Les dix commandements (5) : Honore ton père et ta mère
« Honore ton père et ta mère » : Exode 20.12
Prédication du dimanche 11 juillet 2004
par le pasteur Gordon Margery
Introduction
Comme vous le savez, Christian Baugé et moi sommes allés lundi à Calais pour les obsèques de madame Caffier. Et moi qui ne connaissais que monsieur et madame Caffier, j'ai découvert toute une famille réunie par une même douleur. Plusieurs générations. Une famille qui avait l'habitude de se rencontrer, une famille unie.
Cela nous paraît tellement normal, la famille. Il y a des familles qui se déchirent, des familles qui s'aiment. Mais s'il n'y avait pas de familles, il n'y aurait pas de race humaine.
Les dix commandements ont quelque chose à nous dire au sujet de la famille. C'est un très court texte, en Exode, au chapitre 20.
Ex 20,1 Alors Dieu prononça toutes ces paroles :
Ex 20,2 -Je suis l'Eternel ton Dieu qui t'ai fait sortir d'Egypte, du pays où tu étais esclave.
Ex 20,3 Tu n'auras pas d'autre dieu que moi.
Ex 20,12 Honore ton père et ta mère afin de jouir d'une longue vie dans le pays que l'Eternel ton Dieu te donne.
Honore ton père et ta mère. Cela paraît simple. Mais dans notre monde d'aujourd'hui, ce n'est pas si évident. Qu'est-ce qu'il y a derrière ce commandement ?
Dieu et la famille
Si Dieu nous demandait de bien élever nos enfants, son commandement n'aurait pas de sens pour ceux qui n'en ont pas. Mais il nous demande d'honorer notre père et notre mère. Nous sommes donc tous concernés. Derrière ce commandement il y a le fait que j'avais besoin d'une mère et d'un père pour venir au monde. Encore aujourd'hui, à l'heure de toutes les manipulations génétiques, personne ne vient au monde sans avoir un père et une mère.
Et l'enfant qui vient au monde, il est complètement sans défense. Il aura besoin de ses parents pendant de longues années pour le nourrir, le protéger, lui enseigner à se débrouiller dans la vie. Il apprendra à être adulte en observant deux adultes. Il apprendra ce qu'est un homme, une femme, en regardant vivre son père et sa mère. Sa personnalité se construira dans la famille.
Bien sûr, certains enfants doivent grandir en l'absence d'un parent, ou des deux. Il y a des façons de compenser cette absence. Mais c'est toujours un manque par rapport à la famille normale, et c'est parfois une souffrance.
La famille existe donc pour le bien de l'enfant. Mais aussi pour le bien de parents. Les enfants vont grandir, les parents vont vieillir. A un moment donné, les enfants vont prendre une responsabilité particulière envers leurs parents. La solidarité entre les générations va jouer, et la famille existera à ce moment-là pour le bien des parents.
Honore ton père et ta mère. Derrière ce commandement il y a la famille, la famille non seulement comme une institution sociale et humaine, mais comme une structure voulue de Dieu. Dans l'union stable d'un homme et d'une femme qui accueillent des enfants.
Aujourd'hui ce discours peut paraître totalement aberrant. Une union stable ? Non, c'est pour un an, deux ans, cinq ans, à durée plutôt limitée. Avec une mère et deux pères. Bientôt peut-être avec deux pères et pas de mère, ou deux mères et pas de père. Le père et la mère des Dix commandements sont vieux jeu. Et les problèmes sociaux sont en train de se multiplier.
Honore ton père et ta mère. Il y a toute une philosophie derrière. Nous avons tort de l'ignorer.
Nous, nos parents
Maintenant, pour nous qui sommes tous les enfants de quelqu'un, que veut dire Honore ton père et ta mère ?
C'est déjà le respect. Insulter ses parents, c'est grave. Insulter sa mère, c'est grave. Tu n'es pas dans la volonté de Dieu si tu méprises tes parents. Ils ne pensent pas comme toi. Ils sont de la campagne, tu es de la ville. Ils ne savent pas se servir d'un magnétoscope, tu as un petit téléphone qui prend des photos. Ils n'aiment pas ta musique, et tu t'arranges bien pour cela. Ils ne semblent pas comprendre que tu as grandi.
Ils restent tes parents. Tu leur dois le respect. Et d'ici quelques années tu leur trouveras des qualités que tu ne vois pas aujourd'hui.
