8 août 2004

La séparation

Prédicateur:
Passage: 1 Jean 2:29 à 3:23

Un mur a été élevé pour séparer l'Allemagne en 2 parties. Il ne fallait pas que le communisme soit pollué par les capitalistes. Il a tenu pendant des années en divisant un peuple, parfois même des familles. Plus récemment, un nouveau mur s'élève sur une frontière d'Israël, il faut se protéger. Résultat d'incompréhension, de méfiance, de méchanceté. Les hommes ont voulu dans ces édifices une solution radicale.

En étudiant le chapitre 3 de la première épître de Jean j'ai eu envie d'explorer ce thème de la séparation. J'aurais dû parler du péché que le chrétien doit fuir mais j'en ai déjà parlé il y a peu de temps. J'aurais dû parler de l'amour, mais ça faisait aussi partie d'une prédication sur les chapitres précédent de cette épître. Dans ce chapitre 3 on trouve des indices sur un fossé qui sépare les chrétiens du reste du monde. J'aimerais analyser avec vous en détail ces allusions à une séparation afin d'essayer d'en comprendre un peu la pensée de Dieu sur ce sujet.

Lire 1Jean 3.1-23

Verset 1 : le monde ne reconnaît pas qui nous sommes. Incompréhension

Verset 3 et 4 : il y a ceux qui se purifient et ceux qui pèchent.

Verset 6 : ceux qui sont unis à Christ et ceux qui ne le connaissent pas.

Verset 8-10: enfants de Dieu et enfant du diable.

Verset 13-14: la haine des chrétiens et l'amour des chrétiens. Ceux qui prennent la vie et ceux qui la donne.

Quels enseignements faut-il tirer de tout cela ? Je ressent personnellement un malaise. Il nous faut la sagesse de Dieu pour comprendre.

Posons-nous d'abord la question de ce que cela pouvait signifier pour les destinataires, ceux qui ont reçu cette lettre. A cette époque, l'église était attaquée de toutes parts et en particulier par de fausses doctrines. Les chrétiens vivaient dans une situation difficile avec des divisions d'églises, des personnes qui quittent et essayent d'entraîner d'autres avec eux. Au milieu de tout cela, des questions revenaient probablement souvent : Qui a raison ? En quel Jésus devons-nous croire ? Comment faire le tri dans tous ces avis parfois si différents ? Comment vivre la foi chrétienne authentique ? Comment être sûr d'avoir le salut ?

La lettre de Jean vise à répondre à ces questions en donnant des affirmations claires, des moyens de tester la vraie foi et en mettant en opposition les chrétiens avec les non-chrétiens. C'est précisément le point qui nous intéresse : l'opposition entre les chrétiens et le monde.

Nous sommes avec les mêmes interrogations que les lecteurs de Jean. A l'heure où l'on veut gommer les différences, surtout dans le domaine religieux avec le mouvement œcuménique, au moment où les religions orientales ont du succès, alors que tout le monde veut être accepté et reconnu, les questions surgissent. La prolifération des sectes et des théories sème le doute dans bien des cœurs, y compris chez les chrétiens.

Certains vont nous présenter un Jésus qui n'est pas le Fils de Dieu, qu'il n'est pas pleinement Dieu, ou un Jésus qui est un dieu parmi d'autres, un Jésus maître sage ou encore un simple prophète. Certains disent qu'il a été marié et même qu'il a péché. A quel Jésus faut-il croire ? Qui a raison ?

Le gouvernement de son côté essaye de se mettre toutes les religions dans la poche pour mieux les contrôler, comment alors vivre sa foi chrétienne ?

Notre société demande que personne n'annonce qu'il détient la seule et unique vérité. Comment alors être sûr de son salut ?

Une partie de la réponse de Jean s'appuie l'opposition qui existe entre les chrétiens et ceux qui ne croient pas en JC. Pourquoi cette partie de réponse est difficile à entendre ?

D'abord, je pense que c'est parce que nous avons tous dans nos familles des personnes qui n'appartiennent pas à Jésus et c'est dur de les savoir de l'autre côté du fossé. Ceux que nous croisons chaque jour et dont nous apprécions la présence seraient opposés à nous ?

Ensuite, je pense aussi que c'est parce que nous sommes baignés dans une culture moderne de tolérance. Il est très mal vu de prétendre avoir la vérité. Nous ne savons pas quoi répondre quand quelqu'un nous remballe en disant que c'est bon pour nous mais pas pour lui ou que la religion c'est pour les faibles, lui il fait du Yoga et tout va bien.

