Les dix commandements (2) – Images de Dieu
22 février 2004

Les dix commandements (2) – Images de Dieu

Prédicateur:
Passage: Exode 20:2-6

Images de Dieu : Exode 20.2-6

Introduction

Comment peut-on connaître Dieu ? A travers la nature ? Oui, jusqu'à un certain point. Nous pouvons discerner la main de Dieu dans ce qu'il a créé. Mais la nature ne dit pas tout, et elle est marquée par le péché des hommes. Connaître Dieu à travers la conscience, à travers notre sens du bien et du mal ? Oui, jusqu'à un certain point. Mais notre conscience est encore plus marquée par la perversité humaine.

Pour bien connaître Dieu, il faut qu'il se révèle. Et c'est ce qu'il a fait de différentes façons et à différents moments. Heureusement.

Une étape essentielle dans cette révélation, c'est le don de la Loi au mont Sinaï, et plus précisément le don des Dix Commandements. Il y a trois semaines nous avons dit que ces commandements rappellent ce que Dieu a fait pour sauver son peuple de l'esclavage. Ils sont donnés dans le cadre d'une alliance que Dieu a faite. Si le peuple veut continuer à marcher avec Dieu, il doit assumer les lois de Dieu. De la même manière, si vous acceptez l'amour de Dieu en Christ, vous acceptez en même temps de le suivre et de lui obéir. Cela fait partie de la nouvelle alliance.

Je vous rappelle les deux premiers commandements.

Lecture : Exode 20.2-6

Ex 20,2      -Je suis l'Eternel ton Dieu qui t'ai fait sortir d'Egypte, du pays où tu étais esclave.

Ex 20,3      Tu n'auras pas d'autre dieu que moi.

Ex 20,4      Tu ne te feras pas d'idole ni de représentation quelconque de ce qui se trouve en haut dans le ciel, ici-bas sur la terre, ou dans les eaux plus bas que la terre.

Ex 20,5      Tu ne te prosterneras pas devant de telles idoles et tu ne leur rendras pas de culte, car moi, l'Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu qui ne tolère aucun rival : je punis les fils pour la faute de leur père, jusqu'à la troisième, voire la quatrième génération de ceux qui me haïssent.

Ex 20,6      Mais j'agis avec amour jusqu'à la millième génération envers ceux qui m'aiment et qui obéissent à mes commandements.

Il y a trois semaines, nous nous sommes surtout préoccupés du premier commandement : Tu n'auras pas d'autre dieu que moi. Maintenant il faut que nous nous demandions ce que veut dire le deuxième : Tu ne te feras pas d'idole ni de représentation quelconque de ce qui se trouve en haut dans le ciel, ici-bas sur la terre, ou dans les eaux plus bas que la terre. Le premier commandement nous dit de ne pas servir d'autres dieux, qui en fait ne sont pas des dieux. Le deuxième nous dit de ne pas faire pour notre culte des idoles, des images, des statues. Et cela concerne non seulement des images qui seraient celles de faux dieux. Cela concerne aussi des images censées représenter le vrai Dieu.

L'utilisation des idoles

Cela vous surprend ? Pensez alors au culte du veau d'or, dont vous avez sans doute entendu parler. Alors que Moïse est sur la montagne en train de communier avec Dieu et de recevoir ses révélations, le peuple s'impatiente et demande à Aaron de fabriquer un dieu qu'ils pourront porter avec eux, comme les autres peuples. Et Aaron fait fabriquer la statue d'un veau, comme tout le monde en a vu en Egypte. Mais il ne dit pas au peuple que ce veau est un nouveau dieu ou un dieu égyptien. Il dit : Voici le Dieu qui t'a fait sortir d'Egypte. Et le peuple organise une fête en l'honneur de l'Eternel. Les gens imaginent qu'à travers ce veau ils sont en train d'adorer le seul vrai Dieu. Sa jeunesse, sa force, sa puissance. C'est l'art au service de la religion. Et c'est faux.

Le même genre de chose se produira au temps des prophètes.

Les artistes chrétiens ont parfois dépeint Dieu comme un vieillard, avec une longue barbe blanche pour évoquer son éternité. Michel-Ange, sur le plafond de chapelle Sixtine à Rome l'a peint comme le créateur tout-puissant, les cheveux blancs flottants au vent. Jésus-Christ est souvent dépeint comme un petit enfant dans les bras de sa mère ou comme une épave humaine mourant sous la torture. Dans nos propres recueils de chants vous avez des images de Dieu dépeint comme un animal, comme le roi des animaux. Le vrai Dieu, sous forme d'image.

