Chercher la volonté de Dieu (2)
8 juillet 2007

Chercher la volonté de Dieu (2)

Prédicateur:
Passage: Actes 15:1-35

Introduction

Il n’est pas toujours facile de discerner la volonté de Dieu. Nous n’aimons pas vivre dans l’incertitude. Nous n’aimons pas prendre des décisions difficiles. Mais nous avons envie de plaire à Dieu, de faire en sorte que sa volonté soit faite sur terre et dans nos vies comme au ciel. Comment faire ?

La semaine dernière nous avons examiné un passage du livre des Actes des Apôtres où l’Eglise d’Antioche se laisse guider par l’Esprit pour envoyer Barnabas et Saul en mission. Nous avons dit que l’inspiration de l’Esprit était en cohérence avec ce que Dieu était déjà en train de faire dans la vie des gens et en cohérence avec la Bible.

Ce matin, j’aimerais attirer votre attention sur un autre cas. Un problème surgit à Antioche et dans bien d’autres Eglises. Il y a une grande réunion à Jérusalem pour essayer de le résoudre. Et à la fin, il y a une direction claire qui est donnée par l’Esprit.

Je vais vous lire le récit, en vous demandant d’être attentifs aux enjeux, au rôle joué par différents personnages et à la façon dont l’Esprit a conduit les choses. Cela commence à Antioche.

Lecture : Actes 15.1-31.

Quel est le problème ?

Quel est le problème ? Le verset 1 le dit. L’Eglise d’Antioche est en proie à une grave division. Non seulement l’Eglise d’Antioche, mais les Eglises de la Galatie aussi. Le conflit porte sur la place de la loi de Moïse dans la vie chrétienne. En un mot, Paul et Barnabas avaient enseigné que Juifs et non-Juifs étaient sauvés et intégrés dans l’Eglise par leur foi en Christ. D’autres sont venus pour dire que c’était faux, que tout le monde devait respecter en plus la loi de Moïse : la circoncision pour les hommes, les règles alimentaires pour tous, la séparation d’avec les païens aussi.

Il y a donc une querelle doctrinale, une querelle théologique. Non pas sur le sexe des anges, mais sur la façon de plaire à Dieu, le moyen d’être sauvé, et la façon de vivre en Eglise. Tous unis quelles que soient l’origine et les traditions de chacun ? Ou tous unis à condition de devenir Juifs ? Un salut difficile à atteindre et physiquement très pénible pour les hommes ? Un style de vie qui vous coupe du reste du monde ? Ou un salut ouvert à tous et qui permette un large contact avec le monde ?

Dans l’Eglise d’Antioche et en Galatie, c’est la division. Et l’élan missionnaire d’Actes 13 est mis en cause : les païens vont devoir franchir des obstacles énormes pour accepter Jésus comme leur sauveur.

Nous vivons une époque où tout est permis, tout est toléré. Surtout en matière de religion. La division, c’est le scandale suprême. Mais apparemment il y a pire que la division : l’annonce d’un faux Evangile.

L’Eglise d’Antioche est partagée. Comment discerner la volonté de Dieu dans ce cas précis ? Il n’y a pas eu de parole céleste pour les aider à trancher la question. Que faire ?

Ils savent que le problème déborde très largement leur seule Eglise d’Antioche. Ils décident donc que le problème doit être traité en concertation avec les apôtres et avec l’Eglise de Jérusalem. Ils organisent une assemblée générale.

Les étapes de la discussion

Dans les versets 4 et 5 nous avons une première étape dans la discussion. Paul et Barnabas et les autres délégués d’Antioche sont accueillis par l’Eglise de Jérusalem, par les apôtres et par les autres responsables. Ils racontent leurs voyages et la conversion de nombreux païens. Et d’autres interviennent pour soutenir le point de vue traditionnel comme quoi les païens doivent devenir juifs. Je suppose qu’ils ont amené, entre autres, des arguments et des citations bibliques. Cette première discussion n’aboutit pas.

Il y a donc une deuxième réunion, en plus petit groupe, avec seulement les apôtres et les responsables de l’Eglise. Je dis en plus petit groupe, mais si vous comptez déjà 12 apôtres, plus ceux d’Antioche, plus les autres responsables de Jérusalem, il devait y avoir vingt ou trente personnes. Et de nouveau les avis sont très partagés. Le verset 7 parle d’une longue discussion.

Ce qui veut dire qu’ici non plus il n’y a pas eu de voix céleste pour les diriger. Et il n’y a pas eu non plus de voix humaine faisant autorité. Il y a eu une longue discussion.

Finalement, lors de cette deuxième réunion, il y a deux interventions déterminantes et une conclusion. Pierre se lève pour raconter sa propre évolution spirituelle et la conversion de Corneille, un Romain. Puis Paul et Barnabas interviennent pour raconter leur ministère parmi les païens. Puis Jacques le frère du Seigneur fait une proposition de synthèse qui rappelle ce que Dieu a fait et qui cite un texte biblique très clair. Il propose une démarche qui sauvegardera la saine doctrine et l’unité de l’Eglise : les païens doivent faire attention de ne pas choquer leurs frères d’origine juive ; mais on ne leur imposera pas une loi qui n’a pas été faite pour eux. La décision des apôtres et des responsables de Jérusalem est, selon le verset 25, unanime.

