26 août 2007

Elvis, Jésus et nous

Prédicateur:

Introduction

Le 16 août était le 30e anniversaire du décès d’Elvis Presley. La BBC y a consacré une émission spéciale, qui portait avant tout sur ses jeunes années. C’était fascinant. Au cours de l’émission, ses amis et différents professionnels de la musique ont raconté des anecdotes et donné leur appréciation. J’ai été particulièrement frappé par ce qu’a dit le chanteur Little Richard. Elvis got what he wanted ; he lost what he had. Il a eu ce qu’il voulait ; il a perdu ce qu’il avait. Qu’est qu’il voulait ? Le succès, l’argent, les filles, la grande vie. Son impresario a vu son talent et l’a propulsé vers la gloire. Mais il a perdu ce qu’il avait : sa fraîcheur, son âme d’artiste, l’héritage chrétien des Eglises noires et blanches du Sud des Etats-Unis. Il est devenu un produit commercial. Il a eu ce qu’il voulait ; il a perdu ce qu’il avait.

Jésus a dit : Que sert-il à un homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme ? Pour ce qui est de l’âme d’Elvis Presley devant Dieu, je n’ai pas d’opinion. Mais pour ce qui est de son âme de musicien, il semble qu’il l’ait effectivement perdue.

Que voulons-nous, vraiment, au fond de nous-mêmes ?

Jésus a posé la question à un aveugle, Bartimée : Que veux-tu que je fasse pour toi ? Et Bartimée a répondu : Maître, fais que je puisse voir.

Dieu a posé la même question à Salomon, au début de son règne. Et Salomon, au lieu de demander la richesse ou la victoire sur ses ennemis, a demandé la sagesse pour gouverner son peuple.

Que voulons-nous vraiment, au fond de nous-mêmes ?

Un enfant ? Un mari ? Une femme ? Un bon travail ? Une guérison ? Une carte de séjour ? La conversion d’un proche ? Une maison ? Jouer de la batterie comme Manu ? Jouer de la guitare comme Philippe ? C’est légitime, tout cela, très légitime.

Ou peut-être voudrions-nous effacer le passé : faire un autre mariage, oblitérer une trahison, revenir sur un avortement, annuler une dette, faire carrière dans une autre branche, faire revivre un parent mort, changer de mémoire. C’est compréhensible. Mais nous savons que là c’est impossible.

Que voulons-nous vraiment, au fond de nous-mêmes ?

Un verset des Psaumes dit : Fais de l’Eternel tes délices et il te donnera ce que ton cœur désire. Ce qui pose la question de fond : Que désire réellement notre cœur ?

Nous avons probablement tous quelque chose en commun avec Elvis Presley : nous ne visons pas assez haut. Pour le meilleur ou pour le pire nous pourrions obtenir ce que nous désirons. Et nous serions à côté de la plaque.

Chercher d’abord le royaume de Dieu

Jésus a dit : Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice et le reste vous sera donnée par-dessus. Le reste, c’est à dire les nécessités de la vie. Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice. C’est cette ambition-là qui va donner sens à tout le reste, qui va nous permettre de ne pas perdre tout le reste.

Dans les mots de Jésus je vois trois aspects, trois ambitions en une seule.

Son règne en nous

Je pense au règne de Dieu en nous, à la manifestation de sa justice en nous. Je pense à la sainteté. Soyez saints, dit Dieu, car je suis saint. Si nous sommes chrétiens, les choses injustes, impures, impies devraient nous être insupportables. Nous devrions leur déclarer la guerre. Pas chez les autres, mais chez nous. Toutes les formes de mensonge et de manipulation et d’exagération et d’hypocrisie. Tout manque d’amour, tout manque de respect, tout manque de disponibilité pour les autres. Toutes les formes de superstition et de magie. Toutes nos incohérences par rapport à Dieu, sa parole, son peuple. Nos négligences, nos retards, nos désobéissances devraient nous affliger et nous pousser au changement.

Non pas pour ramener le compteur à zéro, mais pour le pousser très fort du côté positif : du côté de l’amour, de la vérité, de la foi, du service. Il y a des passages dans la Bible qui sont utiles pour pointer nos insuffisances : la loi, les prophètes, les épîtres, les contre-exemples des rois… Mais il y en a d’autres qui sont très utiles pour nous tirer en avant. Les hommes de foi de l’Ancien Testament. Les visions de la gloire à venir. Et surtout, surtout, l’exemple du Seigneur Jésus. L’image visible du Dieu invisible. L’amour devenu tangible. La sainteté devenue attrayante. La fidélité sans faille.

Chercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice. Devenir les imitateurs de Jésus-Christ. Que son règne vienne en nous !

Son règne dans notre monde

Mais il y a un autre aspect que nous négligeons souvent. C’est notre engagement dans le monde, ce qui nous pousse à chercher le royaume et la justice de Dieu sur la terre, autour de nous, dans nos familles et dans la société. Il serait naïf d’imaginer que nous allons transformer la terre en paradis. Une théocratie, ce n’est pas réellement le règne de Dieu, c’est le règne autrefois des pasteurs de Genève, des prêtres de l’Inquisition, des mollahs de Téhéran. Nulle part la Bible ne nous encourage à penser que nous ou l’Eglise nous allons instaurer la perfection de Dieu dans le temps présent, avant le retour de Christ.

Mais la Bible nous encourage à agir dans le temps présent pour limiter les dégâts. Pour chercher le bien de la cité des hommes. Pour défendre les pauvres et les opprimés. Pour faire reculer l’injustice.

