10 décembre 2006

Les eaux tranquilles de Siloé (2e dim. de l’Avent)

Prédicateur:
Passage: Matthieu 1.20-23, Esaïe 7
Topics:

2e dimanche de l’Avent

 

Introduction

La semaine dernière nous avons abordé un passage du Nouveau Testament où il était question du déluge, de la croix et du baptême. Ce sont à la fois des signes du jugement de Dieu et de la grâce de Dieu. Des signes de la mort par rapport au péché et de la vie par rapport à Dieu. Des signes d’un choix qui s’impose aux hommes.

A l’approche de Noël, le même choix se présente à nous. La semaine prochaine on en parlera dans le contexte du culte spécial qui se prépare. Mais aujourd’hui j’aimerais regarder une prophétie concernant la venue de Jésus où il sera question d’un roi qui était en train de faire un très mauvais choix.

Cette prophétie est citée dans l’Evangile de Matthieu, au chapitre 1 verset 23. Je lis à partir du verset 20 :

Lecture Mat 1.20-23

Mais est-il vrai que vers 735 avant Jésus-Christ le prophète Esaïe a promis la naissance ce cet enfant, né d’une vierge, né comme un signe ? En fait, il faut comprendre qu’à l’origine cette prophétie était comme une déclaration politique ! Esaïe a d’abord parlé au roi Ahaz, et dans le contexte d’une crise grave qui secouait le royaume de Juda. Voici les personnages (voir transparent p5).

Voici la crise : Esaïe 7.1-2

Ahaz tremble, parce que deux de ses voisins, le roi de Samarie et le roi de Damas, veulent le renverser et mettre sur le trône de Jérusalem l’un de leurs amis, un certain fils de Tabeél. Cet homme sera ensuite leur allié dans le grand conflit qui se prépare avec la puissance assyrienne au Nord. Ahaz tremble. Ahaz est prêt à tout pour sauver son trône, pour sauver sa peau. Alors, le prophète Esaïe vient le voir pour le rassurer.

Je vous lis comment la Bible le raconte.

Lecture Esaïe 7.3-9

Qu’est-ce qui nous fait trembler ? La maladie ? L’emploi ? L’avenir ? La solitude ? Nos enfants ? Nos parents ?

Le message est simple : « Garde ton calme, n’aie pas peur, ne perds pas courage, aie confiance en Dieu. Si tu n’as pas confiance, tu ne tiendras pas. » Mais faire confiance à Dieu, c’est contraignant. Faire confiance, c’est aussi se soumettre, obéir. On ne peut pas morceler la confiance. Faire confiance pour la sécurité du royaume sans faire confiance pour les lois de Dieu, cela ne marche pas. La confiance ne se divise pas. C’est tout ou rien. Et Ahaz a déjà fait de mauvais choix auxquels il ne veut pas renoncer.

Faire confiance à Dieu

Faire confiance à Dieu pour faire reculer la menace de Retsîn et Péqah ? Ahaz a une autre idée sur la question. Il veut faire confiance au grand roi d’Assyrie. Celui-ci va prendre les attaquants à revers, ils seront obligés de desserrer l’étau sur Ahaz. Bien sûr, le grand roi d’Assyrie n’interviendra pas seulement pour les beaux yeux d’Ahaz. Il exigera le paiement d’une très forte somme d’argent, il rattachera Jérusalem à sa sphère d’influence, mais Ahaz aura la vie sauve. Voilà son plan. Et Dieu ne fait pas partie de ses plans.

Pire, l’alliance qu’Ahaz veut avec l’Assyrie sera en même temps une alliance avec les dieux assyriens. Le politiquement correct sera aussi le religieusement correct. Un autel assyrien sera installé dans le temple de Jérusalem. On y invoquera le dieu du grand roi.

Voilà donc le choix de l’an 735. Esaïe contre Ahaz. Le vrai Dieu contre les idoles. L’alliance d’Abraham et de Moïse contre l’alliance de Tiglath-Piléser III. Le soutien du ciel contre le soutien de Ninive. Une vraie confrontation. Faire confiance à Dieu ne signifie pas croiser les bras et ne rien faire. Ahaz était en train d’inspecter l’approvisionnement en eau de sa ville, pour le cas où il aurait à soutenir un siège. Faire confiance à Dieu, c’est agir en fonction des bons choix.

Dans une dernière tentative pour convaincre le roi Ahaz, Esaïe lui propose de demander un signe à Dieu. C’est déjà de mauvaise augure. Quand on cherche des signes, c’est souvent parce qu’on manque de foi. Mais Dieu peut dans sa grâce parler à des gens indécis comme cela. A travers Esaïe, c’est Dieu qui parle au roi. Voici ce qui se passe.

Lecture Esaïe 7.10-17

La réponse du roi est hypocrite. Il dit : « Je ne veux pas forcer la main à l’Eternel. » Cela sonne bien. Mais Ahaz parle comme cela parce qu’il sait que s’il accepte la démarche que Dieu lui propose, il n’aura pas les mains libres. Si Dieu lui donne un signe miraculeux comme quoi il n’a rien à craindre, il sera obligé d’abandonner son plan à lui. Il sera obligé de laisser tomber le grand roi de Ninive. Chercher à connaître la volonté de Dieu, c’est trop compromettant. Ahaz ne veut faire qu’à sa tête.

