8 juin 2008

Les faiblesses d’Abraham

Prédicateur:
Passage: Genèse 12:10-20

Connaissez-vous vos faiblesses ?
C'est au travers de ses faiblesses que l'on apprend le plus.
Imaginons un grand homme de Dieu qui vienne ici, un Jean Calvin ou un Martin Luther, le réformateur. On s'attendrait à ce qu'il nous dévoile tous ses exploits, ses réussites... mais on apprendrait sûrement plus si on l'écoutait nous raconter comment ses faiblesses l'ont aidé à progresser, et quelles leçons il en a tirées.
Abram était un homme extraordinaire ! Mais un être humain, comme nous, avec ses moments de gloire, de foi remarquable, et ses moments plus humains.

Les conséquences de nos demi-vérités...

Lire Gen 12.10-20

Contexte :

Ce récit vient juste après Gen 12.1-9 :
Dieu parle à Abram et lui dit de quitter son pays, sa famille. Il lui laisse des promesses, et quelles promesses ! Dieu fera de lui une grande nation, il le bénira et sera une source de bénédiction pour toutes les nations de la terre.
Abram obéit, et il part avec sa caravane, sa famille proche, ses biens, et arrive au pays de Canaan. Il ne sait pas ce qui va arriver, il a juste obéi et fait confiance à Dieu.

Abram prend le temps (v6) de parcourir le pays que Dieu lui donne, et il sait que c'est dans ce pays que Dieu l'a conduit, ce pays où ses descendants se multiplieront.
Survient alors une famine.
Abram quitte alors le pays de Canaan pour se rendre en Egypte, où il y avait de la nourriture.

La peur d'Abram :

Il repart avec ses troupeaux, ses biens, et sa femme Saraï, qui était une belle femme. Abram connaissait les dangers, les bruits avaient couru, comme l'atteste l'histoire trouvée sur un papyrus égyptien. Celui-ci raconte comment le Pharaon a envoyé 2 corps d'armées pour s'emparer d'une femme et tuer son mari.
L'entrée d'Abram se remarquerait, avec ses richesses, son personnel. Un riche étranger qui vient de loin, ça ne passe pas inaperçu.
Abram a peur : pour lui surtout, et pour sa femme, il tient à rester en vie.

La faute :

Alors Abram ne va pas mentir tout à fait, il va mentir à moitié...
Saraï est bien sa femme, mais elle est aussi sa demi-sœur. Il lui demande donc de dire à ceux qui lui demandent qu'elle est sa sœur.
Ce qui est une demi-vérité !
Ce n'est pas faux, mais ce n'est pas tout à fait juste non plus !

En disant que Saraï était sa sœur, il faisait d'elle une personne pouvant se marier, et c'est là qu'est le mensonge d'Abram.

Et voilà, que, quand ils arrivent en Egypte, la beauté de Saraï ne tarde pas à faire réagir les Egyptiens : « Tiens, une belle étrangère, pourquoi ne pas la rajouter au tableau de chasse du Pharaon ? »
Voilà d'une part que Saraï est rajoutée aux nombreuses femmes de Pharaon et d'autre part qu'Abram est bien traité par le Pharaon, il reçoit sa dot : des brebis, des ânes, des bœufs, des serviteurs, des servantes, des ânesses, des chameaux... des richesses en grand nombre. C'est super pour Abram !

Mais que doit-il se passer dans la tête d'Abram ?
N'a-t-il pas la gorge nouée, lors des longues nuits, esseulé, en repensant à sa femme dans le harem de Pharaon ?

Les conséquences de ce demi-mensonge :

L'Eternel frappe Pharaon et sa maison de grandes plaies, à cause de Saraï.
Pharaon comprend qu'il y a un lien entre le fait qu'il ait pris Saraï, et les plaies qui atteignent toute sa maison. Il comprend le problème, et va voir Abram, v18-19 : « Alors le Pharaon appela Abram et lui dit : Qu’est–ce que tu m’as fait ? Pourquoi ne m’as–tu pas déclaré qu’elle était ta femme ? Pourquoi as–tu dit : C’est ma sœur ? Aussi l’ai–je prise pour ma femme. Maintenant, voilà ta femme, prends–la et va–t’en ! »

Là Pharaon n'est pas en faute ! C'est Abram qui est en faute. Pourtant, c'est sur le Pharaon et toute sa maison que le jugement de Dieu va tomber, pourquoi ?

