Les dix commandements (6) : Tu ne commettras pas de meurtre
5 septembre 2004

Les dix commandements (6) : Tu ne commettras pas de meurtre

Prédicateur:
Passage: Exode 20.13

Tu ne commettras pas de meurtre : Exode 20.13

Prédication du dimanche 5 septembre 2004

par le pasteur Gordon Margery

Introduction

Attentats, guerres, prises d'otages, tueurs en série, règlements de comptes. Le journal que vous achetez avant de prendre le train ou que vous regardez à la télévision le soir est rempli de sang. Partout, les humains se tuent. Aussi loin que remonte notre histoire, les humains se sont entretués. Il n'y a aucun signe pour que cela s'arrête. C'est une réalité humaine incontournable.

Pourtant, la Bible dit : « Tu ne tueras point. » Ou plus exactement : « Tu ne commettras pas de meurtre. » C'est le sixième des dix commandements.

Le Français moyen dit : « Je n'ai tué ni volé. » Il se croit en règle, il croit avoir son billet pour le ciel. Mais ce matin je pense que nous finirons tous par dire que ce commandement nous concerne tous, des plus jeunes aux plus vieux.

Le texte

Lisons d'abord une partie du texte, en Exode 20. Le peuple des Hébreux se trouve au mont Sinaï, il reçoit ces paroles de la main même de Dieu :

Ex 20,2      Je suis l'Eternel ton Dieu qui t'ai fait sortir d'Egypte, du pays où tu étais esclave.

Ex 20,3      Tu n'auras pas d'autre dieu que moi.

Ex 20,4      Tu ne te feras pas d'idole ni de représentation quelconque de ce qui se trouve en haut dans le ciel, ici-bas sur la terre, ou dans les eaux plus bas que la terre.

Ex 20,7      Tu n'utiliseras pas le nom de l'Eternel ton Dieu pour tromper, car l'Eternel ne laisse pas impuni celui qui utilise son nom pour tromper.

Ex 20,8      Pense à observer le jour du sabbat et fais-en un jour consacré à l'Eternel.

Ex 20,12    Honore ton père et ta mère afin de jouir d'une longue vie dans le pays que l'Eternel ton Dieu te donne.

Ex 20,13    Tu ne commettras pas de meurtre.

Si vous avez une traduction plus ancienne de la Bible, si vous avez appris les Dix commandements par cœur, vous avez probablement le 6e commandement sous une forme plus courte : Tu ne tueras pas. Mais cette forme du commandement prête à confusion. La Loi de Moïse parle de tuer des animaux. De faire la guerre. D'appliquer la peine de mort pour certains crimes. Pour les dix commandements, Dieu utilise non pas le mot ordinaire pour tuer, mais un mot qui évoque la violence préméditée. Les traductions modernes n'ont dont pas triché avec le texte, elles ont voulu être plus fidèles et plus précises.

Tu ne commettras pas de meurtre. Cela ne concerne pas les microbes, les plantes, les animaux : cela concerne les humains. Cela ne concerne pas les accidents, l'autodéfense, l'exercice de la justice. Cela concerne les actes de haine et de vengeance, les actes prémédités et voulus.

Comparaison avec la loi d'Hammourabi

Au Louvre, dans les Antiquités Orientales, vous trouverez une grosse pierre noire couverte d'inscriptions. On l'appelle la stèle d'Hammourabi. Hammourabi était un roi de Babylone qui a vécu plusieurs siècles avant Moïse. Et cette grosse pierre est l'une des copies qu'il a fait faire de ses lois. En voici une : « Si un homme frappe la fille d'un noble, et qu'elle meure, la propre fille de cet homme sera mise à mort ; dans le cas de la fille d'un pauvre, le fautif payera une demi-mine ». Environ 30 sicles.

La loi de Dieu est beaucoup plus juste que celle d'Hammourabi. Elle s'intéressera aux intentions. Est-ce qu'il y avait l'intention de tuer, ou s'agit-il d'un accident ? La loi de Dieu ne fera pas payer une innocente à la place du père coupable. La loi de Dieu ne fera pas de différence entre les nobles et les pauvres. Tu ne commettras pas de meurtre : cela concerne tous les humains.

Il faut maintenant voir quatre domaines où nous pouvons nous demander s'il y a une forme de meurtre ou pas : la guerre, l'avortement, le suicide, l'euthanasie. Ce sont de vastes sujets qui mériteraient d'être traités plus longuement chacun. Christiane Huang a amené quelques documents de la Fédération Evangélique de France que vous pouvez consulter après le culte pour réfléchir un peu plus là-dessus.

La guerre

La guerre. Tuer un homme, et vous êtes un assassin. En tuer des milliers, et vous êtes un glorieux révolutionnaire ou un grand conquérant. N'est-ce pas ainsi que nous apprenons l'histoire du monde ? Le roi soleil est peut-être aux yeux de Dieu un assassin. L'empereur des Français est peut-être aux yeux de Dieu un meurtrier.