Et c’est là qu’intervient le signe de l’enfant Emmanuel. Esaïe se fâche, on dirait. Ou Dieu se fâche. « Ecoutez donc, dynastie de David. » Ce n’est plus pour Ahaz seul qu’il parle. C’est pour toute sa maison. C’est pour toute la dynastie de David pour des générations à venir. Il y aura un signe pour tous les rois à venir.

Le signe d’Emmanuel : grâce et jugement

Et ce signe dira à Ahaz : Dieu est avec nous. Nous n’avons pas besoin de ces alliances, de ces compromis, de ces idoles, de cette diplomatie à la petite semaine. Nous pouvons compter sur Dieu. Pour Ahaz, le signe de l’enfant Emmanuel est un signe de la grâce de Dieu : « Les pays des deux rois que tu crains aujourd’hui seront abandonnés. » Le laps de temps est un peu flou. D’abord 65 ans, au verset 8, puis le délai se raccourcit au verset 16 : avant que l’enfant n’atteigne l’âge du discernement, 7 ans, 12 ans, voire 20 ans selon certains. Et en fait, le royaume de Samarie en 722 cessera cessé d’exister, une douzaine d’années après la prophétie.

A cause de son entêtement, le signe de la grâce se retournera contre Ahaz, ce sera un signe qui le condamnera « L’Eternel fera survenir contre toi et ton peuple, contre ta dynastie, des jours terribles... ».

Ce signe dira à des générations d’Israélites d’autrefois : Dieu est avec nous, Dieu ne nous a pas abandonnés, Dieu interviendra. Un signe de la grâce de Dieu – à condition de l’accepter loyalement.

La jeune fille sera enceinte

Le signe, c’est la naissance d’un enfant. Or, des enfants naissent tous les jours. En soi, ce n’est pas un signe. Il doit donc y avoir quelque chose de particulier dans cette naissance. Oui, car la mère sera une jeune fille. Donc, la mère, ce n’est pas la femme d’Esaïe qui a déjà eu des enfants. La mère, ce n’est pas non plus la femme d’Ahaz : elle a déjà mis au monde le futur roi Ezéchias. La jeune fille sera enceinte. Il est difficile de penser que Dieu donne comme signe un malheureux accident de parcours. Le peuple juif a donc fini par dire que cette jeune fille était vierge et que son enfant serait le Messie.

Le signe de l’enfant

Dans l’Ancien Testament il se trouve beaucoup de noms en e-l, el. Elnathan, Dieu a donné. Eléazar, Dieu est mon secours. Abiel, Dieu est mon père. Gabriel, le héros de Dieu. Mais personne ne s’est jamais appelé Emmanuel, Dieu avec nous. Pendant 735 ans ce nom est absent de l’histoire. Jusqu’à ce qu’il ressurgisse à la naissance de Jésus. Dieu avec nous.

Cet enfant est un signe miraculeux. Un peu plus tard Esaïe dit ceci à son sujet – et on voit bien que cela ne peut pas correspondre à Ezéchias ou aux enfants du prophète :

Car pour nous en enfant est né, un fils nous est donné. Et il exercera l’autorité royale, il sera appelé Merveilleux Conseiller, Dieu fort, Père à jamais et Prince de la Paix (Es 9.5).

Oui, on peut faire confiance à Dieu. Oui, on peut refuser les compromis et les stratagèmes.

Comment cela se fait que la naissance du Messie puisse être un signe pour Ahaz en 735 avant Jésus-Christ ? C’est que lui-même ne sait pas quand est-ce que cette enfant va naître. Peut-être sur le coup. Peut-être de son vivant. Peut-être du vivant de ses enfants ou de ses petits-enfants. Mais l’assurance de la venue d’Emmanuel aurait dû être pour lui un point fixe, un ancrage, un repère infaillible. Mais non. Il croyait davantage aux promesses d’un roi païen.

Conclusion

Le signe tant redouté et tant espéré s’est réalisé avec Jésus-Christ. Et nous, des années plus tard, qu’est-ce que nous allons en faire ? Le même choix se pose à nous comme au roi Ahaz. Le vrai Dieu contre les idoles. L’alliance éternelle contre des arrangements provisoires. Le soutien des hommes contre le soutien de Dieu. Les coutumes païennes contre la loi de Dieu.

Si aujourd’hui quelque chose vous fait trembler, accepteriez-vous de faire confiance à Dieu ? Et d’agir en fonction des bons choix ? Voilà l’enjeu de l’Emmanuel aujourd’hui.


Les principaux personnages

Ahaz

Roi de Juda

A Jérusalem

Esaïe

Prophète

A Jérusalem

Péqah

Roi d’Israël

A Samarie

Retsîn

Roi de Syrie

A Damas

Tiglath-Piléser III

Roi d’Assyrie

A Ninive