30 mars 2008

Nos origines, notre identité

Prédicateur:
Passage: Genèse 1

Introduction

Montrer Science et Vie

Nos origines, c’est un thème qui revient souvent dans le journal « Science et Vie ». Tantôt il parlera des origines de l’homme, tantôt des origines de la vie sur terre, tantôt des origines de l’univers. La théorie actuellement soutenue par la vaste majorité des hommes de science est celle du big bang – à savoir que tout a commencé par une immense explosion il y a environ 14 milliards d’années.

Science et Vie n’aime pas trop le big bang, parce que parler d’un commencement, cela ressemble trop à une création. Et beaucoup de chrétiens n’aiment pas le big bang, parce que cela ne ressemble pas assez à la création.

Le premier chapitre de la Bible parle de nos origines et de notre identité. C’est fondamental. Mais passé les premiers mots, beaucoup de questions se posent. Tout a l’air de se passer sur 6 jours – ce n’est pas ce que l’on apprend à l’école. La terre semble avoir été créée avant le soleil. On ne nous parle pas des dinosaures, de Lucy, de l’homme de Neandertal. A partir de là, les uns rejettent en bloc la Bible, les autres rejettent en bloc la science.

Différentes théories

Quand je me suis converti à Christ en 1966, les chrétiens de la fac pensaient que les six jours de la Genèse racontaient de très longues périodes géologiques. Daniel Vernet, en France, a présenté ce point de vue. Avant terminer mes études en 1969, j’ai découvert une autre façon de voir les choses. Le créationnisme arrivait en force en Europe, il m’a conquis. Je prenais la Genèse au pied de la lettre, je pensais que la science s’était trompée sur toute la ligne, j’affirmais que la terre avait au grand maximum 10.000 ans. J’ai découvert toute une littérature qui soutenait ce point de vue et que vous trouverez facilement sur internet et dans les librairies chrétiennes.

Mais à la longue – et vous dire les différentes raisons, ce serait long – à la longue le créationnisme m’a laissé insatisfait. Puis j’ai trouvé le livre d’Henri Blocher de la faculté de théologique évangélique de Vaux-sur-Seine : Révélation des Origines. Monsieur Blocher disait que le début de la Genèse devait être lu de façon poétique, comme une parabole, si vous voulez, et que la lecture littérale n’était certainement pas dans l’intention de l’auteur, de Moïse. Cela m’a convaincu, cela me convainc toujours. Cela explique par exemple pourquoi on compte les jours avant même que le soleil soit là pour marquer les jours. Les six jours, c’est un artifice poétique, ce n’est pas le calendrier des événements. Et les dinosaures, ce n’est pas un problème.

J’ai recensé au total six théories différentes1 sur la Genèse et la science. Peut-être que vous en avez une septième. Je ne veux pas en dire plus ce matin. Ce que je veux faire maintenant, toutes théories confondues, c’est de voir avec vous ce que le premier chapitre de la Genèse enseigne sur nos origines et sur notre identité. Et pour cela, nous allons le lire.

Transparent.

Lecture :Genèse 1.1-2.4a

Au commencement Dieu : et non pas des dieux

Le premier point ici, ce n’est pas la date du commencement, c’est qu’au commencement il y avait Dieu.

Les peuples de l’antiquité adoraient le soleil, la lune et les étoiles. Souvent le soleil était perçu comme le créateur. Parfois la terre était vue comme la mère de tout ce qui vit. Parfois le monde avait ses origines dans une guerre entre des monstres et des dieux. Si vous allez au Louvre, vous pouvez voir ces dieux, parfois sous une forme humaine, parfois sous une forme animale. La Bible dit que c’est Dieu qui a créé la terre, le soleil, la mer, les animaux : il y a un seul Dieu, un seul créateur, une seule puissance à l’origine de tout.

Cela veut dire que nous autres humains nous n’avons pas à chercher les faveurs de divinités concurrentes, nous n’avons pas à tourner tantôt à gauche tantôt à droite pour savoir à qui s’adresser, à qui obéir. Nous nous tournons vers le Dieu unique. « Ecoute Israël, l’Eternel notre Dieu, l’Eternel est un ».

