Marcher selon l’Esprit : comment ? (Galates 5, partie 4)
3 juillet 2005

Marcher selon l’Esprit : comment ? (Galates 5, partie 4)

Prédicateur:
Passage: Galates 5:25-6:10
Topics:

Introduction

La semaine dernière nous avons brossé le portrait de l'homme sans Dieu. Il était question de différentes sortes de péché : dans les domaines de la sexualité, de la religion, des relations et de la table. Face à ces excès, le fruit de l'Esprit : l'amour, la joie, la paix, la patience, l'amabilité, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi. Entre ces deux styles de vie, il faut choisir. La vie en Christ implique de vivre selon l'Esprit, dans l'amour et dans la sainteté.

J'aimerais maintenant vous lire la suite de ce que l'apôtre Paul a enseigné sur ce sujet : Galates 5.25-6.10.

Lecture

Ce passage pose trois principes pour la vie de l'Esprit : l'humilité, la solidarité, la responsabilité.

L'humilité

Pourquoi est-ce que je parle d'humilité, alors que le mot ne se trouve pas dans notre passage ? D'abord à cause du verset 26 : Ne soyons pas vaniteux. En quoi un chrétien serait-il vaniteux ? Sans doute en se croyant supérieur aux autres. Supérieur par rapport à l'immoralité, l'idolâtrie, la colère, l'ivrognerie et tous les autres vices que l'apôtre vient de nommer. Supérieur peut-être dans sa pratique religieuse ou sa connaissance de la Bible. Supérieur bien sûr par rapport aux gens du monde. Supérieur aussi par rapport à ses frères dans la foi. Personne n'aime un chrétien qui se croit supérieur. Personne n'aime l'orgueil.

Il est souvent le signe d'une insécurité psychologique. On a besoin d'affirmer sa supériorité parce qu'on se sent en fait en position de faiblesse. Et donc on se valorise en se comparant aux autres, on les dénigre, on leur fait sentir tout le poids de notre excellence, on jalouse ceux que sont mieux côtés que nous.

C'est pour cela que Paul explique davantage la chose dans les versets 3 à 5. Si quelqu'un s'imagine être une personne d'exception – alors qu'en fait il n'est rien – il s'abuse lui-même. Que chacun examine son propre comportement. S'il y découvre quelque aspect louable, alors il pourra en éprouver de la fierté par rapport à lui-même, et non par comparaison avec les autres, car chacun aura à répondre pour lui-même de ses propres actions.

Ca vous dit quelque chose, les comparaisons ? La paille et la poutre ? Les jugements à l'égard d'autrui ? Le Seigneur attend de nous un peu plus d'humilité.

Et même lorsqu'on constate que quelqu'un est effectivement en faute, verset 1, l'orgueil est déplacé. A l'égard de la personne, il faut de la douceur. A l'égard de soi-même il faut de l'humilité et de la prudence : que celui qui croit être debout prenne garde de tomber ! Peut-être même que tu discernes la faute chez l'autre parce que tu sais trop bien dans ta propre vie ce que c'est ! Il te faut de l'humilité, donc.

Solidarité

Et ensuite le principe de la solidarité.

Ici non plus le mot n'est pas dans le passage. Mais il est à la base de trois exemples pratiques.

Le premier, c'est justement notre solidarité avec un frère ou une sœur qui se laisse surprendre par quelque faute. Nous ne pouvons pas nous désintéresser de ceux des nôtres qui faiblissent, qui dévient, qui flanchent, qui fautent. Nous avons un devoir de solidarité envers eux, tant qu'ils se disent chrétiens. Nous n'avons pas à nous immiscer dans les affaires de tout le monde. Nous n'avons pas à nous ingérer dans les petites affaires courantes de nos frères. Mais au-delà d'un certain seuil nous avons un devoir de solidarité. Nous pouvons demander si tout va bien. Nous pouvons vérifier à la source les informations qui se seraient colportées jusqu'à nous. Nous pouvons poser des questions. Et si vraiment nous avons l'impression d'être confrontés à une faute grave, nous pouvons essayer avec douceur de ramener notre frère dans le droit chemin. Si jamais cela ne marche pas, Jésus nous a dit en Matthieu 18 la suite des démarches à faire, dans le but de gagner notre frère.

Nous sommes donc co-responsables de la santé spirituelle les uns des autres. J'ai une responsabilité envers vous ; vous avez une responsabilité envers moi. Si vous pensez que je suis en danger, venez m'en parler.

Le deuxième exemple de la solidarité se trouve au verset 6 : Que celui à qui l'on enseigne la Parole donne une part de tous ses biens à celui qui l'enseigne. Nous ne disons pas que les profs dans nos écoles doivent travailler bénévolement, par amour des enfants. De la même manière nous croyons que ceux qui travaillent pour l'Evangile à plein temps ou à mi-temps doivent pouvoir manger. Nous avons besoin de financer les ministères dans les Eglises ; et c'est l'Eglise locale elle-même qui est la première concernée.

Mais il y a un problème ici. Celui qui enseigne peut très bien abuser de sa position d'enseignant pour soutirer de l'argent à ses ouailles. Les gens vous font confiance, ils sont là pour écouter, vous êtes là pour les influencer dans le sens du bien.

Combien il serait tentant de prendre l'assemblée pour une vache à lait ! C'est pourquoi il faut un cadre juridique, une association déclarée, un budget, des contrôles, une séparation des pouvoirs entre le trésorier et le pasteur. Il y en a qui trouvent que c'est embêtant, tout cela, j'en ai même rencontré en Bretagne qui semblaient dire que ce n'était pas spirituel. Au contraire, c'est un signe d'humilité, c'est une protection, c'est un signe d'honnêteté.

