Chercher la volonté de Dieu (1)
1 juillet 2007

Chercher la volonté de Dieu (1)

Prédicateur:
Passage: Actes 13:1-3

Introduction

Et si on pouvait prédire l’avenir ? De tout temps les hommes ont voulu le faire. L’avenir est angoissant. Les choix sont parfois difficiles. Si on pouvait avoir au moins quelques indications, on pourrait maîtriser la peur et se préparer au mieux. A la veille d’une bataille, le roi Saül veut connaître l’avenir : il va interroger les esprits. A la croisée des chemins Nabuchodonosor tire au sort avec des flèches, consulte ses idoles, examine le foie des animaux pour savoir par où il doit lancer son attaque1.

Les Israélites avaient la possibilité de connaître la volonté de Dieu en consultant le grand-prêtre ou un prophète. Mais la plupart du temps, la Bible condamne la recherche de l’avenir comme une forme d’idolâtrie. En voici un exemple :

Dt 18,10 Qu'on ne trouve chez vous personne qui immole son fils ou sa fille par le feu, personne qui pratique la divination, qui recherche les présages, consulte les augures ou s'adonne à la magie,

Dt 18,11 personne qui jette des sorts, consulte les spirites et les devins ou interroge les morts.

Dt 18,12 Car le Seigneur a en abomination ceux qui se livrent à de telles pratiques, et c'est parce que les peuples qui habitent le pays où vous allez entrer s'y adonnent que l'Eternel votre Dieu va les déposséder en votre faveur.

Les choses cachées appartiennent à Dieu – l’avenir appartient donc à Dieu – les choses révélées appartiennent à nous et à nos enfants2. La Bible nous suffit.

Et pourtant, dans bien des situations de la vie courante, la Bible ne nous suffit pas. Elle ne me dit pas quelles études je dois faire. Elle ne dit pas à l’Eglise d’Ozoir comment elle doit faire pour avancer, pour grandir. Comment discerner la volonté de Dieu ? Pour les grands choix moraux, c’est clair. Mais pour des orientations pratiques, ce n’est pas clair du tout.

Aujourd’hui et dans les deux dimanches qui suivent j’aimerais regarder trois cas dans le livre des Actes des Apôtres, trois exemples qui nous montrent des gens qui cherchent à connaître la volonté de Dieu et qui ont parfois du mal à voir clair.

Mon premier cas est celui de l’église d’Antioche en Actes 13, les versets 1 à 3.

Lecture

Act 13,1 Il y avait alors, dans l'Eglise d'Antioche, des prophètes et des enseignants : Barnabas, Siméon surnommé le Noir, Lucius, originaire de Cyrène, Manaën, qui avait été élevé avec Hérode le gouverneur, et Saul.

Act 13,2 Un jour qu'ils adoraient ensemble le Seigneur et qu'ils jeûnaient, le Saint-Esprit leur dit : -Mettez à part pour moi Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés.

Act 13,3 Alors, après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent partir.

Nous savons le résultat de cette décision, de cet envoi : l’Evangile est annoncé dans tout l’Est de la Méditerranée, de nombreuses personnes se convertissent, des Eglises naissent, l’Evangile atteint l’Europe. Mais comment est-ce que la décision a été prise ?

C’est simple : le Saint-Esprit leur a dit. Mais comment ? Personne ne sait. Peut-être que quelqu’un dans l’Eglise a dit quelque chose qui a été reçu comme une prophétie, comme avec Agabus en Actes 11. Peut-être qu’il y a eu un long débat comme en Actes 15, avec un président de séance qui termine en disant : Car il nous a semblé bon, au Saint-Esprit et à nous-mêmes3 Peut-être qu’il a eu un processus de prière et de mûrissement avant ; peut-être pas. L’auteur ne s’intéresse pas beaucoup à la forme que prend l’inspiration de l’Esprit ; il s’intéresse au résultat.

La prière et le jeûne

Le moment décisif arrive alors que l’Eglise adore Dieu et jeûne. C’est donc lors d’un culte ou une réunion de prière. Mais pas n’importe quel culte, pas n’importe quelle réunion de prière. Les chrétiens ont sauté au moins un repas pour prier.

