Éthique sexuelle
Introduction
La France doit être l'un des rare pays du monde où la dictée est un sport national. Des milliers de gens regardent tous les ans la dictée de Bernard Pivot. Et ce samedi, à Ozoir, ma femme a participé à une dictée ; elle a fini ____ dans sa catégorie.
Ce matin, Chris Short m'a demandé de parler d'éthique sexuelle. Vous écrivez cela comment ?
Les tiques sexuelles ?
Les tics sexuels ?
L'éthique sexuelle ?
Vous avez tous 20 sur 20, il s'agit bien sûr de l'éthique, c'est à dire de la déontologie, de la morale sexuelle. De cet ensemble de réflexions et de règles qui touchent le domaine sexuel.
Quand j'ai soif je bois
Un ensemble de réflexions et de règles qui touchent le domaine sexuelle ? Pourquoi faire ? Quand j'ai soif je bois. C'est ainsi qu'on présente la chose dans les pages people du 20 minutes. Et en même temps 20 minutes, d'une façon complètement hypocrite, rend compte des chagrins des stars déçus en amour, trahis, déboussolés. Comme si dans un monde sans règles des règles s'imposaient malgré tout.
Je vais citer textuellement un artiste qui n'y va pas par quatre chemins : C'était dans l'édition du 23 septembre 2002. Excusez du vocabulaire : « Quand je baise, je m'attache, c'est stupide, immature, je me ridiculise, entame des déclarations irresponsables assurant la dévotion éternelle [1] »
Il fait l'amour, il s'attache à la personne, il trouve que ce n'est pas normal. Moi, j'ai une autre explication. C'est que c'est très normal. C'est voulu par Dieu. Là où Ilan (= ilan) Duran Cohen voit l'immaturité, moi je vois, inscrit dans son corps même, le souvenir du programme initial. Il a envie de faire des déclarations d'amour : il a raison ! L'amour et le sexe vont ensemble. Coucher à droite et à gauche c'est cela qui est immature. Pire, c'est inhumain. Vous n'êtes pas bizarre si vous voulez que l'amour dure.
Un scientifique dirait que le couple humain est programmé pour rester uni, parce que son petit doit rester 9 mois dans le ventre de sa mère et qu'ensuite il aura besoin d'au moins 15 ans pour être autonome. La survie de l'espèce humaine dépend du couple qui reste uni et qui s'investit pour ses enfants. C'est programmé, dès le début.
Au commencement
La Bible dit : « Au commencement, Dieu créa les hommes pour qu'il soit son image, oui il les créa pour qu'ils soient l'image de Dieu. Il les créa homme et femme [2] > ». Ce texte est assorti d'un commentaire : « Dieu considéra tout ce qu'il avait créé, et trouva cela très bon [3] ». La différence des sexes, la sexualité, Dieu l'a voulue, Dieu la trouve très bonne.
Mais contrairement aux idées modernes, Dieu fixe un cadre à la sexualité : « L'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair [4] ». Un changement de statut social : quitter ses parents. Un amour durable : l'homme s'attachera à sa femme. Les deux ne feront plus qu'un. Quand la confiance et la fidélité sont au rendez-vous, le plaisir l'est aussi : « Fais ta joie de la femme que tu as aimée dans ta jeunesse, biche charmante, gracieuse gazelle, que ses charmes t'enivrent toujours et que tu sois sans cesse épris de son amour ! Pourquoi, mon fils, t'amouracherais-tu de la femme d'autrui ? Pourquoi donnerais-tu des caresses à une inconnue ? [5] »
Le désir sexuel est puissant. Et donc facile à exploiter, à pirater, à dénaturer. C'est pour cela que la première fois est importante, et qu'il faut la protéger. C'est pour cela que les scènes torrides à la télé et au cinéma sont pernicieuses. Elles sont d'une profonde fausseté pour les acteurs. Elles embarquent le spectateur dans une intimité qui n'est pas la sienne. Elles sont une entorse à l'exclusivité que nous devons à notre conjoint, ou à notre futur conjoint.
Et maintenant
La pression médiatique est énorme dans ce domaine. Notre temps rejoint celui des Grecs et des Romains. Dans le domaine sexuel, la totale liberté. Comme un camion fou en haut d'une côte, sans freins, le klaxon en panne, on se laisse aller : et on se croit libre. Et on se vante de sa liberté. Des freins ? Mais c'est inutile, on va plus vite sans, on a plus de plaisir sans, on s'exprime mieux sans.
