Connaître la volonté de Dieu (3)
15 juillet 2007

Connaître la volonté de Dieu (3)

Prédicateur:
Passage: Actes 15:36-16:12

Introduction

Deux dimanches de suite nous avons ouvert le livre des Actes de Apôtres pour voir comment connaître la volonté de Dieu. La première fois, nous avons vu l’Eglise d’Antioche qui prie et qui reçoit une parole ou une conviction inspirée par le Saint-Esprit. Cette direction nouvelle était en accord avec la Bible et avec ce que Dieu était déjà en train de faire. La deuxième fois, en Actes 15, c’était un peu plus compliqué. Les apôtres et les autres chrétiens de l’Eglise ont dû discuter longuement avant de pouvoir dire, avec un très large consensus : « Il nous a paru bon, au Saint-Esprit et à nous… »

Aujourd’hui, cela se complique encore plus. Je vous lirai la suite des événements, en Actes 15.36-16.12. J’affiche la carte, pour que vous puissiez mieux suivre.

Lecture

Nous sommes surpris, voire choqués, par ce grand désaccord entre les deux amis Paul et Barnabas. Malgré cette rupture, ou peut-être à cause d’elle, deux équipes se sont mises au travail à la place d’une seule : c’est un progrès. La réconciliation, nous le savons, s’est faite plus tard.

Cela me dit que Dieu peut nous guider et nous utiliser alors même que nous avons connu des échecs. Le conflit avec Barnabas est tout de même un échec. Au moment de partir ni Paul ni Barnabas n’ont le temps de guérir de ce clash. Dans les premières semaines en Chypre ou en Galatie, les deux anciens collègues ont dû être passablement blessés. Mais ils ont continué, ils ont été bénis… et ils ont trouvé la guérison en cours de route.

Ensuite, dans les versets 6 à 10, c’est fascinant. Voilà l’un des plus grands missionnaires de tous les temps qui ne sait pas trop où il va. Voilà un homme rempli de l’Esprit qui procède à tâtons. Voilà des incertitudes, des demi-tours et des impasses qui finissent par amener l’apôtre dans un projet qu’il n’imaginait même pas.

Reprenons les choses dans l’ordre.

Le projet de base était clair et logique. Paul et Barnabas avaient fondé des Eglises dans le sud de la Galatie. Ces communautés ont été sérieusement ébranlées par la fausse doctrine dont nous avons parlé la semaine dernière. La question a été ensuite tranchée, comme nous l’avons vu. Il est donc logique que Paul envisage de retourner vers les chrétiens de la Galatie. C’est dans le prolongement de ce que Dieu avait déjà fait. Après avoir aidé un peu à Antioche de Syrie, Paul irait vérifier que tout se passe bien à Derbe, à Lystre, à Icône et à Antioche de Pisidie. Les chrétiens de ces villes sont ses enfants spirituels, il a une responsabilité envers eux.

Et après ? L’appel de Paul est clair :

«  Le Dieu de nos ancêtres t'a choisi d'avance pour te faire connaître sa volonté, pour que tu voies le Juste et que tu entendes sa voix, car tu seras son témoin devant tous les hommes pour leur annoncer tout ce que tu as vu et entendu. » Actes 22.14-15

Un témoin devant tous les hommes. L’apôtre des païens. Quelqu’un qui fera en sorte que Christ soit la lumière des nations. Où aller, après la Galatie et Antioche de Pisidie ? Manifestement, c’est la grande province romaine d’Asie, en orange sur la carte, qui l’attire. Avec sa capitale, Ephèse, une ville immense, cosmopolite, riche, cultivée. Un théâtre de 25.000 places. Une route à quatre voies entre le centre-ville et le port. 300.000 habitants. Annoncer l’Evangile à Ephèse, c’est le faire connaître dans toute la région. Paul se met en route… cap à l’ouest !

