24 février 2008

Jésus face à la détresse

Prédicateur:
Passage: Marc 5:21-43

Introduction

Jésus-Christ : mais qui est-il vraiment ? Pourquoi les chrétiens sont-ils si attachés à ce nom ? Pourquoi en faire tout un plat ? Qu’est-ce qu’il a de spécial ? C’est ce que nous voulons découvrir ou redécouvrir dans les semaines qui nous conduisent jusqu’à Pâques. Vos lectures bibliques quotidiennes, les rencontres de quartier, les messages du culte ont tous ce but.

Et c’est ainsi que nous arrivons ce matin à un passage qui est l’un de mes préférés dans les quatre Evangiles. Il nous montre Jésus face à la détresse humaine, face à une maladie incurable et à la mort.

Lecture : Marc 5.21-43

Voilà deux personnes désespérées. Un homme, très respecté dans sa communauté, très pieux : sa fille est en train de mourir. Et une femme qui souffre d’une maladie incurable qui l’a ruinée et qui la coupe du reste du monde. Deux personnes dont le destin se croise un jour.

La femme guérie

Pour la femme, on ne sait pas grand-chose d’elle. Elle habite du côté de Capernaüm, sur les bords du lac de Galilée. Elle a eu de l’argent. Elle n’en a plus. Elle souffre d’hémorragies depuis douze ans. ça la fatigue. ça l’inquiète. Et, surtout, tout Juif le savait, ça la rendait impure pour le culte du temple, pour certains repas de fête, pour certains gestes de la vie quotidienne. Je la vois pauvre. Je la vois seule.

Elle a maintenant une idée folle. Elle a entendu parler de Jésus, ce rabbin aux pouvoirs miraculeux. Si elle pouvait toucher ne serait-ce que le bord de son vêtement, ce pouvoir miraculeux déteindrait sur elle, elle serait bénie, elle serait guérie. Mais comment une femme comme elle peut-elle s’approcher d’un homme comme lui ? Un saint homme. Un homme qui doit déployer toute son intelligence pour se garder pur. Un saint homme entouré de ses disciples tous plus zélés les uns que les autres pour le protéger. Un saint homme très au-dessus des autres. Elle va s’approcher de Jésus quand il sera en ville, elle sera cachée dans la foule, elle touchera Jésus par derrière, elle touchera la frange du bord de ses vêtements. Personne ne le saura. Elle sera guérie.

Une foule de personnes bousculent Jésus ce jour-là ; une seule le touche par la foi. Elle est guérie instantanément. Et Jésus a senti qu’on le touchait ainsi. Il veut savoir qui l’a fait. Et la pauvre femme a peur. Le saint homme va me gronder parce que j’ai osé le souiller, parce que je l’ai rendu impur… Il me rejettera, comme tant d’autres l’ont fait. Mais non. Cette femme reçoit les félicitations du Maître. Parce que tu as eu foi en moi, tu es guérie ; va en paix et sois guérie de ton mal. La pureté rituelle ? Mais c’est la vie d’un être humain qui est bien plus importante !

La leçon pour nous ? Le pouvoir surnaturel de ce Jésus qui a marché dans les rues de Galilée. La compassion de Jésus. Sa façon d’accueillir des gens que tout le monde méprise et qui se méprisent peut-être eux-mêmes. L’importance de la foi.

Aujourd’hui, plus personne ne peut toucher les vêtements de Jésus. Mais tous, comme si nous étions seuls au monde, nous pouvons l’atteindre par la foi. Non pas pour lui arracher des miracles, mais pour qu’il nous guérisse de nos maux. Parfois, en réponse à la foi, nous guérirons d’un mal physique ; parfois, en réponse à la foi, nous saurons endurer ce mal, en attendant la guérison totale qui nous est réservée dans la gloire. Il suffit de tendre la main de la foi, et nous serons changés.

La fille de Jaïrus

Est-ce que le chef de la synagogue avait la foi ? Oui, au début, certainement, sinon il ne serait pas parti de chez lui à la recherche de Jésus. Puis il apprend que sa fille est morte et qu’il serait inconvenant pour lui d’importuner davantage le Maître. Mais Jésus lui dit de ne pas avoir peur et de croire. Il est possible de croire quand on vous annonce que votre fille de douze ans est morte ? Je me demande si Jaïrus n’a pas dit, comme un autre papa le dira plus tard : Je crois, mais aide-moi, car je manque de foi (Mc 9.24). Il a sans doute assez de foi pour laisser faire le Seigneur, mais pas plus. En tout cas, ce qui est mis en évidence ici, ce n’est pas la foi de Jaïrus, c’est l’autorité de Jésus qui prend le commandement des opérations.

Il refuse de rebrousser chemin quand il on lui dit que la fille est morte. Il sélectionne ses trois disciples les plus proches, et seulement ces trois-là, pour l’accompagner. Il proteste contre tous ces gens qui sont venus pleurer avec la famille. Il annonce que la fille n’est pas morte. Il s’impose auprès des parents. Il dit un mot et la fille se lève.

Est-ce qu’elle était vraiment morte ? Certains pensent que c’était plutôt un coma profond qui a induit la famille en erreur et que Jésus avait raison de dire : Elle n’est pas morte, mais elle dort. Mais l’Evangile de Luc qui rapporte le même événement dit que les gens savaient que la fille était morte (Luc 8.53) et que son esprit est revenu en elle (8.55). Je pense que Jésus a dit à la foule quelque chose qui pouvait être pris de différentes manières pour éviter d’attirer l’attention sur lui. De plus, toute personne entrant dans la maison où reposait un cadavre était impure pendant 7 sept jours (Nombres 19.14). Jésus avait donc toutes les raisons du monde pour mettre l’accent sur le fait que cette mort temporaire était pour lui comme un sommeil.

