Les dix commandements (10) : Tu ne convoiteras pas
28 novembre 2004

Les dix commandements (10) : Tu ne convoiteras pas

Prédicateur:
Passage: Exode 20:17
Qui pense au dixième commandement ? Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain, tu ne convoiteras ni sa femme ; ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien qui lui appartienne. Pourquoi est-ce que Dieu nous dit ça ?

Tu ne convoiteras pas : Exode 20.17

Prédication du dimanche 28 novembre 2004

par le pasteur Gordon Margery

Introduction

C'est le petit dernier, on l'oublie souvent. Ne pas tuer, ne pas voler, voilà des commandements faciles à repérer. L'adultère, le mensonge, l'idolâtrie, voilà d'autres sujets faciles à se rappeler. Le respect du jour de repos, des parents, de la parole donnée, le respect du seul Dieu : en voilà encore. Cela fait neuf commandements.

Mais qui pense au dixième commandement ? Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain, tu ne convoiteras ni sa femme ; ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien qui lui appartienne.

Pourquoi est-ce que Dieu nous dit ça ?

Le contexte

Je vous rappelle le contexte, en Exode 20.

Le peuple des Hébreux vient d'échapper à l'esclavage en Egypte. Il a traversé la mer, il a traversé le désert jusqu'au mont Sinaï. Et là, il reçoit ces paroles de la main même de Dieu :

Ex 20,2      Je suis l'Eternel ton Dieu qui t'ai fait sortir d'Egypte, du pays où tu étais esclave.

Ex 20,3      Tu n'auras pas d'autre dieu que moi.

Ex 20,4      Tu ne te feras pas d'idole ni de représentation quelconque de ce qui se trouve en haut dans le ciel, ici-bas sur la terre, ou dans les eaux plus bas que la terre.

Ex 20,7      Tu n'utiliseras pas le nom de l'Eternel ton Dieu pour tromper, car l'Eternel ne laisse pas impuni celui qui utilise son nom pour tromper.

Ex 20,8      Pense à observer le jour du sabbat et fais-en un jour consacré à l'Eternel.

Ex 20,12    Honore ton père et ta mère afin de jouir d'une longue vie dans le pays que l'Eternel ton Dieu te donne.

Ex 20,13    Tu ne commettras pas de meurtre.

Ex 20,14    Tu ne commettras pas d'adultère.

Ex 20,15    Tu ne commettras pas de vol.

Ex 20,16    Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.

Ex 20,17    Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain, tu ne convoiteras ni sa femme, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien qui lui appartienne.

La particularité de ce commandement

Qu'est-ce que cela veut dire, la convoitise ? C'est le désir immodéré de posséder quelque chose qui n'est pas à nous. Désirer quelque chose, ce n'est pas mauvais en soi. Au contraire, il nous empêche de mourir de faim. Il nous incite à travailler. Il nous fait construire notre vie. Mais ce dixième commandement condamne le désir immodéré, un désir excessif, exagéré. Il condamne le désir de posséder ce qui n'est pas à nous, de porter atteinte aux droits du prochain et souhaitant prendre de ce est à lui. Le commandement ne vise pas seulement ce qu'on appelle la convoitise charnelle, le désir sexuel. Il vise le rêve qui tourne autour du bien de mon prochain. Tu ne convoiteras pas.

Jamais ce commandement ne se trouvera dans le code pénal. Jamais il ne vous fera encourir une amende. Car la loi française ne s'occupe pas de ce que vous pensez. Dans certains cas elle peut intervenir sur ce que vous dites, sur ce que vous écrivez, sur ce que vous faites. Mais jamais elle ne peut prendre connaissance de vos pensées, encore moins les juger.

Dieu juge les cœurs et les reins, dit la Bible. Dieu connaît nos pensées les plus secrètes. Et il estime que nos pensées méritent d'être traitées sur le même plan que nos actes. La pensée prépare l'acte, elle en est la racine. Evidemment les conséquences sociales sont différentes : entre la haine et le meurtre, il y a un écart important. Mais Dieu jugera et la pensée et l'acte lui-même.

Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain : cela touche à la racine de l'adultère, citée dans le commandement numéro 7.

Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain, ni son bœuf, ni son âne, ni rien qui lui appartienne : cela touche à la racine du vol, cité dans le commandement numéro 8. La convoitise peut aussi être à la racine du meurtre, citée dans le commandement numéro 6.

La convoitise est même appelée dans le Nouveau Testament une idolâtrie, parce qu'elle met autre chose à la place de Dieu. Cela vise les commandements 1 et 2.

Vous avez peut-être entendu des prédicateurs qui font des comparaisons désobligeantes entre l'Ancien Testament et le Nouveau. La loi de l'Ancien Testament ne serait qu'une série de contraintes extérieures, une sorte de conformisme mécanique et juridique. Le dixième commandement, c'est la preuve du contraire. Dieu vise une obéissance qui touche le cœur, qui touche les pensées. Peut-être que les Pharisiens voulaient tout réduire à des règlements, sans aller au fond des choses. Mais les prophètes visent la purification du cœur et l'obéissance du cœur. Moïse vise nos pensées. Et Jésus ira dans le même sens.

N'est-ce pas terrifiant ? Si vous avez une vision superficielle du péché, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles. Vous n'avez ni tué ni volé, vous êtes tranquilles. Mais si vous allez au fond des choses, et que vous vous posez la question de vos pensées, vous ne serez pas tranquilles du tout. Toutes les campagnes publicitaires autour de Noël vont exciter nos désirs, vont créer en nous des besoins qui n'existaient pas avant, vont nous amener à convoiter. Il est bien fort – ou bien naïf – celui qui dit qu'il ne se laissera pas tenter.

Ce qu'il y a derrière ce commandement : le respect des biens

Comme nous l'avons fait pour les autres commandements, essayons de voir ce qu'il y a derrière celui-ci.

Ce commandement suppose qu'il est normal de posséder des choses. Des meubles, une voiture, une maison, une entreprise… Ce que j'ai est le reflet de ma personnalité : j'ai travaillé, j'ai mis de côté, j'ai acheté, j'ai hérité de ma grand-mère… Il n'est pas normal qu'une tierce personne lorgne sur ce qui est à moi. Respecter le bien d'autrui, c'est respecter la personne d'autrui.

Dans l'Ancien Testament il y a une histoire terrible qui montre jusqu'où la convoitise peut nous pousser. Il s'agit du roi Achab, que nous rencontrons en 1 Rois 16. Il était roi du royaume du nord. Et pour agrandir ses jardins il convoite un terrain, un beau champ de vigne, qui se trouve juste à côté de son palais de Jizréel. Il propose un marché à Naboth, le propriétaire. Mais Naboth n'est pas vendeur, ce terrain est un héritage de famille, il ne veut en aucun cas le vendre. Dépité, comme un enfant gâté, Achab boude.

Intervient alors sa femme, Jézabel.

  • - Pourquoi tu boudes ?
  • - A cause du champ de Naboth.
  • - Mais tu es le roi, ou pas ? Tu veux ce champ ? Laisse-moi faire.

Et Jézabel d'ordonner aux magistrats de la ville de concocter un faux procès contre Naboth. On trouve de faux témoins. Naboth est condamné pour une faute qu'il n'a pas commise, et tué. Achab a son champ. Mais pour ce crime, le prophète Elie lui annonce la fin de son règne et de toute sa dynastie. Les raisons de ce vignoble auront un goût de sang. La convoitise, puis le crime, puis le jugement.

Ce qu'il y a derrière ce commandement : le respect du mariage

Le dixième commandement suppose aussi que le mariage doit être respecté. L'amour ne justifie pas l'adultère.. Ici, nous sommes peut-être surpris de voir la femme listée à côté de la maison ou le bœuf ou l'âne. Mais l'adultère, en tant que relation amoureuse coupable, est déjà mentionné dans le 7e commandement. Ici, Dieu vise cette attitude typiquement masculine que voit la femme comme une chose à posséder. C'est ainsi que certains hommes partent à la conquête des femmes, en leur racontant de belles paroles d'amour, mais dans un but purement égoïste. C'est porter atteinte au prochain, comme à sa femme. Même quand on invoque l'amour.