Quelques remarques :

1 Un tout petit péché... La demi-vérité d'Abram est aussi un demi-mensonge.
Un avocat vint s'installer dans une ville. Il se trouvait dans une ville nouvelle, avec un bureau nouveau, mais pas de clients. Alors, lorsqu'il voit quelqu'un arriver dans son bureau, il s'empare immédiatement du téléphone et se met à dire d'une voix forte : « Je prend l'avion pour New York afin de régler le dossier Dupont. Ça a l'air important. Et faites-moi venir Henry de Stuttgart pour le problème Indigo. Il se peut aussi que je décide de m'associer à Hérald, Moody et Wesley. Je dois raccrocher maintenant, quelqu'un vient d'arriver. »
Il raccroche, se tourne vers l'homme et lui dit : « Puis-je vous aider ? »
L'homme répond : « Je suis ici pour brancher le téléphone ! »
Nos mensonges nous rattrapent toujours.

On peut se dire parfois, « Je ne suis pas le chrétien parfait », et cela nous donne une excuse pour ne pas agir à 100% dans la droiture. Feuille d'impôts ? Comportement au volant ? Comportement à la maison quand personne ne me voit ? « Ce n'est pas grave, ce n'est pas un gros péché... Faut pas exagérer ! »
2 femmes discutent :

  • Quelle veste ravissante ! Elle est si sobre ! (Traduction : tu as les moyens de t'offrir de nouveaux vêtements et j'en suis verte de jalousie.)
  • C'est gentil de me dire cela. En fait, je l'ai trouvée à Singapour (Ecoute minable, moi, je fais partie de la jet set na na na nanère).
  • Tu as eu raison, j'ai en effet entendu dire que les fringues sont si bon marché là-bas ! (Prends ça dans les dents).
  • Ah oui ? Oh ! Je ne fais pas attention aux étiquettes quand je fais mon shopping. (Moi je suis assez à l'aise pour ne pas tenir compte des prix, alors que toi, rien que d'aller aux toilettes publiques, tu es déjà à découvert.)
  • Je suis bien de ton avis, ce qui compte avant tout c'est la qualité. (Tout ça pour dire que c'est pas demain la veille que je mettrai un truc aussi moche à un tel prix).

Il est si courant de mentir que c'est devenu une forme de politesse. Attention à nos paroles, qui peuvent être des vérités à demies !
Ce qui est péché, qu'il soit à moitié juste ou à moitié faux, est péché aux yeux de Dieu. Première remarque : on ne peut pas minimiser le péché.

2 Un grand jugement de Dieu... Tout péché attire forcément le jugement de Dieu.
C'est ce qui s'est passé sur Pharaon et les gens de sa maison ; le jugement de Dieu leur est tombé dessus.
Notre péché, même s'il est tout petit, a des répercussions sur les autres, il n'apporte jamais le bien. Ici, il apporte des plaies, des maladies. Notre péché, aussi petit soit-il (à nos yeux), a des conséquences directes sur les autres (et sur nous aussi) !
Nous croyons que Jésus a pris le jugement à notre place, mais cela n'enlève pas les conséquences de nos péchés sur nous et sur notre entourage.

3 Abram va reproduire la même erreur bien des années après. Et la manière d'arrêter ce jugement de Dieu, ces maladies, c'est de se tourner vers l'Eternel. On le voit en Genèse 20, sûrement que cela s'est aussi passé comme cela en Gen 12. Abram a dû intercéder pour que les plaies s'arrêtent, il a dû reconnaître le péché.
La confession arrête le jugement de Dieu.
Je cite Roy Hession, prédicateur bien connu (Roy Hession, « Le chemin du calvaire », CLC éditions) :
Donner raison à Dieu, « c'est là le fond de toute véritable confession de péché, de tout brisement authentique. C'est confesser que mon péché n'est pas simplement une erreur, mais qu'au contraire il révèle mon moi véritable, me montre que je suis cette créature fière, impure et corrompue que Dieu voit en moi, et que je suis parfaitement capable d'avoir de telles pensées et de commettre de tels actes. Ne craignons donc pas de faire une telle confession quand Dieu nous le montre. Au contraire, nous le glorifions de cette manière. Nous arrivons au point où nous cessons d'essayer de sanctifier notre « moi » (par nos propres forces) où c'est Jésus qui devient notre sanctification, où sa vie devient la nôtre. »

4 Cette histoire de plaies que reçoivent les Egyptiens ne vous rappelle-t-elle pas quelque chose ? Les 10 plaies d'Egypte. On ne s'attaque pas comme ça au peuple de Dieu !
Dieu l'avait dit, quelques versets avant : « Je bénirai ceux qui te béniront, Je maudirai celui qui te maudira. » Voilà la réalisation de cette promesse. Dieu s'occupe de son protégé ! Même si Abram dans cette histoire n'invoque pas Dieu, même s'il ne se tourne pas vers Dieu pour lui demander conseil et aide, Dieu intervient, et il ne fait pas les choses à moitié ! Les Egyptiens sont obligés de rendre Saraï à son mari. Celle-ci devait porter la postérité du Messie. Dieu est un Dieu souverain qui, quoi qu'il en soit, réalise ses plans.
Dieu protège ses élus, selon sa promesse.

