Un seul Dieu : Exode 20.1

Prédication du dimanche 1^er février 20

par le pasteur Gordon Margery

Introduction

A votre avis, quels sont les textes de la Bible les plus connus auprès du grand public ?

Les dix commandements. Un film. Un spectacle. Les dix commandements que l'on cite parfois comme étant le fondement de la vie en société. Il serait difficile de trouver un texte de l'Ancien Testament plus connu que celui-là.

Et si les dix commandements sont tellement connus, quel en est le premier ? Vous pouvez me le dire de mémoire ?

Je vois qu'il y a beaucoup d'hésitations ici. Et ce n'est pas étonnant. Je vous lirai les premiers versets d'Exode 20 : le premier commandement s'y trouve. Mais les gens ne sont pas tous d'accord pour savoir où il commence et où il finit.

Exode 20.1-6

Ex 20,1      Alors Dieu prononça toutes ces paroles :

Ex 20,2      -Je suis l'Eternel ton Dieu qui t'ai fait sortir d'Egypte, du pays où tu étais esclave.

Ex 20,3      Tu n'auras pas d'autre dieu que moi.

Ex 20,4      Tu ne te feras pas d'idole ni de représentation quelconque de ce qui se trouve en haut dans le ciel, ici-bas sur la terre, ou dans les eaux plus bas que la terre.

Ex 20,5      Tu ne te prosterneras pas devant de telles idoles et tu ne leur rendras pas de culte, car moi, l'Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu qui ne tolère aucun rival : je punis les fils pour la faute de leur père, jusqu'à la troisième, voire la quatrième génération de ceux qui me haïssent.

Ex 20,6      Mais j'agis avec amour jusqu'à la millième génération envers ceux qui m'aiment et qui obéissent à mes commandements.

Pour la tradition juive, le premier commandement, ce sont les versets 2 et 3. Pour la tradition catholique, ce sont les versets 3 à 6. Et pour les protestants, c'est tout simplement le verset 3 : Tu n'auras pas d'autre dieu que moi. C'est à cette idée-là que je me tiendrai ce matin. Si vous voulez que je la défende, ce sera pour après le culte. Le premier commandement : Tu n'auras pas d'autre dieu que moi.

Le prologue

Mais il y a tout de même un préambule, un prologue, comme dans tout texte de loi qui se respecte : Alors Dieu prononça toutes ces paroles : -Je suis l'Eternel ton Dieu qui t'ai fait sortir d'Egypte, du pays où tu étais esclave.

Tout le peuple d'Israël est réuni devant le mont Sinaï. Il voit des nuages et des éclairs, de la fumée et du feu ; il entend des tonnerres et le son du cor. Moïse est monté sur la montagne. Il va redescendre avec deux copies de la loi gravées sur la pierre. Alors Dieu prononça toutes ces paroles. Le moment est très solennel.

Et la première chose que Dieu dit est ceci : Je suis l'Eternel ton Dieu qui t'ai fait sortir d'Egypte, du pays où tu étais esclave. Il rappelle qui il est. Il rappelle ce qu'il a fait pour le peuple. Il leur rappelle qui s'ils sont libres aujourd'hui, c'est grâce à lui. Il a eu pitié d'eux. Il leur a envoyé Moïse. Il a frappé les Egyptiens. Il a conduit les Israélites à travers la Mer des Roseaux et le désert. Il les a pris pour lui-même, pour qu'ils soient à jamais son peuple à lui.

Il est temps maintenant d'officialiser cette relation, d'établir solennellement l'alliance qui liera Dieu à son peuple et le peuple d'Israël à son Dieu. Ce ne sera pas une relation d'égal à égal. Ce sera une relation où toutes les initiatives viennent de Dieu. Si le peuple accepte ses dons, il s'engage en même temps à accepter ses lois. Cela s'appelle l'alliance.

De la même manière, si vous acceptez l'amour de Dieu en Christ, vous acceptez en même temps de le suivre et de lui obéir. Cela fait partie de la nouvelle alliance.

Je suis l'Eternel ton Dieu qui t'ai fait sortir d'Egypte, du pays où tu étais esclave. Tu n'auras pas d'autre dieu que moi.