Le roi David s'est rendu coupable à l'égard de ce commandement. C'est le printemps, les toits sont plats, les gens commencent à vivre sur les terrasses. Et le roi voit une belle femme qui se baigne sur son toit, pas loin du palais. Le roi ne se contente pas de regarder, longuement : il fait venir la femme. Ca tombe bien, le mari est parti à la guerre avec l'armée.

Après, la femme compte les jours. Elle envoie un message au roi : Je suis enceinte. Ce n'est pas très glorieux pour ce roi qui passe pour être un homme religieux. Comment va-t-il se tirer d'affaire ? Il fait revenir le mari, fait semblant de lui poser des questions sur la guerre et sur l'état de l'armée. Puis il le renvoie pour la nuit à la maison. C'est le repos du guerrier.

Sauf que le mari ne va pas à la maison. Il couche avec ses frères d'armes dans la salle de garde.

Le roi fait une nouvelle tentative. Bon repas, fête, le vin coule à flots.

Le mari couche dans la salle de garde.

Pour finir, le roi David emploie les grands moyens. Le capitaine Urie est renvoyé sur le front, avec une lettre qui le condamnera à mort. C'est un message pour le général : Tu mettras Urie en première ligne, et tu t'arrangeras pour qu'il soit tué par l'ennemi.

La convoitise se prolonge par l'adultère puis par un meurtre déguisé. Ce crime, David le paiera toute sa vie.

La forme positive du commandement

Tu ne convoiteras pas. Pouvons-nous imaginer une forme positive pour ce commandement ? Respecter les biens d'autrui, respecter le mariage d'autrui, on l'a dit. Y aurait-il quelque chose de plus positif encore ? Je vous proposerai deux pistes.

La première piste, c'est de dire que pour satisfaire à ses besoins et à ses désirs, la voie normale c'est de travailler. Au lieu de jalouser le prochain, on travaille. Et si on veut améliorer sa situation, on travaille un peu plus. Si vous connaissez la fable de la cigale et la fourmis, on peut dire que la Bible est du côté des fourmis. Des l'origine, l'homme est appelé à travailler.

Mais le travail n'ouvre pas les portes à tout. Certains biens seront toujours hors de ma portée. Une villa sur la Côte d'Azur. Une Mercedes. Un tableau de Monet pour mon salon. Un téléphone portable de la dixième génération. Même si je travaille plus, Christian Baugé ne va pas augmenter mon salaire.

D'où l'importance de la deuxième piste. Le contentement. L'apôtre Paul, assigné à résidence et gardé par un soldat à Rome, écrira ceci : « J'ai appris en toutes circonstances à être content avec ce que j'ai. Je sais vivre dans le dénuement, je sais aussi vivre dans l'abondance. C'est le secret que j'ai appris : m'accommoder à toutes les situations et toutes les circonstances, que je sois rassasié ou que j'aie faim, que je connaisse l'abondance ou que je sois dans le besoin ». (Philippiens 4.11-12)

Les choses les plus précieuses sont entièrement gratuites. La tendresse entre une femme et son mari. Le sourire d'un enfant. Le spectacle rouge et or de l'automne. La féerie d'une forêt enneigée. L'amitié. Apprécier et remercier Dieu pour les bonnes choses de la vie : c'est à la portée de tout le monde. Certaines choses coûtent cher, tant mieux si vous pouvez en profiter. Mais n'en faisons pas une maladie. Paul a dit encore : « Tant que nous avons nourriture et vêtement, nous nous en contenterons ». (1.Tim 6.8). Et il ne parlait pas de repas gastronomiques et de vêtements de marque.

Vous voulez vous libérer de la convoitise des biens ? Apprenez le contentement. Allez même au-delà du contentement, en apprenant la générosité.

Conclusion

Où en sommes-nous ? La convoitise est à la fois une idolâtrie et un esclavage. Il n'était pas facile de se libérer de l'esclavage de l'Egypte, mais en une nuit c'était fait. Se libérer de l'esclavage de la convoitise des yeux, c'est autre chose. Il n'y aura pas de miracles éclatants, et vous n'en aurez jamais fini. Mais en Christ nous sommes sur la bonne voie. Si Jésus Christ vous affranchit, vous serez réellement libres.