Les suites des 10 commandements
Les suites des 10 commandements : Exode 20 et 24
Prédication du dimanche 5 décembre 2004
par le pasteur Gordon Margery
Introduction
Pour beaucoup de gens, la foi chrétienne est une question de règles à apprendre, une liste de choses à faire ou à ne pas faire. Ces règles-là, ils veulent les inculquer à leurs enfants même quand ils ne les respectent pas eux-mêmes. Si on respecte les règles, on n'a pas à s'occuper du Dieu qui les a données. La moralité chrétienne suffit, avec ou sans Christ, avec ou sans l'Eglise.
Quand on parle des dix commandements, comme nous l'avons fait, nous courons le risque de conforter les gens dans cette attitude. La religion, c'est une affaire de lois à respecter. J'espère qu'à chaque fois j'ai évité le piège, en rappelant que Dieu donne ses lois à un peuple qu'il a sauvé de l'esclavage et que ce peuple est destiné à lui appartenir. L'amour de Dieu est à l'origine des dix commandements. L'amour pour Dieu est notre motivation pour y obéir.
Pour clore la série, j'aimerais ce matin voir ce qui s'est passé une fois les dix commandements énoncés. Comment les gens réagissent-ils ?
Lecture
Ex 20,18 Tout le peuple entendait le tonnerre et le son du cor et voyait les éclairs et la fumée qui enveloppait la montagne. A ce spectacle, ils se mirent tous à trembler de peur et ils se tinrent à distance.
Ex 20,19 Ils dirent à Moïse : -Parle-nous toi-même, et nous t'obéirons, mais que Dieu ne nous parle pas directement, pour que nous ne mourions pas.
Ex 20,20 Moïse répondit : -N'ayez pas peur ! Si Dieu est venu ainsi, c'est pour vous mettre à l'épreuve, et pour que vous le révériez afin de ne pas pécher.
Ex 20,21 Le peuple restait à distance, Moïse seul s'approcha de l'épaisse nuée dans laquelle Dieu se tenait.
Un médiateur
Voilà un récit extraordinaire ! Dieu donne à son peuple les dix commandements, et les gens tremblent de peur. La montagne semble être en feu. La voix de Dieu se fait entendre. Les gens sont terrifiés.
Moïse leur dit de ne pas avoir peur. Mais il n'empêche que très souvent dans la Bible, quand les gens sont en présence de Dieu, ils sont effrayés. La grandeur de Dieu les fait tomber face contre terre. La sainteté de Dieu leur donne un sentiment de culpabilité écrasant et paralysant. On ne s'approche pas de Dieu impunément, Paul Kuen nous en a dit un mot dimanche dernier.
En fait, la volonté de Dieu n'était pas d'écraser les gens qui étaient rassemblés là devant la montagne, mais de les sensibiliser au sérieux des commandements qu'il venait de donner, de les sensibiliser à l'importance de l'obéissance. Il y a peut-être là quelque chose à apprendre pour nous. Savoir quelle est la volonté de Dieu, et ne pas la faire, c'est grave.
Mais le plus frappant, pour moi, ici, c'est que les gens ne veulent pas que Dieu leur parle. Ils ne veulent pas d'une trop grande proximité avec Dieu. C'est trop fort, trop dangereux. Ils poussent Moïse en avant pour que Moïse joue les intermédiaires. Moïse est le médiateur entre Dieu et les hommes.
Il en sera plus tard ainsi avec les prophètes : ils sont les porte-parole de Dieu auprès des hommes. Il en était de même aussi avec les prêtres, qui représentaient leurs frères en officiant devant Dieu dans le Tabernacle, puis dans le Temple. Le commun des mortels ne peut pas s'approcher de Dieu sans un intermédiaire, un prophète, un prêtre.
Est-ce que c'est toujours vrai, ou est-ce qu'avec Jésus-Christ les choses ont changé ? Les deux, mon capitaine. Le Nouveau Testament enseigne très clairement que Jésus-Christ, dans son humanité, est devenu le seul médiateur entre Dieu et les hommes. Mieux que Moïse, mieux que les prêtres de l'ancienne alliance. Il a enseigné parfaitement la vérité de Dieu, il a parfaitement vécu la vie que Dieu propose aux humains, il s'est offert lui-même en sacrifice pour effacer les fautes de ceux qui croient en lui. Il est le meilleur médiateur entre Dieu et les hommes, et le seul. Grâce à lui, nous avons un accès libre auprès du Père.