Enfin, la minorité est méprisée et s'il y a effectivement une séparation alors nous sommes du côté des petits, des faibles, des attardés, de ceux qui pensent tout savoir mais qui s'illusionnent.

Mais laissons de côté ces arguments qui ont leur valeur mais qui ne sont ni bibliques ni approprié à cette réflexion. Écoutons plutôt Jean nous l'expliquer.

Verset 1 : L'incompréhension de la part du monde: le monde désigne la société sans Dieu, tous ceux qui ne croient pas en Jésus. Eux ne veulent pas reconnaître que nous sommes enfants de Dieu alors que Jean affirme que nous le sommes réellement, non seulement le titre mais une réalité (« nous le sommes »). Jean est étonné de la grandeur de l'amour de Dieu, pourtant il a vu Christ mourir sur la croix. L'amour de Dieu reste un mystère pour Jean, un amour si grand pour un si grand pécheur. Je sais alors pourquoi le monde qui n'a pas connu Christ ne peut pas comprendre la portée de cet amour. L'œuvre de Christ dépasse les attentes de l'être humain. Ce qui gène le monde n'est pas que Dieu existe, c'est qu'il faut s'humilier devant Christ.

Vu de notre côté, ce n'est pas simple de vivre cette non-reconnaissance de la part de ceux qui nous entourent. Mais en fait, c'est une preuve qu'un fossé existe, bien des séparations sont nées d'incompréhensions. On se souvient de quelques enfants qui se sont battus pour prouver qui est réellement leur père et avec l'ADN, ça devient plus simple. C'est important de savoir soi-même qui est notre père. Pour cela, l'épître de Jean nous donne un test ADN spirituel, il se trouve au verset précédent : 2.29, il existe une similitude spirituelle entre Dieu et son enfant : la justice. Il est aussi important que les autres le reconnaissent. Mais ils ne peuvent pas sinon ça voudrait dire qu'eux sont enfants d'un autre...

Le résultat de cette réflexion, c'est pas d'accuser le monde, de le ridiculiser ou de se glorifier d'être meilleur mais c'est d'avoir compassion pour lui, il ne connaît pas l'amour de Dieu qui est un amour extra-terrestre!, le bonheur d'être enfant de Dieu. Il est loin, en train de courir après des futilités. Quand je pense à mes proches ça me peine et c'est normal. Prions qu'ils connaissent eux aussi Jésus et parlons leur de lui.

Verset 3 et 4 : il y a ceux qui se purifient et ceux qui pèchent. Deux lignes de conduite si différentes creusent obligatoirement un gouffre. Il y a ceux qui sont enfants de Dieu et qui savent qu'il seront un jour semblables à Christ. Cette espérance est si forte qu'elle les pousse à se purifier pour commencer à lui ressembler.

Et il y a ceux qui violent la loi, qui tolèrent le péché dans leur vie. Ici quelqu'un va m'arrêter en me disant que les non-chrétiens cherchent aussi à faire le bien, tout du moins certains ont des principes droits. C'est exact, mais la Bible note ici une différence d'attitude : les chrétiens recherchent le bien par amour pour leur Dieu, par soif de pureté devant un Dieu pur. La motivation est autrement plus profonde qu'un humanisme égoïste et la force que Dieu donne à son enfant est autrement plus puissante que la volonté humaine.

Cette séparation ne tient pas de la volonté des chrétiens qui voudraient sortir du monde pour fonder un état sans les autres, elle tient d'une différence de but. Le chrétien va fréquenter un club et devra à certains moment poser des limites : ses priorités et ses critères moraux ne lui permettent pas d'aller jusqu'au bout. Il en est de même dans un couple entre un chrétien et un non-croyant et là l'enjeux est plus précieux que dans un club. Dans ce cas, le fossé se creuse aussi mais il doit être comblé par l'amour.

Je vais donc qualifier ce fossé de « naturel », « évident ». Il ne peux en être autrement. Pour l'illustrer on peu prendre l'exemple de Caïn et Abel. Ces 2 hommes sont frères! Mais la jalousie de l'un en considérant que son frère est plus juste que lui le conduit au meurtre. D'ailleurs cet exemple est pris au verset12 : ne faisons pas comme Caïn, qui était du Malin et qui égorgea son frère. Et pourquoi l'égorgea-t-il? Parce que ses œuvres étaient mauvaises, et que celles de son frère étaient justes.

