13 mai 2007

Par le toit

Prédicateur:
Passage: Marc 2:1-12

Introduction

A l’école du dimanche, c’est certainement l’une des histoires les plus appréciées des enfants. Un homme est hissé sur le toit par quatre amis, qui cassent le toit pour le descendre aux pieds de Jésus. Qui le guérit. C’est une histoire qui commence avec un problème : un homme est paraplégique et il veut voir Jésus. L’histoire se termine bien : il rencontre Jésus et s’en va en portant tout seul son matelas.

C’est beau.

Les enfants ont un avantage sur nous, c’est qu’ils ont souvent des images dans leurs Bibles. Et nous, les adultes, nous avons du mal à comprendre, mais nous n’osons pas le dire. Monter sur un toit, y faire un trou, et descendre quelque sur son lit : comment est-ce possible ? Si vous pensez aux maisons et aux lits de chez nous, c’est dur à visualiser.

Mais nous sommes au Moyen-Orient. Les maisons n’ont pas de toits pentus comme chez nous. Les toits sont plats, on vient y prendre le frais le soir. Aujourd’hui on y met le linge, on y met tout son bazar. Dans l’ancien appartement des Reiss, qui était au 2e étage, l’accès se faisait depuis l’intérieur de la maison. Mais pour les maisons sans étage, l’accès au toit se fait par un escalier extérieur. C’est comme cela que ces cinq hommes arrivent sur le toit.

Il est fait comment, ce toit ? Il est plat. Certaines traductions parlent de tuiles. C’est qu’un même mot grec désigne l’argile et tout ce qui est fait en argile : les vases, les briques, les tuiles. Probablement que nos hommes étaient sur un toit fait avec de l’argile plaquée sur des lattes de bois ou des roseaux. Pas trop difficile à défoncer… ou à réparer après.

Et le lit ? Quand j’étais enfant j’imaginais un sommier en fer, un matelas, un vrai lit de chez nous. Mais non, nous sommes dans un pays ancien, un pays pauvre, les gens dorment souvent par terre sur des nattes. Comme aujourd’hui un peu partout dans le monde. L’homme paraplégique est donc porté sur sa natte… qu’il va pouvoir enrouler et emporter après.

Voilà pour le film des événements. Le transparent que voici, tiré de la Bible Parole de Vie, l’explique bien.

Une révélation de Jésus

Il faut maintenant que nous allions plus loin. Pourquoi avons-nous ce récit dans nos Bibles ? Qu’est-ce qu’il nous enseigne ? Pourquoi Marc lui donne-t-il tant de place ?

Marc a donné un titre à son livre, au chapitre 1 verset 1 : Commencement de l’Evangile de Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Ce qu’il mettra dans son Evangile révélera donc la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Et justement, le récit de l’homme descendu par le toit révèle - en partie - qui est véritablement Jésus. Le voilà qui enseigne la Parole de Dieu dans une maison. Il est populaire, les gens affluent pour l’entendre. C’est un rabbin comme ils n’en ont jamais vu, qui enseigne avec autorité et qui ne se perd pas dans des détails sans fin. Mais face à l’homme paralysé il se révèle comme étant plus qu’un très grand enseignant. Il lui pardonne ses péchés.

Les maîtres de la loi, les scribes et les pharisiens, ils ont raison : seul Dieu peut pardonner les péchés. Je peux, moi, pardonner à quelqu’un le mal qu’il m’a fait directement. Mais je ne peux pas me mettre à la place de Dieu pour pardonner le fait que la loi de Dieu a été mise de côté, négligée, violée. Quand quelqu’un pèche contre un être humain, il pèche en même temps contre le Créateur. Pour moi, je peux faire en sorte qu’une relation humaine soit restaurée. Mais je ne peux pas restaurer la relation entre un autre et son Dieu. Seul Dieu peut pardonner les péchés. Jésus dit : Mon enfant, tes péchés te sont pardonnés. Pour qui se prend-il donc, ce Jésus ?

