17 juin 2007

La pureté intérieure

Prédicateur:
Passage: Marc 7

Marc 7

Introduction

Les temps changent. Aujourd’hui les gens s’intéressent beaucoup à la pureté des aliments. Par rapport aux organismes génétiquement modifiés. Par rapport aux pesticides et autres polluants. Par rapport aux traces possibles d’éléments allergènes comme l’arachide. L’enjeu, c’est la santé.

Pour d’autres personnes, il a un souci religieux : pas de porc, pas de jambon, pas de saucisses au porc, pas d’aliments faits avec de la gélatine de porc ou de graisse de porc.

Pour d’autres encore, le souci de la pureté alimentaire va jusqu’à se préoccuper de la vaisselle, des frigos, des personnes qui ont touché ou pas les aliments. On pourrait parler d’une pureté rituelle.

Il y a des gens, des gens religieux, pour qui la pureté compte beaucoup. Comme dans ce passage de l'évangile de Marc que nous allons lire maintenant.

Lecture

Marc 7.1-5, 14-23 (ou 1-23)

Pourquoi les Pharisiens avaient-ils tort?

On peut se demander pourquoi les Pharisiens avaient tort d’exiger que les disciples se lavent les mains. Si vous avez des enfants, vous leur demandez de se laver les mains avant de passer à table. Ils ont joué dehors, ils ont ramassé des vers de terre, ils ont joué au foot dans le parc et le ballon n'a pas roulé que sur de l'herbe. Se laver les mains, c'est normal. Ceux qui travaillent à l'hôpital le savent. Pourquoi alors les Pharisiens avaient-ils tort d'attaquer les disciples là-dessus ?

D’abord à cause de leur motivation : le respect des traditions des ancêtres. Ce n’était pas une question d’hygiène, c’était une question de religion. Ils attachaient beaucoup d'importance aux traditions. Alors que les traditions allaient souvent bien plus loin que la Parole de Dieu et la contredisaient. Ce que la tradition religieuse demande et ce que Dieu demande, ce n’est pas la même chose !

Ensuite, on peut dire qu’ils n'ont pas reconnu aux disciples un champ de liberté personnelle. Ils ont voulu tout régenter. Ils auraient pu dire, comme plus tard l’apôtre Paul : Qui es-tu, toi, pour juger le serviteur d’un autre ? Qu’il tienne bon ou qu’il tombe, c’est l’affaire de son maître (Romains 14.4). Mais les Pharisiens comme bien d’autres depuis, voulaient prendre le contrôle de la vie des gens, et sur des choses insignifiantes. Nous les appelons des légalistes, parce que la lettre de la loi comptait énormément pour eux. Ils étaient prompts à juger d'après des apparences extérieures. Ils ignoraient les motivations des gens. C’était très humain – et cela pourrait être notre problème aussi.

Et puis, autre trait très humain, ils se sont sentis menacés parce que Jésus et les disciples ne faisaient pas comme eux. Ils se sont sentis menacés parce que quelque chose changeait.

Les Pharisiens ressemblaient à beaucoup de personnes religieuses : attachés aux traditions, soucieux de choses extérieures, craintifs par rapport au changement. Ils nous ressemblent. Ils sont un avertissement pour nous.

Jésus répond aux Pharisiens sur deux points

Jésus répond aux Pharisiens en contestant leur manière de s'appuyer sur la tradition. Le problème avec la tradition, c'est qu’on la cite pour contourner et pour annuler la parole de Dieu. Ce que nous avons toujours fait n'est pas forcément la seule manière de faire, n'est pas forcément la meilleure manière de faire. Il faut accepter d'être remis en question, de relire la Bible, d'essayer toujours tout à nouveau de discerner la pensée de Dieu. La Parole de Dieu ne change pas, mais nos circonstances changent, la vie humaine n’est que changement. Jésus leur répond sur la question de la tradition en mettant en avant la seule parole de Dieu.

Puis il se tourne vers l'ensemble de la foule pour dire à tous que le véritable problème de la pureté, ce n'est pas une question d'hygiène ou d'alimentation. C'est le problème de la pollution spirituelle.

Il y a des années de cela, j'étais dans un bus à Londres. Il y avait foule dans les rues. Et il y avait un homme qui brandissait une pancarte où il était écrit : Manger de la viande, c'est la cause de toutes les guerres. Mais ce n’est pas vrai. Jésus a dit que ce n'est pas ce que nous mangeons qui nous rend spirituellement impurs. Pour lui, toutes les nourritures sont pures.

Ce n’est pas ce qui entre en l’homme qui souille l’homme. Ni la nourriture, ni les médicaments. La préoccupation avec la nourriture et avec les rites traditionnels, c'est l'arbre qui cache la forêt. La vraie pollution, la vraie impureté, c'est celle que nous engendrons nous-mêmes de notre propre fonds.

La vraie pollution

Ici, dans la bouche de Jésus, nous avons une liste de choses qui nous rendent impropres pour Dieu, qui nous salissent, qui nous polluent. Elles ne viennent pas de l'extérieur. Elles viennent des mauvaises pensées du cœur.

