18 septembre 2005

Rentrée 2005 : « Une Église pour tous »

Prédicateur:
Passage: Éphésiens 4:1-7, Éphésiens 4:11-16
Topics:

Introduction

Regardez bien le bulletin des annonces de ce matin. En haut à gauche vous avez le croquis de l'église, l'adresse, le site web, etc. Et vous avez aussi une petite phrase entre guillemets : « Une Église pour tous ». Où est-ce qu'on trouve cette phrase dans la Bible ?

Il n'y a peut-être pas de passage où l'on trouve exactement les mêmes mots. Mais il y a un passage ou le mot « tous » revient fréquemment et où il est question de l'Église. Je vous lirai des extraits d'Ephésiens 4.

Lecture : Éphésiens 4:1-7 , Éphésiens 4:11-16.

Une Église

Spontanément, quand on prononce le mot Église, je suppose que les gens pensent soit à un bâtiment soit à une institution. Il ne faut pas sous-estimer l'importance du bâtiment. Nous avons chacun notre maison, notre appartement. Le lieu où nous habitons dit quelque chose sur nous, il exprime notre caractère, nos valeurs, nos goûts, notre style de vie. L'homme a toujours besoin d'un lieu : que ce soit la grotte de Lascaux ou le château de Vaux-le-Vicomte. Le bâtiment de l'église dit quelque chose sur la famille spirituelle qui l'habite. C'est plus que quatre murs pour être à l'ombre l'été et au chaud l'hiver. C'est tout un symbole. C'est le symbole d'une communauté.

Mais il y a aussi l'idée d'une institution. Pour beaucoup de gens l'Église fait partie du paysage comme l'école ou l'hôpital ou la mairie. C'est un genre de service public. Vous pouvez venir, si vous en avez besoin, et vous serez servis en nourriture spirituelle. Vous serez servis en cérémonies solennelles : pour la naissance, pour l'entrée dans la vie adulte, pour le mariage, pour l'enterrement. Le préposé aux bons conseils est là pour ceux qui veulent le consulter. C'est ainsi que beaucoup de nos contemporains voient l'Église.

Mais ce n'est pas ainsi dans la Bible. L'apôtre Paul, dans le passage que nous avons lu, parle d'un corps. C'est à dire d'un ensemble cohérent, composé de différents éléments liés ensemble. Ce qui nous lie ensemble dans l'Église, c'est l'attachement à Jésus-Christ, c'est la présence du Saint-Esprit, c'est l'acceptation d'un même enseignement, c'est l'amour… et j'en passe. Et la Bible compare l'Église à un corps, elle l'appelle aussi une famille, ou une construction faite de pierres vivantes, ou encore un peuple fait de tous les peuples de la terre.

Ceux qui pensent à l'Église comme une sorte de service public n'ont sans doute pas intégré la séparation de l'Église et de l'État. L'Église ne se confond pas avec la société, comme on peut le penser dans la Bretagne catholique ou l'Alsace protestante. Ceux qui naissent sur un territoire donné ne sont pas d'office chrétiens. On ne naît pas chrétien, on le devient par un choix personnel. L'éducation va influencer ce choix, c'est sûr. Ou plutôt, l'éducation va informer ce choix : nos enfants l'assument ou la rejettent. Et s'ils l'assument, ils rejoignent la grande famille qui a choisi de marcher avec Christ. Ils prennent leur place dans l'Église, librement.

Cette Église, Dieu l'a voulue. Le Christ s'est donné pour elle. L'Esprit l'a fait naître. Elle est donc très importante. Être chrétien sans l'Église, ce n'est possible que pour Robinson Crusoé sur son île. Ce n'est possible que dans le plus dur des régimes totalitaires comme la Corée du Nord. Et même là, secrètement, et au péril de leur vie, les chrétiens se retrouvent. Renier leur famille spirituelle, ce serait renier le Christ.

L'Église est importante pour le chrétien. Elle doit être une Église pour tous.

Pour tous

Ce « pour tous » nous dit que dans une Église unie il y a de la variété. Les chrétiens ne sont pas des clones.

La plus grande différence entre nous, c'est la différence de sexe. L'Église n'est pas le domaine réservé des femmes, alors que les hommes sont au foot ou au bistrot. Ce n'est pas le domaine des hommes, alors que les femmes nous font à manger. L'Église est pour tous. « Vos fils et vos filles prophétiseront. » Dans les différentes familles le rôle du mari et la femme varie énormément. Dans l'Église il est normal de trouver des hommes dans l'équipe de ménage et des femmes qui font de la peinture. Il est biblique d'entendre des hommes et des femmes qui prient, des hommes et des femmes qui nous adressent une parole de la part de Dieu. Sans doute y a-t-il quelque chose de symbolique dans le rôle des Anciens, qui sont en quelque sorte les pères de l'Église. Mais en dehors de ce cas je ne vois rien dans la Bible qui nous empêche de jouir pleinement de la grande richesse que nous apporte la présence des hommes et des femmes dans l'Église. Nous sommes une Église pour tous.