Ce ne sont pas seulement les peuples de l’antiquité qui ont peur d’une multitude de dieux. Aujourd’hui encore il y a énormément de gens comme en Inde qui adorent des centaines de dieux ; il y a des foules innombrables qui adorent les esprits des ancêtres ; ou des esprits tout court. Dans les maisons et les magasins d’Ozoir il y a des idoles et des blindages et des gris-gris et des objets bénits qui sont censés protéger les habitants.

Beaucoup de gens pensent que les astres jouent un rôle dans les affaires des humains. En Asie, certaines femmes provoquent leur accouchement tel jour pour tenir compte de l’astrologie. Mais le seul rôle que la Bible attribue aux astres, c’est de marquer les jours, les saisons, les années. Le soleil et la lune ne reçoivent même pas en Genèse 1 leur nom officiel : on les appelle seulement des luminaires. Ce ne sont pas des dieux. La Bible dit qu’il y a un seul Dieu qui a fait le ciel et la terre. Il a fait les astres. C’est avec lui que nous avons à faire.

Au commencement Dieu : et non pas la matière ou le hasard

Au commencement le big bang ? Sans doute. Surtout si c’est Dieu qui a allumé la mèche. Mais nous ne disons pas que nos origines sont dans quelque chose d’impersonnel, ou que nous sommes le fruit du hasard et de la nécessité. Nous disons qu’au commencement il y avait une volonté, une intelligence, une parole. Des événements aléatoires, cela existe, on le sait depuis Heisenberg et Bohr. Mais le hasard ne dit pas tout de nous. Au commencement Dieu.

Ce qui veut dire que les choses ont un sens. La science moderne ne pouvait pas naître dans des pays qui croient que tout obéit à la volonté d’esprits capricieux. Elle est née là où on pensait que Dieu avait créé un univers avec un ordre que nous les humains, nous pouvions découvrir. Le monde est très complexe. Mais le monde a un sens.

Au commencement Dieu : cela signifie aussi que les choses créées ont une valeur, et l’être humain surtout. On n’a pas le droit de piller les ressources naturelles et de transformer la terre en désert : le monde matériel compte. On n’a pas le droit d’idolâtrer la nature : c’est Dieu qui l’a faite. On n’a pas le droit de traiter les êtres humains comme le pur produit du hasard, comme autant de microbes, comme une pâte à manipuler comme on veut. Ils ont été faits par Dieu, à son image.

Contrairement à ce que j’ai lu dans le Da Vinci code, les très grands massacres de l’histoire récente ne sont pas le fait de gens qui croyaient en Dieu. On a sacrifié des millions d’hommes et de femmes sur l’autel de la race allemande, de la nation russe, de la lutte des classes, de la construction de la société communiste parfaite. Pour Hitler, Staline, Mao Zedong, Pol Pot, l’individu ne comptait absolument pas.

Il est vrai qu’au Kosovo, au Soudan, au Rwanda des horreurs ont été perpétrés par des gens qui disaient croire en Dieu. L’homme peut faire de son ethnie un dieu auquel il sacrifie des milliers d’êtres inférieurs. Mais s’il invoque le nom de Dieu pour le faire, c’est une usurpation.. La Bible dit que l’homme est créé par Dieu. Il a une très grande valeur. La mauvaise race, ça n’existe pas.

Au commencement Dieu. Non pas des dieux. Non pas la matière impersonnelle. Dieu.

Au commencement tout est bon

Au commencement Dieu créa : et après il y a un mot que revient sept fois, c’est le mot bon. Sept fois, ce n’est pas un hasard. Et la septième fois, au verset 31, il y a une insistance particulière : la création de Dieu est très bonne.

Il est vrai que depuis le commencement des événements sont intervenus qui ont gâché les choses. Nous en parlerons bientôt. Mais le fait de se trouver dans une création matérielle, c’est quelque chose de très bon.

