28 mars 2004

Culte S.E.L. sur le thème de la santé

Prédicateur:

Introduction

C'est de leur faute !

L'Angola est un pays riche, producteur de pétrole. Mais un quart des revenus du pétrole disparaît on ne sait où. Ni les compagnies pétrolières ni le gouvernement ne le disent. L'Angola est un pays riche. Mais par la faute des puissants, c'est un pays pauvre. Un quart des enfants meurt en bas âge.

Pendant des décennies des chefs militaires se sont battus dans tout le pays, semant partout des mines, la mort, la famine. Des chefs qui ont vécu grassement, alors que le peuple se mourrait. Des chefs qui avaient leurs appuis dans les pays extérieurs.

Et maintenant on voudrait nous faire payer leurs médicaments ! Alors qu'ils ont assez d'argent chez eux pour le faire ! Alors qu'ils ont détruit leur propre pays par des guerres interminables ! Alors qu'ils refusent de parler ouvertement du sida, qu'ils empêchent ainsi de le prendre au sérieux ! Ils ont fait leur lit, qu'ils s'y couchent ! De toutes façons, c'est tellement pourri, il n'y a rien à y faire. C'est de leur faute !

C'est aussi de la nôtre, en partie. Une puissance coloniale qui n'a pas préparé l'avenir. Des compagnies minières et pétrolières à la gestion opaque. Des fabricants d'armes. Des gouvernements occidentaux tantôt impuissants, tantôt complices. Ce n'est pas que de notre faute, mais ce l'est en partie.

Et quand bien même nous pourrions dire au sujet de tous les pauvres du monde : c'est de leur faute… quand bien même nous serions en droit de le dire, celui qui est dans la détresse a droit à notre compassion. Dans le prolongement des dix commandements, l'Ancien Testament nous dit ceci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Quand Yannick nous reparlera de la première épître de Jean, il nous citera peut-être ce texte : Si un homme riche voit son frère dans le besoin et lui ferme son cœur, l'amour de Dieu ne peut être présent en lui (1 Jean 4.17).

Que nous soyons riches au pauvres, Dieu nous appelle à la compassion. Que nous soyons naturellement généreux ou pas, que nous comprenions tous les enjeux ou pas, Dieu nous appelle à la compassion. Essayons de nous informer le mieux possible, essayons d'investir à bon escient et au bon endroit, essayons de faire le tri dans toutes les sollicitations que nous sont adressées. Mais n'oublions pas la compassion. Job a dit ceci aux amis qui le critiquaient : L'homme désespéré a droit à la compassion de la part d'un ami, oui, même s'il cessait de révérer le Tout-Puissant (Job.6.14).

Aujourd'hui, le Service d'Entraide et de Liaison a voulu nous rendre attentifs au problème de la maladie dans le monde. J'aimerais donc essayer de répondre aux questions que les gens se posent au sujet de la maladie. Je vais essayer de donner quelques réponses bibliques.

La maladie est-elle une punition de la part de Dieu ?

En un mot, non. Cela n'empêche pas que certaines maladies sont très liées à notre comportement. La cirrhose du foie et l'abus d'alcool. Des cancers et des maladies cardio-vasculaires et la cigarette. Des maladies sexuellement transmissibles et notre comportement sexuel. Mais une même maladie peut avoir plusieurs causes. Des gens sont morts du cancer des poumons sans avoir jamais fumé. Des gens au comportement sexuel débridé n'ont jamais rien attrapé. Et des gens droits et fidèles ont tout attrapé par la faute d'un conjoint. Il n'y a donc pas de lien direct entre la maladie et le péché. Il y en a un parfois.

Dans la Bible, les disciples de Jésus étaient confrontés à un cas qu'ils ne pouvaient pas expliquer : un homme qui est né aveugle. Et dans leur mentalité, une question est posée : mais qui donc à péché ? Cet homme-là ? Mais alors il aurait péché dans le ventre de sa mère ! Est-ce que ce sont ses parents qui ont péché ? Mais alors, c'est injuste ! Vous lirez le récit dans l'Evangile de Jean, au chapitre 9. Qui donc a péché ? Et Jésus de répondre : personne. Ce n'est pas une punition pour un péché. Cette maladie, ce handicap doit permettre à Dieu de montrer sa gloire.

Et beaucoup de chrétiens s'inspirent aujourd'hui de la réponse de Jésus pour vivre leur souffrance à la gloire de Dieu. Non, la maladie n'est pas forcément à mettre en rapport avec un péché que vous auriez commis. Si tel était le cas, il n'y aurait pas beaucoup de Français en bonne santé.

