1 juin 2008

La foi d’Abraham

Prédicateur:
Passage: Genèse 12:2, Genèse 15:1-6, Genèse 17:5-21, Genèse 22:1-19

Introduction

Ne pas avoir d’enfants. Pour certaines personnes, quand ce n’est pas un sujet de tristesse, c’est un drame. Nous sommes programmés pour donner la vie. Et quand nous ne le pouvons pas, nous devons nous investir autrement dans l’avenir de l’humanité et dans la vie des autres. C’est possible. Mais ce n’est pas facile.

La foi d’Abraham

La Bible raconte la vie d’un couple qui ne pouvait pas avoir d’enfants. Le mari s’appelait Abram, la femme Saraï. Ils ont vécu quelque 1800 ans avant Jésus-Christ. Ils ont quitté une riche civilisation urbaine dans le sud de l’Iraq pour se diriger étape après étape vers le pays de Canaan, que nous appelons Israël ou la Palestine. Abram était comme un cheik, le chef d’un clan d’éleveurs nomades. Zéro immobilier. Mais des troupeaux importants, des serviteurs, des biens faciles à transporter. Une réputation, une certaine importance militaire même… mais pas d’enfants.

C’est à cet homme-là que Dieu avait dit :

Gn 12,2 Je ferai de toi l'ancêtre d'une grande nation ; je te bénirai, je ferai de toi un homme important et tu deviendras une source de bénédiction pour d'autres.

Pour être l’ancêtre d’une grande nation, il fallait qu’il ait au moins un enfant. Mais il n’en a pas. Il quitte le Sud de l’Iraq, suit le cours de l’Euphrate vers le nord, puis redescend vers le sud. Ses troupeaux se multiplient. Il est capable de vaincre une coalition de rois venus ravager la région. Il adore Dieu. Mais Dieu ne lui donne pas d’enfant. Nous lisons alors ceci en Genèse 15 :

Gn 15,1 Après ces événements, l'Eternel s'adressa à Abram dans une vision : -Ne crains rien, Abram, lui dit l'Eternel, je suis ton protecteur, ta récompense sera très grande.

Gn 15,2 Abram répondit : -Eternel Dieu, que me donnerais-tu ? Je n'ai pas d'enfant, et c'est Eliézer de Damas qui héritera tous mes biens.

Gn 15,3 Tu ne m'as pas donné de descendance, poursuivit-il, et c'est un serviteur attaché à mon service qui sera mon héritier.

Gn 15,4 Alors l'Eternel lui parla en ces termes : -Non, cet homme-là ne sera pas ton héritier : c'est celui qui naîtra de toi qui héritera de toi.

Gn 15,5 Puis Dieu le fit sortir de sa tente et lui dit : -Contemple le ciel et compte les étoiles, si tu en es capable. Et il ajouta : Tes descendants seront aussi nombreux qu'elles.

Gn 15,6 Abram fit confiance à l'Eternel et, à cause de cela, l'Eternel le déclara juste.

Un psychologue aurait dit à Abram de faire le deuil de cet enfant qu’il n’aurait jamais. Un chrétien bien intentionné lui aurait dit d’accepter la volonté de Dieu. Et il est vrai que Dieu ne répond pas toujours à nos prières comme nous l’entendons, nous. Mais Dieu, de façon étonnante, renouvelle sa promesse : Tes descendants seront aussi nombreux que les étoiles. Et de façon encore plus étonnante, Abram le croit.

La foi qui justifie, qui sauve

Il y a quelque chose de remarquable ici. Le texte ne dit pas qu’Abram a eu la foi et qu’à cause de sa foi sa prière a été exaucée. Il avait certainement cessé de prier, car il pensait que c’était Eliézer, son bras droit, qui allait hériter de ses biens. Le texte dit qu’Abram a eu foi en Dieu et que pour cela Dieu l’a considéré comme juste.

Etre juste ou pas, ce n’était peut-être pas son problème. Comme ce n’est pas forcément le nôtre. Mais la Bible enseigne que le premier problème de l’homme devant Dieu, c’est d’être juste. Selon nous, notre premier problème c’est de nous en sortir dans la vie, de réussir à un examen, d’avoir des enfants, d’être en bonne santé, que sais-je. Nous demandons à Dieu de nous aider à réaliser nos rêves. Mais Dieu pointe un problème plus fondamental : le péché. Vivre sans Dieu, traiter Dieu avec indifférence ou avec mépris, chanter ses louanges tout en désobéissant à ses commandements : c’est là le problème de fond. Comment être juste, vraiment juste, devant un Dieu pur et saint et exigeant ?