5 Face à l'erreur d'Abram, Dieu fait grâce. Dieu sait de quelle pâte nous sommes faits, il connaît notre nature faible. Son désir n'est pas de nous écraser, mais de nous montrer son inlassable amour. Dieu ne dit rien à Abram, il ne lui reproche rien. Abram sait très certainement qu'il a fauté, qu'il a mal réagi. Pourtant Dieu lui fait du bien, il ne le punit pas, au contraire ! Abram va quitter l'Egypte bien plus riche qu'il n'était venu.
Dieu est un Dieu, qui, au-delà de nos erreurs, fait grâce.

Les conséquences de nos impatiences

Lire Gen 16.1-6.

Juste quelques versets avant, Dieu fait des promesses extraordinaires à Abram : Abram aura une descendance.
Abram a encore cela en tête « c’est celui qui sortira de tes entrailles qui sera ton héritier. »
Et il se remémore ces promesses : ce pays que Dieu lui a promis, cette descendance si nombreuse qu'on ne pourra les compter, ce fils que Dieu va lui donner très bientôt, et cette cette alliance que Dieu a conclue avec lui. Abram vient de vivre un moment très fort et très impressionnant avec Dieu.

Mais voilà que sa femme Saraï ne lui donne toujours pas d'enfant. D'un coté Dieu lance de belles promesses, et de l'autre la réalité semble le faire mentir. Le couple devait souvent parler de la promesse de Dieu, et attendait sa réalisation.

Alors, Saraï prend les devants : v2 : « Tu vois que l’Eternel m’a empêchée d’avoir des enfants. Va donc vers ma servante : peut–être aurai–je un fils par son intermédiaire. Abram suivit le conseil de sa femme. »

Il faut préciser qu'une coutume à cette époque permettait à une femme stérile de donner sa servante à son mari pour que celui-ci puisse donner une descendance.
Abram agissait selon le code civil de son époque (Code d’Hammourabi, tablettes de Nuzi). Si cette loi n’était pas encore gravée, elle était déjà observée.
Agar devient enceinte, et dès lors, la jalousie empoisonne bien vite les relations entre Saraï et sa servante, et entre Abram et Saraï, pourquoi ?

Quelques remarques :

1 La volonté d'accomplir la promesse de Dieu s'est transformée en péché.
Les motivations d'Abram et de Saraï étaient bonnes, mais les moyens pour y parvenir n'étaient pas bons.

A l'époque de l'AT, c'était la coutume d'avoir un harem, d'avoir plusieurs femmes, cela montrait la richesse et la prospérité du patriarche.
Jacob fut polygame, avec la jalousie entre Léa et Rachel. Gédéon, Elqana, Saül, David, Salomon, Roboam, et d’autres... Jamais la Bible ne vante ni n'approuve la polygamie. Que de problèmes cela entraîne ! Jalousies, rivalités, frustrations...

Genèse 2.24 « Ils deviendront une seule chair » n'est que 14 chapitres avant.
Jésus reprend cette idée de devenir une seule chair. Tous les 2, maris et femmes sont 100% l'un à l'autre. L'apôtre Paul parlera également d'une femme et d'un mari.
Abram en acceptant d'avoir des relations avec Agar tombe dans l'erreur. Comment être une seule chair si un homme a plusieurs femmes ?

Nous devrions être prudents quand, sous prétexte de faire la volonté de Dieu, nous laissons libre cours à nos désirs humains en suivant ce qui se fait autour de nous.

2 Ce péché entraîne une cassure dans les relations v5-6
Comme nous l'avons vu auparavant, mon péché entraîne des conséquences sur les autres !
V5-6 : « Alors Saraï dit à Abram : – C’est toi qui es responsable de l’injure qui m’est faite. J’ai poussé ma servante dans tes bras et depuis qu’elle s’est vue enceinte, elle me méprise. Que l’Eternel soit juge entre nous. Abram lui répondit : – Ta servante est en ton pouvoir. Agis envers elle comme bon te semblera. Alors Saraï la traita si durement que celle–ci s’enfuit. »
Il se crée bien vite jalousie, colère, violence, incompréhensions et frustrations. Saraï va maltraiter sa servante. On voit aussi qu'entre Abram et sa femme, ce n'est pas la grande forme !

3 Ce péché entraînera des conséquences à plus long terme : beaucoup de sang, de guerres, ont résulté de cet incident. Israël et la descendance d'Ismaël n'ont été en paix que très très rarement. Et on peut le constater tous les jours en regardant les informations. Les peuples arabes et Israël sont quasiment toujours en conflit, depuis cet incident.