Cela vous paraît très théorique ? Mais c'est cela qui est à la base de toute la piété protestante. Nous ne nous approchons pas de Dieu par l'intermédiaire d'un prêtre ou d'un pasteur. Nous ne prions pas en invoquant les hommes et les femmes de foi du temps jadis. Nous sommes chacun directement et personnellement responsable devant Dieu.
Parfois les gens demandent au pasteur de prier pour eux. Et parfois le pasteur n'a pas envie de le faire, parce qu'il sent que les gens s'en remettent à lui et à sa piété supposée supérieure plutôt que de chercher eux-mêmes la relation avec Dieu. Le pasteur peut se mettre à vos côtés, il peut prier avec vous. Mais il ne peut pas se substituer à vous. Il ne peut pas procurer la guérison de votre âme si vous ne vous engagez pas vous mêmes. Il ne vous fera certainement pas réussir votre permis de conduire.
Les Israélites au Sinaï ont eu peur de Dieu. Ils ont voulu un médiateur. Mais maintenant le seul médiateur qui nous est proposé s'appelle Jésus-Christ.
Après cela, l'histoire du Sinaï continue. Moïse reçoit de la part de Dieu toute une série de lois qui développent les principes des 10 commandements. On les trouvera dans les chapitres 21 à 23 de l'Exode, dans une section qu'on appelle le livre de l'alliance. Et puis il y a de nouveau une rencontre avec Dieu qui nous fait réfléchir.
Lecture
Ex 24,1 Dieu dit à Moïse : -Monte vers l'Eternel, et prends avec toi Aaron, Nadab, Abihou et soixante-dix des responsables d'Israël. Vous vous prosternerez de loin.
Ex 24,2 Toi, Moïse, tu t'approcheras seul de moi ; les autres ne s'approcheront pas, et l'ensemble du peuple ne montera pas avec toi.
Ex 24,3 Moïse alla rapporter au peuple toutes les paroles de l'Eternel et toutes ses lois. Et tout le peuple s'écria d'une seule voix : -Nous ferons tout ce que l'Eternel a dit.
Ex 24,4 Moïse mit par écrit toutes les paroles de l'Eternel. Le lendemain, de bonne heure, il bâtit un autel au pied de la montagne et dressa douze pierres pour les douze tribus d'Israël.
Ex 24,5 Puis il chargea les jeunes gens d'Israël d'offrir à l'Eternel des holocaustes et des taureaux en sacrifices de communion.
Ex 24,6 Il recueillit la moitié du sang versé dans des récipients et répandit l'autre moitié sur l'autel.
Ex 24,7 Puis il prit le livre de l'alliance et le lut à haute voix au peuple. Les Israélites déclarèrent : -Nous ferons tout ce que l'Eternel a dit, nous obéirons à toutes ses paroles.
Ex 24,8 Alors Moïse prit le sang et en aspergea le peuple en disant : -Ceci est le sang de l'alliance que l'Eternel a conclue avec vous, sur la base de toutes ces paroles.
Ex 24,9 Ensuite Moïse gravit la montagne avec Aaron, Nadab, Abihou et soixante-dix responsables d'Israël.
Ex 24,10 Ils virent le Dieu d'Israël. Sous ses pieds s'étendait comme une plate-forme de saphirs ayant la pureté du ciel.
Ex 24,11 L'Eternel n'étendit pas la main sur ces notables des Israélites ; ils contemplèrent Dieu et puis ils mangèrent et burent.
Une alliance, un engagement
Le premier texte que j'ai lu évoque le rôle de Moïse comme médiateur. Maintenant j'apprends autre chose. C'est qu'avec la réception des dix commandements et le livre de l'alliance qui les explique il va y avoir toute une cérémonie. La lecture publique de la loi. Et l'engagement solennel du peuple : Nous ferons tout ce que l'Eternel a dit, nous obéirons à toutes ses paroles.