Et ce qui est dit d’Abram est si extraordinaire que le Nouveau Testament le citera trois fois, en Romains, en Galates et en Jacques. Dieu le déclare juste à cause de sa foi, et non à cause de ce qu’il avait fait. Ni le fait d’avoir quitté Our, ni le fait d’avoir renoncé aux idoles de son père, ni le fait d’avoir sauvé son neveu de l’esclavage, ni le fait offrir des sacrifices, ni le fait de renoncer à sa part du butin de Sodome : rien de tout cela ne pouvait effacer les péchés d’Abram, rien de tout cela ne pouvait le rendre juste devant Dieu. Il a eu confiance en un Dieu généreux, compatissant, un Dieu qui pardonne. C’est cela qui a compté. Rien que cela. Dieu le déclare juste à cause de sa foi.

La foi à l’épreuve du temps

Et son enfant, alors, son héritier, sa descendance ?

Les années passent. Saraï pense alors à une astuce juridique. Abram fera un enfant à la servante de Saraï, que celle-ci adoptera. C’était la procréation assistée de l’époque. Et qui a marché… sauf que le plan de Dieu ne passera pas par cet enfant-là, Ismaël. Le plan de Dieu pour Abram et pour l’humanité passera par un miracle. Au chapitre 17 nous lisons ceci :

Gn 17,15 Dieu dit encore à Abraham : -Pour ce qui concerne ta femme Saraï, tu ne l'appelleras plus Saraï (Ma princesse), désormais son nom est Sara (Princesse).

Gn 17,16 Je la bénirai et je t'accorderai par elle un fils ; je la bénirai et elle deviendra la mère de plusieurs nations ; des rois de plusieurs peuples sortiront d'elle.

Gn 17,17 Alors Abraham se prosterna de nouveau la face contre terre, et il se mit à rire en se disant intérieurement : -Eh quoi ! un homme centenaire peut-il encore avoir un enfant ? Et Sara, une femme de quatre-vingt-dix ans, peut-elle donner naissance à un enfant ?

Gn 17,18 Et il dit à Dieu : Tout ce que je demande c'est qu'Ismaël vive et que tu prennes soin de lui.

Gn 17,19 Dieu reprit : -Mais non ! c'est Sara, ta femme, qui te donnera un fils. Tu l'appelleras Isaac (Il a ri) et j'établirai mon alliance avec lui, pour l'éternité, et avec sa descendance après lui.

Gn 17,20 En ce qui concerne Ismaël, j'ai aussi entendu ta prière en sa faveur. Oui, je le bénirai. Je lui donnerai aussi de très nombreux descendants : je le multiplierai à l'extrême. Douze princes seront issus de lui et je ferai de lui l'ancêtre d'une grande nation.

Gn 17,21 Mais j'établirai mon alliance avec Isaac, le fils que Sara te donnera l'année prochaine à cette époque.

Un an plus tard, Sara met au monde un fils, Isaac, l’enfant du miracle, l’enfant de la foi, l’enfant de la promesse.

La foi à l’épreuve des choix

Et les années passent. Abraham est toujours un éleveur nomade, de plus en plus riche. Ce n’est pas un homme parfait, la Genèse nous laisse voir certaines de ses faiblesses. Mais c’est tout de même un homme qui marche avec Dieu et qui a les yeux portés vers l’avenir, vers cette descendance nombreuse, vers le pays qui sera donné plus tard à ses descendants, vers la bénédiction qui sera faite à toute la terre. Autour de lui, dans les villes et chez les autres peuples nomades, c’est le culte des dieux païens : dieux de la lune et du soleil, dieux de la pluie et de la fécondité, dieux de la prostitution cultuelle et des sacrifices d’enfants. Le Dieu Très-haut, quelques-uns le connaissaient, mais pas beaucoup. Sur le plan de la foi, Abraham était comme nous, une exception à la règle.

Est-ce qu’il aime l’Eternel son Dieu comme les païens aiment les leurs ? Est-ce qu’il a vraiment la foi ? Est-ce vraiment un homme juste ? Comment le savoir ? Abraham sera mis à l’épreuve. Voici ce que nous lisons dans Genèse 22 :

Gn 22,1 Après ces événements, Dieu mit Abraham à l'épreuve. Il l'appela : -Abraham ! Et celui-ci répondit : -Me voici.

