28 janvier 2007

La prière selon Jean 15.7 (Demeurez en moi…)

Prédicateur:
Passage: Jean 15:7
Topics:

Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous,
demandez ce que vous voudrez, vous l’obtiendrez
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Introduction

Dimanche dernier j’ai dit dans mon message que le Saint-Esprit nous aide quand nous ne savons pas prier comme il faut. Et en parlant avec quelqu’un après, j’ai pensé à ce texte de Jean : Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. Ou, pour le redire avec les mots de la Bible du Semeur : Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, vous l’obtiendrez. C’est dans l’Evangile de Jean, au chapitre 15. Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, vous l’obtiendrez.

Depuis dimanche dernier ce verset me trotte dans la tête. C’est simple, c’est profond. J’aimerais que nous apprenions ce verset par cœur, que nous puissions y méditer demain en faisant la vaisselle ou en regardant passer les motos dans un bouchon. Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, vous l’obtiendrez Jean 15.7.

Qu’est-ce que Jésus veut dire en disant : Demeurez en moi ? Pour le savoir, il faut lire ce qui vient juste avant et juste après. C’est la règle de base de toute lecture biblique. Situer les versets dans leur contexte. Nous allons le faire, en lisant Jean 15.1-11.

Lecture

Demeurez en moi

Demeurez en moi, c’est donc en rapport avec l’image de la vigne. Quand j’étais enfant, je pensais que la vigne était une sorte d’arbre avec des branches, comme un chêne. Mais non, c’est plutôt comme un rosier. Il y a un pied, qu’on appelle le cep, et puis en en partant du cep il y a des branches assez fines que l’on appelle les sarments. Ce sont eux qui portent les feuilles et surtout les grappes. Si on veut de beaux raisins, on élimine un certain nombre de sarments et on taille les autres. Comme cela, toute la force de la vigne va dans les sarments qui restent et qui portent le fruit.

C’est une image de la relation qui existe entre Jésus et ses disciples. Si nous sommes attachés à lui, si nous sommes en communion avec lui, sa vie coule en nous, ses fruits se produisent en nous. S’il n’y a pas de fruits, il y a un problème : la sève ne passe pas, le sarment ne vaut rien. Même quand il y a des fruits, le vigneron va tailler le sarment, va éliminer des brindilles inutiles, va nettoyer le sarment pour que les fruits soient encore plus beaux.

Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, vous l’obtiendrez. Autrement dit, la première condition pour que nos prières soient exaucées, c’est que nous soyons raccordés à Jésus. Dieu est bon, il fait pleuvoir sur les méchants et sur les bons. Il exauce aussi par pure grâce la prière de toutes sortes de personnes. Mais il ne faut aucune promesse à ce sujet. Tandis qu’ici, pour ceux qui appartiennent à Jésus-Christ, il y a une promesse.

Comment faire pour être raccordé à Jésus comme le sarment est raccordé au pied de la vigne ? Il faut que tu crées un pacte avec lui, une alliance, une sorte de mariage, à la vie et la mort. De ton côté tu reconnais qu’il est le chef et que tu lui as souvent désobéi. Tu lui demandes pardon, tu le reconnais comme le Sauveur, tu reconnais qu’il est mort pour toi, tu t’engages à le suivre. Et de son côté, il voit si tu es sincère ou pas. Si tu l’es, il pardonne tes fautes, il te fait naître de nouveau, il te fait entrer dans la nouvelle alliance. Il met sa vie en toi, il te donne son Esprit, tu commences à porter ses fruits.

Si tu ne demeures pas en communion avec lui, la sève ne va plus passer, les feuilles et les fruits vont commencer à se flétrir. Si vous m’aimez, gardez mes commandements, dit-il. (Jean 14.15). Tu ne peux pas demeurer en communion avec lui si tu rejettes l’un de ses commandements. Surtout si tu rejettes le plus grand d’entre eux, le commandement d’aimer. Ecoute ce qu’il dit : Comme le Père m'a toujours aimé, moi aussi je vous ai aimés ; maintenez-vous donc dans mon amour. Si vous obéissez à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, tout comme moi-même j'ai obéi aux commandements de mon Père et je demeure dans son amour… Voici quel est mon commandement : aimez-vous les uns les autres comme moi-même je vous ai aimés Jean 15.9-10, 12. Demeurez en Christ implique d’aimer vraiment.