Après la différence des sexes, il y a quoi ? Peut-être la différence des âges. Nous n'avons pas les mêmes besoins, les mêmes attentes, les mêmes capacités, les mêmes goûts. Si nous sommes une Église pour tous, cela veut dire qu'il y a de la place chez nous pour de tout jeunes enfants, pour d'autres qui sont capables d'apprécier le culte pour enfants et l'enseignement de la jeune Église. Il y a de la place pour les adolescents, les jeunes, les jeunes adultes, les vieux adultes. Chacun de nous doit s'ouvrir aux autres, s'adapter aux autres, aimer les autres. La maturité n'est pas forcément une question d'âge. Quand nous sommes tous ensemble, comme pour un culte, tout ne sera pas forcément au goût de tout le monde. On fait des compromis. Mais jeunes et vieux nous pouvons apprendre les uns des autres. Comme on le fait dans une famille.

Qu'y a-t-il encore comme diversité ? Bien, manifestement il y a la diversité de nos origines. Certains d'entre nous comprennent les règles du cricket. D'autres mangent des grenouilles. D'autres savent préparer un colombo. D'autres appellent leurs cousins des frères. Presque toute l'humanité est ici. Une Église pour tous, cela veut dire qu'il y a une culture commune, celle de l'Évangile, puis celle d'une Église française de banlieue. Et ensuite il y a une grande diversité d'origines.

Cela peut être source de malentendus. Nous pouvons blesser, ou être blessés, sans faire exprès. Nous pouvons être influencés par les média et par notre entourage au point d'imaginer que tous les Américains ressemblent à George Bush, tous les Anglais veulent saboter l'Europe, tous les Africains sont sans-papiers, tous les blancs sont racistes. Eh oui, nos attitudes sont influencées par ce qui se dit autour de nous. Dans une Église pour tous, l'amour fraternel, ça se travaille ! Mais quel témoignage pour le monde quand un Français dit d'un Américain : c'est mon ami ! Quand le blanc dit du noir : c'est mon frère ! Quand la République centrafricaine fait la bise au Cambodge ! Ce n'est pas seulement un témoignage pour le monde, c'est une joie et une richesse et une fierté pour nous !

Y a-t-il encore un domaine où nous sommes divers et variés ? Oui, et c'est un domaine très important. C'est la diversité de nos talents. Si tout le monde prêchait, il faudrait organiser des cultes 7 jours sur 7, chacun aurait son tour. Si tout le monde s'occupait des fleurs, nous aurions tous le rhume des foins. Si tout le monde voulait jouer de la guitare ou du trombone, nous prendrions tous des coups dans la figure. Dans l'Église nous avons besoin de la diversité de nos dons. 1 Corinthiens 12.14-18 dit ceci :

Un corps n'est pas composé d'un membre ou d'un organe unique, mais de plusieurs. Si le pied disait : " Puisque je ne suis pas une main, je ne fais pas partie du corps ", n'en ferait-il pas partie pour autant ? Et si l'oreille se mettait à dire : " Puisque je ne suis pas un oeil, je ne fais pas partie du corps ", cesserait-elle d'en faire partie pour autant ?Si tout le corps était un oeil, comment ce corps entendrait-il ? Et si tout le corps se réduisait à une oreille, où serait l'odorat ? Dieu a disposé chaque organe dans le corps, chacun avec sa particularité, comme il l'a trouvé bon.

Si vous n'avez pas encore trouvé votre place dans la grande Église, essayez voir dans la petite, dans le groupe de maison. Si vous avez du mal à voir clair, parlez-en avec moi ou un autre responsable. Vous savez, si vous ne trouvez pas votre place pour servir le Seigneur dans l'Église, il y a deux perdants : vous-mêmes et l'Église. Ne vous privez pas d'une bénédiction. Ne nous privez pas d'une bénédiction dont vous seuls êtes porteur. Le ministère dans l'Église, c'est l'affaire de tous, le passage que nous avons lu en Ephésiens le dit clairement : le rôle des responsables, c'est d'aider chacun à exercer son ministère, pour que tous nous grandissions dans la foi.

Conclusion

Une Église pour tous. L'Église est importante pour Dieu et pour chaque chrétien. Et l'Église est aussi importante pour le monde.

Mettez-vous dehors dans la rue, mettez-vous dans les rues d'Anne Frank ou de Belle-Croix et redites ces mots : Une Église pour tous. Pour tous ceux qui n'en ont pas encore franchi le seuil. Une bonne partie de votre ministère de chrétien se passe en dehors de ces murs. Dans le monde du travail. Dans votre voisinage. Dans un club de sport.

Nous essayons d'avoir un culte qui soit compréhensible pour ceux qui n'en ont pas l'habitude. De temps en temps nous organisons des actions où nous pouvons inviter des amis, comme le concert irlandais le 16 octobre. Mais l'essentiel n'est pas là. L'essentiel, c'est ce que nous ferons demain et après-demain. Notre service dans le monde. Notre implication aux côtés d'une humanité souffrante. Le témoignage de notre vie et de notre bouche.

Dieu a voulu l'Église. L'Église se construit avec nous tous, dans toute notre diversité. L'Église se tourne vers le monde, au service de tous, témoin devant tous, ouverte à tous.

Une Église pour tous ? C'est déjà une réalité. Mais c'est aussi un projet et une ambition. Que Dieu nous donne de réaliser cette ambition cette année, pour sa gloire.

Amen