21 janvier 2007

La prière

Prédicateur:
Passage: Romains 8:18-30
Topics:

Introduction

Il est difficile d’échapper au thème de la prière ce mois-ci. Nous avons eu cinq soirées de prière en début du mois. Dimanche dernier il était question de la prière. Nos groupes de maison ont parlé de la prière et ils ont effectivement prié.

Manifestement, c’est un sujet important. C’est aussi un sujet difficile. Nous ne savons pas prier comme il faut. Et ce n’est pas nouveau : l’apôtre Paul le dit dans une de ses lettres. J’aimerais vous lire tout le passage, qui se trouve dans Romains 8, les versets 18 à 30.

Lecture

Rom 8,18 J'estime d'ailleurs qu'il n'y a aucune commune mesure entre les souffrances de la vie présente et la gloire qui va se révéler en nous.

Rom 8,19 C'est en effet cette révélation des fils de Dieu que la création attend avec un ardent désir.

Rom 8,20 Car la création a été soumise au pouvoir de la fragilité ; cela ne s'est pas produit de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise. Il lui a toutefois donné une espérance :

Rom 8,21 c'est que la création elle-même sera délivrée de la puissance de corruption qui l'asservit pour accéder à la liberté que les enfants de Dieu connaîtront dans la gloire.

Rom 8,22 Nous le savons bien, en effet : jusqu'à présent la création tout entière est unie dans un profond gémissement et dans les douleurs d'un enfantement.

Rom 8,23 Elle n'est pas seule à gémir ; car nous aussi, qui avons reçu l'Esprit comme avant-goût de la gloire, nous gémissons du fond du cœur, en attendant d'être pleinement établis dans notre condition de fils adoptifs de Dieu quand notre corps sera délivré.

Rom 8,24 Car nous sommes sauvés, mais c'est en espérance ; or, voir ce que l'on espère, ce n'est plus espérer ; qui, en effet, continue à espérer ce qu'il voit ?

Rom 8,25 Mais si nous ne voyons pas ce que nous espérons, nous l'attendons avec persévérance.

Rom 8,26 De même, l'Esprit vient nous aider dans notre faiblesse. En effet, nous ne savons pas prier comme il faut, mais l'Esprit lui-même intercède en gémissant d'une manière inexprimable.

Rom 8,27 Et Dieu qui scrute les cœurs sait ce vers quoi tend l'Esprit, car c'est en accord avec Dieu qu'il intercède pour ceux qui appartiennent à Dieu.

Rom 8,28 Nous savons en outre que Dieu fait concourir toutes choses au bien de ceux qui l'aiment, de ceux qui ont été appelés conformément au plan divin.

Rom 8,29 En effet, ceux que Dieu a connus d'avance, il les a aussi destinés d'avance à devenir conformes à l'image de son Fils, afin que celui-ci soit l'aîné de nombreux frères.

Rom 8,30 Ceux qu'il a ainsi destinés, il les a aussi appelés à lui ; ceux qu'il a ainsi appelés, il les a aussi déclarés justes, et ceux qu'il a déclarés justes, il les a aussi conduits à la gloire.

Nous ne savons pas prier comme il faut

Nous ne savons pas prier comme il faut, dit l’apôtre. Eh oui, c’est un problème permanent. Les douze disciples ont demandé à Jésus de leur apprendre à prier. Plus tard, à Gethsémané, il leur fera le reproche de ne pas avoir prié avec lui. Si la prière était si évidente que cela, il n’y aurait pas dans toutes les épîtres autant d’encouragements à la prière : de prier en tout temps, en toutes circonstances, de rendre grâces, d’intercéder, de présenter nos requêtes à Dieu. Personnellement, j’ai besoin de ces exhortations. J’ai besoin des temps de prière que l’Eglise me propose, pour que mes frères me viennent en renfort. J’ai besoin de temps de calme parfois, pour être seul avec Dieu et sans pression par rapport à une journée qui commence.

Nous ne savons pas prier comme il faut. Est-ce une question de mots, de formules qui soient plus ou moins efficaces ? Est-ce que nous avons une prière plus forte si nous prions par le sang de Jésus, ou par le nom puissant de Jésus, ou avec la dénonciation de tel ou tel mauvais esprit ? Certains le pensent. Mais Jésus nous a mis en garde contre le genre de prière qui attache de l’importance aux mots :

Mt 6,7 Dans vos prières, ne rabâchez pas des tas de paroles, à la manière des païens ; ils s'imaginent qu'à force de paroles Dieu les entendra.

Mt 6,8 Ne les imitez pas, car votre Père sait ce qu'il vous faut, avant que vous le lui demandiez.

