Les veuves (la solidarité)
11 décembre 2005

Les veuves (la solidarité)

Prédicateur:
Passage: 1 Timothée 5:1-16

Introduction

Bientôt Noël ! Marie accouchera comme une SDF, bientôt entourée d'une horde de pauvres gars de la campagne. La Bible dit : Le Seigneur Jésus, de riche qu'il était, s'est fait pauvre, pour que par sa pauvreté nous soyons enrichis.

L'une des traditions de Noël, c'est de raconter des histoires qui sont un peu comme des paraboles des temps modernes. A côté des personnages de la Bible, on peut y trouver les animaux de la crèche, qui parlent bien sûr, ou un sapin malheureux, ou un jouet abandonné. Comme les paraboles, ces contes de Noël ont souvent une pointe, une morale. Et très souvent, cette morale concerne notre façon de traiter les pauvres. Ruben Saillens, qui était à l'origine de l'Église du Tabernacle et de l'Institut Biblique de Nogent, a écrit l'un des ces contes, qui s'appelle « Le Père Martin ». C'est un pauvre cordonnier de Marseille, qui, le jour de Noël, attend la visite du Seigneur Jésus. Et en attendant, qu'est-ce qu'il fait ? Il accueille les malheureux du quartier, un orphelin, une veuve. Il ne voit jamais Jésus, en fait. Mais ce qu'il a fait pour les pauvres, il l'a fait pour le Seigneur.

Pour moi, une histoire comme ça est troublante, parce que je ne suis pas naturellement porté à penser aux autres. Je n'ai pas la fibre sociale, comme on dit. Je suis donc dans la position d'un malheureux pasteur qui doit enseigner la parole de Dieu, alors qu'il a tant de choses à apprendre lui-même. Nous allons essayer d'apprendre des choses ensemble ce matin, en abordant un passage de la Bible qui nous donne l'exemple concret d'une Église confrontée à la pauvreté.

Il s'agit de l'Église d'Ephèse, et c'est dans 1 Timothée au chapitre 5.

Lecture 1 Tim 5.1-16

Les veuves à Ephèse

Déjà tout au début de l'Église, en Actes 6, il fallait que les chrétiens s'organisent pour s'occuper des veuves. C'était à une époque sans sécurité sociale, sans caisses de retraite. La seule façon de s'en sortir quand on était malade ou vieux, c'était de bénéficier du soutien de la famille. Ce qui fait que les gens sans famille étaient particulièrement vulnérables. L'Ancien Testament est rempli de passages qui nous incitent à prendre soin des étrangers, des orphelins et des veuves. « Honore ton père et ta mère », dit le commandement. Non seulement à l'intention des familles, mais aussi à l'intention de toute la communauté. Dans l'original, Paul utilise le même mot au verset 3 : « Honore les veuves ».

Toutes les veuves ? Même une grande Église comme celle d'Ephèse n'a probablement assez de ressources pour s'occuper de toutes les veuves. Elle doit donc faire le tri. Sur quelle base peut-elle le faire ?

Dans les versets 3 à 5, le premier critère, c'est que l'Église ne va pas se substituer aux familles. Elle doit s'occuper uniquement des veuves qui n'ont vraiment personne. Elle doit pousser les chrétiens à assumer leurs responsabilités familiales. Si quelqu'un ne prend pas soin des siens, il a renié la foi, il est pire qu'un incroyant (v8) !

Le deuxième critère, c'est celui de l'âge : pas en dessous de 60 ans. En dessous de cet âge-là, les veuves doivent plutôt se remarier. Ce qui prouve, en passant, que l'apôtre Paul n'est pas contre le mariage.

Le troisième critère, c'est que la veuve soutenue par l'Église doit donner des preuves de son engagement chrétien. Une veuve qui est sérieuse, qui est connue pour ses bonnes oeuvres, qui prie nuit et jour comme la prophétesse Anne dans le Temple de Jérusalem : celle-là peut être prise en charge par l'Église, et elle s'engagera à être au service de l'Église. Si elle ne vit que pour elle-même, si elle n'a rien fait pour Dieu, l'Église n'a pas d'obligation matérielle envers elle.

Voilà les règles du jeu à Ephèse au premier siècle.

Qu'est qui reste valable pour nous ?

On peut dire tout de suite que le nombre de cas concrets auxquels nous allons être confrontés a beaucoup diminué. En plus de la solidarité des familles, il y a maintenant la solidarité de l'État. A Ephèse, l'Église était en deuxième ligne derrière les familles ; aujourd'hui en France elle est en troisième ligne seulement. Mais elle a toujours une responsabilité envers les siens. Quand et comment ? Elle a besoin de règles pratiques, pour pouvoir aider quand il y a une vraie carence quelque part.

Sur le plan juridique, la loi de 1905 nous interdit de le faire à partir de l'argent du culte. Mais comme beaucoup d'Églises, nous avons une association 1901, Parole et Actes, nous permet d'avoir tous les projets humanitaires que nous voulons – si nous avons les fonds. Nous avons utilisé ce dispositif en janvier, à l'occasion du tsunami.

L'Église doit s'occuper des siens, mais c'est sans doute moins prioritaire aujourd'hui en France qu'au premier siècle à Ephèse.

Un idéal de service et de générosité

Par contre, il y a quelque chose d'essentiel qui reste valable pour nous. C'est l'idéal de générosité et de service. Que demande-t-on pour qu'une veuve soit inscrite sur la liste officielle ? « Elle doit être connue pour ses œuvres bonnes, avoir bien élevé ses enfants, ouvert sa maison aux étrangers, lavé les pieds de ceux qui appartiennent à Dieu, secouru les malheureux, et pratiqué toutes sortes d'actions bonnes ». C'est seulement pour les veuves de plus de 60 ans, cela ? Bien sûr que non ! On demande ce genre de choses aux anciens et aux diacres, qui eux doivent être des modèles pour tout le monde. Logiquement donc, tout chrétien doit être connu pour ses bonnes œuvres, sa vie de famille, son sens de l'hospitalité, son esprit de service, son action en faveur des malheureux. Ce passage nous laisse voir un idéal de service et de générosité qui nous parle à tous.