Gn 22,2 -Prends Isaac, ton fils unique, que tu aimes, lui dit Dieu, et va au pays de Morija. Là, tu me l'offriras en sacrifice sur l'une des collines, celle que je t'indiquerai.

Gn 22,3 Le lendemain, Abraham se leva de grand matin, sella son âne et emmena deux de ses serviteurs ainsi que son fils Isaac ; il fendit du bois pour l'holocauste, puis il se mit en route en direction de l'endroit que Dieu lui avait indiqué.

Gn 22,4 Après trois jours de marche, Abraham, levant les yeux, aperçut le lieu dans le lointain.

Gn 22,5 Alors il dit à ses serviteurs : -Restez ici avec l'âne ; le garçon et moi, nous irons jusque là-bas pour adorer Dieu, puis nous reviendrons vers vous.

Gn 22,6 Abraham chargea le bois de l'holocauste sur son fils Isaac ; il prit lui-même des braises pour le feu et le couteau, puis tous deux s'en allèrent ensemble.

Gn 22,7 Isaac s'adressa à son père Abraham et lui dit : -Mon père ! Abraham dit : -Qu'y a-t-il, mon fils ? -Voici le feu et le bois, dit-il, mais où est l'agneau pour l'holocauste ?

Gn 22,8 Abraham répondit : -Mon fils, Dieu pourvoira lui-même à l'agneau pour l'holocauste. Et ils poursuivirent leur chemin tous deux ensemble.

Gn 22,9 Quand ils furent arrivés à l'endroit que Dieu lui avait indiqué, Abraham construisit un autel et y disposa les bûches. Puis il ligota son fils Isaac et le mit sur l'autel par-dessus le bois.

Gn 22,10 Alors Abraham prit en main le couteau pour immoler son fils.

Gn 22,11 A ce moment-là, l'ange de l'Eternel lui cria du haut du ciel : -Abraham ! Abraham ! -Me voici, répondit-il.

Gn 22,12 L'ange reprit : -Ne porte pas la main sur le garçon, ne lui fais pas de mal, car maintenant je sais que tu révères Dieu puisque tu ne m'as pas refusé ton fils unique.

Gn 22,13 Alors Abraham aperçut un bélier qui s'était pris les cornes dans un buisson. Il s'en saisit et l'offrit en holocauste à la place de son fils.

Gn 22,14 Abraham appela ce lieu-là : Adonaï-Yireéh (le Seigneur pourvoira). C'est pourquoi on dit aujourd'hui : Sur la montagne du Seigneur, il sera pourvu.

Gn 22,15 Puis l'ange de l'Eternel appela une seconde fois Abraham du haut du ciel

Gn 22,16 et lui dit : -Je le jure par moi-même, parole de l'Eternel, puisque tu as fait cela, puisque tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique,

Gn 22,17 je te comblerai de bénédictions, je multiplierai ta descendance et je la rendrai aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que les grains de sable au bord de la mer. Ta descendance dominera sur ses ennemis.

Gn 22,18 Tous les peuples de la terre seront bénis à travers ta descendance parce que tu m'as obéi.

Gn 22,19 Abraham revint vers ses serviteurs et ils se remirent ensemble en route pour rentrer à Beer-Chéba où Abraham continua d'habiter.

Dieu avait dit : J’établirai mon alliance avec Isaac. Maintenant il dit à Abraham de le sacrifier. Vous auriez compris, vous ?

Qu’est-ce qu’Abraham savait de Dieu ? La création, la désobéissance d’Adam et Eve, le déluge, la tour de Babel… il avait peut-être cela sur des tablettes d’argile, ces choses faisaient certainement partie des traditions de la famille. Abraham savait aussi que Dieu l’avait appelé à quitter Our et ses cultes païens, il savait que Dieu avait promis de le bénir, et de bénir toute la terre à travers sa descendance. Il avait l’habitude de s’approcher de Dieu en présentant une offrande, un sacrifice, car on ne vient pas devant Dieu les mains nues. Il n’avait pas la révélation de la loi de Moïse, il n’avait pas les prophètes, il n’avait surtout pas la belle révélation de Dieu en Jésus-Christ. Mais il avait pris l’habitude de marcher par la foi, sans savoir où il allait aboutir.

