Toussaint (2 Timothée 1.10)
2 Timothée 1.10 : Et maintenant la grâce a été révélée par la venue de notre Sauveur Jésus-Christ. Il a brisé la puissance de la mort et, par l'Évangile, a fait resplendir la lumière de la vie et de l'immortalité.
Introduction
Est-ce que quelqu'un sait comment on appelle le mois de novembre en basse Bretagne ? Si j'en crois Per Jakez Hélias et son Cheval d'orgueil, on l'appelle le mois noir. Noir sans doute à cause des nuages qui viennent, du mauvais temps qui s'installe, des jours qui raccourcissent. Noir peut-être à cause de la déprime. Et noir surtout, je crois, à cause des morts. La Toussaint, c'est le premier novembre. Et la Bretagne a toujours eu un rapport particulier avec les morts. Le christianisme breton autant que le reste.
Mais le christianisme de la Bible, est-ce une religion des morts ? Honorer ceux qui nous ont précédés dans la foi, honorer nos parents et ceux qui nous ont été chers, c'est une bonne chose. En faire un thème majeur dans notre piété, c'est une autre chose, pas bonne du tout. Le christianisme porte le nom du Christ. Du Christ dont on a dit, un matin de Pâques : « Pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant ? »
Les Égyptiens s'occupaient beaucoup des morts, les Celtes aussi. Mais très curieusement l'Ancien Testament s'y intéresse à peine. Le Nouveau Testament en dit plus, mais la plupart du temps dans des passages éparpillés à droit et à gauche. Pourquoi ? Sans doute à cause de la conviction que voici : c'est aujourd'hui le jour du salut !
Ce qui fait que les chrétiens n'ont pas toujours une idée très claire de ce qui les attend de l'autre côté. Je vais essayer d'y remédier ce matin.
La réalité de la mort
La première chose à dire, c'est que dans la vie il y a une seule certitude absolue : la mort. Nous allons tous mourir. Jeunes ou vieux. Subitement ou à la suite d'une longue maladie. On peut préférer ne pas y penser. On peut camoufler la réalité, en disant d'un proche qu'il est parti dans la pièce à côté, qu'il est parti en voyage. Cela ne changera rien à la réalité. Sans être morbide, sans être gothique, il faut tenir compte de ce fait incontournable.
Un petit nombre d'humains vont échapper à la règle universelle : ceux qui seront en vie au moment du retour de Jésus-Christ. Ils vivront des transformations sans passer par la mort. Mais si notre histoire suit son cours normalement, nous mourrons.
« Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis »
Et après ? On peut s'attendre à quoi ? L'histoire de deux personnes de la Bible nous donne des indices. Un homme bon, un homme méchant. L'homme bon, c'est Jésus, mort dans d'atroces souffrances. Plongé dans les ténèbres. Noyé par nos péchés. Qui se voit abandonné de Dieu et seul. Avant de se laisser aller dans la mort, il dit quelque chose d'extraordinaire : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Il n'est plus question d'être seul et abandonné de Dieu. Il appelle Dieu son père. Il se laisse aller entre les mains du Père. Son corps est resté cloué à la croix, inerte, sans vie. Son esprit se trouve avec le Père. Ce sera notre parcours, à nous chrétiens.
Et l'homme méchant, alors ? Un homme de sang, en fait, un meurtrier condamné en même temps que Jésus. Celui qui dit à son complice : « Nous recevons le châtiment que nous méritons. » Et qui dit à Jésus : « Seigneur, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne. » Ce criminel s'entend dire de la part de Jésus : « Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. » Sans se faire baptiser, sans se racheter une conduite, sans traîner des années dans le purgatoire. « Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. »
Voilà ce à quoi je m'attends. Me trouver avec Christ. Non parce que je serais meilleur que les autres. Mais parce que le Seigneur promet de se souvenir de moi. Ce sera le paradis.
Et après ?
Mais ce ne sera pas la fin. Jésus n'a pas dit à ses disciples qu'après la croix il s'en irait au ciel. Il a dit qu'il ressusciterait. Et c'est ce qui s'est passé. L'apôtre Paul enseigne que les morts en Christ ressusciteront. Le credo dit : Je crois à la résurrection de la chair, c'est à dire du corps. Après le bonheur d'être avec Christ en esprit, nous aurons le bonheur de vivre comme une nouvelle création, avec un corps qui sera sans doute comme celui du Christ ressuscité. Il y aura continuité entre la première création et la nouvelle. Mais aussi de grosses différences. Dieu ne se satisfait pas de nous racheter à une création corrompue par le péché. Il refait sa création, il nous refait un corps.
Jamais dans l'Église de mes parents on ne me parlait de cela. Je croyais que c'était une bizarrerie propre à une secte américaine. Puis j'ai vu certaines choses dans la Bible, j'ai pensé au credo, j'ai fait le parallèle avec le parcours, si je puis dire, du Seigneur Jésus. S'en remettre au Père, être avec Christ, ce sera formidable. Et la résurrection sera encore plus formidable.
Pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant ? Pourquoi chercher parmi les morts ceux qui lui appartiennent ? Ils sont vivants en lui et avec lui.
Nous irons tous au paradis ou bien ?
