15 juin 2008

Baptêmes

Prédicateur:
Passage: Matthieu 3:1-15, Matthieu 28:18-20, Romains 6:3-5
Topics:

Avant les baptêmes

Qu’est-ce que le baptême ?

Avec le temps, tout s’en va. Avec le temps, tout change. Notre façon de nous habiller. Notre façon de travailler. Notre façon de construire. Avec le temps, la façon de comprendre le baptême a changé aussi. Je vous invite donc à lire avec moi un passage de l’Evangile qui nous permettra de dire ce qu’était le baptême au début. S’il y a aujourd’hui plusieurs façons de voir, c’est au baptême biblique que nous voulons revenir.

Lecture

Mt 3,1 En ce temps-là, parut Jean-Baptiste. Il se mit à prêcher dans le désert de Judée.
Mt 3,1 En ce temps-là, parut Jean-Baptiste. Il se mit à prêcher dans le désert de Judée.
Mt 3,2 Il disait : -Changez, car le règne des cieux est proche.
Mt 3,3 C'est Jean que le prophète Esaïe a annoncé lorsqu'il a dit : On entend la voix de quelqu'un qui crie dans le désert : Préparez le chemin pour le Seigneur, faites-lui des sentiers droits.
Mt 3,4 Jean portait un vêtement de poil de chameau maintenu autour de la taille par une ceinture de cuir. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Mt 3,5 On venait à lui de Jérusalem, de la Judée entière et de toutes les contrées riveraines du Jourdain.
Mt 3,6 Tous se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain, en reconnaissant ainsi leurs péchés.

Mt 3,13 C'est à cette époque que parut Jésus. Il se rendit de la Galilée au Jourdain, auprès de Jean, pour être baptisé par lui.
Mt 3,14 Mais Jean essaya de l'en dissuader. Il lui disait : -C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi, et c'est toi qui viens à moi !
Mt 3,15 Jésus lui répondit : -Accepte, pour le moment, qu'il en soit ainsi ! Car c'est de cette manière qu'il nous convient d'accomplir tout ce que Dieu demande. Là-dessus, Jean accepta de le baptiser.

On remarquera deux choses ici. D’une part, les personnes baptisées savent ce qu’ils font. Jésus se fait baptiser à l’âge de 30 ans. D’autre part, le geste implique un changement d’attitude. Jean demande à son public de changer, de changer d’attitude et de comportement. On appelle cela la repentance. Les gens reconnaissent qu’ils ne sont pas en règle avec Dieu, qu’ils ne sont pas prêts à entrer dans le royaume de Dieu qui vient. Ils demandent à Dieu de les purifier. Ils s’engagent dans une vie nouvelle. La Bible raconte le baptême de fonctionnaires véreux, de soldats, de prostituées, de gens dont la vie n’était pas très propre. Avec Jean, et par le baptême, ils s’engagent désormais à vivre pour Dieu.

Et Jésus alors ? Il n’a pas besoin de se faire baptiser. Il est plus grand que Jean-Baptiste, plus pur que Jean-Baptiste. Il va baptiser, lui, du Saint-Esprit, il va juger le monde, il est le Fils de Dieu. Comment se fait-il qu’il demande le baptême ?

Parce que pour lui aussi le baptême est un engagement. C’est là, dans les eaux tièdes et légèrement boueuses du Jourdain, que Jésus se met du côté des pécheurs, qu’il accepte d’être traité comme un pécheur, qu’il s’engage sur la voie qui le conduira à la croix.

Voici donc plusieurs éléments qui expliquent le sens de ce que nos sœurs vont faire aujourd’hui. Elles reconnaissent qu’elles ne sont pas parfaites, qu’elles sont pécheurs, qu’elles ont besoin du pardon de Dieu. Leur baptême est le symbole d’un changement. Il est le symbole d’un engagement dans le service de Dieu, engagement à la vie et à la mort. C’est un symbole seulement – ce n’est pas le baptême qui nous change. Mais c’est un symbole puissant.

