Relations hommes / femmes
Introduction
C’est une gageure ce matin. Nous allons prendre un texte qui date des années soixante de notre ère. Il cite des personnages des années 1800 avant Jésus-Christ. Et nous allons voir sa pertinence pour l’an 2006. Avec l’apôtre Pierre nous faisons le grand écart sur 3800 ans. Et sur un sujet qui ne cessera jamais de nous fasciner : les relations entre les hommes et les femmes.
Je lirai dans 1 Pierre 3, les versets 1 à 7.
Lecture
Commençons par les problèmes pour terminer sur les points forts et permanents du texte. Je fais le compte à rebours.
Mots qui posent problème : le sexe faible
Au verset 7 : les traductions classiques parlent des femmes comme un sexe plus faible, des êtres plus faibles. La traduction du Semeur dit que les femmes ont une nature plus délicate. Qu’est-ce que l’apôtre Pierre veut dire par là ? Je pense qu’il évoque une évidence de la nature : les hommes sont physiquement plus forts que les femmes. Chez le petit faucon crécerelle que vous voyez voler sur place au bord de la route, le mâle est un tiers plus petit que la femelle, les fauconniers l’appellent le tiercelet. Mais chez nous autres humains, le mâle est plus fort. Il fait cinq sets au tennis, contre trois pour les femmes. Il est plus rapide aux cent mètres. Il est généralement plus grand de taille.
Non seulement est-il plus fort, mais il est plus violent et plus cruel. Généralement. Les violences conjugales graves sont à sens unique, sauf de rares exceptions. La mafia, ce sont des hommes. La guerre, généralement, c’est la folie des hommes.
Les maris sont donc invités ici à tenir compte du rapport de forces pour mieux respecter leur femme. Non pas pour exploiter leur avantage, comme certains le font, mais pour mettre leur force au service de l’amour. D’ailleurs, cette force est toute relative. A priori leur femme résistera mieux à la maladie et vivra plus longtemps qu’eux.
Mots qui posent problème : mon seigneur
Deuxième verset que nous fait avaler notre café de travers : le verset 6. Sara appelait Abraham son mari Mon seigneur. Les seules fois où Avril m’appelle Mon seigneur, c’est quand elle me charrie ou quand je fais le paresseux. C’est au second degré, comme on dit. Mais 1800 ans avant Jésus-Christ, c’était un vrai titre de respect que Sara emploie en public. C’était la courtoisie, la politesse, le respect. Si vous lisez toute la vie d’Abraham et de Sara, vous verrez que Sara avait son mot à dire, et que parfois Abraham était bien faible face à elle. Le terme de seigneur évoque donc le respect, la soumission, l’obéissance même, mais non l’humiliation ou l’écrasement.
Mots qui posent problème : tresses et bijoux
Troisième problème, que je vous relirai au verset 3 dans la traduction la moins chère et la plus traditionnelle : Ayez, non cette parure extérieure qui consiste dans les cheveux tressés, les ornements d’or ou les habits qu’on revêt, mais la parue intérieure et cachée dans le cœur, la pureté incorruptible d’un esprit doux et paisible. Nous avons l’impression qu’il s’agit d’une interdiction formelle. Je vous le relis maintenant dans une traduction moderne : Recherchez non pas la beauté que donne une parure extérieure : cheveux habillement tressés, bijoux en or, toilettes élégantes, mais celle qui émane de l’être intérieur : la beauté impérissable d’un esprit doux et paisible. Ici, nous avons l’impression qu’il s’agit d’une question de priorités. Et c’est bien cela. Une femme ou un homme qui néglige sa personne trahit un problème psychologique, comme si elle disait, comme si lui il disait : je me déteste, je ne prends pas soin de moi, je ne mérite pas de paraître bien. Mais une femme ou un homme qui recherche prioritairement à impressionner par son apparence extérieure court aussi un danger. Il néglige les vraies valeurs.
D’un pays à l’autre, d’une génération à l’autre les codes vestimentaires changent. Les fruits de l’Esprit sont les mêmes sur tous les continents. Les femmes savent très bien comment s’habiller pour déstabiliser les hommes. Les hommes savent très bien comment s’habiller pour impressionner les femmes ou leurs concurrents. Laissons cela de côté pour donner la priorité aux fruits de l’Esprit.
Mots qui posent problème : soumission
J’en viens ainsi au dernier mot qui nous problème, et c’était presque le tout premier du passage. Se soumettre. Soyez soumises.
Pourquoi est-ce que cela nous pose un problème ? A cause certainement du prix que nous attachons à la liberté individuelle. A cause aussi de l’héritage de nos parents : qu’est-ce que c’est qu’un homme, qu’est-ce que c’est qu’une femme ? En ce qui me concerne, j’ai un problème à cause aussi du respect que j’ai pour ma femme Avril. Qu’une femme de cette valeur soit soumise à un malheureux comme moi, ce n’est pas normal.
Et pourtant, je crois que c’est inscrit en nous. La psychologie moderne parle du rôle symbolique de la femme et de l’homme : le pôle de la tendresse, le pôle de la loi. La pratique quasi universelle de tous les peuples va dans le même sens. Le témoignage de la Bible, de la Genèse aux épîtres de Pierre, le dit aussi. Partout je tombe sur l’idée que l’homme doit assumer une plus grande responsabilité pour son couple et pour sa famille. Je trouve cela redoutable, mais je n’arrive pas à l’escamoter.
Pourquoi Pierre insiste-t-il là-dessus, alors ?