Honore ton père et ta mère : cela implique aussi l'obéissance. Et c'est là que cela se complique. Car l'obéissance qu'on demandera à un enfant de 4 ans n'est pas la même que celle qu'on demandera à un enfant de 14 ans ou de 24 ans. A 24 ans, on ne parlera plus d'obéissance : le jeune adulte, surtout s'il est marié, ou s'il a quitté la maison, est responsable de sa propre vie, les parents n'ont plus aucun pouvoir sur lui. Mais avant, il y a tout un processus éducatif où dans les premières années on inculque les règles de base de la vie, et où après on lâche les rênes progressivement pour que le jeune arrive à prendre ses propres décisions. Si vous serrez la vis pour tout jusqu'à l'age de 17 ans et 364 jours, vous aurez de très mauvaises surprises à 18 ans.
Respect, obéissance en fonction de l'âge.. et soutien. Dans leur vieillesse tes parents auront besoin de toi. De ta compagnie. De ton aide pour les papiers ou le jardin. De ton aide financière. Comme eux t'ont porté quand tu étais petit, tu auras peut-être à les porter quand ils seront vieux.
Cela devient difficile de nos jours. Quand tes parents sont en Amérique ou en Afrique ou même en Angleterre : que faire ? Quand tu es censé t'occuper de tes enfants sur place à Ozoir et de tes parents au Portugal ? Nous ne sommes plus dans une société agricole où tout le monde reste au village pendant des centaines d'années. Nous sommes dans un monde qui bouge. Et cela crée parfois de vrais cas de conscience.
Ces cas de conscience existaient même avant. En dehors de ses six années d'armée pendant la guerre, mon père a toujours vécu dans le même village, devenu une ville de la grande banlieue de Londres. Quand sa mère a commencé à perdre la tête elle est venue habiter chez nous. Et ma mère, qui ne travaillait pas, devait s'occuper d'elle. Une charge tellement lourde que ma mère commençait à craquer. Le médecin a sommé mon père de choisir : garder ou sa mère, ou sa femme. Il a choisi sa femme. Je crois que c'était son premier devoir et qu'il a bien fait. Mais quel choix terrible !
Honore ton père et ta mère : jusque dans leurs vieux jours. En demandant à Dieu de t'aider à prendre les bonnes décisions à chaque étape.
et les prolongements
Il y a un lien entre le respect dû aux parents et la vie en société. Avec ses parents, l'enfant apprendra à respecter tous ceux qui détiennent une part d'autorité : les représentants de l'Etat, les professeurs, les responsables de l'Eglise, les adultes en général. C'est tout à fait conforme à la Bible. Il faut rendre à César ce qui est à César, il faut rendre l'honneur à qui l'honneur est dû. On comprend donc que des dysfonctionnements au niveau de la famille entraînent des dysfonctionnements au niveau de la société.
On peut même aller plus loin. L'attitude que nous avons envers nos parents va refléter dans une certaine mesure notre attitude envers Dieu. Ce n'est pas pour rien que Dieu s'appelle Père. Ce n'est pas pour rien que certains révolutionnaires ont voulu abolir et le père terrestre et le Père céleste. Evidemment, les pères terrestres sont tous faillibles, imparfaits. Mais ils représentent quelque chose : l'autorité, la loi, la prise de responsabilité. Derrière la famille, il y a l'image de Dieu.
Et dans l'autre sens ?
Il faut que j'aborde maintenant un problème. Honore ton père et ta mère : nous avons peut-être là l'impression que les parents ont tous les droits. Les enfants n'ont plus qu'à s'écraser devant eux, en attendant d'en profiter quand leur tour viendra.
C'est tout le problème d'une lecture superficielle et littéraliste de la Bible. Déjà nous sommes allés derrière les simples mots du commandement pour parler de la pensée de Dieu au sujet de la famille. L'intention de Dieu n'est pas de défendre le petit confort des parents. Dieu ne fabrique pas de dictateurs. Il veut la famille pour le bien de l'enfant, et pour son avenir. C'est ce que le Nouveau testament va rendre explicite :
Eph 6,2 Honore ton père et ta mère : c'est le premier commandement auquel une promesse est rattachée :
Eph 6,3 pour que tu sois heureux et que tu jouisses d'une longue vie sur la terre.