Mais, on ne sait pas pourquoi, le Saint-Esprit l’empêche d’aller plus loin. A la frontière de l’Asie il tourne vers le nord, vers la Phrygie. Le texte dit ceci :

Ils traversèrent la Galatie phrygienne parce que le Saint-Esprit les avait empêchés d'annoncer la Parole dans la province d'Asie. Actes 16.6

Comment les a-t-il empêchés d’aller en cette province d’Asie ? Empêcher, c’est un mot fort. Je pense que c’était plus qu’une sorte d’inquiétude intérieure ou une crainte qui a fait faire demi-tour à Paul et à Silas. C’était probablement encore plus fort qu’une parole qui aurait été prononcée dans la dernière Eglise avant la frontière – au chapitre 21 on voit bien que Paul n’était pas facilement influencé par ce genre de chose. Je pense que ce que Luc veut dire ici, c’est que Dieu est le maître des événements et qu’il a mis sur leur route quelque chose d’absolument incontournable, quelque chose qui empêchait même des citoyens romains de passer.

Le plan B, alors. Aller avec Silas et Timothée vers la Bithynie, sur les rives de la Mer Noire, où il y avait de nombreux colons grecs et des communautés juives. Paul aurait fait comme à son habitude, il aurait annoncé l’Evangile aux Juifs, puis aux païens. Paul et ses compagnons traversent donc une région où il n’y avait apparemment aucune raison de traîner, la Phrygie, et ils arrivent près du but. Mais re-belote :

Parvenus près de la Mysie, ils se proposaient d'aller en Bithynie ; mais, là encore, l'Esprit de Jésus s'opposa à leur projet. Actes 16.7

C’est donc dans la plus grande perplexité qu’ils traversent une autre région, la Mysie, dont on ne nous dit rien non plus, et qu’ils arrivent à Troas, sur la mer Egée. Cela en fait, des kilomètres à pied. Qui sait, peut-être que cela pose des problèmes financiers aussi. « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » Paul l’avait dit au moment de sa conversion, quand il a vu le Christ ressuscité. Il le redit maintenant. Il ne comprend pas. Tout allait si bien tant qu’il était à Antioche de Syrie, puis en Cilicie, puis en Galatie et en Pisidie. Mais maintenant, plus rien ne va. « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? »

Nous serions tentés de dire que Paul n’était plus dans la volonté de Dieu. Qu’il s’était trompé. Instinctivement nous pensons que quand on marche avec Dieu tout va bien, tout est clair, tout réussit. Mais ce n’est pas vrai.

Le livre de l’Ecclésiaste a des paroles de sagesse pour nous ici, des paroles que Paul connaissait :

Eccl 11,1   Lance ton pain sur les eaux car, avec le temps, tu le retrouveras.

Eccl 11,2   Partage ton bien avec sept autres ou même avec huit, car tu ne sais pas quel malheur peut arriver sur la terre.

Eccl 11,3   Quand les nuages sont pleins, il pleut à verse sur la terre. L'arbre reste à l'endroit où il est tombé, que ce soit vers le sud ou vers le nord.

Eccl 11,4   Celui qui guette sans cesse le vent n'ensemencera jamais et celui qui observe toujours les nuages ne moissonnera pas.

Eccl 11,5   Tu ignores quel est le chemin du vent, et tu ne sais pas comment se forment les os de l'embryon dans le sein de sa mère ; de même, tu ne connais pas l’œuvre du Dieu qui fait toutes choses.

Eccl 11,6   Dès le matin, répands ta semence et, jusqu'au soir, n'accorde pas de repos à ta main, car tu ne sais pas ce qui va réussir, si une chose ou une autre, ou bien les deux, seront un succès.

« Tu ne sais pas. » Il y a beaucoup d’incertitudes dans la vie. Cela fait partie de la condition humaine. Cela fait partie de la vie avec Dieu. Cela fait partie de la vie d’un apôtre. Il faut donc agir, généreusement, sans se laisser paralyser par la crainte de ce qui pourrait se passer. Paul l’avait fait, en allant vers l’Asie, puis vers la Bithynie. Il a bien fait. Mais Dieu lui avait fait comprendre que ce n’était pas ça. C’est quoi, alors ?

C’est l’Europe. Ou plus précisément la Macédoine, au nord de la Grèce.

Act 16,9   Là, Paul eut une vision au cours de la nuit : un Macédonien se tenait devant lui et le suppliait : -Viens en Macédoine et secours-nous !

Act 16,10  A la suite de cette vision de Paul, nous avons aussitôt cherché à nous rendre en Macédoine, car nous avions la certitude que Dieu lui-même nous appelait à y prêcher la Bonne Nouvelle.

Act 16,11  Nous nous sommes embarqués à Troas et nous avons mis directement le cap sur l'île de Samothrace. Le lendemain, nous avons atteint Néapolis.

