La foi et l’amour (Galates 5, partie 1)
12 juin 2005

La foi et l’amour (Galates 5, partie 1)

Prédicateur:
Passage: Galates 5:2-15

Introduction

C'est pour la liberté que Christ vous a affranchis. Tenez donc fermes, et ne vous remettez pas de nouveau sous le joug de l'esclavage.

Je ne sais pas si vous êtes nombreux ce matin à avoir utilisé un joug. C'est quoi, au juste ? C'est une pièce de bois qu'on met sur la tête des bœufs pour les atteler. C'est assez lourd, et c'est taillé pour épouser le cou et les épaules du bœuf. Le bœuf pousse contre ce joug pour faire avancer la charrue ou la charrette.

Quand l'apôtre Paul parle du joug de l'esclavage, il pense au poids qu'il représente, à la contrainte, au travail pénible.

Mais de quel esclavage s'agit-il ? Non pas de l'esclavage au sens propre, largement pratiqué du temps des Romains, mais d'un esclavage spirituel et moral. Lequel ?

Ce aurait pu être l'esclavage du péché. Qui pèse, qui vous lie, qui vous tient prisonnier. Ce aurait pu être l'esclavage de la boisson. Mais ce n'était ni l'un ni l'autre. Paul pense à l'esclavage de la loi de Moïse.

C'est étonnant de la part d'un homme qui aimait la loi, qui savait qu'elle venait de Dieu, qui la lisait régulièrement, qui en connaissait une bonne partie par cœur. Mais il dit que la Loi peut nous enseigner ce qu'est le péché : elle ne peut pas nous en libérer. Elle ne peut pas nous rendre justes aux yeux de Dieu. Vouloir se soumettre à la Loi pour décrocher la vie éternelle, c'est pire qu'une erreur, c'est un esclavage. Les demandes de la Loi ne seront jamais satisfaites. Elle ne nous accordera jamais un jour de répit. Elle ne détachera jamais son joug.

Les chrétiens de la Galatie que Paul avait conduits à Jésus-Christ s'étaient laissé convaincre qu'ils devaient assumer toutes les contraintes de la loi, à commencer par la circoncision. Paul leur dit :

C'est pour la liberté que Christ vous a affranchis. Tenez donc fermes, et ne vous remettez pas de nouveau sous le joug de l'esclavage.

Lisons ensemble un passage qui explique la chose davantage.

Lecture : Galates 5.1-15

De nos jours, beaucoup de chrétiens estiment que la doctrine n'a pas beaucoup d'importance. Pourquoi se casser la tête ? Pourquoi se laisser embrigader dans des controverses ? Pourquoi se couper des autres, en disant qu'ils ont tort ? Pourquoi vouloir préciser les choses quand partout les gens préfèrent le flou artistique ?

L'apôtre Paul ne pensait pas comme cela. Il est vrai que pour lui certains sujets ne méritaient pas que les chrétiens se battent et se divisent. Mais ici il traite d'un sujet qui est crucial. Il dit au verset 7 que ses amis chrétiens ont été détournés de l'obéissance à la vérité. Au verset 9 il s'inquiète de l'influence d'une fausse doctrine qui pénètre partout dans l'Église comme le levain pénètre la pâte et la fait lever. Au verset 10 il parle d'un troublé jeté dans l'Église et du châtiment que recevra le coupable. Au verset 12, il parle de gens qui sèment le désordre – et il ne leur veut pas du bien, loin s'en faut !

En matière de doctrine chrétienne, il y a donc des sujets qui fâchent. Des sujets pour lesquels il faut se battre bec et ongles. Généralement c'est le genre de sujet qui se trouve énoncé dans le credo ou dans la confession de foi de nos églises. Et ici, c'est quoi ? C'est la doctrine du salut par la foi. Nous ne sommes pas sauvés par nos œuvres, elles sont insuffisantes. Nous sommes sauvés par la foi en Christ, qui est mort pour nous. Nous sommes sauvés par la foi en Christ seul.

La foi en Christ sauve, et rien d'autre

C'est ce que Paul dit au verset 5 : Quant à nous, notre espérance, c'est d'être déclarés justes devant Dieu au moyen de la foi. Telle est la ferme attente que l'Esprit fait naître en nous. Nous sommes déclarés justes par la foi, comme Abraham, avant qu'il ne reçoive la circoncision, avant que Moïse ne vienne avec la Loi du Sinaï. Sans mériter quoi que ce soit.

Les gens de la Galatie voulaient ajouter quelque chose à la foi : ils voulaient ajouter la circoncision, la pratique du sabbat, et tout le reste. C'était revenir au régime de l'effort humain, c'était placer son espérance ailleurs qu'en Jésus-Christ le seul Sauveur. Et ce problème est toujours d'actualité. C'est le baptême qui nous sauve ? Non. C'est l'Église qui nous sauve ? Non. C'est la mère de Jésus qui nous sauve ? Non. C'est la piété de notre grand-mère qui nous sauve ? Non. C'est notre propre piété qui nous sauve ? Non. Seul Jésus nous sauve. Et il nous libère du joug de la Loi. Il libère notre conscience. Il nous libère de la terrible obligation de faire toujours plus pour plaire à Dieu.

La foi engendre des actes d'amour

Mais quand il nous libère, il nous change. Au verset 6 : Car pour ceux qui sont unis à Jésus-Christ, ce qui importe, ce n'est pas d'être circoncis ou incirconcis, c'est d'avoir la foi, une foi qui se traduit par des actes inspirés par l'amour. Ces actes ne sont pas inspirés par la crainte d'une punition, ou par une réglementation, ou par le souci d'être en règle par rapport à la Loi de Moïse. Ils sont inspirés par l'amour. Amour que Christ met dans notre cœur.