Cela ne veut pas dire que tous les militaires enfreignent le 6e commandement. La pensée chrétienne distingue nettement entre des guerres menées pour la gloire, et l'autodéfense. Les soldats ne sont pas forcément des assassins. Et ceux qui les commandent ne le sont pas forcément non plus.

Qui a tué mon oncle Stan, que je n'ai jamais connu, et qui est mort au Mont Cassin en 1944 ? Churchill et Roosevelt, qui l'ont envoyé en Italie ? Non, ce serait plutôt Hitler et Mussolini, qui ont tout déclenché. Le soldat allemand ou italien qui a tiré l'obus est-il un assassin ? Non. C'est peut-être un sergent anglais qui est responsable de la mort de mon oncle. Parce que mon oncle était attaché au service du colonel, il repassait son uniforme, faisait ses courses, etc. A la guerre, c'était considéré comme une planque, et mon oncle faisait des jaloux. La nuit de l'assaut, le sergent lui a filé une mitrailleuse, qu'il ne savait pas utiliser, et l'a placé dans la première vague. On n'a jamais retrouvé son corps. Il était peut-être mort à cause de la jalousie.

L'Evangile ne fait pas l'éloge de la guerre. Il ne se propage pas par l'épée ou le fusil ou la bombe. Il n'interdit pas de se défendre. Mais il interdit de verser le sang pour des motifs personnels. Tu ne commettras pas de meurtre.

L'avortement

L'avortement. Un droit, selon les uns. Un crime, selon les autres. Très largement pratiqué, hier comme aujourd'hui. Les Grecs et les Romains ne pratiquaient pas seulement l'avortement, mais aussi l'abandon des nouveau-nés en pleine campagne. Le peuple juif n'a jamais approuvé l'avortement, encore moins l'infanticide. A cause du 6e commandement.

Je me souviens de deux arguments qui avaient cours lorsque l'avortement a été légalisé en France. On disait que les femmes avaient le droit de faire ce qu'elles voulaient de leur corps – en oubliant qu'il s'agit du corps d'un autre. On disait aussi que le fœtus n'était qu'une masse de tissus informes : alors qu'on pense maintenant qu'il ressent la douleur avant la sixième semaine.

La vie commence à la conception. A partir de là se déroule tout un processus qui passera par la grossesse, la naissance, la petite enfance, l'adolescence, la maturité, la vieillesse et la mort. Nous disons que la vie appartient à Dieu, et que ce n'est pas à nous de la supprimer pour convenance personnelle. Même pas à son tout début, avec la pilule du lendemain.

C'est vrai qu'il y a des situations difficiles. Mais si nous disons que ce n'est pas à nous de prendre la vie, nous mettrons en œuvre d'autres solutions pour sauver et la mère et l'enfant. Notre position là-dessus ne sera pas toujours comprise, elle nous vaudra peut-être même des difficultés. Mais elle découle tout naturellement du 6e commandement.

Le suicide

Le suicide. Heureusement que ce n'est plus punissable par la loi ! Car les suicides réussis, la loi ne pouvait pas les poursuivre. Et les ratés, cela ne les aidait pas d'être poursuivis.

Il reste vrai que le suicide, c'est un attentat prémédité contre soi-même. C'est le rejet de moi-même, qui suis un être fait à l'image de Dieu. C'est le rejet de Dieu, le créateur, à qui nous appartenons. C'est fermer la porte à la repentance et à la foi.

Des pensées de suicide, beaucoup de gens peuvent les avoir. Mais il faut savoir que ce suicide est contraire à la loi de Dieu. Pour l'entourage il est beaucoup plus difficile à assumer qu'une mort naturelle ou accidentelle. C'est un crime contre soi, contre Dieu, et contre les siens.

J'ai connu des chrétiens que se sont suicidés. On imagine l'abîme de souffrance qu'ils ont dû connaître dans leur âme, la solitude sans fond, les tortures de la pensée dont ils ont voulu se libérer, le petit mot laissé derrière : Pardonne-moi. Quand on aime Dieu, on ne fait pas ça. Mais ce n'est pas pour cela que Dieu cessera de nous aimer et qu'il nous barrera la route du ciel. Nous aurons tous un jour des choses à nous reprocher – et un Sauveur qui plaidera notre cause en montrant ses mains percées.

L'euthanasie

Et l'euthanasie, alors ? J'entends par là une sorte de suicide assisté, dans un contexte médical. Le devoir du corps médical est de soigner toujours, de guérir si possible. Pour un patient en fin de vie, lui assurer un certain confort, soulager sa douleur, lui donner peut-être l'occasion de mettre les choses en règle avec sa famille ou avec Dieu. Si la mort vient plus vite parce que nous soignons la douleur, ce n'est pas une euthanasie.