Un Dieu unique… et les autres religions

Il est l'Unique. Celui qui a créé le monde. Qui a fait sortir son peuple d'Egypte. Qui a choisi comme roi David. Qui a parlé par les prophètes. Qui était en Christ pour réconcilier le monde avec lui-même. Qui a donné son Esprit à l'Eglise. Il est l'Unique, il n'y en a pas d'autres. Ecoute, Israël, l'Eternel est notre Dieu, il est le seul Eternel. (Deutéronome 6.4). La vérité est une, comme Dieu est un.

Et les musulmans, alors ? Et les bouddhistes ? et les sikhs ? Les autres religions sont nulles, alors ?

Non, ce n'est pas ce que nous disons. Les autres religions témoignent du fait que partout l'homme a cherché à se rapprocher de Dieu. Elles ont certaines lois qui reflètent la loi universelle. Certaines religions ont l'idée d'un dieu créateur, d'un dieu qui jugera le monde. Elles ne sont pas seulement le témoignage de la foi des hommes, elles contiennent aussi des éléments de la révélation de Dieu à la conscience humaine. Elles reçoivent, sans le savoir, la grâce de Dieu qui permet à tous les humains de vivre dans ce monde. Elles ne sont pas nulles. Mais elles ne connaissent pas l'Unique qui s'est révélé par Moïse et dans Jésus-Christ.

Les hommes qui adhèrent à ces religions sont faits à l'image de Dieu comme nous. Ils méritent notre respect. Dieu leur a donné comme à nous la responsabilité de leurs choix. Nous n'avons rien à leur imposer. Mais comme nous ils ont le droit de savoir : ils ont droit à une information claire concernant Jésus-Christ. Sans cette information, ils ne peuvent pas exercer leur choix en connaissance de cause.

A ce sujet, je ne peux que vous recommander la dernière brochure de la FEF : Liberté de conscience, liberté d'expression. Vous la trouverez sur le comptoir, au prix d'un euro.

La liberté de conscience que nous revendiquons pour nous mêmes et pour les autres ne signifie pas que toutes les religions se valent, que la vérité se trouve partout et nulle part. Elle signifie que la conscience humaine ne doit pas subir de contrainte extérieure.

Dieu propose son alliance aux hommes, comme il l'a proposé aux Israélites dans le désert. Il ne l'impose pas. Il attend ensuite notre réponse.

Le premier commandement

Qu'est-ce que Dieu demande de moi, si j'accepte son alliance ? Entre autres, que j'accepte les dix commandements. Dont le premier : Tu n'auras pas d'autre dieu que moi. Dieu veut que notre amour pour lui soit absolument exclusif.

Les Israélites viennent de quitter l'Egypte avec toutes ces divinités dont vous voyez les statues au Louvre : Horus, Osiris, Isis, le Nil, le Soleil, le Pharaon même. Et si les dieux d'Egypte ont été vaincus, les Israélites vont traverser d'autres pays où il y a plein d'autres dieux encore : El, Baal, Astarté, Milkom, Kémoch, Moloch… Et ceux-là, ils vont en avoir peur, ils vont vouloir les amadouer. Non, dit Dieu, Tu n'auras pas d'autre dieu que moi.

On dirait qu'en 2004 les chrétiens n'ont pas vraiment besoin de ce commandement. Encore que l'on trouve des fois chez les nôtres des bouddhas, ou des objets de culte hindou. Mais tout le monde sait que les chrétiens n'adorent qu'un seul Dieu. Ils n'en ont pas trente-six.

Et encore. Il y en a parmi nous ce matin, j'en suis sûr, qui essaient de composer avec d'autres puissances, invisibles. Il n'y a pas que Dieu qui compte. Il y a aussi les esprits. Il y a Dieu, mais il y a aussi les astres. Il y a Dieu, mais il y a aussi tel ancêtre décédé. Quand Dieu semble lointain, vous avez d'autres bonnes adresses ? Quand un sorcier vous menace, vous cherchez une protection magique ? Quand l'avenir vous fait peur, vous vous tournez vers quelqu'un qui vous le révélera ? Tu n'auras pas d'autre dieu que moi. Les autres puissances – qui ne sont pas des dieux, mais qui existent peut-être – les autres dieux, vous n'en aurez pas peur, vous ne les consulterez pas, vous n'en tiendrez pas compte. Je suis l'Eternel ton Dieu qui t'a fait sortir du pays d'Egypte. Tu n'auras pas d'autre dieu que moi.