J’ajouterai un autre élément qui apparaît non pas ici au début de l’Evangile de Matthieu, mais à la fin. Après trois ans de vie publique, après la croix, après la résurrection, Jésus envoie ses disciples dans le monde. Il dit :

Mt 28,18 J'ai reçu tout pouvoir dans le ciel et sur la terre :
Mt 28,19 allez donc dans le monde entier, faites des disciples parmi tous les peuples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit
Mt 28,20 et apprenez-leur à obéir à tout ce que je vous ai prescrit. Et voici : je suis moi-même avec vous chaque jour, jusqu'à la fin du monde.

Vous avez de nouveau ici l’idée d’un engagement, d’une obéissance, d’une vie de disciple. Ce qui est en plus, c’est la formule du baptême chrétien : au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. C’était présent en germe dans le message de Jean-Baptiste, mais ce n’était pas explicite. Jean demandait au peuple de se tourner vers Dieu, d’attendre le Messie, le Christ, d’attendre d’être baptisé du Saint-Esprit. Maintenant la référence au Dieu trinitaire devient explicite. Non pas comme une formule magique. Mais comme le signe de ce que le baptisé porte désormais le nom de Dieu dans tout ce qu’il est réellement. Et en particulier qu’il porte le nom de Jésus-Christ.

Pourquoi nos sœurs veulent-elles porter ce nom ? Pourquoi veulent-elles s’engager comme ses disciples ? C’est ce que nous entendrons de leur bouche dans un instant.

Après les baptêmes

A la fin de notre culte, nous allons nous saluer. Quand on tend la main à quelqu’un, on ne pense plus qu’il s’agit de dire : regardez bien, je viens en paix, je n’ai pas d’arme. Quand on trinque, plus personne n’imagine que c’est l’occasion de mettre un peu de son vin dans le verre de l’autre, pour le cas où il l’aurait empoisonné. Il en est souvent de même pour le baptême : qui pense à ce qu’il signifie réellement ?

Nous avons essayé ce matin d’expliquer le sens du geste. Nous avons parlé d’engagement et de porter le nom de Jésus-Christ. Mais j’ai volontairement laissé pour la fin un aspect très important. C’est la symbolique du baptême par immersion. Si nous sommes revenus à cette pratique des premiers siècles, c’est qu’elle véhicule un message important.

Symbole de la purification

C’est d’abord à l’image d’un bain. Il y a là un symbole de purification. L’eau nous dit que Christ nous lave, nous rend propres. Et nous disons : Jésus-Christ, sur la croix, a porté nos péchés, pour que nous en soyons purifiés. L’eau ne dit pas que le chrétien est parfait ; elle dit que le chrétien est pardonné.

Il n’est pas possible d’être en règle avec Dieu sans se reconnaître pécheur et sans faire appel à son pardon. Dire qu’on est un bon citoyen, qu’on n’a ni tué ni volé, compter sur son bon caractère, c’est dire à Dieu qu’on n’a pas besoin de lui. C’est dire : Je me débrouille. Dire toute sa vie et pendant toute l’éternité : je me débrouille, ça va être terrible. Mais c’est le choix de beaucoup de gens.

Le chrétien dit : Je n’arrive pas à me débrouiller, je fais parfois le mal que je ne veux pas faire, et parfois je fais consciemment ce que je ne devrais pas faire. Je suis souillé, je suis impropre au ciel. Si j’étais venu écouter Jean-Baptiste sur les rives du Jourdain, j’aurai pris ma place non pas avec les gens religieux qui observent, mais avec la racaille. J’ai vraiment besoin du pardon de Dieu. Seigneur, lave-moi !

Et j’aurais adhéré à ce que Jean-Baptiste a annoncé par avance : Jésus-Christ est l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Non pas l’agneau comme symbole de tout ce qui est doux et mignon, mais l’agneau offert en sacrifice, comme cela se faisait à cette époque-là. Jésus-Christ, sur la croix, a porté nos péchés, pour que nous en soyons purifiés. Seigneur, merci !