Tes péchés te sont pardonnés. C’est facile à dire. Personne ne montera au ciel pour vérifier que les compteurs ont été mis à zéro. Personne n’en descendra avec une attestation comme quoi notre casier céleste est vide. Bravo, Jésus, au risque de choquer les gens, tu as dit quelque chose que personne ne peut contester. C’est un coup de bluff magnifique.

Mais non. Il est facile de dire : Tes péchés te sont pardonnés, parce que personne ne peut rien contester après. Ce serait autre chose que de dire : Prends ta natte et marche. Parce que si rien ne se passait, on aurait l’air ridicule. Pour un bonimenteur, le risque serait trop gros. Eh bien, Jésus prend ce risque. Et ses paroles sont suivies d’effet. Il prouve par là qu’il n’est pas un charlatan, qu’il a autorité sur le corps des malades, qu’il a autorité pour pardonner les péchés. Qui est-il donc ? Il est le Christ, le Messie ; il est le Fils de Dieu.

Une révélation du besoin des hommes

Ce n’est pas tout dans ce passage. L’Evangile de Marc est la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Une bonne nouvelle par rapport aux misères de l’humanité.

Il y a un malheur qui saute aux yeux, c’est celui de la maladie. La sclérose en plaques, le cancer, le sida, les accidents cérébraux vasculaires, les maladies génétiques, évolutives, orphelines… La maladie fait souffrir. Elle n’a pas sa place dans le monde que Dieu a créé, elle est là par intrusion. Nous n’allons pas dire que toutes les formes de vie se valent et que les microbes ont droit à l’existence comme nous. Nous les combattons.

Et voilà donc un homme paralysé qui a besoin de quatre amis pour se faire porter d’un endroit à un autre. Quel spectacle affligeant ! On serait tenté d’en détourner les yeux. D’autant plus qu’on se dit : A quand mon tour d’être malade, d’être gravement malade ?

Bravo à ces quatre hommes qui ne se sont jamais désolidarisés de leur ami. Bravo pour ce toit défoncé. Et bravo surtout pour Jésus qui a fait que cet homme marche.

Mais attention. Dans ce miracle nous avons quelque chose qui n’apparaît pas souvent dans les Evangiles. C’est que Jésus a vu au-delà du besoin de la guérison physique. Au-delà même des aspects psychologiques de la maladie : la solitude, la dépression, la colère, l’envie de mourir, l’amertume. Il a dit d’abord : Tes péchés te sont pardonnés. Et nous avons l’impression que sans les critiques les choses auraient pu en rester là. Que c’était le pardon des péchés qui était le plus important, pas la guérison.

Dans beaucoup de récits de guérison, cette dimension de pardon n’apparaît pas. Ou alors il vient après : Va et ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire (Jean 5.14). Pourquoi, avec l’homme descendu par le toit, Jésus parle-t-il d’abord du pardon des péchés ? Est-ce que cet homme était plus pécheur que les autres ? C’est possible. Est-ce qu’il recherchait plus que les autres à avoir une conscience pure ? Peut-être. Est-ce qu’il se culpabilisait à cause de sa maladie ? C’est possible. En fait, nous ne savons pas pourquoi Jésus lui parle de pardon, à lui et pas à d’autres. J’émets donc une hypothèse : c’est qu’ici Jésus voulait enseigner quelque chose. D’une part, il voulait lever un coin du voile sur sa divinité. D’autre part il voulait dire à tous que certains besoins spirituels, bien cachés, sont en fait prioritaires. Tous, un jour, nous mourrons de maladie ou d’un accident. C’est le lot de tous les humains. Les problèmes liés à la santé, nous ne pouvons les résoudre que provisoirement. Même Lazare, que le Christ a ressuscité, a bien été obligé de mourir pour de bon un jour. Mais quand nous trouvons en Christ le pardon de nos péchés, nous avons la paix avec Dieu pour l’éternité.

La priorité des questions spirituelles, Jésus l’a enseigné de bien des façons. L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. A quoi servirait-il à un homme de gagner le monde entier, si c’est pour perdre son âme. Cherchez d’abord le royaume et la justice de Dieu… Et ainsi de suite.