Quand dans le sport ou dans la gym on fait référence à je ne sais quel guide, à je ne sais quelle force : Tu n'auras pas d'autre dieu que moi.

La tentation de Jésus

C'est évident ? Comment se fait-il alors que le Seigneur Jésus-Christ, élevé dans la piété du peuple juif, sans péché, baptisé, revêtu de la puissance du Saint-Esprit : comment se fait-il alors que le Seigneur Jésus-Christ a dû faire face à la tentation par rapport à ce commandement ? Tout au début de sa vie public, juste après son baptême. Je vous lis le passage :

Matthieu 4.8-10

Le diable le transporta encore sur une très haute montagne. Là, il lui montra tous les royaumes du monde et leur magnificence.

Puis il lui dit : -Tout cela, je te le donnerai si tu te prosternes devant moi pour m'adorer.

Alors Jésus lui dit : -Va-t'en, Satan ! Car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et c'est à lui seul que tu rendras un culte.

Mais c'est trop bête ! Qui d'entre nous accepterait d'adorer le diable ? On sait bien qu'il y a un certain nombre de sectes satanistes, qu'il y a des gothiques avec leurs signes ostensibles... mais c'est tout de même un phénomène très marginal. La ficelle est trop grosse, Jésus-Christ ne va pas tomber dans le piège, aucun chrétien ne va tomber dans le piège d'adorer Satan ! Donc ce n'est pas une vraie tentation ?

Mais si, c'est une vrai tentation ! Qui repose sur quoi ? Pour Jésus, sur l'espoir de régner sur le monde et d'y mettre bon ordre sans passer par la croix. Accéder à la gloire, mais par un raccourci. Et derrière la tentation il y a un mensonge : Satan n'a pas le droit de donner tous les royaumes du monde à qui que ce soit. C'est un usurpateur, que Dieu tolère un temps. Mais c'est un menteur habile. Il promet ici ce que Dieu seul peut donner. Eviter la croix, reconnaître qu'un autre que Dieu est le maître, se donner un autre dieu que Dieu : pour arriver à bonne fin sans souffrir. Jésus a dû faire un choix.

Et quand nous, nous gobons un mensonge qui nous facilité la vie, quand nous prenons un raccourci, quand nous faisons tout pour éviter une difficulté, une souffrance, un effort : nous disons alors en effet qu'un autre que Dieu est dieu.

Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et c'est à lui seul que tu rendras un culte. Si vous avez une Bible plus ancienne, vous avez peut-être une autre traduction ici : Et tu le serviras lui seul. Rendre un culte, c'est servir. Servir, c'est rendre un culte. Et c'est peut-être là que le bât blesse pour certains d'entre nous. Regardez bien votre emploi du temps, et celui de vos enfants. Qu'est-ce qu'il dit, cet emploi du temps, sur le dieu que vous servez réellement ? Sur vos priorités ? Une priorité, c'est ce qui vient en premier. Est-ce que Dieu vient en premier ? Ou en deuxième, troisième lieu, derrière la personne ou la chose que vous croyez réellement importante ? Tu n'auras pas d'autre dieu que moi. Il paraît que Jeanne d'Arc avait comme devise : Messire Dieu, premier servi. C'est ce qu'implique le premier commandement.

Conclusion

Il n'est donc pas si banal que cela. Il nous pose un grand défi dans la France multiculturelle d'aujourd'hui. Il nous dit de cesser de faire confiance à des puissances qui ne sont pas Dieu. Il nous interpelle sur nos raccourcis et nos esquives, sur nos véritables priorités. Il nous place devant un choix : Choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir. Nous ne pouvons pas servir deux maîtres. Dieu nous dit donc :

Je suis l'Eternel ton Dieu qui t'ai fait sortir d'Egypte, du pays où tu étais esclave. Tu n'auras pas d'autre dieu que moi.