9 juillet 2006

La religion, les gens et nous

Prédicateur:
Passage: Jean 14:1-9 ; Actes 4:11, 12 ,20

Introduction

Est-ce qu’Ousama ben Laden est un vrai musulman ? Est-ce que Laurent Kabila est un vrai chrétien ? Et Georges Bush, et Jacques Chirac, et Marie-George Buffet : est-ce que ce sont de vrais chrétiens ?

Notre perception de l’Islam est modelée par l’actualité ; et dans le monde musulman, leur perception de l’Evangile est aussi modelée par l’actualité. Là-bas, tous les occidentaux sont des chrétiens, qu’ils croient en Dieu ou pas, qu’ils agissent conformément à l’Evangile ou pas. Les soldats en Irak sont chrétiens, les éditeurs d’émissions pornographiques sont chrétiens, les touristes européens sont tous chrétiens. Et pour les occidentaux, tous les lanceurs de bombes et les coupeurs de tête sont forcément de vrais musulmans.

C’est un peu simpliste, n’est-ce pas ?

Essayons d’y voir un peu plus clair. Et pour que vous suiviez ce que j’ai à dire, vous pouvez penser au titre que je me suis donné : les religions, les gens et nous.

Les religions et les pays

Le christianisme, le bouddhisme, l’islam, ce sont des religions qui ont fortement influencé l’humanité. Elles marquent la culture des pays où elles sont implantées. C’est ainsi qu’on peut parler de la France comme un pays chrétien, alors qu’une minorité seulement pratique cette religion. Allez, c’est obligatoirement un pays chrétien, parce que Noël et le 15 août sont fériés !

La grosse différence entre la France et les pays musulmans dans ce domaine, c’est que les Français ne revendiquent plus leur héritage religieux. Aux Etats-Unis le lien entre le pays et la religion est très fort : il est très faible en France. Dans les pays musulmans, le lien entre la religion et le pays est toujours très fort. Même dans des états laïcs comme la Turquie. Le Tunisien et le Turc appartiennent à une communauté qui est en même temps nationale et religieuse. Changer de religion, ce serait rejeter son pays. La religion est donc très puissante.

Et quand une religion maintient les gens dans l’ignorance et l’erreur concernant Jésus-Christ ? Ou quand en France le matérialisme fait autant ? Certains versets de la Bible posent un diagnostic terrible en parlant de l’opposition des autorités juives à Jésus, ou du culte idolâtre de Grèce et de Rome :

Nous savons que nous appartenons à Dieu, alors que le monde entier est sous la coupe du diable. (1 Jean 5.19).

Ou alors :

Le dieu de ce monde a aveuglé leur esprit et les empêche ainsi de voir briller la lumière de la Bonne Nouvelle qui fait resplendir la gloire du Christ, lui qui est l'image de Dieu. (2 Cor 4.4)

Ou encore :

Votre père, c'est le diable, et vous voulez vous conformer à ses désirs. Depuis le commencement, c'est un meurtrier : il ne se tient pas dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il ment, il parle de son propre fond, puisqu'il est menteur, lui le père du mensonge. (Jean 8.44)

Le monde est encore régi par de puissants systèmes de croyances qui ne peuvent pas être tous vrais. Dans un pays démocratique, on s’y habitue. Mais il est dur de vivre dans un pays où 95% de la population est convaincu que Jésus n’est pas mort sur la croix, qu’il n’a pas donné sa vie pour nos péchés, qu’il n’est pas Dieu devenu homme, que la Bible est un faux… et où le témoignage des chrétiens ne compte pas devant les tribunaux.

Les religions du monde : elles renferment évidemment des éléments de vérité. Mais elles sont en même temps hostiles voire très hostiles à la foi en Jésus-Christ comme seul sauveur.

Les gens

Je vous ai dit que j’allais parler des religions et des gens.

