1 Timothée 6 : Conclusion
12 février 2006

1 Timothée 6 : Conclusion

Prédicateur:
Passage: 1 Timothée 6

Introduction

Dans le temps, les gens n'avaient pas de téléphones pour communiquer, ils n'avaient pas d'e-mail. Ils employaient une technologie à base d'arbres morts : le papier. Vous vous souvenez ? Et quand ils oubliaient quelque chose dans leur courrier, ils ne pouvaient pas modifier le texte, ils devaient ajouter quelques lignes à la fin : un PS, un post-scriptum.

Nous avons comme un post-scriptum dans la toute dernière partie de 1 Timothée que nous allons lire ce matin.

Lecture 1 Tim 6.17-21

Compléments sur la richesse

L'apôtre Paul nous avait mis en garde contre l'amour de l'argent et la soif de posséder. L'appât du gain, c'est d'autant plus horrible que ce sont parfois des gens religieux qui se laissent prendre. Si quelqu'un exerce un pouvoir sur les âmes, il peut très bien essayer d'exercer un pouvoir sur les porte-monnaie. Attention, donc !

Mais cette mise en garde est incomplète. Il ne suffit pas de mettre en garde contre l'amour de l'argent. Il faut enseigner des valeurs positives. Le contentement ? Paul en a parlé, dans les versets 6 à 8. Mais il n'a pas tout dit. Il faut compléter le message, surtout à l'intention de ceux qui n'ont pas besoin de s'enrichir parce qu'ils sont déjà riches. L'Eglise d'Ephèse se réunissait certainement chez des gens riches qui pouvaient mettre une ou plusieurs grandes pièces à sa disposition. Qu'est-ce qu'il fallait leur dire ?

Et nous, qui sommes très riches aux yeux des deux-tiers du monde, que devons-nous entendre, nous ?

Dans la tête du riche

D'abord, que nous devons veiller sur ce qui se passe dans notre tête. Un homme riche peut être arrogant, peut avoir l'habitude de jouer des coudes, de s'imposer partout, d'obtenir toujours ce qu'il veut, de qui il veut. Cet orgueil-là ne convient pas à un chrétien. Nous pourrions parler de la fierté des pauvres. Mais puisqu'il s'agit des riches, disons-nous qu'un peu d'humilité ne nous ferait pas de mal.

Toujours au sujet de ce qui se passe dans la tête, je relève cette deuxième phrase de l'apôtre : Recommande-leur de ne pas fonder leur espoir sur la richesse, car elle est instable. Oui, instable. Le vol. L'inflation. L'invention d'une nouvelle technologie qui rend la vôtre obsolète. Un mauvais investissement. Un choc pétrolier. Un crac boursier. Une émeute urbaine. Une injustice. L'Ecclésiaste a dit ceci : J'ai vu sous le soleil une calamité affligeante : il arrive que les richesses conservées par un homme fasse son malheur. Qu'elles viennent à se perdre à cause de quelque mauvaise affaire, et il ne lui reste rien lorsqu'il met un fils au monde. Il est sorti nu du sein de sa mère, et il partira comme il est venu, sans emporter dans ses mains une miette du fruit de son labeur (Eccl. 5.12-14).

Bon, il y a des polices d'assurance. On diversifie ses investissements. On ne met pas tous ses œufs dans le même panier. On se protège comme on peut. Il vaut mieux être riche et en bonne santé que pauvre et malade, comme on dit. Mais, fondamentalement, mettre son espoir dans ses richesses, c'est de la folie. Elles ne vous garantissent ni l'amour, ni le bonheur, ni la paix, encore moins la paix avec Dieu. Personne ici ne doit fonder trop d'espoirs sur l'argent.

L'apôtre a un troisième conseil de pour le riches : Qu'ils placent leur espérance en Dieu. Et là, il faut une révolution dans la tête, une conversion. Il faut se détourner de cette idole qui s'appelle Mammon, l'argent, pour se tourner vers le Dieu vivant et vrai. Nous sommes invités à mettre notre confiance en Dieu. Dans la richesse et dans la pauvreté. Dans la santé et dans la maladie. Dans les bons comme dans les mauvais jours.

Est-ce à dire avec tout cela que nous devons nous débarrasser de tout et aller vivre dans un foyer Emmaüs ? Ou dans un ermitage au désert ? C'est sans doute ce que pensaient certaines personnes du temps de l'apôtre. Jésus a bien dit à un jeune homme riche de vendre tout ce qu'il possédait. Certains ont reçu cet appel-là et ont eu le bonheur d'y répondre.

Mais la Bible n'enseigne pas le mépris des choses terrestres. Ce sont les faux-docteurs d'Ephèse qui imposent des règles d'abstinence : l'apôtre les combat. Tout ce que Dieu a créé est bon, rien n'est à rejeter, pourvu que l'on remercie Dieu en le prenant, dit-il au chapitre 4. Et ici au chapitre 6 il dit, à l'intention des riches justement : Dieu nous dispense généreusement toutes ses richesses pour que nous en jouissions. Nous ne sommes donc pas dans une religion de l'ascèse, de la privation. Nous sommes dans une religion qui valorise la création et qui dit que Dieu nous la donne pour que nous en jouissions. Le tout est dans le comment.