Est-ce que la maladie relève d'une mauvaise influence spirituelle, occulte ?

Tout est possible. Dans les Evangiles, il y a un certain nombre de cas où la personne n'est pas malade de maladie naturelle, et que Jésus guérit avec autant d'autorité que les autres. Mais est-ce à nous de chercher ces explications-là ? Honnêtement, je crois que non, car cette recherche est de la même nature que la sorcellerie qu'elle est censé démasquer. La Bible dit : Les choses cachées sont à l'Eternel notre Dieu ; les choses révélées sont à nous et à nos enfants. Il y a beaucoup de choses cachées que nous laissons entre les mains de Dieu, que nous ne cherchons pas à connaître. Nous avons à connaître les choses qu'il nous a révélées dans sa Parole, la Bible.

Quand on est attaqué, on cherche à se défendre. Mais les armes du chrétien n'ont rien à voir avec le quimbois ou gadèzafè, rien à voir avec les petits carrés de papier que l'on met sous le lit ou sous le pas de la porte. Les armes du chrétien sont listées en Ephésiens 6, il s'agit de qualités morales : la foi, le zèle pour l'Evangile, la justice. Il s'agit de réalités spirituelles : le salut, la vérité, la Parole de Dieu. Et cela, vous ne pouvez pas en faire un philtre pour le boire. C'est dans votre cœur… ou pas.

Est-ce que la guérison nous est promise dans la Bible ? Est-ce un droit ?

En un mot, non, ce n'est pas un droit, ce n'est pas une promesse. Quelqu'un qui mène une vie saine et droite aura peut-être moins de problèmes de santé qu'un autre. Mais ce n'est pas promis. Job était l'homme le plus intègre de la terre. Mais il a tout perdu, y compris sa santé. Il ne lui restait qu'un espoir, la mort. Le lecteur comprend que Job est appelé à prouver que l'on peut avoir foi en Dieu et le servir même quand ça va mal, que Dieu est digne de notre fidélité quelles que soient nos circonstances. Mais Job ne sait pas, lui, que c'est là le sens de sa souffrance. Le sens de l'épreuve lui échappe, comme il nous échappe la plupart du temps.

Ce qui nous est promis, c'est qu'un jour tout ce qui fait souffrir disparaîtra : nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera, et où il n'y aura ni pleurs ni larmes. En attendant, nous sommes solidaires d'une humanité souffrante. Parfois, c'est comme si le monde à venir était en avance sur le programme, quelqu'un guérit, avec ou sans la médecine. C'est une grâce de la part de Dieu. Mais ce n'est pas un droit.

Ne suffit-il pas d'avoir la foi pour être guéri ?

En un mot, non. Il faut avoir foi en Dieu en toute circonstance. Il y a des gens qui ont été guéris en réponse à leur foi – et notamment des malades que nous rencontrons dans les pages de l'Evangile. Mais tous ceux qui ont eu foi en Dieu n'ont pas été guéris. Dans la Bible. Et dans l'Eglise d'Ozoir.

On pourrait dire qu'ils n'ont pas eu assez de foi. On pourrait dire qu'ils n'ont pas eu assez de foi assez longtemps. On pourrait dire que l'ombre d'un doute est venu les empêcher de guérir. Ce genre de chose se dit couramment. Mais la Bible ne le dit pas. La dose de foi qu'il faut est minime : comme un grain de moutarde. C'est la foi de Jaïrus, dont la fille était venait de mourir et qui a dit à Jésus : Je crois, viens au secours de mon incrédulité. Il avait confiance en Jésus, mais pour la guérison de sa fille il se savait incrédule.

Jésus a guéri quantité de gens dont la foi était minime. Il l'a fait sans cinéma, sans chauffer l'ambiance, sans qu'il y ait un long processus de prières et de jeûnes et de repentances. Parce que l'essentiel ici n'était pas la puissance de la foi du malade. C'était la puissance de Jésus.

Du temps de Jésus et des apôtres, les gens continuaient à tomber malade et à mourir. Parfois, Dieu dans sa souveraineté a donné à l'un ou à l'autre une guérison instantanée, parfois même quelqu'un est revenu de la mort. Mais d'autres fois, les gens sont restés malades : l'apôtre Paul qui aurait voulu être libéré d'une infirmité physique, qu'il appelle une écharde dans la chair ; son collaborateur Trophime, qu'il a dû laisser malade en cours de route ; Timothée, qui avait des problèmes digestifs.

Dieu accorde parfois des délivrances inespérées ; et parfois il nous demande de manifester sa gloire par notre façon de tenir ferme dans la souffrance.

