Les dix commandements (4) : Dieu et le repos
Introduction
Avec tout ce qui se passe dans la vie de l'Eglise, cela fait un bon moment que nous n'avons pas parlé des Dix Commandements. Pas du film, ni du spectacle, mais des dix grands commandements que Dieu a communiqués à Moïse et qui restent un fondement de notre civilisation. Vous les trouverez dans Exode, au chapitre 20. J'en lirai le début.
Exode 20.1-6
Ex 20,1 Alors Dieu prononça toutes ces paroles :
Ex 20,2 -Je suis l'Eternel ton Dieu qui t'ai fait sortir d'Egypte, du pays où tu étais esclave.
Ex 20,3 Tu n'auras pas d'autre dieu que moi.
Ex 20,4 Tu ne te feras pas d'idole ni de représentation quelconque de ce qui se trouve en haut dans le ciel, ici-bas sur la terre, ou dans les eaux plus bas que la terre.
Ex 20,5 Tu ne te prosterneras pas devant de telles idoles et tu ne leur rendras pas de culte, car moi, l'Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu qui ne tolère aucun rival : je punis les fils pour la faute de leur père, jusqu'à la troisième, voire la quatrième génération de ceux qui me haïssent.
Ex 20,6 Mais j'agis avec amour jusqu'à la millième génération envers ceux qui m'aiment et qui obéissent à mes commandements.
Ex 20,7 Tu n'utiliseras pas le nom de l'Eternel ton Dieu pour tromper, car l'Eternel ne laisse pas impuni celui qui utilise son nom pour tromper.
N'avoir que l'Eternel comme Dieu ; ne pas avoir d'idoles ; ne pas utiliser le nom de Dieu abusivement. Mais cela ne commence pas là. Cela commence avec ce que Dieu a fait : Je suis l'Eternel ton Dieu qui t'ai fait sortir d'Egypte, du pays où tu étais esclave. Dieu rappelle qui il est. Il rappelle ce qu'il a fait pour le peuple. Il les a pris pour lui-même, pour qu'ils soient à jamais son peuple. Si le peuple accepte cette alliance, il s'engage à accepter ses lois.
De la même manière, si vous acceptez l'amour de Dieu en Christ, vous acceptez en même temps de le suivre et de lui obéir. Cela fait partie de la nouvelle alliance.
Venons-en donc au quatrième commandement, que je vous lis à partir du verset 8 :
Ex 20,8 Pense à observer le jour du sabbat et fais-en un jour consacré à l'Eternel.
Ex 20,9 Tu travailleras six jours pour faire tout ce que tu as à faire.
Ex 20,10 Mais le septième jour est le jour du repos consacré à l'Eternel, ton Dieu ; tu ne feras aucun travail ce jour-là, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui réside chez toi ;
Ex 20,11 car en six jours, l'Eternel a fait le ciel, la terre, la mer, et tout ce qui s'y trouve, mais le septième jour, il s'est reposé. C'est pourquoi l'Eternel a béni le jour du sabbat et en a fait un jour qui lui est consacré.
Vous savez à quel point le jour du sabbat est important pour nos amis juifs pratiquants. De vendredi 18 heures à samedi 18 heures ils ne travaillent pas. Ils ne prennent pas la voiture. Ils ne mettent pas en marche des appareils électriques. C'est le Jour du Seigneur, c'est la prière, c'est le repos. Et si pour nous cela paraît contraignant, si pour nous certaines pratiques paraissent incohérentes, sachez que pour le Juif qui le pratique, le sabbat peut être source de joie, de paix et de fierté.
Pourquoi est-ce que nous chrétiens ne le pratiquons pas alors ? C'est une question important et j'y viendrai. Mais d'abord j'aimerais mieux comprendre pourquoi Dieu a donné cette loi. Elle contient plusieurs messages.
Pourquoi cette loi ? Le travail n'est pas tout
Elle nous dit d'abord que le travail n'est pas tout dans la vie. Il y a des jours pour travailler, il y a un jour pour ne pas travailler. C'est une grâce d'arrêter de travailler : cela veut dire que nous ne sommes pas des esclaves. Nous ne sommes plus en Egypte. Et nous ne sommes pas non plus inquiets pour notre pain quotidien. Pour ce jour de pause, nous faisons confiance à Dieu.
Autrefois, les agriculteurs n'allaient pas dans les champs le dimanche. C'était très mal vu. Aujourd'hui, quand je vois un homme sur son tracteur le dimanche, je suis triste pour lui : il a perdu le sens de ce jour mis à part pour Dieu, il est sous la pression des banques et des grandes firmes, il ne voit pas beaucoup sa famille En voulant gagner un jour de plus, il perd plus qu'il ne sait. Et c'est pareil pour nous autres citadins.