Les actes du riche

Ce qui se passe dans la tête du riche va se voir dans ses actes. Et s'il a mis sa confiance en Dieu, sa façon de gérer les biens matériels sera tout sauf égoïste : Recommande-leur de faire le bien, d'être riches en œuvres bonnes, d'être généreux et de partager avec les autres. Cela, c'est pour tout le monde. Faire le bien, être généreux, partager. C'est une façon de dire que nous ne sommes pas esclaves de l'argent, que pour nous les humains sont plus importants que les tunes. C'est une façon de dire que nous aimons. Jésus a dit : Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir. Et si jamais quelqu'un a peur de perdre quelque chose en donnant, l'apôtre ajoute : Ils s'assureront ainsi pour l'avenir un beau capital placé en lieu sûr, afin de saisir la vraie vie. L'investissement le meilleur, c'est celui qui donnera des résultats éternels. On s'enrichit en donnant.

Ce n'est pas que par la générosité on s'achète une place au ciel. C'est que par la générosité on saisit la vraie vie[1], on la vit, on la pratique, à fond. Donnez, et votre personnalité se libèrera, se transformera. Et Dieu dans son ciel, quand il ouvrira ses comptes, vous déclarera bon gestionnaire des biens qu'il vous avait confiés.

Garde ce qui t'a été confié

Nous arrivons ainsi au mot de la fin. Comment résumer cette lettre qui touche à tant de choses ? L'apôtre a parlé des responsables d'Eglise, des veuves, des esclaves, des riches, des faux docteurs. Il a enseigné sur la prière, la piété, la pureté. Il a donné des encouragements à son ami Timothée avec des instructions très précises.

Il résume alors le tout avec ces mots : O Timothée, garde ce qui t'a été confié. Il y a de l'intensité dans ces mots, d'autant que Paul cite des contre-exemples : Plusieurs se sont égarés très loin de la foi. Il ne faut pas que Timothée tombe dans le même piège : Garde ce qui t'a été confié !

On comprend bien l'image : Si quelqu'un vous confie quelque chose – de l'argent, un document, un bijou, n'importe – il est de votre devoir de le garder intact et de le restituer quand le propriétaire le demandera. C'était un devoir sacré, la loi de Moïse contient quelques dispositions à ce sujet.

Mais qu'est-ce qui a été confié à Timothée ? On peux dire que Dieu, à travers Paul, a confié à Timothée la mission de défendre la vérité de l'Evangile. S'il flanche dans cette mission, il n'aura pas gardé intact ce qui lui a été confié ; s'il s'éloigne lui-même de la vérité de l'Evangile il aura trahi la charge qui lui a été imposée.

D'où l'importance pour lui et pour nous de connaître les grandes vérités de la Bible et d'être attentifs aux enseignements qui pourraient s'en écarter. Quand j'entends des hommes d'Eglise nier la divinité du Christ, nier l'expiation de nos péchés, nier la résurrection – eh oui, ça existe – je sais qu'aucune Eglise n'est à l'abri. L'Evangile nous a été confié, c'est un bien extrêmement précieux, nous devons le garder intact.

Mais ce n'est pas une option que de garder la vérité de l'Evangile en se barricadant dans un bunker. On ne prend pas le trésor de Dieu pour l'enterrer au fond du jardin. Si nous faisons cela, mes amis, dans une génération il n'y aura plus rien. Si nous avons ce trésor, nous sommes dans l'obligation de le transmettre plus loin. A nos enfants. A tous ceux qui cherchent Dieu. A ceux qui aujourd'hui s'en moquent mais qui peuvent peut-être demain changer d'avis. La seule façon de garder ce qui nous est confié, c'est de le donner. Paul dit en 2 Timothée : L'enseignement que tu as reçu de moi et que de nombreux témoins ont confirmé, transmets-le à des personnes dignes de confiance qui seront capables à leur tour d'en instruire d'autres (2 Tim 2.2). Connaître l'Evangile implique de le conserver et transmettre à d'autres.

Conclusion

Dieu nous dit donc aujourd'hui : Vous avez reçu un fabuleux héritage, l'Evangile. Ne permettez à personne de vous l'enlever, de le confisquer, de le dénaturer, de le caricaturer.

Vous avez reçu un fabuleux héritage : il est pour vous, et pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que Dieu les appellera.

Vous avez reçu un fabuleux héritage : ne vous cramponnez donc pas à des choses de moindre importance, comme la richesse ou le confort ou la gloire.

Dieu a été plus que généreux avec nous. Soyons plus que généreux pour lui.

Amen.

[1] Cf. 1 Tim 6.12 : Saisis la vie éternelle