Est-ce que nous irons tous au paradis, alors ? Ce n'est pas ainsi que la Bible présente les choses. Jésus-Christ a parlé d'une séparation, d'un jugement, et les apôtres l'ont suivi. Tous ressusciteront, dit la Bible. Mais tous ne ressusciteront pas pour la vie éternelle. Et dans l'entre-deux, entre la vie sur terre et la résurrection des morts, il y a un brigand crucifié à qui Jésus n'a pas dit « Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis. » C'est triste. Mais le fait est qu'il y a beaucoup de gens qui au cours de leur vie auront refusé de venir à la lumière de Dieu. S'ils ne changent pas d'avis avant de partir, comme l'un des brigands, leur choix malheureux sera entériné. Ils seront d'accord avec Dieu, ils reconnaîtront que son verdict est juste, ils vivront dans une sorte de demi-vie loin de sa présence glorieuse. Non plus dans la rébellion ils plieront le genou devant le Seigneur. Mais coupés de la vraie vie dont ils n'auront pas voulu.
Il y a dans la Bible plusieurs images pour cet état-là : les ténèbres, le feu, la seconde mort, l'éloignement, le ver qui ronge Aucune de ces images n'est rassurante. Toutes nous disent qu'à côté du paradis il y a un état de privation, de jugement, d'ombre. La mort physique n'est la fin pour personne. Il n'y a plus d'athées dans l'au-delà.
Faut-il dire qu'un tel est donc perdu ?
On va dire alors que mon oncle, ma tante, mon frère, mon ami est perdu ? Non, on n'a pas le droit de le dire. Le jugement appartient à Dieu seul.
L'un de mes amis, Daniel, a effectué un stage de psychiatre à l'hôpital de Brest. Entre autres, il devait interviewer les gens qui avaient raté leur suicide. Il raconte qu'une fois il se trouve face à une jeune femme qui avait décidé d'en finir avec la vie. Voici son histoire. Elle prend sa voiture et va jusqu'au bout de la terre, au Conquet, au bout de la jetée. Elle va se jeter dans la mer. Mais c'est la marée basse. Il n'y a pas assez d'eau pour se noyer. Elle attend donc dans sa voiture que l'eau monte. Et, à marée haute, elle se jette dans l'Atlantique. Il fallait une sacrée détermination pour attendre, puis pour passer à l'acte. Mais entre le quai et l'eau, en un éclair, une idée lui passe par la tête : Et Dieu ? Elle se met à nager. Elle regagne le bord.
Nous ne savons pas ce qui se passe dans les derniers instants de la vie. Et si le courant avait emporté cette femme, nous n'aurions rien su de ce qui s'était passé dans sa tête, de sa dernière prière
Nous n'avons pas le droit de prononcer un jugement qui appartient à Dieu seul. Mais nous pouvons dire ceci : l'assurance de la vie éternelle est pour ceux qui ont placé leur confiance en Christ, qui l'ont aimé, qui ont voulu être avec lui dans le paradis. Pour les autres, notre assurance, c'est que Dieu sera parfaitement juste, lui qui connaît le moindre secret de l'âme humaine. Nous ne nous consolerons pas avec des espoirs plus ou moins fondés. Nous nous consolerons en Dieu.
Là-haut, il y aura des surprises. Des rencontres inattendues. Peut-être des absences inattendues. Mais une présence va éclipser toutes les autres, celle de Jésus-Christ, portant toujours dans ses mains et ses pieds les preuves de son amour pour nous.
Etre avec Christ : c'est de loin le meilleur
Dans l'une des dernières lettres de l'apôtre Paul nous le trouvons qui se débat avec lui-même. Il pèse les avantages de la vie sur terre, une vie de lutte et de combat, et la vie avec le Christ au ciel. Voici ce qu'il dit en Philippiens 1.21-24 :
Pour moi la vie, c'est le Christ, et la mort est un gain. Mais si je continue à vivre dans ce monde, alors je pourrai encore porter du fruit par mon activité. Je ne sais donc pas que choisir. Je suis tiraillé de deux côtés : j'ai le désir de quitter cette vie pour être avec le Christ, car c'est de loin le meilleur. Mais il est plus nécessaire que je demeure dans ce monde à cause de vous.
Ces mots, Pour moi vivre c'est Christ, sont gravés sur une tombe dans le cimetière de Pontcarré, sans date, sans nom. Un chrétien ultra modeste a voulu ainsi témoigner de son Sauveur des années après sa mort. Ca a dû figurer dans son testament.
Quant à nous, nous avons le privilège de témoigner dès aujourd'hui d'un Sauveur vivant. De vivre avec lui maintenant. De vivre avec lui après.
Si aujourd'hui de vieilles traditions françaises ou celtiques nous font penser à des choses sombres, tournons nos regards vers celui qui est la lumière du monde et le prince de la vie. C'est aujourd'hui le jour du salut.
Mes chers amis, dès à présent nous sommes enfants de Dieu et ce que nous serons un jour n'a pas encore été rendu manifeste. Nous savons que lorsque le Christ paraîtra, nous serons semblables à lui, car nous le verrons tel qu'il est. (1 Jean 3.2)
Amen !