Le contre-exemple est parlant aussi : Courir après les plaisirs, verset 6, ne pas prendre soin des siens, verset 8, ne pas respecter son engagement vis-à-vis de Christ, verset 12, prendre l'habitude de ne rien faire, se répandre en commérages, se mêler de tout et parler à tort et à travers, verset 13, prêter le flanc aux critiques, verset 14, se détourner du droit chemin, verset 15. Voilà le type de comportement à éviter.

On peut se demander pourquoi les jeunes veuves seraient particulièrement en ligne de mire ici. Les avis divergent, mais il me semble que la mort frappait beaucoup plus jeune dans les sociétés antiques que chez nous, peut-être comme en Afrique à l'heure actuelle. Être jeune et perdre son époux devait être plus courant qu'en France à l'heure actuelle. Les jeunes veufs ne perdaient pas leurs moyens de subsistance ; mais les jeunes veuves si. Les jeunes veufs ne perdaient pas leur activité dans le monde ; les jeunes veuves, sans mari, étaient livrées à elles-mêmes. Et du coup, elles pouvaient courir après des futilités. Certains pensent que ce sont elles qui furent les premières victimes des mauvais enseignants qui menaçaient l'Église.

Quoi qu'il en soit, il y a deux styles de vie, ici. Une vie consacrée aux futilités ; une vie généreuse consacrée aux autres. A nous de choisir.

J'ai parlé de générosité tout à l'heure. C'est assez frappant dans ce curieux verset 16 : « Si une croyante a des veuves dans sa famille, qu'elle subvienne à leurs besoins… » Des veuves. Donc pas seulement ses propres parents. Mais des tantes, des cousines, et d'autres encore. Forcément, cette parole s'adresse à une croyante qui a les moyens d'agir. Mais si elle a les moyens, elle ne doit pas chercher des excuses pour limiter sa générosité au strict nécessaire. Elle doit aller au-delà du minimum. Son aide doit être généreuse.

Essayons d'être un peu plus pratique.

Nous sommes à la veille de Noël. Nous allons peut-être dépenser de l'argent pour les repas, pour des cadeaux, pour nous offrir des plaisirs. Si vous le pouvez, c'est très bien ! Dans les Chroniques de Narnia, c'est la sorcière blanche qui supprime Noël ! Avec la victoire d'Aslan, la joie revient ! La naissance de Jésus se fête, et la fête, c'est toujours des petits plus.

Mais n'oublions pas les malheureux. Si vous offrez des cadeaux à vos enfants, ou à vos parents, pourquoi ne pas en offrir aussi au Seigneur ?

(Transparent)

  • - Un don à Portes Ouvertes pour les chrétiens du Pakistan, qui seront les derniers à voir l'aide internationale
  • - Un don pour le salaire des Reiss, qui travaillent dans une école à Tunis
  • - Un engagement pour parrainer un enfant, avec le S.E.L.
  • - Un don pour la Mission Biblique en Côte d'Ivoire, où il y a eu des troubles
  • - Un don pour les sans-logis à Paris
  • - Un don pour Opération Mobilisation et son projet SIDA…

Ce serait quelque chose de formidable de discuter en famille du cadeau exceptionnel que vous voulez offrir, le prix d'un CD, d'une voiture télécommandée, d'un portable dernier cri… Quelque chose d'honnête, quelque chose de valable, quelque chose qui fasse plaisir à ceux qui donnent comme à ceux qui reçoivent.

Je sais que nous risquons cette année de rater la cible du budget de l'Église, alors que 17% de ce budget est consacré aux missions. Je ne suis pas en train de vous demander de diminuer vos engagements envers l'Église pour soutenir autre chose, de manière à faire ce qu'on appelle une opération blanche : un peu moins pour l'Église, un peu plus pour la Côte d'Ivoire… Ce ne serait pas quelque chose de spécial, ce ne serait pas un cadeau. Vous resteriez dans le strict minimum. Non, je vous encourage – je m'encourage – à faire preuve de générosité. N'attendons pas d'être seuls dans la vie et d'avoir 60 ans pour y penser ! Apprenons la générosité en famille, et associons-y nos enfants. Si vous n'avez pas à la maison les bonnes adresses, mettez simplement une enveloppe dans le panier la prochaine fois, à côté de votre offrande habituelle, et nous transmettrons votre don suivant vos indications.

Le Père Martin est dans son échoppe près du Vieux Port le jour de Noël, et il voit passer les pauvres. Pauvre lui-même, il a quand même un sourire à offrir, et même une fois une paire de chaussures d'enfant, son bijou. C'est touchant.

Et après ?

Je profite sans complexes de Noël pour vous poser, à vous comme à moi, la question que laisse 1 Timothée 5 pour toute l'année. Faisons-nous en permanence ce qu'il faut pour ceux qui sont dans le besoin ? Sommes-nous connus pour nos œuvres bonnes, avons-nous ouvert notre maison aux étrangers, lavé les pieds de ceux qui appartiennent à Dieu, secouru les malheureux, et pratiqué toutes sortes d'actions bonnes ?

Je sais que c'est un point faible chez moi. Mais j'ai envie de progresser. A Noël, nous avons le cœur en fête. Ayons en même temps le cœur ouvert. Le Seigneur Jésus, de riche qu'il était, s'est fait pauvre, pour que par sa pauvreté nous soyons enrichis.

Amen