Devant les cinq témoins Jésus dit deux mots : Talitha koumi. Ce sont des mots si mémorables que nos Evangiles écrits en grec les gardent tels quels, en araméen. Jeune fille, je te le dis, lève-toi. Des mots si banals. Mais la fille en question est morte. Et elle se lève.

C’est un miracle si fort, si frappant, que Jésus ne veut pas que les gens en parlent. Il ne veut que les trois disciples et les parents à ses côtés. Il dit à la foule des pleureurs que la fille ne fait que dormir. Il insiste pour que les gens n’en parlent pas après. Manifestement Jésus n’a pas ramené la fille à la vie pour se faire une publicité. Il ne veut pas générer un grand enthousiasme populaire. Il ne veut pas attirer trop tôt l’attention des autorités, surtout pas en Galilée. Mais il est confronté à une vraie détresse, il est confronté à son véritable ennemi, la mort. La compassion l’emporte sur la stratégie. Et Jésus montre qu’il est plus fort que la mort.

Revenons dans la chambre de la fille de Jaïrus. Vous imaginez la scène ? La stupéfaction des parents et des trois témoins, les cris, les pleurs, l’émotion, les embrassades. La bousculade quand la nouvelle se répand au-dehors. La peur, peut-être, d’avoir été si près de Dieu, de l’avoir vu dans ses œuvres de façon si directe. La confusion aussi : « Mais il avait dit qu’elle n’était pas morte… Pourtant, on l’a vue décliner. On a envoyé dire au père qu’elle était morte. Les voisins sont venus. On a même payé les musiciens professionnels pour venir jouer de la flûte. On était sur le point de la sortir de la chambre pour la porter en terre… C’est un coup monté, c’est un scandale… »

Dans ce brouhaha, une personne est complètement perdue. Elle ne sait pas où se mettre. Elle ne sait pas quoi faire. Elle ne sait pas ce qui lui arrive. Son père n’arrête pas de réciter des prières. Sa mère la couvre de ses larmes, l’étouffe dans ses bras. Qu’est-ce qui se passe ? Où suis-je ? Je me sens faible… Une seule personne garde les pieds sur terre et pense à elle : Donnez-lui à manger, dit Jésus.

Ce que nous découvrons ici

La leçon pour nous ? Non plus l’importance de la foi, mais toujours le pouvoir surnaturel de ce Jésus qui a marché dans les rues de Galilée. La compassion de Jésus. Son attention aux personnes. Son autorité jusque sur la mort. Il a ressuscité cette jeune fille. Il ressuscitera Lazare. Il ressuscitera lui-même de la tombe. Il donne la vie à qui il veut.

Il n’y a pas beaucoup de résurrections physiques dans les Evangiles. Seulement trois, je crois. Et ces trois personnes auront à mourir de nouveau, ce qui n’est pas un cadeau. Mais en attendant eux et leur entourage pourront dire plus fort que quiconque que Jésus est le Messie, qu’il est la résurrection et la vie, qu’en lui est la vie.

Notre réaction

Et maintenant, quelles réactions pouvons-nous avoir par rapport à ces récits ? J’aimerais vous encourager à en envisager trois.

D’abord la foi. Nous avons ici et dans l’ensemble des Evangiles un Jésus qui est digne de notre confiance. Il a lui-même vaincu la mort. Il est vivant aujourd’hui. Il est tout à fait normal et logique et presque banal de lui faire confiance. Lui faire confiance pour le plus grand des problèmes que nous avons à résoudre, le péché qui nous sépare de Dieu. Lui faire confiance pour les problèmes du quotidien, les petits et les grands. Ce qu’il a fait pour une femme officiellement exclue de la présence de Dieu et pour une fille sans vie, il se propose de le faire pour toute personne qui porte encore le poids de ses péchés. Ces réponses taillées sur mesure pour des personnes en difficulté, il peut en apporter pour nous tous aujourd’hui. Il suffit de lui faire confiance. Nous pouvons lire ces récits et répondre par la foi.

Voir et croire, ce n’est pas tout à fait pareil. Nous ne voyons plus aujourd’hui cette concentration de miracles instantanés que Jésus a réalisés sur terre. Mais ce que nous voyons dans les Evangiles nous porte à croire que notre expérience quotidienne ne dit pas tout. Nous espérons plus. Nous espérons mieux. Nous attendons fermement le jour où le Seigneur dira à l’un et à l’autre : Lève-toi… Lève-toi… Lève-toi… Lève-toi. Ce jour où il n’y aura ni pleurs ni deuil ni maladie ni péché. Jésus nous a donné un avant-goût du ciel. Nous espérons fermement la suite.

Confrontés à la personne de Jésus, notre réaction peut être celle de la foi, ou celle de l’espérance. Elle peut aussi être celle de l’amour. Il se laisse toucher par des intouchables. Il s’intéresse à une fille de 12 ans qui a faim. Nous l’aimons. La Bible dit : Nous l’aimons sans l’avoir vu. C’est dans 1 Pierre 1, verset 8 : Vous ne l'avez pas vu, et pourtant vous l'aimez ; en plaçant votre confiance en lui sans le voir encore, vous êtes remplis d'une joie glorieuse qu'aucune parole ne saurait exprimer.

Conclusion

Quand nous découvrons Jésus, notre vie change, et notre action dans la vie change. Quand nous lisons ces récits dans l’Evangile de Marc, nous réagissons par la foi, par l’espérance et par l’amour. Mais le plus grand des trois, c’est l’amour.

Amen.