9 mars 2008

Jésus et la fin des temps

Introduction

Pâques approche. Jour après jour nos lectures bibliques, notre vie dans les groupes et nos cultes nous font comprendre que, à un moment donné, Jésus quitte la Galilée où il est en sécurité. Il se dirige vers le Sud, vers Jérusalem. Dans la plus grande discrétion il prépare ses disciples à ce qui va se passer : il donnera sa vie en rançon pour la multitude ; il ressuscitera ; il entrera dans sa gloire. Nous savons que jusqu’au bout les disciples ont pensé à autre chose. A la gloire pour eux.

Les voilà maintenant à Jérusalem, des gars de province montés à la capitale. Impressionnés par le grand dénouement qui se prépare. Impressionnés par la richesse des grands bâtiments publics. Impressionnés par le Temple. A la fin de la journée, Jésus et ses disciples quittent le Temple et se dirigent vers Béthanie, en passant par le Mont des Oliviers. De là ils ont une vue imprenable sur les splendeurs du Temple. Nous allons les écouter, et surtout écouter les explications de Jésus.

Lecture : Marc 13.1-37

Quelle est au juste la question posée par les disciples ? La première partie est très claire : Quand est-ce que beau Temple sera détruit ? Mais la deuxième partie est moins claire et les différentes traductions de la Bible ne donnent pas toutes le même sens. S’agit-il de l’accomplissement de toutes ces choses ou de la fin de toutes ces choses ? Restons-nous toujours sur le thème de la destruction du Temple, ou débordons-nous ce thème pour en arriver à la fin du monde ? L’Evangile de Matthieu nous apprend que les disciples pensaient à la fin du monde. Et c’est effectivement l’un des thèmes de la réponse de Jésus. Comme c’est souvent le cas, Jésus passe de quelque chose d’immédiat à quelque chose de plus général. Il passe du grand chamboulement que sera la destruction de Jérusalem au grand chamboulement de la fin du monde. Imaginer que le Temple pouvait être détruit, c’était déjà la fin du monde… mais ce n’était pas encore la fin.

Les versets 4-13 : mise en garde générale

Pour le peuple juif, la venue du Messie fait entrer l’humanité dans les temps de la fin. Les gens imaginent un âge d’or, une ère d’abondance, de paix, de justice, de foi universelle. Mais Jésus annonce aux disciples des temps troubles, des persécutions et des destructions.

Quels seront les signes de ce temps de la fin ? Eh bien, ce sont des signes qui sont fréquents dans l’histoire. Ils caractérisent tout le temps de la fin, et pas seulement la fin de la fin. De faux christs, par exemple. En l’an 70, quand les armées romaines encerclaient Jérusalem, il y avait dans les murs deux faux christs qui se battaient entre eux. Des guerres, des famines, des tremblements de terre : ce ne sera pas encore la fin, cela n’en sera que le début. Jésus annonce qu’il y aura des persécutions et des martyrs, des abandons et des faux prophètes. Et en même temps, malgré et envers tout, l’Evangile sera annoncé à toutes les nations. Dans les synagogues d’abord, puis devant des gouverneurs et des rois païens. Alors seulement viendra la fin. Les derniers jours, les jours du Messie, ce n’est pas encore la gloire.

La première leçon que nous avons à en tirer ici est celle du réalisme. Pour certains, la religion est une échappatoire, on a parlé de l’opium du peuple. Mais Jésus ne veut pas que ses disciples s’évadent dans le rêve d’un monde parfait. Sa venue sera suivie de temps durs.

La deuxième leçon est celle de la fidélité. Ne pas nous laisser embobiner par des gourous, des christs, des prophètes. Ne pas nous laisser affoler par des guerres et des famines. Ne pas nous laisser décourager si le monde nous hait. Ne pas laisser refroidir notre amour pour Christ. Ne pas nous inquiéter : le Saint-Esprit nous soutiendra lors de la persécution et nous donnera les mots qu’il faudra quand il le faudra.

En Europe, nous vivons un temps de paix exceptionnel. Ce qui se passe en Chine, en Erythrée, au Nigeria est peut-être la norme. Mais la haine des hommes n’empêchera pas l’Evangile d’être annoncé partout. Elle ne pourra jamais nous séparer de l’amour du Christ1.