Les symptômes de ce mal de société sont nombreux : la provocation dans l'art et dans la publicité ; l'encouragement donné aux adolescents de se livrer de plus en plus tôt à des expériences sexuelles ; la promotion de l'homosexualité ; l'abandon du mariage comme structure fondamentale de la vie ; la cassure dans la tête des gens entre la sexualité et la venue de l'enfant ; les films porno à la télé ; la mise en valeur du travestisme ; et j'en passe. Un camion fou.
J'entends au moins trois raisons pour adopter ce style de vie, loin du cadre fixé par Dieu au commencement.
C'est mon choix
La première, c'est l'affirmation : C'est mon choix. Dans la tête de nos contemporains, le choix personnel justifie tout. Puisqu'il n'y pas de règles et pas de Dieu non plus, la seule chose qui reste, c'est le choix personnel. Rien ne peut s'y opposer.
Le mariage est un choix, tout comme le concubinage, le PACS, la recherche du plaisir auprès de partenaires multiples, de prostituées, ou dans la pornographie. C'est mon choix. Mais est-ce que mon choix est vraiment libre et souverain ? N'y a-t-il pas d'impact sur les autres ? Mais si, il y a toujours les autres !
Il y a d'abord mon partenaire, que je vais aimer, rendre heureux, construire, porter dans la maladie et à travers le deuil. Ou ce même partenaire que je vais dévaluer, trahir, casser, ce partenaire que je vais abandonner avec des gosses à élever ou avec un sida à gérer. Mon libre choix engage quelqu'un d'autre.
En fait, il engage beaucoup de gens. Ma femme, mes enfants. Mes parents. Tous ceux qui sont influencés par mon exemple ou qui devront payer par leurs impôts le prix de ma grande liberté.
Mon choix engage même les générations futures. J'ai peut-être élevé des enfants dans un contexte stable, je leur ai transmis certaines valeurs, j'ai fait quelque chose pour la cohésion sociale d'aujourd'hui et de demain. Ou alors, j'ai rajouté à instabilité et l'égoïsme ambiants, j'ai semé le vent, pour que les générations futures récoltent la tempête.
Le choix personnel, libre et souverain, c'est un mythe. Véhiculé par la télé, par la vie des stars, par l'air du temps. Mais c'est un mythe quand même.
Je suis fait comme ça
A côté de l'affirmation du choix, il y a le discours des gens qui disent qu'ils n'ont pas de choix. Ils sont faits comme ça. On l'entend particulièrement au sujet de l'homosexualité. Bertrand Delanoé a dit dans son livre : « C'est la nature qui nous fait homo ou hétéro [6] . » L'orientation sexuelle serait quelque chose d'inné, hérité de ses parents, comme la couleur de la peau. D'autres, plus nombreux, souligneraient le rôle du milieu familial, d'une influence survenue à l'adolescence, ou même d'une agression. L'orientation sexuelle ne serait pas innée, mais acquise.
Dans les deux cas, pourtant, nous trouvons la même idée : Je suis fait comme ça. Je n'y peux rien. L'homosexuel le dit, l'hétérosexuel aussi. Je dois aller dans le sens de ce que je suis.
C'est faux. Admettons que je sois né violent. Ou qu'à cause de mon milieu familial je sois porté à la violence. Ou que je revendique le libre choix de la violence Personne ne tolérerait chez moi la pratique de la violence. Je me trouverais soit en prison, soit à l'hôpital psychiatrique. Ni le libre choix ni les circonstances de la vie ne justifieraient un comportement violent. Pensez à Emile Louis !
Même si certains comportements sexuels étaient déterminée par les gènes, même si on identifiait les influences familiales ou autres qui les favorisent, cela ne nous dit pas si oui ou non il faut les accepter et les valoriser. C'est pour cela que nous devons être attentifs à ceux qui avancent un troisième argument et qui nous parlent d'amour.
La quête d'amour
L'amour entre personnes déjà mariées. Ou l'amour entre personnes du même sexe. L'amour qui justifie tout. Nous n'avons rien compris à l'homosexualité si nous ne reconnaissons pas à certains homosexuels une recherche d'amour, un vécu d'amour. Et parallèlement c'est la recherche d'amour qui justifie la rupture dans un nombre incalculable de mariages.