Ce n’est pas le nombre de paroles qui compte, ni le volume, ni les formules que nous répétons. C’est du paganisme, tout cela. C’est comme les paroles que le guérisseur ou le marabout vous dit de réciter. Non, la prière chrétienne, ce n’est pas la découverte de paroles puissantes qui marchent.

Nous ne savons pas prier comme il faut. Est-ce que cela veut dire alors que nous ne savons pas à qui adresser nos prières ? Du temps de la Bible, c’était le grand problème des religions païennes. Quand il y a beaucoup de dieux, lequel est celui qui va vous défendre au mieux, qui va vous dépanner, vous favoriser, vous protéger ? Les Athéniens avaient même un autel dédié à un dieu inconnu, ils avaient peur d’oublier quelqu’un. Dans la chrétienté, vous connaissez le proverbe, il y en a qui ne savent pas à quel saint se vouer. Et d’autres peuvent se demander s’il faut prier Dieu ou Yahvé ou le Seigneur ou Jésus-Christ ou le Saint-Esprit ou le Père. Mais c’est un faux problème. Parce que Dieu est un, même les démons savent cela. Par respect envers lui, nous allons utiliser les noms qu’il se donne dans sa Parole. Nous allons faire comme les apôtres en adressant nos prières de préférence à Dieu le Père. Nous le faisons dans la communion de Jésus-Christ. C’est cela que veut dire la phrase : au nom de Jésus. Et nous prions avec le Saint-Esprit qui intercède avec nous, comme dit le passage que nous avons lu.

Nous ne savons pas prier comme il faut. Est-ce que cela veut dire alors que nous ne savons pas quoi demander ? C’est sans doute cela. Le Seigneur nous a donné des indications importantes, mais dans le détail, on ne sait pas toujours. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour : mais par le biais de quel travail ? quelle candidature ? quelle agence ? dans quelle ville ? Le Notre Père ne le dit pas. Que ton règne vienne, que ta volonté soi faite sur la terre comme au ciel : mais quand nous prions pour la Corée du Nord, nous ne savons pas s’il faut prier pour la chute du régime, pour la conversion du dictateur, pour la résistance des chrétiens dans l’épreuve, ou pour tout cela en même temps. Et quand nous prions pour quelqu’un de malade – et l’épître de Jacques nous invite à le faire – nous ne pouvons généralement pas savoir quand ou comment Dieu veut intervenir. Prier seulement pour que la personne malade ait bon courage, cela paraît insuffisant ; prier pour qu’elle guérisse à coup sûr par un miracle, cela paraît présomptueux ; prier quand la mort rode, ce n’est pas simple. Nous ne savons pas prier comme il faut.

Dans quel monde sommes-nous ?

Le problème est d’autant plus grave que nous vivons dans un contexte difficile, que l’apôtre Paul nous rappelle. Il parle des souffrances de la vie présente (Rom 8.18). Il dit que la création est devenue fragile, ou vaine, ou dérisoire, ou frustrante (Rom 8.19), qu’elle est asservie à la puissance de la corruption (Rom 8.20), qu’elle gémit dans les douleurs de l’enfantement (Rom 8.22). Nous sommes faibles (Rom 8.26) et nous gémissons en attendant d’être enfin pleinement établis dans notre condition de fils de Dieu (Rom 8.23). Paul parlera dans la suite du chapitre de détresses, d’angoisses, de persécutions, de la faim, de la misère et de l’épée.

La gloire est encore à venir, verset 18. La création même l’attend avec un ardent désir, verset 19. Nous sommes sauvés, mais c’est en espérance verset 24. Et entre les difficultés et les souffrances parfois bien réelles du temps présent et la gloire à venir, nous éprouvons une immense frustration. Les choses ne sont pas ce qu’elles devraient être. Nous ne sommes pas nous-mêmes ce que nous devrions être. Nous ne pouvons pas nous contenter de la situation présente, et nous ne vivons pas encore ce que nous attendons. C’est pour cela que Paul parle de gémissements. Les gémissements de la création. Les gémissements des enfants de Dieu qui attendent leur délivrance. Nous gémissons du fond du cœur, dit-il, au verset 23. Tantôt à cause des souffrances du temps présent. Tantôt, je suppose, parce que nous ne sommes pas encore pleinement établis dans notre condition de fils de Dieu, verset 23 et que nous ne sommes pas encore conformes à l’image de Jésus-Christ, verset 29.

La prière d’intercession

Chose étonnante, le Saint-Esprit gémit aussi, verset 26. L’Esprit qui est en nous, si nous appartenons à Jésus-Christ, s’associe à nous, intercède avec nous. Nous ne savons pas comment prier. Mais le Saint-Esprit prie à nos côtés.