Pour ratifier cette promesse, il n'y a pas de contrat écrit, mais un rite. Un sacrifice. Des animaux pris dans le troupeau sont tués, certains sont brûlés sur l'autel, et d'autres sont réservés pour un repas de communion. Le sang de ces animaux est répandu sur l'autel et sur le peuple. Cela peut nous paraître barbare, surtout à nous qui sommes des citadins et qui n'avons rien tué de plus gros qu'une mouche ou une huître. Mais le sens de ce rite était très profond. Une offrande entièrement brûlé sur l'autel : Dieu mérite qu'on lui offre tout. Et le sang répandu s'appelle le sang de l'alliance, pour dire que le pacte avec Dieu est garanti par le sang : Ceci est le sang de l'alliance que l'Eternel a conclue avec vous, sur la base de toutes ces paroles. Si l'alliance n'était pas respectée, si quelqu'un rompait ce pacte, il mériterait la mort. Le sang l'atteste. C'est un engagement à la vie et à la mort. Dieu s'engage comme cela. Le peuple s'engage comme cela.
C'est possible, aujourd'hui, de faire des promesses d'une telle force ? Je crois que oui. Le mariage déjà est l'occasion de faire une promesse que nous respecterons jusqu'à ce que la mort nous sépare. Ce qui vient rompre cette promesse est d'une extrême gravité. Mais il y a plus fort encore. C'est l'engagement du baptême. C'est l'équivalent chrétien de ce qui s'est passé pour le peuple au Sinaï. Un engagement à la vie et à la mort. Pas un coup d'essai. Pas une petite expérience que nous allons renier deux ou trois ans plus tard. Mais un engagement qui dit ceci : Christ est mort pour moi, pour mes péchés. Je mets une croix sur mes propres intérêts, je m'inscris comme l'un de ses disciples pour toujours. Il a tout donné pour moi. Aucun sacrifice de ma part n'est trop grand pour lui. Je porterai son nom dans la maladie et dans la bonne santé, dans la richesse et dans la pauvreté, dans la liberté et dans la persécution, dans la vie et dans la mort.
C'est un engagement d'un tel sérieux que certains hésitent à le prendre. Ils se disent qu'ils ne peuvent pas s'engager pour des années à venir. Pourtant, c'est très clairement ce que Jésus-Christ a demandé à chacun de ses disciples : Si quelqu'un veut me suivre, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge chaque jour de sa croix, et qu'il me suive. Lc 9.23. Il n'y a pas de demi-mesures ici, aucun statut de demi-chrétien. C'est tout ou rien. Où en êtes-vous ?
Lors de son dernier repas avec ses disciples, Jésus leur a tendu la coupe en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang. C'était l'écho du Sinaï. Quand nous prenons aujourd'hui la coupe, nous nous plaçons de nouveau dans la perspective de cette alliance. Nous renouvelons le don que nous avons fait de notre vie à Christ. Prendre la Cène d'une manière inconsciente, ou en refusant les lois de l'alliance, c'est très grave. C'est un insulte au sang versé.
Un repas, image de l'accueil et de la communion
Un médiateur, une alliance, et puis un troisième élément dans l'histoire du mont Sinaï. Ce repas. Moïse, Aaron, Nadab, Abihou et soixante-dix des responsables d'Israël mangent ensemble dans la présence de Dieu. Cette peur mortelle qui les a saisis au chapitre 20, pour certains au moins est remplacée par la confiance. Un repas de communion. C'est Dieu qui offre l'hospitalité, dirions-nous, c'est lui qui les convie, il veut les avoir avec lui.
Jésus a dit à ses disciples : J'ai vivement désiré mange cette Pâque avec vous. Il dit à l'une des Eglises de l'Apocalypse : Voici : je me tiens devant la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui et je dînerai avec lui et lui avec moi. ça, c'est quelque chose de formidable. Dieu ne peut guère dire plus clairement qu'il nous aime, et qu'en vertu de l'alliance nous faisons parti de sa famille. Nous sommes acceptés. Totalement.
Vous pensez bien que parmi les convives aucun n'était parfait : ni Moïse, ni Aaron, ni Nadab, ni Abihou ni les soixante-dix responsables d'Israël. Aucun des douze disciples non plus. Mais Dieu les convie à sa table.