S'il n'y a pas d'actes d'amour, c'est que notre foi en Christ n'est pas réelle. Elle est légère, superficielle, une affaire de tradition. Elle est superstitieuse, elle est une assurance contre le mauvais sort, elle est censée nous protéger pendant que nous menons notre vie comme bon nous semble.

La vraie foi, elle nous unit à Christ, elle nous fait vivre avec Christ, elle commence à nous faire ressembler à Jésus-Christ. Elle se voit dans des actes inspirés par l'amour.

Tu dis que tu aimes ta femme. Y a-t-il des actes qui le démontrent ? Une parole gentille, une caresse, une corvée ménagère, un cadeau, un sacrifice ? Tu dis que tu aimes ton mari. Y a-t-il des actes qui le démontrent ? Une demande de pardon, un bisou, un service rendu, un renoncement ? Tu dis que tu aimes ton prochain. Y a-t-il des actes qui le démontrent ? Un geste, un don, une parole, une prière ? Tu dis que tu as la foi. Y a-t-il dans ta vie des actes inspirés par l'amour ?

On voit que cet enseignement permet à l'apôtre de contrer les attaques de ses adversaires. Eux disent que sans la Loi, les chrétiens vont faire n'importe quoi. Eux disent que sans la Loi tout est permis. Eux disent que Paul a flatté les gens dans le sens de leur faiblesse, de leur indiscipline, de leur péché. Non. La liberté en Christ génère des actes inspirés par l'amour.

La liberté en Christ nous amène à servir

Ce n'est pas un prétexte pour vivre selon la chair, comme disent les anciennes traductions au verset 13. Ce n'est pas un prétexte pour vivre comme des hommes sans Dieu, comme des hommes livrés à eux-mêmes, comme disent les traductions récentes. La liberté en Christ fait de nous – et c'est paradoxal – la liberté en Christ fait de nous des serviteurs. Au verset 13 : Par amour, mettez-vous au service les uns des autres.

C'est étrange, n'est-ce pas ? Nous sommes libres – et appelés au service ! C'est tout le contraire de ce que pense le monde. Servir, c'est se monter inférieur, c'est une contrainte, c'est la place d'une lavette, d'un paillasson. Etre libre, c'est commander. Voilà ce que pense le monde.

Mais Jésus a dit : Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour plusieurs. Il n'était l'esclave de personne. Au contraire, il est le Seigneur de tous. Mais en toute liberté il s'est mis dans la position d'un serviteur. Il nous a donné un exemple à suivre.

Par amour, mettez-vous au service les uns des autres. Ca se passe comment, en famille ? Un jeune se dit chrétien, mais ne veut pas mettre la table. Un mari se dit chrétien, mais ne veut pas décharger sa femme. Une femme se dit chrétienne, mais ne veut pas décharger son mari. Ca se passe comment, en Église ? Nous briguons des postes très en vue ? Nous laissons faire les autres et venons en spectateurs ? Ou nous cherchons à servir là où c'est utile ?

L'amour et l'esprit de service. Voilà ce qui va marquer la vie d'un disciple de Jésus-Christ. C'est à cela que les chrétiens de la Galatie auraient dû s'atteler. Mais à la place de l'amour ils ont voulu prendre sur eux le joug de la Loi.

L'amour est le résumé et l'aboutissement de la Loi

Et ils n'ont même pas compris que la Loi se trouve accomplie tout entière par l'obéissance à cette seule parole : Aime ton prochain comme toi-même, verset 14. Ils s'imaginent que l'intention de Dieu est de les astreindre à des rites, des menus, des calendriers spéciaux. Oui, ça vous donne un sentiment de fierté quand vous faites tout cela, quand vous devenez très religieux, quand vous vous abstenez de ceci et que vous pratiquez cela. Mais l'intention de la Loi n'est pas rituelle. Elle concerne la relation avec Dieu – qui depuis la croix passe par Jésus-Christ. Elle concerne la relation avec autrui – qui se résume par un mot : Aime ton prochain comme toi-même. Mine de rien, ceux qui prêchaient la Loi était loin d'en comprendre le sens. Et Paul, qui semblait la négliger, en est le vrai interprète.

La préoccupation avec les détails de la Loi produit souvent ce qui est marqué au verset 15 : les gens se blessent, ils se déchirent, ils se détruisent. Parce qu'ils trouvent toujours à redire sur ce que l'autre fait de bien ou de mal. Parce qu'ils ne sont jamais d'accord pour savoir ce qu'ils ont le droit de faire ou pas. Creusez un peu pour savoir pourquoi certaines Églises se divisent. Dans les Églises autoritaires, basées sur une conception légaliste de la foi, ce sera souvent à cause de détails insignifiants qui focalisent les mécontentements et les luttes pour le pouvoir. L'apôtre nous propose une voie bien supérieure, celle de l'amour et du service.

Conclusion

C'est pour la liberté que Christ vous a affranchis. Tenez donc fermes, et ne vous remettez pas de nouveau sous le joug de l'esclavage.

Jésus a dit : Venez à moi, vous tous qui êtes accablés sous le poids d'un lourd fardeau, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vous-mêmes. Car mon joug est facile à porter et la charge que je vous impose est légère.

Cette charge, c'est celle d'aimer. Comme Christ a aimé et s'est donné lui-même pour nous.

Amen.