Quand il se met en route pour le mont Morija, il ne sait pas trop ce qui va se passer. Mais il y a deux petites phrases qui indiquent qu’il entrevoyait peut-être une échappatoire. Au verset 5, il dit à ses serviteurs : Restez ici avec l'âne ; le garçon et moi, nous irons jusque là-bas pour adorer Dieu, puis nous reviendrons vers vous. Tiens, Nous reviendrons. Puis au verset 8, il dit à Isaac : Mon fils, Dieu pourvoira lui-même à l'agneau pour l'holocauste. Tiens. Est-ce qu’il ment ? Ou est-ce qu’il a la foi ? L’épître aux Hébreux1 dit que pour Abraham Dieu était assez puissant pur ressusciter un mort. Nous avons à faire avec un homme de foi.

Pensons un peu à nous-mêmes. Notre foi en Dieu, est-ce qu’elle soutient la comparaison avec la passion d’un footeux, avec l’enthousiasme d’un fan de musique, avec l’ambition d’un chef d’entreprise ou d’une personnalité politique ? Il y a autour de nous plein de gens qui sont prêts à sacrifier beaucoup de choses pour leur passion, pour ce qui les fait vibrer. Notre passion pour Dieu, est-ce qu’elle supporte la comparaison ? Notre Dieu n’est pas une idole qui dévore tout ce qu’on lui présente. Il restaure et rééquilibre nos vies. Mais quand il y a des choix, qu’est-ce qui passe en premier ? Qui est-ce qui passe en premier ?

Une ou deux fois dans la vie, peut-être, serons-nous confrontés à un choix héroïque, comme Abraham. Assumer une grossesse plutôt que de tuer le bébé. Dénoncer une injustice plutôt que de se taire. Se déclarer comme chrétien quand tout le monde est contre. Accepter de perdre sa vie pour le nom de Jésus-Christ. De par le monde, et dans une moindre mesure même chez nous, obéir à Dieu peut parfois coûter très cher. Je dis parfois aux baptisés qu’ils entrent dans la lignée des martyrs.

Mais notre problème n’est pas là, la plupart du temps. Le test ne sera pas comme pour Abraham une question de vie et de mort. Ce sera plutôt :

  • est-ce que je me couche à une heure raisonnable le samedi pour être au culte le dimanche ?
  • dans mon travail ou dans ma famille est-ce que je suis capable de reconnaître que j’ai eu tort ?
  • est-ce que j’offre à Dieu une part de mon salaire, ou des boutons de culotte ?
  • est-ce que je m’occupe de mes enfants, ou est-ce que je suis en train de courir tout le temps ailleurs pour plaire aux autres ?
  • est-ce que je garde la colère pendant des mois, ou est-ce que je cherche à assainir mes relations comme Dieu le veut ?
  • est-ce que je vis dans le concubinage, la polygamie, l’adultère, ou est-ce que j’honore Dieu par le mariage ?
  • est-ce que je fais de mon couple un champ de bataille ou un havre de paix ?
  • est-ce que je cherche le bien des autres, ou est-ce que je garde tout pour moi ?

Qui sait si Dieu n’est pas en train de nous mettre à l’épreuve aujourd’hui ? Pour de petites choses. Qui sait si notre réponse n’est pas un indicateur de l’état réel de notre relation à Dieu ? Abraham a passé un test bien plus difficile que celui qui vous attend en sortant du culte. Sa justice a été démontrée par ses actes2.

Conclusion

Nous imaginons parfois qu’il est trop dur d’obéir à Dieu. Il est vrai que certains choix sont difficiles. Mais l’expérience d’Abraham est une sorte de boucle. Elle commence avec la promesse de Dieu, avec la grâce, avec le pardon et la bonté de Dieu, avec une alliance indéfectible. L’expérience d’Abraham passe par l’épreuve. Elle se poursuit avec Dieu qui pourvoit, qui fait grâce, qui renouvelle ses promesses. Elle débouche sur une bénédiction pour toute la terre. Et nous ne voudrions pas faire pareil ?

Voulez-vous maintenant remercier le Seigneur pour une grâce particulière ? Vous engager avec lui pour une décision précise ? Demander pardon pour une défaillance ? Je vous invite à la prière, après quoi nous aurons comme d’habitude notre moment de questions.

1 Héb 11.19

2 Jacques 2.21