel et crédibilisant le témoignage de Église Servir, généreusement, cela devrait être l'une des caractéristiques du chrétien moyen.

Un autre exemple à la portée de tous : dans un monde où les gens sont seuls, ils ont besoin d'amis qui les écoutent. Qui écoutent vraiment. Pas en guettant l'occasion de faire la morale ou d'annoncer l'évangile, mais en écoutant avec humilité et grâce. Si nous apprenons à rendre aux gens ce service qu'est l'écoute, sans doute gagnerons-nous plus facilement le droit de parler quand le moment viendra.

J'ai envie donc d'explorer la piste du service, sachant qu'il doit être sincère, désintéressé, et qu'il doit s'inscrire dans la durée. C'est un changement de mentalité qu'il nous faut. Notre ami Doug a beaucoup réfléchi à ce thème.

Réduire certaines activités

Une autre façon d'augmenter la zone de contact avec le monde serait de libérer les chrétiens qui ont trop de choses à faire dans Église Y a-t-il des activités que nous devons simplifier, voire supprimer ? Nous avons décidé de ne pas faire de chorale en semaine, de ne pas reprendre nos cultes d'évangélisation mensuels du vendredi soir, de viser la simplicité dans nos engagements. Nous ne gagnerions rien si les chrétiens passent ensuite plus de temps dans des loisirs individuels (télé, jeux vidéo, etc.) Il faudrait aller vers des activités plus humaines et relationnelles. Il faut un enseignement dans ce sens.

Motiver Église pour aller de l'avant

Un problème récurrent dans nos milieux, c'est que l'on motive régulièrement en vue de l'évangélisation, mais on se limite souvent à l'exhortation. C'est culpabilisant. Il faut réfléchir avant d'exhorter à quoi que ce soit. Mais une fois que nous sommes au clair quant à nos valeurs, notre philosophie générale, nos objectifs, alors toute Église pourra se mobiliser.

Voulez-vous prier pour cela ? J'envisage un quatrième trimestre 2006 où dans les cultes, dans les groupes de maison et dans les réunions de prière il sera souvent question de la qualité de nos relations avec le monde. J'ai beaucoup à apprendre. Nous avons beaucoup à apprendre ensemble.

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Un nouveau regard sur l'évangélisation

1 Pierre 3.15

Réflexions à Ozoir concernant l'évangélisation

Quatre constats

Lassitude

Nous avons besoin de nous adapter culturellement

Le blocage se situe en amont de toute réunion et de toute méthode

Je ne peux pas me défausser sur d'introuvables évangélistes

Objectif : un demi-tour dans les mentalités !

Opérer un changement de mentalité en nous et dans Église pour que notre mission dans le monde soit mieux comprise et mieux vécue. Qu'à la longue nous soyons tous plus à l'aise dans nos contacts avec ceux qui ne connaissent pas le Seigneur, que nous en connaissions beaucoup, que nous sachions apporter à chacun la parcelle de vérité qu'il est capable de recevoir, que nous ayons une panoplie complète d'approches qui permettent à nos contemporains de nous découvrir, de découvrir notre message, de découvrir notre Seigneur.

Axes prioritaires

Augmenter la surface de contact

Développer dans la durée un esprit de service

Réduire certaines activités

Motiver Église pour aller de l'avant