Verset 6 : ceux qui sont unis à Christ et ceux qui ne le connaissent pas. Ce verset amorce une description d'une séparation sans position intermédiaire. Soit on connaît et on est uni à Christ, soit on ne le connaît pas est on est loin de lui. Encore une fois, le test visible reste la pratique du péché.

Je sens que la pression monte.

Verset 8-10: enfants de Dieu et enfants du diable. Voilà, les mots sont là. Jean est on ne peut plus clair. On voit ici non pas seulement la séparation entre Jésus et le diable mais l'opposition, Jésus est venu pour détruire les œuvres du diable. S'il y a opposition entre les leaders, il y a aussi opposition entre les suiveurs. Mais attention, si Jésus a combattu le diable et ses œuvres et il a gagné, nous ne sommes pas appelés à se battre contre les fils du diable.

Relisons les termes de notre combat : Eph 6.10-13 Au reste, fortifiez-vous dans le Seigneur et par sa force souveraine. Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les manœuvres du diable. Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les principautés, contre les pouvoirs, contre les dominateurs des ténèbres d'ici-bas, contre les esprits du mal dans les lieux célestes. C'est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour et tenir ferme après avoir tout surmonté. Et l'autre facette du combat c'est contre le péché (on le voit au début de cette épître de Jean).

Verset 9 : différence entre les enfants de Dieu et les enfants du diable.

De cela 2 objections peuvent surgir : la première : je ne peux pas croire que tous les non-chrétiens sont des enfants du diable, que mon frère, ma tante ou mon fils soit affilié au diable! La seconde : le verset 8 dit que si j'étais un enfant de Dieu je ne pécherais pas, si je suis honnête je dois reconnaître qu'il y a du péché dans ma vie...

Comment répondre à ces objections?

  • Tout homme qui naît sur cette terre naît avec le péché en lui et quand il grandit il n'a pas le moyen de résister à Satan qui le lie facilement. Céder aux tentations de Satan fait de nous ses esclaves tout en nous éloignant de Dieu. Nous étions tous des esclaves de Satan, soumis à son pouvoir et destinés à subir la même punition que lui. Jésus nous a délivrés, il est venu lui-même se battre pour nous délivrer. Alors reconnaissons que ceux qui ne sont pas devenus enfants de Dieu sont encore sous le pouvoir de Satan. Il est urgent qu'ils s'en aperçoivent et qu'ils saisissent la possibilité d'être délivrés par Christ.
  • Le verset 9 précise que chacun de nous devrait être pur, sans péché. Comment comprendre ce verset? Le début de l'épître nous annonce que nous sommes des pécheurs et que nous pouvons obtenir le pardon auprès de Dieu. Jean n'exclut pas la possibilité que de vrais chrétiens tombent dans le péché et annonce que Dieu pardonne à cause de Jésus. Ainsi, ici il n'est pas en train de dire que les vrais chrétiens ne commettent jamais de péché. Zoomez sur le verset et lisons le dans la version Semeur : Celui qui est né de Dieu ne s'adonne pas au péché, car la vie qui vient de Dieu a été implantée en lui et demeure en lui. Il ne peut pas continuer à pécher, puisqu'il est né de Dieu. Jean annonce que le chrétien est né de Dieu, il a donc la vie de Dieu en lui. Cette vie a la nature divine qui ne comprend pas le péché, il n'en fait pas partie. Celui qui a reçu la vie de Christ ne peut pas pécher avec plaisir et bonheur, il ne peut pas consacrer sereinement son énergie à pécher. Sa relation avec Dieu en serait affecté et Dieu le rappellerait à l'ordre et le St-Esprit montrerait sans cesse ce péché. Sa conscience le tourmenterait. Jean annonce donc que le vrai chrétien est celui qui ne tolère pas le péché dans sa vie, qui ne baisse pas les bras dans la lutte contre le péché parce qu'il sait que le péché est un virus dans sa vie. Ainsi ce qui différencie l'enfant de Dieu et l'enfant de diable c'est son rapport avec le péché, l'un le combat, l'autre le tolère.