Et quand l'Eglise sur place ne peut pas pourvoir aux besoins de ceux qui enseignent – comme cela va être le cas sur le champ missionnaire et dans l'implantation d'Eglises nouvelles – alors d'autres Eglises doivent combler le manque à gagner. Trouvez-vous normal que depuis sept ans un pasteur dans l'Ouest de la France ne cotise pas à une retraite complémentaire ? Ou que mes amis partis en Afrique du Nord ne cotisent pas pour leur retraite, faute de moyens ? Moi je trouve que ce n'est pas normal et que nous avons un devoir de solidarité. Ensemble avec d'autres Eglises, d'accord, mais un devoir réel tout de même.

Le troisième exemple de la solidarité se trouve au verset 10 : Tant que nous en avons l'occasion, faisons du bien à tout le monde, en premier lieu à ceux qui appartiennent à la famille des croyants. A tout le monde : aux victimes de la torture, aux malades du sida dans le tiers-monde, à ceux qui ont faim, à ceux dont l'eau transmet la maladie. Il n'est pas facile de faire du bien de façon juste et efficace. Il n'est pas possible de régler tous les problèmes de la planète. Mais ne fermons pas notre cœur. Surtout quand il s'agit de frères et sœurs en Christ. Aimer, c'est le fruit de l'Esprit. Aime alors ton prochain comme toi-même. Si tu vis selon l'Esprit, tu seras solidaire.

Responsabilité

Humilité, donc, et solidarité. Et en troisième lieu : responsabilité. C'est dans les versets 7 et 8 : Ne vous faites pas d'illusions : Dieu ne se laisse pas traiter avec mépris. On récolte ce que l'on a semé. Celui qui sème pour satisfaire ses propres désirs d'homme livré à lui-même récoltera ce que produit cet homme, c'est à dire la corruption. Mais celui qui sème pour l'Esprit moissonnera, lui, ce que produit l'Esprit : la vie éternelle.

Pourquoi je parle de responsabilité ici ? Parce que tous nos actes comptent. On récolte ce que l'on sème. Vous semez des carottes, vous récolterez des carottes, et pas des cerises. Si on sème des fleurs, on ne récoltera pas des pommes de terre. On récolte ce que l'on a semé, avec quelque chose en plus. Le bon grain de la parabole du semeur donne trente, soixante, cent fois plus. Mais si l'on sème le vent, on récoltera la tempête. La même chose, mais en plus fort.

Si tu sèmes la paresse, tu récolteras la pauvreté. Si tu sèmes l'orgueil, tu récolteras la solitude. Si tu sèmes le mensonge, tu récolteras la défiance. Mais si tu sèmes l'honnêteté, tu récolteras la confiance. Si tu sèmes l'amour, tu récolteras l'amour. Si tu sèmes la paix, tu récolteras la paix.

On peut semer ce qui appartient à la vie sans Dieu : l'immoralité, la magie, la haine, les orgies, et tout le reste. On récoltera, dit Paul, la corruption, c'est-à-dire la mort. On peut semer pour l'Esprit : amour, joie, paix, maîtrise de soi : on récoltera la vie éternelle. L'apôtre Paul ne contredit pas ici le reste de son épître, où il dit que nous sommes sauvés par la foi, et pas par nos efforts de piété. Il dit simplement que la réalité que révèlent les actes a des conséquences. Seuls ceux qui marchent selon l'Esprit, parce qu'ils croient en Christ et lui obéissent, seuls ceux qui sèment pour l'Esprit auront la vie éternelle. Dieu ne se laissera pas tromper par des gens qui se disent chrétiens mais qui vivent à la manière des païens. C'est à nous de choisir, nous sommes responsables de nos actes.

Je dois nuancer cela un peu. Il est évident que j'ai été profondément influencé par mes parents. J'ai hérité de leurs gènes, j'ai vécu dix-huit ans sous leur toit. Je suis encore influencé par les gens qui m'entourent, par les choses que je lis, que je regarde, que j'écoute. Je ne suis pas seul dans ce monde, je subis parfois malgré moi des influences.

Mais il vient un moment où l'on peut choisir de se démarquer. L'enfant de parents chrétiens peut choisir de vivre sans Dieu. L'enfant de parents non-chrétiens peut se convertir à Christ. La personne qui aura été profondément marqué par des abus physiques ou par des paroles de rejet, cette personne peut se dire : « Je ne me laisserai pas enfermer par mon passé ». Avec l'aide de Dieu je veux m'en sortir. Avec l'aide d'un psy, d'un médecin, de l'Eglise, de mes frères et sœurs : je peux m'en sortir. J'ai subi malgré moi des influences néfastes. Je vais maintenant profiter d'influences saines. Car nous sommes responsables des influences que nous choisissons, bonnes ou mauvaises. Nous pouvons semer pour l'Esprit. Ou pas. Nous sommes responsables.

La récolte que nous moissonnerons n'est pas seulement dans la vie à venir. C'est également ici-bas. Verset 9 : Faisons le bien sans nous laisser gagner par le découragement. Car si nous ne relâchons pas nos efforts, nous récolterons au bon moment. C'est quand, ce « bon moment » ? C'est tout simplement le moment voulu par Dieu. Ici ou là-bas, maintenant ou demain. En attendant la bonne récolte, il faut simplement continuer à semer pour l'Esprit.

Conclusion

C'est quoi, pratiquement, la vie dans l'Esprit ? Si vous voulez un mot pour répondre, il n'y a qu'un seul : l'amour. Si vous voulez trois mots pour répondre, prenez ceux-ci : humilité, solidarité, responsabilité.

Ce qui laisse pour la semaine prochaine la question de la motivation de tout ça.