Les gens : le thème est vaste. Les chrétiens. Les musulmans. Mais lesquels ? Les criminels, les fanatiques, les ivrognes, les corrompus ? Ou les gens qui travaillent, qui aiment leurs enfants, qui essaient de vivre dans l’honnêteté la droiture ? Les hommes et les femmes de paix ? Ou les va-t’en guerre ? Ou les gens qui sont un peu de tout ça, bourrés de contradictions comme vous et moi ?

J’aimerais nous inviter à regarder les musulmans qui sont nos collègues et nos voisins comme des gens bien. Sauf preuve du contraire. Nous avons appris à surmonter notre racisme instinctif en ce qui concerne les noirs et les blancs. De la même manière, nous devons surmonter notre racisme instinctif en ce qui concerne les musulmans.

Ma fille a fait ses études de médecine dans un hôpital qui porte le nom d’un médecin arabe et musulman : l’hôpital Avicenne, de Bobigny. Cela ne lui a pas porté malheur. Si vous allez pour vos vacances dans un pays musulman, vous découvrirez toute une histoire, toute une civilisation. Et si vous apprenez à connaître des musulmans près de chez vous, vous trouverez souvent des gens hospitaliers, accueillants, qui aiment leurs enfants, qui prient.

Pas tous. Pas plus que les occidentaux. On peut tomber partout sur des voisins casse-pieds, sur des gens grossiers et malhonnêtes. Et on va dire x pour cent des arabes ceci, x pour cent des noirs cela, x pour cent des gitans, x pour cent des blancs, x pour cent des Américains… ? Sûrement pas. Nous allons mettre en pratique ce que la Bible nous enseigne : Aime ton prochain comme toi-même. Et qui est mon prochain ? C’est ce maudit Samaritain, qui n’est pas du même pays, qui a sa propre religion, qui conteste les éléments fondamentaux de la mienne. Avant d’être un Samaritain, c’est un être humain.

Et même lorsque la télévision nous montre des images d’Iraniens se fouettant jusqu'au sang, même lorsque Portes Ouvertes nous parle d’injustices et de fanatismes, même lorsqu’une bande de jeunes musulmans crache sur nous ou sur les Juifs : disons-nous bien que ce sont des gens qui partagent notre humanité. Fils d’Adam comme nous. Marqués par le péché et l’ignorance comme nous. Aimés de Dieu comme nous.

Qu’est-ce que nous allons faire ?

 

La religion. Les gens. Et nous. Qu’est-ce que nous allons faire ?

Le strict minimum, c’est de nous intéresser aux gens. On peut toujours poser des questions sur la santé ou sur la famille. On peut poser des questions sur le pays d’origine, sur le sens d’une fête religieuse. Sans polémiquer, sans s’imposer, en toute humilité. Parce qu’on s’intéresse aux gens. On s’intéresse à ce qui fait leur vie.

Quand on s’intéresse aux gens, il y a une chose de plus qu’on fait : on prie pour eux. On peut se dire que dans cette relation qui se tisse au travail ou à l’étage en dessous il y a un autre intervenant possible : il y a Dieu.

Il y a Dieu aussi quand on prie pour les chrétiens minoritaires et persécutés ; il y a Dieu quand nous prions pour les pays que la guerre a bouleversés ; il y a Dieu quand nous prions pour ceux qui sont ses témoins en Kabylie ou à Kairouan. Et c’est étonnant comment Dieu se révèle à des gens que rien ne disposait à devenir chrétiens : par la radio et la télévision ; par l’effet repoussoir du fanatisme ; par la curiosité intellectuelle ; par des rêves et des visions ; par le témoignage d’un proche. Sans traverser les mers, peut-être que Dieu vous donnera l’occasion de franchir une barrière culturelle et de dire qui est Jésus-Christ pour vous. Moi j’ai lu le Coran ; et toi, tu as lu l’Evangile ?

Si l’on vous demande de justifier votre espérance, soyez toujours prêts à la défendre, avec humilité et respect (1 Pierre 3.15-16). C’est possible ! Pour toi, demain, c’est possible ! Ne pense pas à la religion. Pense au gens !

Amen