Le chrétien ne devrait-il pas prier plutôt que de consulter les médecins ?

Prier, oui, en tout temps. J'ai du mal à prier quand je ne suis pas bien, mais je me tourne vers Dieu quand même. Je ne fais pas de belles prières, mais j'apporte mon mal à Dieu. Ma femme me dit que j'exagère, que tous les hommes exagèrent. C'est sans doute vrai. Mais même les douleurs imaginaires d'un pauvre homme douillet, on peut les apporter à Dieu.

En revanche, il n'y a pas de contradiction entre la prière et la médecine. Dieu dès la création a voulu que les hommes découvrent le monde, qu'ils le comprennent, qu'ils en maîtrisent les ressources. Que vous preniez une infusion d'écorce de bouleau ou de l'aspirine, c'est la même chose, c'est la même molécule qui va vous aider à faire descendre la fièvre. Les découvertes scientifiques sont un don de Dieu, à condition d'être utilisées pour le bien et pas pour le mal.

Quand j'étais à Rennes, j'ai trouvé dans le catalogue d'une librairie chrétienne un livre écrit par un pasteur sud-africain. Il disait : Si nous avons confiance en Jésus, notre divin médecin, nous n'aurons pas besoin de consulter un médecin humain. J'ai trouvé cela scandaleux, j'ai demandé que le livre soit retiré du catalogue. Sans succès. Je ne peux qu'espérer que les éditeurs n'ont pas culpabilisé trop de braves chrétiens et qu'ils n'ont pas trop de morts sur la conscience. Car la foi en Dieu et le recours à la médecine ne sont pas opposés. Ce sont deux démarches utiles et nécessaires. Luc, auteur de l'Evangile qui porte son nom et du livre des Actes, était lui-même médecin. Paul l'appelle : le médecin bien-aimé. La médecine, comme l'agriculture est un don de Dieu.

Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour. Ah, si nous avions foi en Jésus, notre divin boulanger, nous n'aurions pas besoin de recourir à un boulanger humain. Non, c'est faux.

Qu'est-ce que je dois faire quand je suis malade ?

Prier, dit l'épître de Jacques. C'est la moindre des choses, et pourtant pas toujours facile.

Agir. Consulter un médecin, se soigner.

Patienter.

Espérer.

Glorifier Dieu.

Parfois, les gens gravement malades appellent les anciens de l'Eglise, chez eux, pour un moment de prière plus intense. La prière s'accompagne d'un geste symbolique, l'onction d'huile, ou l'imposition des mains. Selon l'épître de Jacques, cette prière s'accompagne aussi d'un temps d'examen de conscience : et si, malgré tout, j'avais des choses à me reprocher devant Dieu ? si les anciens avaient quelque chose à se reprocher devant Dieu ? Devant la maladie, devant les mystères de la vie et de la mort, il est bon de se sonder, et le cas échéant de mettre sa vie en règle avec Dieu.

Et que faire quand mes proches sont malades ?

Prier.

Agir, consulter un médecin, les faire soigner, s'il s'agit de nos enfants. Prendre les nouvelles, s'il s'agit d'amis.

Espérer.

Glorifier Dieu.

Se taire. Je veux dire par là qu'il faut surtout éviter de faire comme les trois amis de Job, qui ont accablé le pauvre homme par leurs conseils bien intentionnés. Ce n'est déjà pas très agréable d'être malade. Si en plus il faut supporter de braves gens qui vous disent d'avoir la foi, de sonder votre cœur à la recherche d'un péché, de ne pas se décourager… le malade n'a pas besoin de bons conseils, il a besoin d'un peu d'amitié, de compassion.

Conclusion

Le malade a besoin de compassion. De vos prières. De votre amour.

Et quand il s'agit d'un malade dans un pays qui n'a pas tous les avantages que nous avons, la compassion s'exprimera peut-être par la collecte de médicaments, par l'envoi de personnels soignants, par un don, même modeste.

Ne dites pas : c'est de leur faute. Dites : qu'est-ce que je peux faire d'utile ?

 

Questions sur la maladie

La maladie est-elle une punition de la part de Dieu ?

La maladie relève-t-elle d'une influence spirituelle mauvaise ?

La guérison nous est-elle promise comme un droit ?

Ne suffit-il pas d'avoir la foi pour être guéri ?

Ne doit-on pas prier plutôt que de consulter les médecins ?

Qu'est-ce que je dois faire quand je suis malade ?

Que faire quand mes proches sont malades ?

Le malade a besoin de notre compassion.

Ne dites pas : C'est de sa faute.

Dites : Qu'est-ce que je peux faire d'utile ?