Quand je vois le jeûne dans la Bible, je le vois généralement associé à une tristesse, une repentance, un accablement spirituel. C’est très souvent un geste d’humiliation. Les disciples de Jésus ne jeûnaient pas, et on leur en a fait le reproche. Ils n’avaient aucune raison d’être tristes ou de s’humilier alors qu’ils étaient avec Jésus en personne.

Je n’ai pas l’impression ici en Actes 13 que nous avons affaire à une sorte de repentance collective. Je ne détecte pas de note d’humiliation. Mais nous pouvons dire que par cette abstinence volontaire l’Eglise exprimait de façon très forte sa dépendance de Dieu. Elle disait : chercher la présence de Dieu, c’est plus important que de manger. Quand on impose les mains, quand on fait une onction d’huile, on associe le corps à la prière. De même quand on jeûne. Certaines personnes ont beaucoup de mal à jeûner, ils ont la tête qui tourne, ils ne peuvent pas se concentrer, ils ont du mal à prier. D’autres peuvent sauter un repas sans problème, il y en a qui font ça tous les jours au travail. Dans l’Eglise, le geste est volontaire. Il ne fait pas de vous un meilleur chrétien. Mais il peut exprimer, comme ici, une démarche de prière plus solennelle que d’habitude.

L’Eglise d’Antioche était engagée dans une démarche de prière plus solennelle que d’habitude. Cela va être notre cas début septembre.

L’appel de l’Esprit est cohérent avec ce que Dieu a déjà fait

Dans ce qui se passe à Antioche, on peut remarquer autre chose. C’est que l’appel de l’Esprit ne vient pas comme un cheveu sur la soupe. Il est cohérent avec ce que Dieu est déjà en train de faire. Le premier verset du chapitre 13 est important ici. Saul et Barnabas font déjà partie des responsables de l’Eglise et ils exercent déjà un ministère de prophète ou d’enseignant. L’Eglise a donc pu les envoyer en mission sachant qu’ils avaient les aptitudes, la maturité et le caractère nécessaires pour mener à bien leur mission. Le Saint-Esprit ne demande pas à l’Eglise de faire quelque chose d’incohérent.

Dans le cas de Saul, qui portera plus tard le nom de Paul, l’appel missionnaire est déjà ancien. Il l’a entendu lors de sa conversion sur le chemin de Damas. Il a témoigné en Arabie, en Syrie et en Cilicie pendant au moins dix ans. Il avait grandi à Tarse, il avait une double culture juive et grecque. Il a reçu la meilleure formation biblique possible, aux pieds de l’un des plus grands rabbins de l’époque. Il a longuement étudié la Bible pour lui-même. Il l’a enseignée. Il sait que Dieu l’envoie vers les païens. Ni lui ni l’Eglise ne peuvent être très surpris de l’appel de l’Esprit ici.

Dans le cas de Barnabas, c’est pareil. Originaire de Chypre, il avait la double culture juive et grecque. Il était Lévite, ce qui impliquait une formation biblique et spirituelle. Il a contribué financièrement à la marche de la première Eglise de Jérusalem. Il a suivi de près les premières conversions à Antioche et a encadré la jeune Eglise. Il y a fait venir Saul pour enseigner. Il avait manifestement un cœur pour les gens et une ouverture à l’action de Dieu parmi les païens. Il allait être d’autant plus à l’aise dans sa nouvelle mission que la première étape se passait chez lui, à Chypre. Là encore, en choisissant Barnabas, le Saint-Esprit fait preuve de cohérence. L’Eglise pouvait accompagner ce choix en toute confiance.

La forme du mot d’ordre de l’Esprit est significative. Mettez à part pour moi Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés. Quelque chose est en route. Barnabas et Saul ont déjà été appelés. L’Eglise va simplement reconnaître que c’est maintenant le moment d’agir.