On peut se tromper sur le sens de ce mot cœur. Ce n’est pas pour dire que les choses mauvaises viendraient du cœur et les choses bonnes de la tête. Dans le langage biblique, le cœur est le symbole de tout l'intérieur d'un être : ses sentiments, son intelligence, sa volonté. Jésus nous donne un catalogue de polluants qui viennent de notre être intérieur. Ils sont les manifestations de pensées mauvaises qui se trouvent en nous.

Elles sont de plusieurs sortes.

J'ai relevé des mots qui parlent de notre comportement sexuel : l'immoralité, qui est le terme qui couvre tout, l'adultère, qui est plus précisément la trahison du mariage, le vice ou de dérèglement, les convoitises. La sexualité est bonne, mais elle est souvent détournée de son but. Elle peut construire un couple ; mais quand elle est détournée de ce but elle peut polluer et les couples et les personnes célibataires.

Dans la même liste, il est question de vols, de meurtres et de méchancetés. C'est très classique. C’est les dix commandements.

Puis il y a des choses moins classiques : la tromperie ou la ruse, par exemple. Etre malin, tromper les autres, mentir, cela nous salit. Ce n’est pas une preuve de supériorité. Exagérer pour obtenir gain de cause, c’est une forme de mensonge qui nous salit.

Il y a des sentiments qui nous salissent aussi : l'envie, la jalousie, l'orgueil. Personne ne saura, sauf Dieu. Tout le monde nous trouvera beau. Sauf Dieu.

Il y a des paroles qui nous salissent, et notamment le mal que nous pouvons dire des autres, la calomnie (NBS). Beaucoup de traductions emploient ici le mot blasphème : ce que Jésus vise, semble-t-il, c’est plus le blasphème contre notre prochain. Nous en faisons un portrait peu flatteur, nous grossissons ses défauts, nous ne tenons pas compte de ses progrès, nous faisons une caricature de ses positions politiques ou religieuses ou professionnelles : du coup, nous nous salissons nous-même.

Jésus nous donne tout un catalogue de polluants pires que le kérosène des avions de Roissy, pire que le Gaucho qui tue les abeilles, pires que l’amiante. Ces choses-là viennent du dehors, elles affectent notre santé. Mais Jésus nous parle d’une pollution que nous générons tous depuis notre for intérieur. A côté de cela, qu'est-ce que c'est que ces histoires de manger sans se laver les mains ? Qu'est ce que c'est que ces querelles sur le boudin, l'homéopathie, le maïs transgénique, les dons d'organes? C'est très secondaire. Ce n'est pas ce qui entre en nous qui nous pollue, c'est ce qui sort de notre cœur.

Aller vers des gens « impurs »

Pour les Pharisiens, la crainte de l'impureté allait même plus loin que ces questions de nourriture et de mains. Ils pensaient que fréquenter certaines personnes vous rendait impur aussi. Les païens, les pécheurs notoires, les Samaritains, certains malades comme les lépreux ou cette femme qui avait des hémorragies. Ils étaient scandalisés lorsque Jésus est allé manger chez Zachée. Au moment du procès de Jésus, ils ont refusé de franchir le seuil du palais de Pilate, parce qu’ils ne voulaient pas se rendre impurs. Truquer un procès, condamner un innocent à la torture et la mort, cela ne les rendait pas impurs, bien sûr !

Les disciples ont eu du mal à s’affranchir de cet état d’esprit. Vous vous souvenez de l’apôtre Pierre, en Actes 10, qui hésite à se rendre dans la maison d’un Romain. Dieu lui montre dans une vision toutes sortes d’animaux et lui dit : Lève-toi, Pierre, tue et mange. Pierre ne veut pas manger de ces animaux impurs et il dit : Non, Seigneur, je n’ai jamais rien mangé d’impur. Dieu lui dit : N’appelle pas impur ce que Dieu a créé.

Le message est clair. Non seulement que nous avons le droit de manger de tout, comme Jésus l’avait dit, mais, surtout, que nous avons le devoir d’aller vers des gens de toutes les races et de toutes les conditions sociales, comme Jésus l’a fait. Il a touché les lépreux. Il a mangé chez Zachée. Il a discuté avec des femmes à la vie plus que douteuse. Ces gens-là ne le rendaient pas impur : au contraire, à son contact, ils se trouvaient repris dans leur conscience, guéris, rendus à la vie. La sainteté de Jésus se voyait dans l'amour.

Et c'est là le défi pour nous. Certains chrétiens ont la réputation de chercher la petite bête, de juger d'après les apparences, d'être rigide dans leur pensée et sec dans leur cœur. Ils penchent dangereusement du côté des Pharisiens. Moi, j'aimerais pencher un peu plus du côté de Jésus.

Conclusion

Dans de nombreuses religions il est important de se laver les mains, peut-être le visage, peut-être les bras jusqu'au coude, avant de s'approcher de Dieu. Ne pas le faire, ce serait ressenti comme une offense à Dieu. Mais si le cœur est pollué, qui peut le laver ? La Bible déclare que Jésus-Christ a fait la purification des péchés pour nous, en s'offrant lui-même à la croix. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et pour nous purifier de toute iniquité.

Et pour se garder pur, comment faire? Non pas en nous préoccupant du moindre détail de la piété, non pas en nous coupant des gens, mais en suivant l'exemple de Jésus. La religion pure et sans tâche, devant Dieu le Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se garder des souillures du monde. Avec Jésus, la vraie sainteté se voit dans l'amour.