L’Evangile de Judas et les autres écrits gnostiques des 2e 3e et 4e siècles disaient l’exact contraire. La matière, le monde créé, c’était très mauvais pour eux. Et mine de rien cette idée a fini par s’infiltrer chez les chrétiens. C’est l’une des raisons du développement du mouvement monastique. C’est l’une des raisons d’une certaine austérité protestante. Mais à propos de la vie sur terre, dans un corps bien matériel, la foi authentiquement chrétienne dit ceci : Tout ce que Dieu a créé est bon, et rien n’est à rejeter, pourvu qu’on le prenne avec actions de grâces, car tout est sanctifié par la parole de Dieu et la prière. C’est l’apôtre Paul qui le dit2. On peut abuser des choses de la création, d’où la référence à la parole de Dieu. Mais l’essentiel, c’est de pouvoir rendre grâces à Dieu pour ce qui fait notre vie sur terre : la nourriture, le sommeil, le travail, les arts, le mariage, le rire, la fête… Tout ce que Dieu a créé est bon.

Si vous prenez les choses de la vie comme un but en soi – vivre pour le travail, vivre pour les plaisirs – vous sera profondément déçu à la fin. Si vous les prenez comme un don de Dieu, et si vous respectez les équilibres instaurés par Dieu – alors votre vie sur terre peut être très bonne.3

L’homme image de Dieu

Au commencement Dieu créa. Une création sept fois bonne. Et comme le point culminant de cette création : l’être humain. Ce n’est pas seulement parce que l’homme arrive en dernier lieu pour remplier l’espace de vie que Dieu a créé. Mais parce qu’au verset 27, tout d’un coup, le verbe « créer » est répété trois fois. Pour dire : Attention, ici il y a quelque chose de très important.

Comme le reste de la création, l’être humain compte. Nous l’avons déjà dit. Mais Dieu bénit l’être humain d’une façon particulière, car entre toutes les créatures il est le seul à être fait à l’image de Dieu, à la ressemblance de Dieu.

Moïse ne pensait pas que Dieu ressemblait physiquement à un humain. Il aurait été alors moustachu ou rasé, noir ou blanc, homme ou femme, petit ou grand. Faire des images de Dieu nous est justement interdit, car cela nous obligerait à choisir parmi tous les modèles de l’humanité un seul qui soit l’image de Dieu. Une petite femme chinoise ? Un athlète français comme David Douillet ? Mais ça ne va pas !

Homme et femme, l’être humain ressemble à Dieu. Mais pas physiquement. C’est dans sa capacité de gérer la terre, de créer à son tour, d’assumer consciemment des responsabilités. C’est aussi, même si le texte ne le dit pas en toutes lettres, dans une capacité relationnelle : Faisons l’homme à notre image. La pluralité en Dieu, la divine Trinité, se reflète dans l’amour des humains.

Dominer la terre et les animaux, ce n’est pas les exploiter jusqu’à l’épuisement. Ce n’est pas un travail de destruction. C’est un travail de découverte, de recherche, de gestion, d’aménagement, de création à la suite de la création de Dieu.

La création de Dieu est maintenant terminée. C’est à nous de nous occuper de la terre, de sa terre, qu’il nous a confiée. C’est une tâche exaltante.

Conclusion

Le livre de la Genèse commence avec un tableau idyllique. Les choses se sont détraquées depuis. Mais ce tableau idyllique reste gravé en nous, comme le souvenir lointain de jours meilleurs. Nous aimerions bien les retrouver. Faits à l’image de Dieu, nous ne pouvons pas être tranquilles tant que nous sommes loin de Dieu.

D’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Nous sommes le couronnement de la création de Dieu. Nous sommes faits avec les mêmes composants que le reste, tricotés avec une double hélice d’ADN comme tout ce qui se trouvera dans votre assiette ce midi. Mais nous sommes, nous seuls, faits à l’image de Dieu. Notre bonheur éternel, nous ne le trouverons qu’en Lui.

Amen.

Les 7 jours de la création

Les espaces Ceux qui les remplissent
Jour 1 Le jour et la nuit Jour 4 Le grand luminaire, le petit luminaire, les étoiles
Jour 2 Le ciel séparant les eaux d’en haut et les eaux d’en bas Jour 5 Les oiseaux, les animaux marins
Jour 3 La terre ferme, la végétation Jour 6 Les animaux, les hommes
Jour 7 : Le sabbat de Dieu

1 Jours-époque = Daniel Vernet ; créationnisme ; interprétation littéraire = Henri Blocher ; apparence d’âge ; jours de révélation ; re-création après Gen 1.2.

2 Dans 1 Timothée 4.4

3 C’est le message de l’Ecclésiaste.