Si mes paroles demeurent en vous

Si vous demeurez en moi. On s’attendrait à ce que la suite soit symétrique : et que je demeure en vous. Mais Jésus dit en fait autre chose : Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez…

Nous ne pouvons pas rester en communion avec Christ et nous ne pouvons pas prier comme il faut si la Parole de Christ n’habite pas en nous dans toute sa richesse. Les chrétiens évangéliques sont censés être des gens qui lisent la Bible, qui connaissent la Bible, qui diffusent la Bible. Mais je me demande si ça va être longtemps comme cela. Le monde moderne attache moins d’importance à la lecture qu’autrefois. Il aime l’image, le son, l’action, l’émotion, le spectacle, la communion de millions de personnes autour d’une même émission. La lecture passe pour être le loisir d’une élite.

Eh bien, les chrétiens sont appelés à être une élite. La Parole de Christ doit demeurer en nous. Un culte sans Bible – comme il en existe – ça ne va pas. Une vie chrétienne sans Bible, ça ne va pas. Une prière sans Bible, ça ne va pas. Au moment de la Réforme, dans les fermes et dans les ateliers, des gens simples lisaient la Bible, parfois au péril de leur vie. Et encore de nos jours, quand quelqu’un se tourne vers Christ, il commence à lire. Il a envie de découvrir ce Sauveur qu’est Jésus-Christ. Quand je me suis tourné vers Christ, j’ai lu la moitié de l’Evangile de Matthieu en un après-midi. J’avais faim de la Parole de Dieu.

C’est plus compliqué si le français n’est pas votre langue maternelle, ou si vous avez quitté l’école à douze ans, je le sais. Il y a des solutions. On peut suivre des cours d’alphabétisation. On peut écouter la Bible sous forme audio. Une traduction en français fondamental existe aussi, fidèle mais simple. Il existe des chants qui reprennent les paroles de la Bible. Mais ce que Jésus dit est pour tous : Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, vous l’obtiendrez. Les versets les plus parlants, on peut les mémoriser, c’est fou le bien que cela fait.

Si mes paroles demeurent en vous… elles vont nous modeler, nous transformer. Elles nous rendront plus forts devant la tentation et le péché. Elles nous aideront à vaincre la peur. Elles nous aideront à parler pour Christ. Elles nous reprendront. Elles nous pousseront vers le bien, vers l’amour, vers la sainteté. Elles changeront même nos pensées et nos désirs les plus profonds. C’est pour cela que Jésus nous dit : Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, vous l’obtiendrez.

Demandez ce que vous voudrez

Jésus dit de demander. Il y a des prières d’adoration, il y a des prières de repentance, il y a des prières de demande. Jésus dit : Jusqu'à présent vous n'avez rien demandé en mon nom. Demandez, et vous recevrez, pour que votre joie soit complète. La personne qui demeure en Christ ne demande pas la mort de ses ennemis, ou le gros lot du loto, ou la bonne marche d’une magouille. Elle cherche d’abord le royaume et la justice de Dieu. Elle demande donc le pain quotidien, la sagesse, la victoire sur la tentation, l’annonce de l’Evangile, la venue du règne de Dieu et tout ce qui s’ensuit. Quand nous demeurons en Christ et que ses paroles demeurent en nous, notre demande et notre pensée s’alignent sur la pensée de Dieu. Ce que nous demandons sera forcément exaucé.

Oui, mais. Nous savons que nos prières ne sont pas toujours exaucées comme nous l’entendons. Vous avez prié pour un travail, et vous ne l’avez pas eu. Vous avez prié pour avoir un mari, vous ne l’avez pas encore trouvé. Vous avez prié pour être guéri, et vous traînez encore et toujours. Et pourtant, vous respectez de votre mieux les conditions : Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai (Jean 14.14). Pourquoi j’ai été licencié, pourquoi mes enfants ne se sont pas convertis, pourquoi je n’ai toujours pas mon permis ?