Eph 6,4 Vous, pères, n'exaspérez pas vos enfants, mais élevez-les en les éduquant et en les conseillant d'une manière conforme à la volonté du Seigneur.
Col 3,20 Enfants, obéissez à vos parents en toutes choses, c'est ainsi que vous ferez plaisir au Seigneur.
Col 3,21 Mais vous, pères, n'exaspérez pas vos enfants, pour ne pas les décourager.
Comment un père va-t-il exaspérer ses enfants ? En étant trop dur, trop énervé, trop capricieux, trop injuste. En négligeant de jouer avec eux, de leur raconter des histoires, de discuter avec eux, de montrer dans les faits qu'il les aime. C'est l'amour qui vous donnera le droit d'exiger certaines choses, mes frères, pas votre grosse voix et votre carrure. Le but du père doit être non son propre confort, mais la préparation de ses enfants à la vie d'adulte : Elevez-les en les éduquant et en les conseillant d'une manière conforme à la volonté du Seigneur. Je n'ai pas l'impression d'avoir été un père exemplaire. Mais ma femme a assuré, parce que nous formions une équipe.
Dans les commandements de la Bible il y a de l'équilibre. Ceux qui exercent l'autorité ont eux aussi des devoirs. Et si quelqu'un abuse de son autorité et nous exige des choses qui sont contraires à la volonté de Dieu, nous nous souviendrons de ces paroles du Seigneur Jésus :
Mt 10,37 -Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi. Celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi.
Lc 14,26 -Si quelqu'un vient à moi et n'est pas prêt à renoncer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses surs, et même à son propre moi, il ne peut être mon disciple.
Il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, dit la Bible. Il y a donc des limites à l'autorité des parents. Eux aussi sont soumis aux lois de Dieu.
Une promesse de bénédiction
Le cinquième commandement comporte une promesse : Honore ton père et ta mère afin de jouir d'une longue vie dans le pays que l'Eternel ton Dieu te donne. En Deutéronome 5.16 on trouve un élément de plus : Honore ton père et ta mère, comme l'Eternel ton Dieu te l'a ordonné, afin de jouir d'une longue vie et de vivre heureux dans le pays que l'Eternel ton Dieu te donne.
C'est une promesse collective. Un peuple qui aura une vie familiale saine jouira d'une grande stabilité, une meilleure cohésion sociale, une plus grande capacité de résister aux agresseurs. Il y aura forcément des familles désunies, il y aura forcément des familles unies qui connaîtront des difficultés sérieuses. Mais globalement, la cohésion des familles va être un indicateur de la solidité du pays.
Est-ce que nous pouvons prendre cette parole aussi comme une promesse individuelle ? Oui, si nous nous plaçons dans la perspective du livre des Proverbes. C'est à dire si nous y reconnaissons une vérité générale et non une promesse inconditionnelle. Il y a beaucoup de gens qui ont eu une attitude juste envers leurs parents et qui n'ont pas eu une vie longue et heureuse. Vous en connaissez sans doute. Honorer son père et sa mère n'est donc pas la seule condition du bonheur, mais c'en est certainement une.
Conclusion
Le bon sens de Dieu. La sagesse de Dieu. Honore ton père et ta mère, afin de vivre heureux dans le pays que l'Eternel ton Dieu te donne.
Pères, mères, enfants, je vous souhaite beaucoup de bonheur !
Ex 20,1 Alors Dieu prononça toutes ces paroles :
Ex 20,2 -Je suis l'Eternel ton Dieu qui t'ai fait sortir d'Egypte, du pays où tu étais esclave.
Ex 20,3 Tu n'auras pas d'autre dieu que moi.
Ex 20,12 Honore ton père et ta mère afin de jouir d'une longue vie dans le pays que l'Eternel ton Dieu te donne.
Eph 6,2 Honore ton père et ta mère : c'est le premier commandement auquel une promesse est rattachée :
Eph 6,3 pour que tu sois heureux et que tu jouisses d'une longue vie sur la terre.
Eph 6,4 Vous, pères, n'exaspérez pas vos enfants, mais élevez-les en les éduquant et en les conseillant d'une manière conforme à la volonté du Seigneur.
Col 3,20 Enfants, obéissez à vos parents en toutes choses, c'est ainsi que vous ferez plaisir au Seigneur.
Col 3,21 Mais vous, pères, n'exaspérez pas vos enfants, pour ne pas les décourager.