Mais le fait est que la Bible pose un fondement pour la sexualité humaine, et ce fondement, c'est le mariage. Hétérosexuels et homosexuels sont mesurés à l'aune d'une relation durable et exclusive entre un homme et une femme. Ce qui fait que beaucoup de gens, à un moment ou un autre, sont en dehors du plan de Dieu.
J'entends des gens me dire que c'est injuste. Dieu condamnerait les gens pour ce qu'ils sont ! Non. Pas pour ce qu'ils sont, mais pour ce qu'ils font. Et là, hétéros et homos sont sur un pied d'égalité. La chasteté, ce n'est naturel pour personne ! Devant la tentation, nous sommes égaux. La tentation elle-même n'est pas péché [7] : c'est le fait de s'y complaire, de la ruminer, de jouer avec, d'espérer tomber.
De nos jours on estime généralement que c'est une chose terrible que de devoir réprimer des désirs. Tout doit s'exprimer, sinon nous devenons malades, nous ne nous épanouissons pas. Mais en société, heureusement que nos désirs sont maîtrisés, que toute la haine, toute la violence et toutes les pulsions sexuelles ne trouvent pas à s'exprimer directement. Nous avons tous à canaliser nos énergies, nous avons à apprendre la maîtrise de soi et le respect des autres. Ce n'est donc pas une atteinte à la personne que de lui demander de renoncer à un certain style de vie, d'en adopter un autre.
L'activité sexuelle précoce
J'aimerais dire un mot sur l'activité sexuelle des jeunes. Toutes les campagnes officielles visant à informer les jeunes de ceci et de cela supposent une activité sexuelle tout à fait libre et précoce. Et là je crois que nous rendons à la société et aux jeunes un très mauvais service. Depuis que les cours d'éducation sexuelle ont commencé dans les écoles en Angleterre, le nombre de grossesses d'adolescentes a augmenté de façon alarmante.
Quand un jeune veut travailler à 16 ans, on lui dit que c'est trop compliqué, il faut qu'il soit majeur, il faut qu'il passe son bac. Quand il veut réussir dans la vie, c'est bac, deug, licence, maîtrise et j'en passe. Avant de gagner son pain, il faut qu'il attende. Mais dans un domaine qui va engager son avenir autant que le travail et les études, on l'encourage à aller de l'avant. N'attends pas. Fais tes expériences. C'est bon à prendre, c'est bon pour toi, maintenant.
Pourquoi c'est comme cela ? Parce qu'on ne retient de la relation sexuelle qu'un seul aspect : le plaisir. La qualité de la relation entre deux personnes : on n'en parle pas. Un projet de vie à deux : silence radio. Avoir des enfants : cela n'a rien à voir. Le mariage : c'est pour les schnocks. Juste le plaisir, sans attendre. Et sur la route du plaisir, que de déceptions, que d'échecs, que de jeunes désorientés et blessés !
La sexualité est un don de Dieu. Le chrétien ne dit pas que Dieu est contre le plaisir. Il dit que Dieu lui donne un cadre, et que ce cadre, c'est le mariage. Le meilleur conseil que nous puissions donner autour de nous, c'est d'attendre le mariage.
Pourquoi ? De nos jours on dirait que c'est le seul moyen d'éviter le sida. Mais ce n'est pas là l'essentiel. C'est qu'il n'y a pas de plus forte expression de l'amour entre un homme et une femme que l'union sexuelle. Cet amour implique un contexte stable, un engagement de fidélité et de durée, un projet mené ensemble. Et vous voulez brader cela vite fait avant que les parents ne rentrent du boulot ? Dans les sous-sols d'un immeuble, dans les toilettes du lycée, dans une voiture au bord de la route ?
Pour choisir un partenaire pour la vie, il faut un minimum de maturité. Il faut savoir grosso modo qui on est, où on va, ce qu'on veut. A quinze ans ? Non, ce n'est pas le moment. L'aptitude physique est là, la poussée des hormones devient difficile à gérer, mais la maturité nécessaire à gérer une relation n'est pas encore en place. A quinze ans, on a encore beaucoup de choses à apprendre.