Le premier besoin de notre homme paralysé, ce n’est pas de retrouver l’usage de ses jambes. Son plus grand besoin, notre plus grand besoin, c’est de trouver le pardon de Dieu.

Dans cet incident, Jésus se révèle comme Fils de Dieu. Il révèle quel est le plus profond besoin de l’humanité. Ton plus grand besoin.

Révélation de la démarche du salut

Puis il y a une troisième chose. Ce récit nous montre comment il faut faire pour avoir le pardon. Comment faire pour être sauvé. L’Evangile de Marc, c’est la bonne nouvelle de Jésus-Christ, Fils de Dieu. Une bonne nouvelle qui est annoncée… et que les humains doivent accueillir. Mais comment ? Nos cinq hommes nous montrent l’exemple.

Il n’est pas nécessaire de défoncer un toit pour être sauvé. C’est même déconseillé. Mais regardez l’attitude de ces amis.

Ils vont à la bonne adresse. Sans tout savoir, sans tout comprendre, ils se tournent vers Jésus. Ils ne savent pas que Jésus dira un jour à ses disciples : Je suis le chemin la vérité et la vie. Ils ne le savent pas, mais ils font comme si. Ils vont vers Jésus, ils cherchent à voir Jésus, à l’entendre. Ils veulent s’approcher de lui. Le salut se trouve par là !

Puis, ils ne se laissent pas arrêter par le premier obstacle qu’ils rencontrent. La foule les empêche de passer ? Ils iront sur le toit ! Et nous : La Bible de notre grand-mère est écrite trop petit ? Il y a plein de mots incompréhensibles ? Mais achetez alors une traduction récente, compréhensible ! Cela vous coûtera moins cher que de refaire le toit à quelqu’un ! C’est trop dur à comprendre, l’Ancien Testament ? Mis lisez pour commencer le Nouveau Testament, à commencer par les quatre Evangiles. Vous n’avez pas le temps ? Mais si. Il y a quarante minutes entre Ozoir et la gare St Lazare, cela ne suffit pas pour lire un chapitre ? Quand on veut, on peut.

Ils vont à la bonne adresse. Ils persévèrent malgré de petits obstacles. Et puis, surtout, ils ont la foi. C’est quand il voit leur foi – pas seulement la foi du paralysé, mais leur foi - que Jésus dit Tes péchés te sont pardonnés. C’est l’enseignement de toute la Bible depuis Abraham jusqu’à Paul, en passant par David et Esaïe et Jean et des dizaines autres : c’est la foi en Dieu qui sauve, pas l’effort humain ; une foi qui agit et se voit dans les actes ; une foi qui sait sa misère ; une foi qui saisit comme une bouée de sauvetage la main tendue du Christ.

Et dans la série d’événements qui nous amènent du doute et de l’indifférence à la foi et à la vie éternelle, il y a une chaîne de témoins. Des gens qui ont prié pour nous, qui nous ont parlé. La foi ne nous tombe pas sur la tête comme le plâtre tombe d’un plafond défoncé. Notre paralysé a entendu parler de Jésus, sinon il ne se serait pas déplacé. Ses amis l’ont amené. Ils ont voulu son bien. Et nous de même, nous avons entendu parler du Christ. Des amis nous ont aidés à faire une partie du chemin. Ils ont prié pour nous. Ils avaient la foi… et nous, on a fini par les rejoindre dans la foi. Et nous nous sommes entendu dire : Tes péchés te sont pardonnés. Nous commençons à marcher dans la vie comme jamais auparavant.

Marc, c’est la bonne nouvelle de Jésus-Christ le Fils de Dieu. Voilà donc un incident qui nous dit que Jésus-Christ est vraiment le Fils de Dieu. Il offre le remède au mal le plus profond de l’être humain. Il nous invite maintenant à venir vers lui pour le pardon. Il nous invite à marcher dans la vie d’un pas nouveau. Il nous invite à amener des amis avec nous.

Amen.