Le travail n'est pas tout.
Pourquoi cette loi ? Il faut consacrer du temps à Dieu
L'Eternel a béni le jour du sabbat et en a fait un jour qui lui est consacré. Nous disons que toutes nos journées appartiennent à Dieu, et c'est juste. Nous le servons quand nous préparons à manger pour les enfants ou quand nous prenons le train de 7h03 pour aller travailler. Mais pouvoir prier tranquillement, lire la Bible, se placer en position d'écoute, adorer Dieu au milieu de son peuple : c'est autre chose. Il faut mettre du temps à part pour Dieu. Tous les jours un peu. Et un jour plus. Si vous êtes trop pressés pour le faire, vous être trop pressés point !
Dans l'Exode, le sabbat est lié à la création. Dans le Deutéronome il est lié à la sortie de l'Egypte. Il fait penser à la grandeur de Dieu et à son salut. C'est un jour de célébration.
Les gens disent : Je suis croyant non pratiquant. C'est comme si on disait : Je suis végétarien non pratiquant. Consacrer du temps pour Dieu, c'est l'expression normale de la foi. Je ne dis même pas que c'est une obligation : car si c'est une obligation, ce n'est plus la foi, mais la peur qui nous anime.
Pourquoi cette loi ? Notre corps a besoin de repos
Vous avez vu ce que cela fait, des footballeurs en fin de saison et fatigués. Nous avons tous besoin de repos, nous sommes faits comme cela. Nous avons intérêt à respecter notre corps, et à respecter l'équilibre entre le travail et le repos. Même pour les animaux : Mais le septième jour est le jour du repos consacré à l'Eternel ton Dieu ; tu ne feras aucun travail ce jour-là, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton buf, ni ton âne, ni tout ton bétail, ni l'étranger qui réside chez toi, afin que ton serviteur et ta servante se reposent comme toi. Dt 5.14
C'est donc une bonne chose, le repos du sabbat, le jour consacré à Dieu. Le travail n'est pas tout dans la vie.
Pourquoi ne pratiquons-nous pas cette loi ?
Si le sabbat est une bonne chose, pourquoi sommes-nous réunis ici un dimanche, et pas un samedi ? Et pourquoi faisons-nous le dimanche des choses qu'aucun Juif pratiquant ne songerait à faire le jour du sabbat ?
La venue de Jésus-Christ a changé beaucoup de choses. Toutes les lois concernant les sacrifices d'animaux, par exemple, cessent de s'appliquer. Jésus-Christ a offert en sa personne un sacrifice unique pour le péché, valable une fois pour toutes. Toutes les lois concernant le vie d'une nation bien particulière cessent de s'appliquer. Nous sommes issus de toutes les nations et nous nous retrouvons dans une nouvelle entité spirituelle, l'Eglise : sans territoire, sans tribunaux, sans armée. Le sabbat en tant que signe distinctif du peuple d'Israël n'a plus la même importance.
Jésus et le sabbat
Vous vous rappelez toutes les discussions entre Jésus et les Pharisiens au sujet du sabbat ? Jésus qui était si respectueux de la loi s'est toujours positionné en faveur d'une approche plus souple du sabbat. Il y avait quelque chose de plus important que l'institution, c'était l'être humain. Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat. Le Fils de l'Homme est maître même du sabbat.
Plus étonnant encore, à propos du repos de Dieu le septième jour, Jésus a dit ceci : Mon Père est à l'uvre jusqu'à présent, et moi aussi je suis à l'uvre (Jean 5.17). Jésus a travaillé un jour de sabbat pour guérir un malade. Et Dieu aussi est à l'uvre dans son jour de sabbat. Le septième jour de Dieu continue à courir jusqu'à présent. Et Dieu y travaille.
L'apôtre Paul et le sabbat
L'apôtre Paul, docteur de la loi juive, déclare : La Loi possède l'ombre des biens à venir, mais la réalité est en Christ (Colossiens 2.16-17). Quantité de lois pointent vers une réalité plus grande et plus forte en Christ. Et le sabbat pointe vers le fait qu'en Christ nous nous reposons de nos uvres, comme Dieu s'est reposé des siennes (Hébreux 4.10). Le sabbat est l'image du salut. En Christ, nous ne travaillons plus pour obtenir une reconnaissance de la part de Dieu. Nous recevons le pardon de Dieu par la foi, et pas par les uvres.