Le deuxième commandement l'interdit. C'est de l'idolâtrie.

Pourquoi cet interdit ?

Pourquoi ? Parce qu'avec une image vraie vous ne pouvez obtenir qu'une image imparfaite de Dieu. Vous attirez l'attention de l'adorateur sur un aspect de Dieu, vous renforcez cet aspect au détriment des autres. Le vieillard : il est vénérable, il est éternel. Mais il est aussi faible ou même gâteux. Le bébé Jésus : sa mère est forcément plus importante que lui. Le Christ en croix : il est pitoyable, triste, impuissant. L'image transmet une vérité… et des erreurs. Parfois graves. Le veau d'or : la force de Dieu. Mais une fête qui dégénère en orgie, parce que le veau symbolise aussi la fécondité. Et quand je vois cette tête de lion dans J'aime l'Eternel, je ne pense pas à Dieu, je pense que cette énorme crinière est certainement pleine de mites.

Le commandement n'interdit pas toutes les images

Est-ce que nous sommes donc en train de dire que les Dix Commandements interdisent toute forme d'art religieux ? Non, absolument pas. Moïse a fait construire la grande tente qui servait au culte dans le désert, et sur le rideau à l'intérieur il a fait broder comme deux grands anges. Ce n'est donc pas l'art qui est interdit. C'est le culte qui passe par l'image, qui prend l'image comme point de mire. Parce que dans le culte vos regards vont s'attarder sur l'image, votre pensée va en être imprégnée, et inconsciemment vous allez vous laisser influencer par tous les aspects de l'image, et pas seulement ceux que l'artiste a voulus en premier lieu : la faiblesse du vieillard ; l'impuissance d'un bébé ; le tragique d'un crucifié. Oui à une crèche sur la cheminée ou au pied du sapin. Non à une image de l'enfant Jésus à l'endroit où je prie.

Ce n'est pas tout à fait la même choses avec des symboles, comme ceux du pain et de la coupe ici. Ce ne sont pas des images de Dieu. C'est pour cela qu'une croix vide n'a pas le même sens qu'un crucifix. Elle évoque des choses sans les expliciter. Elle crée peut-être des images mentales. Mais les images mentales ne sont pas permanentes, elles évoluent, elles s'enrichissent d'éléments nouveaux et complémentaires. Elle ne vous incite pas à prendre le Christ en pitié, ou à penser qu'il est toujours faible.

Un livre pour enfants, un film, un tableau exposé dans un musée ou dans une galerie d'art : tout cela peut être légitime. Mais le même tableau proposé comme une aide à la prière n'est pas compatible avec le deuxième commandement.

Aspects positifs du commandement : adorer Dieu en esprit et en vérité

Voilà pour ce qui est, me semble-t-il, interdit. Mais je dois aussi parler de ce Dieu veut de positif à travers ce deuxième commandement.

Si Dieu interdit le culte à travers les images, c'est qu'il veut nous conduire vers une autre forme de piété. Jésus a dit : Dieu cherche des adorateurs qui l'adoreront en esprit et en vérité. En esprit – alors que nous sommes des êtres matériels. Il est forcément difficile pour nous de faire abstraction des choses matériels pour communier avec Dieu en esprit. Mais lorsque nous prions, le côté matériel est au second plan. Adorer Dieu sur le mont Garizim ou à Jérusalem, à Genève ou à Rome, cela n'a pas d'importance. Vous y trouverez quelques sensations historiques, peut-être. Mais fondamentalement Dieu ne lie pas notre adoration à un lieu. Il faut l'adorer en esprit.

Et il faut l'adorer en vérité. Tel qu'il est réellement. Comme nous l'avons dit, l'image ne le montre pas tel qu'il est réellement. Il s'est révélé non pas par une image, mais par sa Parole. C'est pour cela que nous n'avons pas, dans les Eglises protestantes, la piété de l'image. Nous avons la piété de la Parole. La Parole lue et prêchée lors de nos cultes. La Parole lue et méditée dans nos maisons. La Parole lue et enracinée dans nos cœurs. Une statue, c'est encombrant, difficile à transporter. La Parole nous accompagne toujours.