Symbole de la mort et de la résurrection

Le baptême est donc le symbole d’une purification. Mais il y a plus étrange et plus fort encore. C’est que le baptême ressemble à un enterrement et une résurrection. Il nous rappelle que Jésus est réellement mort, il a été enterré, il est ressuscité. La personne disparaît un instant sous l’eau : c’est le symbole de la mort, la mort de l’ancienne vie menée sans Dieu. La personne ressurgit de l’eau : c’est l’évocation de la vie nouvelle en Christ, de la nouvelle naissance.

Voici comme l’apôtre Paul en parle, dans sa lettre aux Romains :

Rom 6,3 Ne savez-vous pas que nous tous, qui avons été baptisés pour Jésus-Christ, c'est en relation avec sa mort que nous avons été baptisés ?
Rom 6,4 Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en relation avec sa mort afin que, comme le Christ a été ressuscité d'entre les morts par la puissance glorieuse du Père, nous aussi, nous menions une vie nouvelle.
Rom 6,5 Car si nous avons été unis à lui par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable à la sienne.

Mon regard traverse les siècles et se pose sur la croix. Jésus meurt à ma place. Il s’offre en sacrifice pour moi. Il est plongé dans les ténèbres pour moi. Le venin du mal, Jésus le prend à ma place. Le châtiment que méritent mes péchés tombe sur lui. Qu’est-ce qui me reste à payer alors ? Mais rien. Le contentieux est éteint. Les comptes sont remis à zéro. Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui. Quand l’apôtre Paul enseigne que nous sommes morts avec Christ, c’est cela qu’il veut dire.

Tout va bien, sauf que le Christ est mort et enseveli. Il fallait qu’il y ait une suite.

Il y a eu une suite. La glorieuse résurrection de Jésus-Christ. Attestée par des témoins oculaires. Attestée malgré eux par ses ennemis impuissants. Attestée par le don du Saint-Esprit le jour de la Pentecôte. Attestée par les apôtres dans le monde entier. Attestée depuis deux millénaires par ses témoins dans la vie et dans la mort.

Et nous sommes ressuscités avec lui, dit la Bible. Déjà, maintenant, dans ce corps mortel, nous avons, dit la Bible, la vie éternelle. Nous faisons partie d’un peuple nouveau. Nous sommes des nés de nouveau. Nous avons une relation avec Dieu. D’où l’un des sens du baptême : une sorte de dramatisation de la mort et de la résurrection.

D’où l’engagement du baptême. Nous ne pouvons pas vivre comme si notre conversion à Christ n’avait rien changé. Nous nous engageons dans une vie nouvelle. Dans la famille de Dieu qu’est l’Eglise. Dans le monde de Dieu qui a tant besoin de nous. Le baptême n’est pas la fin de notre démarche spirituelle : un bon diplôme, après quoi on ferait autre chose. C’est le commencement d’une vie de disciple clairement affichée devant tous.

Conclusion

J’ai devant moi ce matin une assistance extrêmement variée.

Je vois deux jeunes femmes qui viennent de se faire baptiser. Mes sœurs : vivez en nouveauté de vie !

Je vois devant moi de gens qui sont chrétiens depuis un an, deux ans, trente ans. Je vous le dis à vous aussi : Vivez en nouveauté de vie ! Et si dans votre vie chrétienne il y a un des glissements, des refroidissements, saisissez aujourd’hui l’occasion qui vous est donnée de revenir à vos premiers engagements.

Je vois devant moi des gens qui ne savent pas trop où ils en sont : Regardez ! Changez ! Recevez la vie que Dieu vous offre !

Je vois devant moi des gens qui se positionnent en dehors de la foi chrétienne et qui disent sans doute : Je suis content pour mes sœurs, mais ce n’est pas ma voie. A vous aussi je me permets de dire : Regardez ! Regardez surtout le témoignage porté à Jésus-Christ par ses témoins oculaires d’autrefois et par ses témoins vivants aujourd’hui. Regardez, l’Evangile est pour vous aussi !

Prière