Je me donne à une personne, une seule. Je me découvre à une personne, une seule. Je vis quelque chose de fort et de beau avec une personne, une seule. Je suis marqué par le corps d'une personne, une seule. Cela fait pour votre couple un lien très fort.
Un mot pour les jeunes
Allez, les jeunes. Profitez de votre jeunesse, de la musique, du sport, des amitiés, des loisirs. C'est le cadeau de Dieu pour vous, à ce moment précis de votre vie. Ne vous encombrez pas trop vite des problèmes des adultes. Donnez-vous le temps de construire votre personnalité, de vous fixer sur le plan professionnel, de choisir la personne qui sera votre partenaire pour la vie. Vous ne perdez rien à attendre.
Vous pouvez résister à l'ambiance générale. Décrypter les paroles des chants, prendre du recul par rapport aux films, contester : c'est possible. Vous êtes au centre d'un incroyable combat. Vous pouvez gagner.
Vous pouvez changer. Je le dis par rapport à ceux qui se sentent déjà pris au piège. Vous pouvez mettre de l'ordre dans une relation qui n'est pas à la gloire de Dieu. Vous pouvez mettre Dieu à la première place et lui confier vos émotions, vos craintes, votre présent, votre avenir. Vous n'êtes pas obligé de subir. Si vous avez mal fait, vous pouvez revenir à Dieu.
Un mot aux adultes
Et nous les adultes ? Si nous croyons au message de la Bible, que pouvons-nous opposer à l'ambiance d'aujourd'hui ? L'exemple de notre propre couple. L'ambiance de notre maison. Les amitiés entre chrétiens. L'enseignement de la Parole. Le dialogue. Ne gardons pas nos enfants dans la petite enfance, dépendants, protégés. Ils ne voudront qu'une chose : la liberté, qui viendra au prix d'une explosion. Favorisons l'apprentissage progressive de la vie adulte et indépendante.
Pour mieux vivre
Nous sommes tous plus ou moins handicapés par nos gènes, par notre éducation, par des agressions subies, par les conséquences de nos choix. Tous nous avons besoin de progresser. Comment ?
La chose la plus importante, c'est une bonne hygiène de vie spirituelle. La prière. La lecture de la Bible. Le culte. Un petit groupe en semaine où des amitiés peuvent se nouer et où l'on se soutient mutuellement. Le développement d'amitiés saines avec les personnes des deux sexes. Il y a là un défi pour l'église : l'église est-elle réellement un lieu d'amitié ? Combien de familles s'ouvrent-elles aux célibataires ?
Pour se sentir parfaitement accepté et compris, il est parfois nécessaire de dire sa souffrance à un frère, une sur en Christ. Et malheureusement, tout le monde n'est pas capable d'entendre toutes les confidences. Mais il y peut y avoir parmi nous des personnes qui se trouveraient mieux s'ils pouvaient s'ouvrir au pasteur ou à un autre responsable, homme ou femme, dans un entretien confidentiel.
Soyons pratiques. Aujourd'hui tu te trouves dans l'église et tu es rongé par un problème sexuel que tu n'oses dire à personne. Homosexualité. Pornographie. Une liaison secrète et adultère. Si tu es prêt à travailler, à combattre, tu peux vivre comme Dieu le veut pour toi depuis le début, dans la pureté.
Si tu as péché, tu peux te repentir. Tu peux trouver un pardon total auprès de Christ. Il est mort pour toi, en portant tous tes péchés sur la croix. Personne ici ne te condamne, parce que nous sommes tous des pécheurs, nous avons tous besoin d'être purifié d'un péché ou d'un autre. Jésus te dit : Je ne te condamne pas non plus. Va en paix, et ne pèche plus. C'est ce que Jésus te demande de faire, et tu le peux.
Conclusion
Pour beaucoup de gens, le vie chrétienne est une série d'interdits. Surtout dans le domaine sexuel. Mais la Bible dit que quand nous appartenons à Jésus-Christ, nous sommes réellement libres.
[1] Ilan Duran Cohen, Mon cas personnel, Actes Sud, 2002.
[2] Genèse 1.27
[3] Genèse 1.31
[4] Genèse 2.24
[5] Proverbes 5.19-20
[6] Bertrand Delanoë, La vie passionnément, Editions Robert Laffont, page 67
[7] Voir Hébreux 4.15