Des tensions dans le couple
C’est qu’un certain nombre de couples sont dans une situation potentiellement explosive. Chez certains, la femme est chrétienne, le mari pas. Cela a dû entraîner toutes sortes de problèmes. J’imagine le zèle de ces chrétiennes qui veulent gagner leur mari à la foi, qui veulent lui ouvrir les yeux, lui faire découvrir la vérité de l’Evangile face aux inanités du paganisme. J’imagine des conflits au sujet des fêtes dans des temples païens, au sujet de l’éducation des enfants, au sujet des amis qui viennent, au sujet des repas…
Le statut de la femme dans les Eglises est plus élevé que dans la société civile. Hommes et femmes sont un en Christ. Les femmes prennent la parole dans les assemblées pour prier et pour encourager l’Eglise, ce qu’on appelait prophétiser. Les domestiques et les esclaves sont sur un pied d’égalité avec femmes respectables, et cela se voit même sur le plan vestimentaire : elles ont toutes droit au voile porté dans la rue par les femmes de bonne société et qui selon le droit romain les protège contre les importuns. Vous avez une amende si vous accostez une femme que son habit désigne comme respectable, mais pas autrement. Les femmes chrétiennes prennent conscience de leur dignité, cela doit aussi se voir dans les couples.
Dans les couples, il y a des tensions, sûrement. L’apôtre Paul, en 1 Corinthiens 7, aborde ce problème un peu plus dans le détail, Pierre donne simplement les grandes lignes. Il suppose que quand l’un des époux se convertit, le couple reste valable. La femme chrétienne travaille à l’unité de son couple. Elle témoigne de Jésus-Christ plus par son attitude que par le zèle de ses prédications. Elle se soumet aux décisions de son mari. Elle place sa confiance en Dieu.
Pierre n’aborde pas les cas plus pénibles qui peuvent faire exception à la règle. Il ne parle pas de maris infidèles et adultères ; il ne parle pas de maris violents. Quand on me pose des questions là-dessus, je fais remarquer que la Bible autorise le divorce en cas d’adultère, sans l’imposer. En cas de violence, je dis qu’il faut sauver une vie humaine avant de sauver un mariage. L’apôtre Pierre ne parle que du cas plus général : il incite les femmes, y compris celles dont le mari n’est pas chrétien, à rechercher la paix dans le respect de la responsabilité du mari.
Un mot pour les maris
Et puis il termine au verset 7 en s’adressant aux maris. Eux doivent respecter leur femme. La vieille Bible Segond dit : honorer. Il ne s’agit pas de dire : Avec ma grosse voix et ma colère et mes biceps je me fais obéir. Il ne s’agit pas de dire : Selon la Bible ou selon la loi romaine c’est moi le chef. Il s’agit de respecter sa femme. La femme est plus faible – ou paraît plus faible ? Il faut la respecter d’autant plus. Si elle est chrétienne, elle héritera comme moi de la grâce de la vie éternelle. Si elle est chrétienne, nous avons une vie de prière commune. Rien ne doit y faire obstacle. Si je manque de respect envers ma femme, comment pouvons-nous nous présenter ensemble devant Dieu, ici au culte, ou seuls à la maison ?
Un examen de conscience
Nous avons essayé d’évacuer les faux problèmes que nous pose ce passage. Nous avons mis en avant l’importance du respect mutuel dans la vie du couple. Il est temps de faire notre examen de conscience.
Jeunes ou vieux, pensons à nos parents. Pouvons-nous dire, la main sur le cœur, qu’ils nous laissent le souvenir d’un homme et d’une femme qui s’aiment, qui se respectent ? A vue de nez, je dirais que seuls la moitié d’entre nous avons eu ce privilège. Si nous sommes dans cette moitié-là, quelle dette avons-nous à l’égard de nos parents, et quelle reconnaissance envers Dieu !
Et si nous sommes dans l’autre moitié, prenons la ferme résolution de ne pas copier ce que nous avons vu. Choisissons le respect. Revenons au respect. Cultivons le respect. Avant d’envisager le mariage. Après le mariage. Sans le mariage. Et même si notre mariage a échoué. Notre attitude peut avoir une influence déterminante sur nos amis et sur leur vision des relations homme-femme. Dans un groupe de jeunes, entre collègues au travail, le chrétien se démarquera par le respect qui a envers le sexe opposé.
Et vous, mesdames, mes sœurs en Christ. Ce passage vous encourage à être ambitieuses. Ambitieuses pour votre couple, pour votre mari non-chrétien, pour votre piété personnelle. Est-ce que vous vous reconnaissez dans ces mots : une attitude respectueuse et pure ? un esprit doux et paisible ? la confiance en Dieu ? Ou plutôt dans leur contraire : une attitude rebelle et tordue ? un esprit agressif et aigri ? la crainte ? Le curseur se trouve sans doute un peu entre les deux pôles. Et votre ambition doit être de le déplacer du bon côté.
Et nous, messieurs, mes frères en Christ : ce passage nous laisse un grand défi. Etre digne de l’amour et du respect de notre femme. En assumant notre responsabilité de père et de mari. En faisant preuve de respect envers notre épouse. En développant notre vie spirituelle commune.
Cet été j’ai pris quatre décisions devant Dieu, j’ai fait quatre vœux, si vous voulez. Et puisque dimanche dernier Laurent Gautheron nous a dit que nos vœux prenaient de la consistance si nous les disons à d’autres, je vous ouvre une petite fenêtre dans ma vie privée pour vous dire l’un de ces engagements. J’ouvre mon calepin et je lis ceci : « Mener la guerre contre l’irritabilité et les propos désagréables. » Dans le chapitre du respect, qu’est-ce que vous inscririez, vous ? Et dans le chapitre de la vie spirituelle commune ?
Conclusion
Le passage que nous avons lu ce matin enjambe 3800 ans d’histoire. Il présente quelques difficultés de compréhension. Il a été parfois détourné de son but. Mais il peut être résumé par un mot simple : le respect. Que Dieu nous aide à le vivre vraiment !
Amen.