Mais quand la famille s'impatiente parce que leur malade ne s'en va pas assez vite, quand le malade est déprimé, quand on lui fait comprendre qu'il faut en finir, quand la mort est provoquée plus qu'acceptée, alors nous avons affaire à une entorse au 6e commandement. Accepter l'euthanasie, c'est la porte ouverte aux abus. En Hollande en 1990, dans plus du quart des cas d'euthanasie reconnus le malade n'avait pas donné son accord.

Tu ne commettras pas de meurtre. Il n'est pas toujours facile de faire la part des choses. Mais l'intention de Dieu est claire. Nous ne sommes pas les maîtres de la vie et de la mort, c'est lui.

Jésus porte la loi plus loin

Dans son fameux Sermon sur la Montagne, le Seigneur Jésus-Christ a évoqué ce sixième commandement. Non pas pour dire que nous sommes tous en règle tant que nous n'avions pas tué. Mais pour dire que la racine du meurtre sur trouve dans la pensée, et que Dieu jugera les pensées, les paroles et les actes. Ecoutons Jésus :

Mt 5,21      Vous avez appris qu'il a été dit à nos ancêtres : " Tu ne commettras pas de meurtre. Si quelqu'un a commis un meurtre, il en répondra devant le tribunal. "

Mt 5,22      Eh bien, moi, je vous dis : Celui qui se met en colère contre son frère sera traduit en justice. Celui qui lui dit " imbécile " passera devant le tribunal, et celui qui le traite de fou est bon pour le feu de l'enfer.

Tu ne commettras pas de meurtre : tout le reste est donc permis ? Non, dit Jésus. Il porte l'accent sur la cause de nos actes : la colère, la haine, le mépris. A ce niveau-là, nous sommes tous plus ou moins coupables.

La version positive de la loi

Les dix commandements sont en l'apparence tout simples. Mais il faut se poser la question : Qu'y a-t-il derrière ? Nous avons déjà dit qu'il s'agit de la valeur de la vie que Dieu a donnée. Nous ajoutons qu'il ne faut pas rester à la surfaces des choses, qu'il faut penser aux causes. Et en troisième lieu j'aimerais reformuler ce commandement d'une manière positive. Je dirais : il faut sauver des vies !

Quand nous entendons parler de famines, de désordres civils, de guerres, quand nous rencontrons des gens qui sont dans le désespoir ou malades : il faut sauver des vies !

Un certain nombre de chrétiens allemands, dont un pasteur, ont comploté pour tuer Hitler. Le sixième commandement, dans sa forme négative, aurait pu les en dissuader. Mais ils ont compris l'intention de Dieu. Ils ont pris tous les risques dans l'espoir de sauver des vies. Ils ont échoué, mais aujourd'hui nous honorons leur mémoire.

Et sans évoquer des cas aussi extrêmes, nous pouvons nous poser la question à nous-mêmes : Que faisons-nous pour sauver des vies ? Tu aimeras ton prochain comme toi-même, dit la Loi. J'ai l'impression que dans ce domaine je ne fais vraiment pas assez. Je suis donc troublé par ce sixième commandement. Si je reste à la surface des choses, je suis bien, je n'ai rien à me reprocher. Mais quand j'approfondis l'intention de Dieu à ce sujet, je me vois loin du compte.

Se voir loin du compte, c'est se reconnaître pécheur devant Dieu. Il faut sauver des vies.

Donner sa vie pour sauver les autres

Imaginons un soldat qui se jette sur une grenade pour sauver la vie de ses camarades. Ou un résistant qui se jette par la fenêtre pour ne pas livrer le nom de ses amis. Ce ne sont pas des suicides, mais des sacrifices, dans le but de sauver des vies.

Jésus-Christ ne s'est pas contenté de ne pas tuer ou d'inciter à tuer. Il a donné sa vie pour sauver des vies.

Si nous avons tué, par la pensée, par la parole, ou par un acte, Jésus est mort pour nous, pour nous racheter. Si nous n'avons pas fait ce qu'il faut pour sauver des vies, Jésus est mort pour payer à notre place.

Et maintenant il nous demande de nous relever, et de nous engager à obéir à ses lois. Tu ne commettras pas de meurtre. Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

 

Les 10 commandements : n°6

Tu ne commettras pas de meurtre : Exode 20.13

20,2           Je suis l'Eternel ton Dieu qui t'ai fait sortir d'Egypte, du pays où tu étais esclave.

20,3           Tu n'auras pas d'autre dieu que moi.

20,4           Tu ne te feras pas d'idole ni de représentation quelconque de ce qui se trouve en haut dans le ciel, ici-bas sur la terre, ou dans les eaux plus bas que la terre.

20,7           Tu n'utiliseras pas le nom de l'Eternel ton Dieu pour tromper, car l'Eternel ne laisse pas impuni celui qui utilise son nom pour tromper.

20,8           Pense à observer le jour du sabbat et fais-en un jour consacré à l'Eternel.

20,12         Honore ton père et ta mère afin de jouir d'une longue vie dans le pays que l'Eternel ton Dieu te donne.

20,13         Tu ne commettras pas de meurtre.