Du temps de Moïse, ce n'était pas tout à fait cela. Le système des sacrifices était très important pour les gens. Mais lorsque les Juifs ont perdu leur Temple, une première fois en 586 avant Jésus-Christ, puis une seconde fois en 70 après Jésus-Christ, le centre de gravité de leur piété s'est déplacé. La lecture de la Parole de Dieu a pris beaucoup plus d'importance. Et les chrétiens sont les héritiers de cette piété de la Parole, d'autant plus que pour nous Jésus-Christ a rendu caduc tout le système des sacrifices par son unique sacrifice à la croix.

Adorer Dieu tel qu'il est, à travers la révélation de sa Parole.

Deux images autorisées

Vous trouvez que c'est dur ? Nous qui vivons dans un monde où il y a plein de choses à voir, nous n'aurions pas le droit de voir Dieu ? Comment peut-on comprendre, si on ne voit rien ? Eh bien, je vais peut-être vous surprendre, mais je crois que la Bible nous autorise à comprendre certaines choses à travers deux images de Dieu.

Sur la première page de la Genèse nous pouvons lire que Dieu a fait les êtres humains à son image, hommes et femmes. Une image très imparfaite, maintenant, à cause du péché. Une image qui n'est pas destinée à être l'objet d'un culte. Mais une image quand même. Une image qui reflète Dieu d'une certaine manière.

L'amour humain, faible reflet de l'amour de Dieu. Notre sens de la justice, faible reflet de la justice de Dieu. Notre capacité de créer, d'inventer, faible reflet de la créativité et de l'intelligence de Dieu. Tel geste peut réellement nous amener à mieux saisir la bonté, la beauté, la noblesse du caractère de Dieu. Pas tout le temps. Pas parfaitement. Mais non moins réellement. Nous dirions : l'amour de Dieu, c'est comme ça ! La sagesse de Dieu, c'est comme ça ! Comme ça, mais en mieux.

Et si nous pouvons dire ce genre de choses pour des gens qui nous ressemblent, nous pouvons le dire d'autant plus fort au sujet de Jésus-Christ : vrai Dieu et vrai homme. Il a dit : Celui qui m'a vu a vu le Père. La Bible l'appelle l'image visible du Dieu invisible. Si donc vous êtes frustré de ne pas avoir d'image de Dieu, apprenez à fréquenter Jésus-Christ. Vous n'aurez toujours pas d'image palpable, rien à installer dans une petite niche dans votre chambre, même pas de quoi faire un transparent. Mais vous aurez dans votre tête et dans votre cœur une image vraie. Derrière l'image, une personne. Qui était au commencement avec Dieu et qui était Dieu. Personne n'a jamais vu Dieu. Mais le Fils l'a fait connaître. Quand nous cherchons la face de Dieu, c'est Jésus-Christ que nous contemplons, empreinte de sa personne et rayonnement de sa gloire.

Une statue dorée ? Une image fourrée dans notre porte-feuille, écornée à force d'être manipulée ? Un petit bébé ou un vieillard ? Qu'elles sont pauvres, ces images matérielles ! Dieu n'en veut pas ! Parce qu'il veut se révéler pleinement à nous en Jésus-Christ, en qui habite corporellement la plénitude de la divinité.

Un commandement accompagné d'un avertissement et d'une promesse

Le deuxième commandement s'accompagne d'un avertissement et d'une promesse. Moi, l'Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu qui ne tolère aucun rival : je punis les fils pour la faute de leur père, jusqu'à la troisième, voire la quatrième génération de ceux qui me haïssent. Mais j'agis avec amour jusqu'à la millième génération envers ceux qui m'aiment et qui obéissent à mes commandements. C'est l'exclusivité de l'amour de Dieu. Nous ne tenons pas compte d'aucun autre dieu. Nous ne nous permettons même pas de nous représenter Dieu par une image, elle serait forcément fausse.

Si nous sommes donc infidèles par rapport à Dieu, nous aurons sur nos enfants une influence mauvaise. Si nous aimons Dieu, nous aurons sur nos enfants une influence bienfaisante. Dieu nous en avertit. Et même là, il met l'accent sur la grâce. Sa colère sur trois ou quatre générations, s'il n'y a pas de repentance ; son amour sur mille générations, pour ceux qui l'aiment et qui gardent ses commandements.

Conclusion

Le deuxième commandement paraît austère. Mais en fait il nous libère d'idées fausses, pour que nous puisions profiter pleinement de tout ce que Dieu a révélé de lui-même. La nature ne nous suffit pas. La conscience humaine ne nous suffit pas. Des images matérielles vont nous induire en erreur. Mais à travers la Parole de Dieu et à travers Jésus-Christ nous pouvons l'adorer en esprit et en vérité. Je bénis Dieu pour le deuxième commandement.