Le texte nous dit même qu'ils virent le Dieu d'Israël, alors qu'ailleurs la Bible enseigne que nul homme ne peut voir Dieu et vivre. Je crois que quand le Père tourne sa face vers les hommes, c'est Jésus-Christ que nous voyons : Personne n'a jamais vu Dieu : Dieu, le Fils unique qui vit dans l'intimité du Père, nous l'a révélé.
Ce qui était exceptionnel pour les anciens d'Israël va devenir la règle pour ceux de la nouvelle alliance : Je placerai ma Loi au plus profond d'eux-mêmes, je la graverai dans leur cur ; moi, je serai leur Dieu, eux, ils seront mon peuple. Ils n'auront plus besoin de s'enseigner l'un l'autre, en répétant chacun à son compagnon ou son frère : "Il faut que tu connaisses l'Eternel !" Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu'aux plus grands, l'Eternel le déclare, car je pardonnerai leurs fautes, je ne tiendrai plus compte de leur péché.
Conclusion
Moïse et Jésus-Christ. Ce qui se passe dans l'Ancien Testament préfigure les réalités du Nouveau. Un médiateur, une alliance, une communion avec Dieu. Qu'est-ce que nous voulons en faire ?
A l'occasion de Noël et du Nouvel An, beaucoup de familles vont se retrouver pour manger ensemble. Ce sera le signe qu'ils font partie de la famille. Mais aujourd'hui, c'est le Seigneur lui-même qui vous invite à sa table. Vous acceptez son alliance ? Vous prenez sur vous son nom et ses lois ? Montez alors sur la montagne, approchez-vous de lui, et s'approchera de vous.
Amen.
Exode 20.18-21
Tout le peuple entendait le tonnerre et le son du cor et voyait les éclairs et la fumée qui enveloppait la montagne. A ce spectacle, ils se mirent tous à trembler de peur et ils se tinrent à distance. Ils dirent à Moïse :
- - Parle-nous toi-même, et nous t'obéirons, mais que Dieu ne nous parle pas directement, pour que nous ne mourions pas.
Moïse répondit :
- N'ayez pas peur ! Si Dieu est venu ainsi, c'est pour vous mettre à l'épreuve, et pour que vous le révériez afin de ne pas pécher.
Le peuple restait à distance, Moïse seul s'approcha de l'épaisse nuée dans laquelle Dieu se tenait.
Exode 24.1-11
Dieu dit à Moïse :
- Monte vers l'Eternel, et prends avec toi Aaron, Nadab, Abihou et soixante-dix des responsables d'Israël. Vous vous prosternerez de loin. Toi, Moïse, tu t'approcheras seul de moi ; les autres ne s'approcheront pas, et l'ensemble du peuple ne montera pas avec toi.
Moïse alla rapporter au peuple toutes les paroles de l'Eternel et toutes ses lois. Et tout le peuple s'écria d'une seule voix :
- Nous ferons tout ce que l'Eternel a dit.
Moïse mit par écrit toutes les paroles de l'Eternel. Le lendemain, de bonne heure, il bâtit un autel au pied de la montagne et dressa douze pierres pour les douze tribus d'Israël. Puis il chargea les jeunes gens d'Israël d'offrir à l'Eternel des holocaustes et des taureaux en sacrifices de communion. Il recueillit la moitié du sang versé dans des récipients et répandit l'autre moitié sur l'autel. Puis il prit le livre de l'alliance et le lut à haute voix au peuple. Les Israélites déclarèrent :
- Nous ferons tout ce que l'Eternel a dit, nous obéirons à toutes ses paroles.
Alors Moïse prit le sang et en aspergea le peuple en disant :
- Ceci est le sang de l'alliance que l'Eternel a conclue avec vous, sur la base de toutes ces paroles.
Ensuite Moïse gravit la montagne avec Aaron, Nadab, Abihou et soixante-dix responsables d'Israël. Ils virent le Dieu d'Israël. Sous ses pieds s'étendait comme une plate-forme de saphirs ayant la pureté du ciel. L'Eternel n'étendit pas la main sur ces notables des Israélites ; ils contemplèrent Dieu et puis ils mangèrent et burent.