4 Encore une fois, Dieu, au-delà de la faute, fait grâce !
Dieu bénit Agar et son fils, et sa descendance. Dieu ne reprendra pas Abram pour lui reprocher d'avoir mal agi, mais quelques versets plus tard, au chapitre 17, l'Eternel apparaît encore à Abram pour lui rappeler son alliance, et préciser que c'est par Sara que viendra la postérité. Dieu lui rappellera son amour et sa fidélité.

Un jeune homme avait demandé au contremaître d'une équipe d'exploitation de bois de l'embaucher.
« Avez-vous du travail pour moi ? » demande le jeune.
Cela dépend. Laissez-moi vous regarder abattre cet arbre.
Alors le jeune fit un pas en avant et abbattit habilement un arbre énorme.
Vous pouvez commencer lundi, s'exclame le contremaître, impressionné.
Lundi, mardi, mercredi et jeudi passèrent. Jeudi après-midi, le contremaître s'approche du jeune.
Vous passerez prendre votre paie en partant ce soir.
Mais je pensais que vous ne distribuiez la paie que le vendredi, répondit le jeune avec surprise.
Normalement oui, mais nous vous laissons partir ce soir parce que vous êtes à la traîne. Nos fiches montrent que vous étiez à la première place lundi, mais jeudi vous étiez bien trop en retard !
Mais je travaille dur ! J'arrive le premier, je pars le dernier et même je travaille pendant les pauses-café !
Le contremaître, sentant l'intégrité du jeune réfléchit un instant.
Est-ce que vous avez aiguisé régulièrement votre hache ?
Non, Monsieur. Je travaillais trop dur pour en prendre le temps !

On peut se retrouver comme ce jeune homme à faire des « heures sup » pour le Seigneur, être impliqué dans plein de choses en voulant faire le travail de Dieu à Sa place.
« Voyons, comment pourrais-je aider Dieu pour qu'il me bénisse plus ? Plus prier ? Plus jeûner ? Lire ma Bible plus longtemps ? Aller plus régulièrement à l'Eglise ? Témoigner plus à mon boulot ? Paraître un chrétien plus gentil ? »
Nous voulons contribuer à notre salut ou à notre bénédiction. Nous sommes tentés de choisir les moyens humains plutôt que de nous appuyer fermement sur les promesses de Dieu !

Comme Abram ne pouvait pas aider Dieu à lui donner un fils au travers d'efforts humains, nous ne pouvons pas non plus aider Dieu à sauver notre âme. Le salut est un cadeau de Dieu, par la foi en ce que Jésus Christ a fait pour nous, pécheurs perdus.
« Car le salaire que verse le péché, c'est la mort, mais le don gratuit que Dieu accorde,
c'est la vie éternelle dans l'union avec Jésus-Christ notre Seigneur. »
(Romains 6:23)

« Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus–Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ. » Eph 1.3

Conclusion

Au travers de ces récits, on se rend compte que quand Abram veut s'en sortir tout seul, c'est la cata, mais quand Dieu intervient, de grandes choses se passent.

Quelles que soient nos faiblesses, nos chutes, nos péchés, Dieu accomplit ses promesses et son plan. Même si nous manquons de foi, même si nous nous sentons faibles et peu sûrs, Dieu se charge de réaliser son plan d'amour pour toute l'humanité.

Nous ne sommes pas précieux aux yeux de Dieu parce que nous le valons bien, parce que nous faisons ce qu'il lui plaît ou parce qu'il a pitié de nous face à nos faiblesses et nos erreurs ! Mais parce qu'il nous aime, un point c'est tout, à cause de sa grâce. Sa grâce qui a été pleinement manifestée à la croix.

Alors cela ne nous donne en aucun cas une excuse pour rester dans la passivité !
Abraham avait une foi active et agissante, pas une foi somnolente !

On a demandé à Winston Churchill : « Sir Winston, dans votre cursus scolaire, quel est l'enseignement qui vous a le mieux préparé à faire sortir la Grande-Bretagne de son heure la plus sombre ?
Ce fut l'année que j'ai redoublée au lycée.
Vous aviez échoué ?
Non, j'ai eu 2 occasions de la réussir.

Malgré ses faiblesses Abraham avait une foi exemplaire, comme nous le rapporte l'épître aux Hébreux. Quelques versets plus loin, l'auteur de l'épître conclut :
Hébr 12.1-2 :
« C’est pourquoi, nous qui sommes environnés d’une telle foule de témoins, débarrassons–nous de tout ce qui alourdit notre marche, en particulier du péché qui nous cerne de tous côtés et enlace si facilement, et courons avec persévérance vers le but proposé dans la piste tracée devant nous.
Gardons les yeux fixés sur Jésus ; dans cette course de la foi, il est notre chef de file et nous mènera au but. »

Amen !