Il y a bien différentes sortes de prières. Des prières de louange, des prières de confession, des prières de reconnaissance, des prières pour nous-mêmes : le livre des Psaumes nous montre toutes sortes de prières. Mais ici l’apôtre Paul mentionne particulièrement la prière d’intercession. C’est la prière en faveur de quelqu’un d’autre, ou pour le monde. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour est une prière de demande personnelle, si vous pensez à votre propre situation. C’est une prière d’intercession si vous priez pour un ami au chômage ou pour un pays livré à la famine. Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite su la terre comme au ciel, ce sont aussi des prières d’intercession.

Certains chrétiens pensent que la prière d’intercession n’est pas bien, que seules les prières de louange honorent Dieu. Mais une prière d’intercession honore Dieu aussi : parce qu’elle reconnaît que dans ce monde tout n’est pas ce qu’il devrait être, et que Dieu peut y remédier. La prière d’intercession reconnaît la grandeur et la souveraineté de Dieu. La Bible nous incite à faire ce genre de prière. Souvent.

Notre prière et l’intercession de l’Esprit

Mais comment ? Nous ne savons pas prier comme il faut. Mais nous pouvons placer devant Dieu notre frustration, notre souffrance. Nous pouvons lui dire notre peine pour une sœur en deuil, pour un couple qui se déchire, pour une injustice au travail, pour une émission qui attaque nos valeurs. Nous pouvons lui demander que ça change. Il nous demande de prier pour les autorités : pas facile de le faire, surtout en période pré-électorale. Mais notre aspiration à la paix, à la justice, à la liberté peut s’exprimer dans la prière sans donner à Dieu une consigne de vote. Nous pouvons prier pour que le projet de Jésus devienne une réalité : Faites des disciples de toutes les nations. Comment est-ce que le nom du Père peut-être sanctifié, comment est-ce que son règne peut venir, si les gens ne reconnaissent pas Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur ? Nous prions. Et nous faisons confiance à l’Esprit pour interpréter nos prières comme il faut. Si je me trompe dans ma demande, si je demande quelque chose qui n’est pas bon pour moi, ou pour mes proches, ou qui n’est pas à son heure, ce n’est pas très grave. L’Esprit vient m’aider dans ma faiblesse. Il intercède lui-même en moi.

Ce qui m’enlève un grand poids. Je n’ai pas la prétention de croire que tout dépend de mes prières. Je crois encore moins que moi, pauvre humaine, je détiens comme une sorte de pouvoir sur Dieu, que je peux exercer des pressions sur lui, que le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, va obéir à la voix cassée d’une de ses créatures. Mais je crois qu’il m’invite à la prière, qu’il me pousse à la prière, qu’il prie lui-même en moi et à travers moi. Je prie, c’est bien moi qui prie, mais en même temps c’est Dieu qui est à l’œuvre pour accomplir ses plans.

Le verset 26 dit que l’Esprit intercède en nous. Le verset 27 dit qu’il intercède pour ceux qui appartiennent à Dieu (Semeur). Il intercède pour moi quand je prie, il intercède pour mes frères et sœurs quand je prie. Au verset 23 il est dit que nous avons reçu l’Esprit comme un avant-goût de la gloire. Et maintenant nous apprenons qu’il participe au projet du Père en intercédant pour nous. Il demande que nous devenions conformes à l’image de Jésus-Christ. Nous sommes à cheval entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir. Et l’Esprit nous entraîne en direction de la gloire. C’est la tendance fondamentale, la poussée fondamentale, de son intercession pour nous. Comment est-ce que le Père pourrait le lui refuser ?

Conclusion

Et maintenant, en pensant à tout cela, j’essaie d’évaluer ma pratique de la prière, je vous invite à en faire autant.

Comment est-ce que je me situe par rapport à l’intercession ? Est-ce que je suis conscient des besoins des autres et de l’Eglise de par le monde ? Ou seulement de mes besoins propres ? Les enfants ne connaissent que leurs propres besoins. Les adultes pensent aux autres.

Quand je prie, est-ce que je suis conscient de la souffrance du monde présent ? Est-ce que je suis conscient du décalage entre ma vie et la gloire à venir ? Est-ce que je gémis ? Pas toujours, pas souvent, n’est-ce pas ? D’où, certainement, des prières parfois superficielles, légères. Je ne mesure pas la gravité de l’état actuel du monde.

Est-ce que j’aspire à la réalisation du grand plan de Dieu ? Je devrais. Mais parfois je demande seulement un dépannage, sans engagement de part et d’autre. Ce n’est pas très chrétien. L’Esprit voudrait certainement m’amener plus loin. Pour intercéder. Seul dans ma chambre ou dans un wagon du RER. Avec ma famille. Avec mes frères de l’Eglise.

L’Esprit vient nous aider dans notre faiblesse. Heureusement.

Qu’il nous aide à prier selon Dieu !

Amen.