Verset 13-14: la haine des chrétiens et l'amour des chrétiens. Ceux qui prennent la vie et ceux qui la donnent. Ces verset accentuent le contraste. Non seulement le chrétien doit être pur mais il doit aussi aimer ses frères. L'amour est aussi un composant de l'ADN divin qui doit se retrouver chez les vrais enfants de Dieu, comme la justice. L'exemple de Caïn montre que le monde tue alors que l'exemple de Christ montre que les chrétiens donnent leur vie. Derrière une facette dorée du monde se cache un Satan qui ne cherche qu'à tuer. Il ruse pour entraîner le plus de monde avec lui. Il nous faut réagir et s'opposer à cela. Alors que le monde cherche à écraser l'autre pour prendre sa place, les chrétiens doivent s'aimer en mettant l'orgueil et l'appât du gain en dehors de l'église. Alors que le monde recherche le plaisir personnel, les chrétiens sont appelés à être agréables à Dieu et à servir leurs frères.

La méchanceté est condamnable comme un meurtre. Haïr son frère revient à lui ôter sa valeur d'être humain, c'est souhaiter sa perte.

Jean poursuit l'explication avec un exemple d'amour. Nous ne sommes pas tous appelés à mourir pour nos frères, Christ a déjà donné la sienne. Il s'agit ici d'aimer nos frères plus que notre propre vie. Il donne un exemple de cet amour : si un riche chrétien voit un chrétien pauvre, il doit lui venir en aide. Cela dans tous les domaines de la vie, un amour en action, prêt à donner de son temps, de son énergie. Alors pour ceux qui auraient aimé donner leur vie, commencez par aimer dans les détails. Ici aussi, quelques-uns pourront me parler de Médecins sans Frontière, des Restos du cœur, ... Je trouve qu'ils nous servent de leçon à nous chrétiens. Attention de ne pas sombrer dans un amour hypocrite : « aimer tout le monde en général peut être une excuse pour n'aimer personne en particulier » (Lewis).

Pourquoi Jean nous invite à aimer nos frères et non pas tout le monde. Je pense que c'est à cause de ce fameux fossé. Il y a une différence d'amour. L'amour entre frères se vit sur une base de communion. On ne peut pas vivre cet amour avec ceux qui ne sont pas en communion avec Dieu. Ce qui ne veux pas dire que le monde est délaissé, le but de notre amour est aussi d'être un témoignage pour lui afin qu'il voit la différence et qu'il s'aperçoive du gouffre. D'autre part notre vie juste et loin du péché sera aussi, au contact du monde un témoignage d'amour. Enfin, la bible nous appelle à vivre un amour généreux envers tous les hommes.

Réagir : cette séparation est un drame, comme toutes les séparations qui existent dans notre monde : le racisme, les divorces, les murs de protection. Ce n'est que souffrance. La séparation entre les chrétiens et les non chrétiens est aussi un drame qu'il nous faut vivre. C'est dur pour les 2 côtés et la responsabilité est à mettre sur le dos du péché donc de chacun d'entre nous. Ce fossé doit être pour nous un sujet de peine et doit faire naître dans notre cœur un sentiment que Jésus a bien connu : le compassion. Nous devons bien comprendre cette séparation et ne pas la minimiser, c'est une question de vie ou de mort. Il nous faut bien la comprendre pour bien réagir. Je pourrais accuser Dieu d'être injuste et je ne serais pas le premier. Dans Ezéchiel 18.25, les Israélites accusaient Dieu d'être injuste : 25 Vous prétendez: La manière d'agir du Seigneur n'est pas équitable. Écoutez donc, gens d'Israël, est-ce ma manière d'agir qui n'est pas équitable? N'est-ce pas plutôt la vôtre?

Cette épître nous enseigne en long, en large et en travers que Dieu est juste et qu'il est amour. Reprenons le v. 1 : Voyez combien le Père nous a aimé pour que nous puissions être appelés enfants de Dieu, il a posé une passerelle au dessus de ce gouffre : Jésus Christ le juste.

Conclusion : cette idée de séparation n'est pas facile à digérer je vous l'accorde. Mais Dieu nous l'enseigne ce matin pour que nous réagissions bien : éloignons-nous du péché, aimons-nous les uns les autres. Ce qui est dit des chrétiens dans cette épître : vivons-le. Montrons à tous que Jésus est la passerelle. Réjouissons-nous de connaître ce Dieu si grand et d'avoir le privilège d'être enfant de Dieu. Ayons compassion de ceux qui se perdent, ne restons pas insensibles à ce fossé. Ce message est une partie de la réponse à la question sur cette séparation, bien des versets dans la Parole de Dieu en parle, que chacun poursuive ses recherches.