La réponse simple, mais souvent fausse, c’est de dire que Dieu ne nous a pas exaucés parce que nous avons manqué de foi. C’est de ma faute si je ne suis pas guéri. Nous pouvons le penser, les gens peuvent nous le dire. Et pourtant, il faudrait seulement de la foi petite comme un grain de sénevé pour déplacer une montagne. La foi comme Jaïrus qui dit à Jésus : Viens au secours de mon incrédulité. Jésus a guéri quantité de gens qui n’avaient pas une foi extraordinaire, des gens qui ne lui ont rien demandé. La réponse réelle à nos pourquoi, ce n’est probablement pas que nous avons manqué de foi.

Pensez à ce géant de la foi qu’était l’apôtre Paul. Il est handicapé dans sa mission, il prie trois fois le Seigneur de le délivrer d’un problème physique, qu’il appelle une écharde dans la chair. Et trois fois le Seigneur lui dit non. Trois fois le Seigneur lui dit : Ma grâce te suffit, ma force s’accomplit dans la faiblesse (2 Cor 12.9). Il a eu une réponse de Dieu, une réponse qui l’a comblé. Mais il n’a pas eu la réponse qu’il voulait. Pourquoi ? Il a donné lui-même l’explication, nous en avons parlé la semaine dernière : Nous ne savons pas prier comme il faut… mais le Saint-Esprit intercède avec des soupirs inexprimables (Romains 8.26). Derrière la prière de Paul pour être délivré il y avait une autre prière, qu’il n’avait pas dite formellement mais qui était là au fond de son âme : Que Dieu lui permette d’annoncer l’Evangile à toute créature. Paul pensait qu’il fallait qu’il soit en bonne santé pour le faire. Le Saint-Esprit a réinterprété sa prière en lui assurant que dans sa faiblesse la puissance de Dieu serait manifeste.

Pensez à une autre prière, encore plus célèbre que celle de Paul. Abba, Père, pour toi, tout est possible. Eloigne de moi cette coupe. Jésus aurait aimé ne pas boire à la souffrance de la croix. Il a prié dans ce sens. On pourrait dire que Jésus non plus n’a pas été exaucé, qu’il a donné à Gethsémani le démenti de ce qu’il avait promis quelques heures avant. Mais non, il y avait une autre prière qu’il a faite en même temps, une prière qui était comme sa respiration quotidienne : Cependant, qu’il arrive non pas ce que je veux, mais ce que toi, tu veux (Marc 14.36). La prière de Jésus était un dialogue avec son Père, il était normal qu’il dise ses sentiments. Mais sa prière de fond a été exaucée au-delà de tout : le plan de Dieu s’est réalisé, Christ a enduré la croix, il a porté nos péchés, il a obtenu pour nous un salut éternel. Qu’il arrive non pas ce que je veux mais ce que toi, tu veux.

J’ai entendu affirmer que quand quelqu’un prie : « Que tout se fasse selon ta volonté », il manque de foi. A ce moment-là, Jésus aussi a manqué de foi. Mais non, vouloir que la volonté de Dieu se fasse, c’est le fond de toute prière vraiment chrétienne. Prier pour que notre volonté se fasse dans le ciel comme sur la terre, c’est du paganisme, même quand c’est déguisé avec des mots chrétiens, même quand c’est soi-disant une parole de foi.

Conclusion

Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, vous l’obtiendrez.

Qu’est-ce que nous attendons pour demander ? Demander, cela fait partie de la relation avec un Père. Il faut oser demander, accepter que le Saint-Esprit nous aide, accepter que dans le dialogue avec Dieu nos désirs soient conduits, modelés, remodelés. Il faut demander, pour que nous recevions ce que nous avons demandé et que notre joie soit complète. Demandons.

Amen