Par notre exemple. Par des propositions et des contre-propositions. Par la prière. Par des actions concrètes.

Le monde est dur. Nos capacités sont limitées. Mais Jésus dit que nous sommes la lumière du monde et le sel de la terre. Chercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice, c’est donner à nos enfants de l’amour, un foyer stable et paisible, valoriser leurs dons, qu’ils soient manuels ou intellectuels. C’est leur donner un exemple d’intégrité. C’est partager avec eux notre passion pour Dieu. C’est s’adapter à leurs capacités d’enfant, sans les écraser. C’est les préparer à une vie d’adulte.

Chercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice, c’est choisir un travail qui apporte quelque chose à la société : vendre des jupes ou des voitures plutôt que des cigarettes et des Tac-au-tac ; créer en tant qu’artistes pour construire plutôt que pour provoquer et détruire ; servir plutôt que d’exploiter.

Le monde professionnel est dur. Les rouages de la société sont complexes. Nos capacités sont limitées. Mais elles ne sont pas nulles. Par l’exemple, par des propositions et des contre-propositions, par la prière, par des actions concrètes nous pouvons être le sel de la terre.

Etre délégué syndical ou candidat aux élections, militer pour le commerce équitable ou contre le réchauffement climatique, faire des pétitions contre la torture, prier pour la chute de certains régimes tyranniques, c’est aussi cela, chercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice. C’est la vie personnelle ; c’est la vie en société.

Certains chrétiens viennent prier Dieu le dimanche et font comme si le reste du temps était à eux. Le dimanche, c’est 14% seulement de la vie chrétienne. Le culte, c’est 1,3% de la vie active. Quand est-ce que nous allons chercher le règne et la justice de Dieu, si ce n’est pas dans la vie de tous les jours ?

Mais ce n’est pas tout. Il y a une troisième dimension encore.

Son règne et l’évangélisation du monde

En attendant le retour de Jésus-Christ, les chrétiens ont dans le monde une mission que nul autre ne peut remplir : annoncer la bonne nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre. A partir du moment où nous avons découvert que Jésus-Christ est venu, qu’il a donné sa vie pour nos péchés et qu’il est ressuscité nous avons une formidable mission. Nous devons dire ce que nous savons.

Le dire à des gens réceptifs et à des gens fermés. Le dire dans toutes les langues. Le dire par nos mots et par nos actes. Le dire en faisant tous nos efforts pour être compris.

C’est vrai, il y a des chrétiens plus doués que d’autres dans ce domaine. C’est vrai, il y a diversité de dons. Dans une équipe de foot, il n’y a pas seulement des attaquants. Il y a onze joueurs sur le terrain. Il y a des remplaçants, des préparateurs physiques, des stratèges, des gens qui organisent les voyages, des médecins, des agents de sécurité… Il y a des milliers de gens dans le stade et dans les bars qui poussent leur équipe en avant. Ils sont tous impliqués dans la mission de l’équipe. Si Sylvain Wiltord permet à Rennes de gagner un match, aucun Breton ne dira : Wiltord a gagné. 200.000 Rennais diront : On a gagné. Ils le chanteront.

Dans l’Eglise, nous sommes tous impliqués dans la mission que Jésus nous a confiée : faire de toutes les nations des disciples. S’il y a de nouveaux disciples, il y aura de nouvelles Eglises. On aura besoin de nouveaux responsables, de nouveaux locaux, de nouveaux groupes de maison, de nouveaux lieux de formation. Il y aura de nouveaux défis, de nouvelles souffrances aussi.

Jésus a dit : Je bâtirai mon Eglise. Comment ne pas faire le lien avec : Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice. Le royaume de Dieu s’installe dans le cœur des gens quand ils se convertissent à Christ. Le royaume de Dieu est comme un peu de levain qui fait lever toute la pâte. Il est invisible à l’œil nu, il pénètre partout, il change les choses partout. Il est comme une petite graine qui devient une grosse plante. Il faut qu’il s’étende. Il faut qu’il se développe. Et tous les chrétiens sont impliqués dans cette mission.

Comment ? Je pourrais dire que c’est par nos paroles et par nos actes. Par nos dons et nos prières et notre service dans l’Eglise. Par les encouragements que nous donnons à nos enfants et à nos amis pour qu’ils entrent dans le ministère de l’Evangile. Cela, ça fait partie du comment, et j’y crois. Mais avant, il y a autre chose. Avant, il a la passion.

Conclusion : la passion et l’ambition

Tous les chrétiens dignes de ce nom sont en train de chercher d’abord le règne et la justice de Dieu. Sur le plan de la sainteté. Sur le plan de la vie en société. Sur le plan de l’évangélisation. C’est leur vision, leur passion, leur ambition. Le disciple se passionne pour le projet de son Maître.

Qu’est-ce que nous voulons dans la vie ? Ce matin je ne veux entendre qu’une seule réponse. Nous voulons le règne et la justice de Dieu. Et le reste viendra, à sa juste place et en son temps. Nous voulons faire notre part dans nos familles et dans notre travail. Nous voulons voir des vies transformées par l’annonce de l’Evangile. Nous voulons voir Jésus élevé. C’est le but fondamental de notre semaine de prière.

Elvis Presley a eu ce qu’il voulait. Il a perdu ce qu’il avait. Certains d’entre nous savons malheureusement que nous sommes en train de vivre la même chose. C’est le moment de se ressaisir, de changer de cap, de changer d’ambition. Jésus nous attend.

Prions.