Act 16,12   De là, nous sommes allés jusqu'à la colonie romaine de Philippes, ville du premier district de Macédoine. Nous avons passé plusieurs jours dans cette ville.

Plusieurs jours qui ont vu de nombreuses conversions et le commencement de l’Eglise de Philippes, que nous connaissons aujourd’hui grâce à l’épître qui porte son nom.

Une vision dans la nuit. Le déclic. Le mot d’en haut qui tout d’un coup donne du sens à ces semaines si frustrantes.

Qui a eu la vision ? Paul. Qui a pris la décision de passer en Macédoine ? Le verset 10 parle de « nous. » Le docteur Luc a donc rejoint l’équipe que Paul formait avec Silas et Timothée. Paul raconte sa vision à ses trois équipiers qui, eux, sont convaincus. Plus exactement, selon la traduction Segond, ils ont conclu que Dieu les appelait en Macédoine. Ils ont réfléchi à tout ce qui s’était passé, ils ont écouté Paul, et ils en ont tiré les conclusions. Paul n’a pas exercé de dictature sur son équipe : ils ont décidé ensemble, la réflexion a joué aussi bien que la vision de Paul. Et une fois la décision prise, ils ont cherché un bateau, ils sont partis. L’aventure recommence. L’Evangile sera annoncé en Europe.

Il est temps maintenant d’en tirer des leçons pour nous. Comment connaître la volonté de Dieu ? Il y a un fondement, toujours : la Parole de Dieu. Mais après ?

Premier point : il y a un projet qui est déjà en route : annoncer Christ à toutes les nations. Après, que ce soit à Ephèse ou en Bithynie ou en Europe, c’est moins important. Dieu guidera. Mais le grand projet est en route.

Dans ta vie, un grand projet se construit. Dieu veut que tu ressembles à Jésus-Christ ; que tu le serves dans l’Eglise et dans le monde ; que l’Evangile soit connu partout. Que ce soit à Ozoir ou à Strasbourg, c’est moins important.

Dieu veut que son Eglise grandisse, en maturité et en nombre. Que nous fassions un deuxième culte, ou une deuxième Eglise, ou un plus grand bâtiment, c’est moins important. Le plus important, c’est d’être dans le grand projet de Dieu.

Deuxième point : le plan de Dieu pour nous n’est pas forcément une grande ligne droite. Il peut y avoir des impasses et des demi-tours.

Troisième point : il est plus facile de se laisser guider quand on est déjà en route que quand on est assis dans son fauteuil. Un vélo, une voiture, il faut que ça roule pour changer de direction. Si vous n’avez pas la direction assistée et que vous essayez de tourner le volant quand votre voiture est à l’arrêt, c’est dur. Si vous cherchez la volonté de Dieu et que vous ne faites rien entre-temps pour le servir, ça va être dur. Il faut oser, risquer, mettre la main à la pâte, et alors Dieu vous aidera à voir plus clair.

Quatrième point : Dieu peut nous guider à travers des circonstances incontournables.

Cinquième point : Dieu peut nous guider et nous utiliser alors même que nous avons connu des échecs, comme le conflit entre Paul et Barnabas. Ils ont continué, ils ont été bénis… et ils ont trouvé la guérison en cours de route.

Sixième point : Dieu peut nous réserver des surprises. Les apôtres ont été surpris par les empêchements qu’ils ont rencontrés. Ils y ont vu l’action de l’Esprit de Christ. Paul a été surpris par la vision du Macédonien : mais la surprise était de courte durée. Après la révélation inattendue, la cohérence du plan de Dieu était évidente pour toute l’équipe.

Septième point : Dieu parle de différentes manières. Le plus important de tout, c’était du lui obéir.

Conclusion

Si nous sommes en marche, Dieu nous guidera. Amen.

 


Connaître la volonté de Dieu (3) : les 7 points à retenir

Actes 15. 36-16.12

  1. Un grand projet est déjà en route
  1. Le plan de Dieu n’est pas forcément une grande ligne droite
  1. Il est plus facile de se laisser guider en cours de route
  1. Dieu peut nous guider à travers des circonstances
  1. Dieu peut nous utiliser malgré nos échecs
  1. Dieu peut nous réserver des surprises
  1. Dieu parle de différentes manières :

le plus important, c’est de lui obéir