Est-ce alors la fin ? Non, il y a une troisième réunion. Au verset 22, nous lisons qu’une décision est prise avec toute l’Eglise. Il semblerait que la conclusion des apôtres et des responsables est soumise ou en tout cas communiquée à l’ensemble de l’Eglise, qui approuve et qui s’associe à la démarche. Sans doute que dans l’Eglise il restait quelques mécontents. Mais la lettre des apôtres peut dire ceci, au verset 28 : Il nous a semblé bon, au Saint-Esprit et à nous, de ne pas vous imposer d’autres obligations que celles qui sont strictement nécessaires… Et ce qui était nécessaire, ce n’était pas les grandes obligations rituelles de la loi de Moïse, comme la circoncision et le sabbat, mais une éthique sexuelle chrétienne et le respect des sensibilités juives au sujet de la nourriture pour favoriser la communion et les repas fraternels.

L’unité des chrétiens est sauve. La mission parmi les païens aussi. Le Saint-Esprit a veillé sur l’Eglise.

Les leçons à tirer de ce récit

Quelles sont les leçons que nous pouvons tirer de ce récit ? Nous pourrions dire, comme la semaine dernière, que le Saint-Esprit a conduit les choses en conformité avec ce qui a déjà été son action jusque là, et en conformité avec les Ecritures. Mais il y a d’autres éléments encore.

Par exemple, on peut noter que le processus est assez laborieux. Il a pris du temps. Barnabas et Paul ont fait un long voyage. Il y a eu à Jérusalem trois réunions et de longues discussions. On serait tenté de croire qu’avec Dieu les choses sont toujours simples. Eh bien, non. Pas toujours. La foi, ce n’est pas de prendre des raccourcis. C’est parfois d’attendre, de réfléchir, de se donner de la peine. Dans les décisions que nous devons prendre en Eglise, nous sommes prêts à prendre le temps qu’il faut.

On peut aussi noter combien l’unité de l’Eglise était importante tout au long du processus. C’est pour la préserver que Barnabas et Paul se sont bagarrés avec les traditionalistes à Antioche et qu’ils sont montés à Jérusalem. C’est probablement dans un souci d’unité que les discussions ont été si longues. Il ne s’agissait pas d’imposer une décision par la voie hiérarchique. Ni de l’imposer par la majorité simple, 50% plus une voix. Il s’agissait d’emporter dans la même décision, dans le même élan, dans la même perspective d’avenir le plus de chrétiens possible. Il fallait un très large consensus.

Ce qui implique que certains ont dû écouter les différents arguments pour finalement changer d’avis. Au début du processus, il n’y avait pas d’unanimité parmi les responsables ; à la fin, ils l’ont obtenue. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, dit le proverbe. Heureusement qu’il n’y avait pas trop d’imbéciles dans l’Eglise de Jérusalem, mais des gens capables de réfléchir et d’évoluer. Des gens capables de s’écouter les uns les autres, d’écouter l’Esprit.

Quand nous pensons à l’avenir de notre Eglise, nous pouvons partir avec toutes sortes d’idées différentes. Mais notre désir, c’est que dans la prière et la discussion et avec le temps de la réflexion nous arrivions à un très large consensus. C’est le but de la semaine de prière début septembre.

La résolution de cette crise, nouveau tremplin pour la croissance

Voilà donc la crise résolue. Il a fallu du temps, il a fallu des discussions, il a fallu que le Saint-Esprit conduise les chrétiens de ce temps-là à une prise de décision essentielle. C’est la fin de l’histoire ? Non. Discerner la volonté de Dieu a été un tremplin pour une nouvelle phase de croissance. Je lis :

Lecture : Actes 15.32-35

Il y a d’abord une phase de croissance spirituelle. L’Eglise d’Antioche, qui est déjà pas mal lotie en matière d’enseignants, bénéficie de deux nouveaux ministères, ceux de Silas et de Jude. Les chrétiens sont encouragés, affermis, instruits. La Parole est annoncée, sans doute de nouvelles personnes se convertissent.

Une façon de grandir, c’est d’étoffer l’équipe de responsables.

Mais ce n’est pas un but en soi. A partir du verset 36, une nouvelle étape s’enclenche. Barnabas repart pour Chypre, en amenant avec lui Jean-Marc ; Paul traverse la Syrie et la Cilicie avec un nouveau collègue, Silas. Ils rejoignent les toutes jeunes Eglises de la Galatie avant d’aller plus loin encore.

Lorsque que nous aurons discerné la volonté de Dieu pour nous dans les années qui viennent, ce ne sera pas le moment de se reposer et de ne rien faire. Que nous décidions d’agrandir les locaux, de faire deux cultes, ou de démarrer une nouvelle Eglise dans une autre commune, nous aurons du pain sur la planche. Pour transformer notre projet en réalité. Pour continuer à grandir dans la grâce et la connaissance de Jésus-Christ. Pour mobiliser d’autres collaborateurs. Pour porter l’Evangile encore plus loin.

Quand tu auras discerné la volonté de Dieu pour tes études, pour ton travail, pour ton avenir, ce ne sera pas la fin non plus. Ce sera simplement un tremplin pour grandir en Christ et pour être son témoin dans de nouvelles circonstances.

Conclusion

Quelle belle aventure que de le servir !

Amen