Si dans l’année qui vient Dieu nous donne de nouveaux anciens ou de nouveaux diacres, nous pouvons nous attendre à quelque chose de semblable. Nous désignerons des gens qui ont les aptitudes pour. Des gens qui ont fait leurs preuves, ou qui ont commencé à faire leurs preuves. Des gens dont la vie nous inspire confiance. Des gens que le Saint-Esprit aura envie d’employer davantage. Nous reconnaîtrons ce que Dieu est déjà en train de faire.

Dans la recherche de la volonté de Dieu à Antioche, je remarque donc deux choses. L’importance de la prière. Et la cohérence par rapport à ce que Dieu est en train de faire dans la vie des gens.

La cohérence avec les Ecritures

J’ajoute un troisième élément, indispensable. C’est que ce qui se passe là est cohérent avec le plan de Dieu révélé dans la Bible et dans les commandements de Jésus. Le contraire serait étonnant, comme si le Saint-Esprit pouvait se contredire. Mais l’ignorance ou l’immaturité ou la mauvaise foi font parfois que l’on mette sur le dos du Saint-Esprit des actions qui sont contraires à la Parole de Dieu ou au plan de Dieu. Vous êtes plusieurs à me raconter des aberrations que vous avez vues à différents endroits.

Ce qui se passe ici est conforme à ce que Dieu a annoncé dans l’Ancien Testament. Abraham devait être en bénédiction pour toutes les nations. Le Serviteur du Seigneur, le Messie, devait être une lumière pour les nations. Les Psaumes annoncent la grandeur de Dieu aux nations.

C’est conforme aussi aux derniers commandements de Jésus. Allez faites de toutes les nations des disciples. Vous serez mes témoins à Jérusalem… et jusqu’aux extrémités de la terre.

Et pourtant, malgré tant de passages clairs et malgré toute l’autorité de Jésus, l’apôtre Pierre a du mal à admettre qu’il pouvait, qu’il devait aller chez Corneille, ce païen, pour lui annoncer l’Evangile. Au chapitre 10 des Actes Pierre avait besoin d’une vision céleste pour qu’il se décide. Oui, annoncer l’Evangile à ceux qui sont près et à ceux qui sont loin, c’est vraiment ce que Dieu veut. La Bible le dit. Même si nos mentalités ont du mal à s’y adapter.

Partez, Barnabas et Saul. Dieu le veut.

Un jour, l’Eglise d’Ozoir à dit à Chris et Geneviève Short, à Claude et Katia Billard, à la famille Laveille et à une quinzaine d’autres personnes : partez. C’était l’origine de l’Eglise de Pontault. Et comme Antioche a prié pour leurs missionnaires, sans doute avec une certaine émotion, de la même manière Ozoir a prié pour les pionniers de Pontault. Jésus a dit : Je bâtirai mon Eglise. Quand on se met dans cet axe-là, on est dans le droit fil du plan de Dieu. Il devient plus facile alors d’écouter ce que l’Esprit dit aux Eglises.

Conclusion

Pour surmonter la peur que nous éprouvons à l’égard de l’avenir, nous pourrions être tentés de recourir à des méthodes plus ou moins magiques. Ce n’est pas ainsi que procède le chrétien. Il a confiance en Dieu, il accepte la part d’incertitude qui est attaché à la condition humaine. Quand il se laisse guider par l’Esprit, il verra une très grande cohérence entre ses convictions intimes, la Parole de Dieu, les circonstances réelles et le projet de Dieu pour l’Eglise.

Que Dieu nous aide à discerner quel est son projet pour nous, tant sur le plan individuel que dans la vie de l’Eglise !

Amen.

1 Ezé 21,26 car le roi de Babylone se tient au carrefour d'où partent les deux chemins pour interroger le sort : il tire au sort avec des flèches, il consulte les idoles domestiques, il examine le foie d'animaux.

2 Dt 29,28 -Ce qui est caché est réservé à l'Eternel notre Dieu. Par contre, nous sommes concernés pour toujours par ce qui a été révélé, par toutes les paroles de cette Loi qu'il nous faut appliquer.

3 Act 15,28