C'est pour cela que quand Paul avait a régler les conflits culturels entre Juifs et non-Juifs dans les Eglises, il n'a jamais dit que tout le monde devait s'aligner sur le sabbat. Il dit que la question des jours est sans importance pour Dieu, et que chacun doit faire selon sa conscience. Pour celui-ci, tel jour vaut plus qu'un autre ; pour celui-là, ils ont tous la même valeur : à chacun d'avoir une pleine conviction en lui-même (Romains 14.5). Vous observez les jours spéciaux, les nouvelles lunes, certaines saisons et certaines années ! Ah ! je crains fort que toute la peine que je me suis donnée pour vous n'ait été inutile (Gal 4.10-11). Vouloir à tout prix respecter le sabbat et les autres jours de fête est un retour en arrière, comme si Christ n'avait pas accompli toute la loi, comme si nous n'avions pas tout pleinement en lui.
Dans les Eglises de ce temps-là, les réunions devaient avoir lieu le samedi, peut-être le samedi soir qui comptait déjà comme le premier jour de la semaine, ou le dimanche matin à l'aube, ou à d'autres moments encore quand les esclaves n'étaient pas au travail. Il y avait des habitudes, mais pas de loi générale.
Si nous étions à Tunis, nous aurions peut-être notre culte le vendredi. Si nous étions à Jérusalem, ce serait peut-être vendredi soir ou samedi. En France c'est dimanche. Mais ce dimanche est de moins en moins un jour spécial aux yeux de la loi : nous aurons sans doute à nous adapter, comme au premier siècle.
Aujourd'hui : une sagesse et une célébration
Qu'est-ce qui reste alors du sabbat, qu'en est-il de notre dimanche ? Pas une obligation, mais une sagesse et une célébration.
La sagesse. Avant l'invention des armes à feu, les hommes utilisaient une autre arme qui permet de frapper à distance. C'est l'arc. Une flèche, un arc de bois incurvé, et une corde. Si l'arc était constamment tendu, il perdait son élasticité, sa force. Il fallait dont défaire la corde quand on n'en avait pas besoin et la remettre avant de partir à la chasse ou à l'attaque. Le bois et la corde avaient besoin de repos.
Et l'être humain a besoin de repos aussi. C'est une question de sagesse. Traditionnellement, ce repos se prend le dimanche, ce qui permet d'entretenir la vie de famille et les amitiés. Si vous êtes obligés de travailler le dimanche, organisez-vous pour vous reposer un autre jour. Mais si vous avez le choix, prenez votre jour de repos en même temps que le reste de la famille.
Sagesse, donc, et célébration.
Le premier jour de la semaine, qui est le dimanche, il est arrivé un événement capital : Christ est ressuscité ! C'était à l'époque un jour de travail. Mais les chrétiens des premiers siècles ont commencé à se retrouver ce jour-là pour rompre le pain, prier, écouter la Parole de Dieu. Nous en trouvons quelques traces dans le Nouveau Testament et dans les écrits du 2e siècle. Le dimanche est devenu un jour spécial en l'honneur du Christ ressuscité. Non pas une obligation, mais un choix. Motivé par un ardent désir d'amour fraternel, de célébration et de communion avec Dieu.
Si tu ne rejoins pas tes frères et surs le dimanche, tu dis que la résurrection de Christ ne mérite pas qu'on la fête, que l'église ne te concerne pas, que les frères et surs ne sont pas de ta famille. Si tu es obligé de travailler le dimanche, fais de ton mieux pour te joindre à un groupe de chrétiens à un autre moment. Célèbre ton dimanche à toi. Mais si tu as le choix, libère-toi pour être avec les frères en la foi. Par tes choix que tu feras tu diras au monde ce qui est important pour toi.
Dix idées pour que dimanche soit spécial (transparent)
Conclusion
Dans le temps jadis, il y avait une très forte pression sociale pour respecter le dimanche. Et les gens se pliaient à cette pression, les uns sincèrement, par motif de conscience, les autres parce qu'ils n'avaient pas envie de se démarquer.
Aujourd'hui, c'est toi qui te démarques si tu fais du dimanche un jour spécial. Est-ce que tu as le courage de le faire ?
Le quatrième commandement en tant que tel se trouve dépassé par le repos en Christ. Mais avoir du temps pour Dieu et respecter les besoins de son corps, cela ne sera jamais dépassé. Ne demande pas si tu as le droit de faire ceci ou cela le dimanche. Le Seigneur Jésus n'a pas enseigné de cette façon-là. Fais plutôt ce que tu as envie de faire. Car c'est par l'attitude de ton cur que tu vas montrer ce qui est important pour toi. Dieu lira dans ton cur et le monde aussi. Amen.