Les versets 14-22 : le signe qui annonce la destruction du Temple

Dans les versets 15 à 22 Jésus en vient maintenant à la destruction du Temple. Il n’en donne pas la date. C’est nous qui savons que c’était en l’an 70. Jésus ne donne pas la date de la destruction de Jérusalem, mais le signe qui l’annonce. Le signe, c’est quelque chose qui a été prédit dans le livre de Daniel2, c’est quelque chose qui s’est déjà produit une fois, en 168 avant J-C, lorsque Antiochus Epiphane a sacrifié une truie sur l’autel du Temple à l’honneur de son dieu. Le signe, c’est une profanation, une abomination, dans le lieu saint. Il ne faudra pas imaginer que Dieu va intervenir pour sauver sa ville, son peuple, son Temple. Il ne faudra pas verser dans un mysticisme aveugle. Il faudra fuir vers les montagnes. C’est tout le contraire du tableau général, où le Seigneur nous incite à rester fermes. Ici, il faudra fuir.3

Quand la guerre juive a éclaté en l’an 66 et que les Romains se sont approchés de Jérusalem, les chrétiens ont quitté la ville et se sont réfugiés de l’autre côté du Jourdain, à Pella4. Mais les autres habitants de la région ont cru au miracle. Alors que les Romains construisaient des retranchements pour faire le siège de la ville, les pèlerins sont venus en foule pour la Pâque, convaincus que Dieu protégerait la ville. La nasse s’est refermée sur eux. Les survivants - ceux qui ne sont pas morts par la famine, par le fer ou par le feu, ceux qui n’ont pas été crucifiés à la fin - les survivants ont été vendus comme esclaves pour remplir les poches des généraux romains.

A travers les mouvements politiques et militaires de l’époque, quelque chose de profond était en train de se passer. L’Ancienne Alliance avec ses rites, ses sacrifices, son peuple élu, cette Ancienne Alliance disparaissait au profit de la Nouvelle. Dans le chaos d’une révolte réprimée dans le sang.

Et de nouveau, le Seigneur invite ses disciples à ne pas courir après le dernier faux prophète venu, même s’il fait des miracles.

Les versets 24-27 : la venue du Fils de l’homme

Nous passons ensuite, à partir du verset 24, à ce qui va se passer après la chute de Jérusalem. Une seule chose reste à attendre : la venue du Fils de l’homme sur les nuées, avec beaucoup de puissance et de gloire, pour rassembler ses élus des quatre coins du monde.

Cela se passe non pas immédiatement après la destruction du Temple, mais en ces jours-là, c’est à dire dans ces jours de la fin des temps que nous vivons depuis la première venue de Jésus-Christ. Nous y sommes depuis environ deux mille ans, dans les derniers jours. C’est comme cela que la Bible appelle la dernière phase de l’histoire humaine que Jésus a inaugurée5. Il n’y a plus rien d’autre à attendre, Dieu a dit son dernier mot, et son dernier mot, c’est son Fils.

Quand est-ce que Christ reviendra ? Personne ne le sait. Certaines paraboles de Jésus nous laissent penser que cela devait être longtemps après les premiers événements. Certains passages nous font penser qu’il était attendu par les premiers chrétiens de leur vivant. Ce qui est vraiment sûr, c’est que cela se produira de façon soudaine et universelle, comme un éclair. Les gens seront pris au dépourvu comme lorsqu’ils se font cambrioler. Et tout œil le verra, ses élus tout comme ceux qui l’ont haï.

Semaine après semaine, les Eglises traditionnelles proclament6 que Jésus viendra du ciel pour juger les vivants et les morts. C’est l’un des piliers de la foi chrétienne.

Les versets 28-32 : la parabole du figuier7

Jésus raconte à ce sujet une petite parabole. Le développement de la végétation nous renseigne sur l’avancée des saisons. Dans la Brie on dirait, quand on voit des chatons sur les noisetiers, on sait que c’est la fin de l’hiver. En Israël on dirait que quand les feuilles poussent sur le figuier, l’été est proche.

Quand on verra certains événements, on saura que le Fils de l’homme est proche. Quels événements ? Non pas ceux du verset 26, où l’on voit le Fils de l’homme venir sur les nuées et dans sa gloire. Cela n’aurait pas de sens que de dire : Quand vous verrez le Fils de l’homme venir sur les nuées, sachez qu’il est proche. Jésus reprend plutôt ce qu’il avait dit au sujet de la profanation du Temple. Quand les disciples en verront les signes précurseurs, ils sauront que le Fils de l’homme est proche, comme aux portes de la ville. Après la destruction du Temple, il ne restera plus que la dernière étape dans l’histoire des hommes, à savoir la venue du Fils dans sa gloire. Il faut donc rester vigilant. Moins d’une génération s’écoulera avant la fin du Temple, de la ville et de l’ancien système des choses. Il faut donc rester vigilant.

Les versets 33-37 : Conclusion pratique

C’est avec le thème de la vigilance que le discours se termine. Les disciples avaient demandé quand est-ce que le Temple serait détruit et quels signes l’annonceraient, ou annonceraient la fin. Jésus leur a répondu. Certains signes comme les faux prophètes ou les tremblements de terre caractériseront tout le temps de la fin, ce ne serait pas encore l’âge d’or dont on rêvait. Un signe annoncera la destruction du Temple. Après cela, le Fils de l’homme viendra dans sa gloire.

Comment faut-il vivre alors ? Sûrement pas en essayant de calculer le calendrier à venir. Que de chrétiens sincères sont tombés dans ce piège ! Jésus nous invite à ne pas faire de pronostiques mais à être prêt à tout moment.

  • Prêts à affronter les difficultés, la persécution, la haine.
  • Prêts à rejeter les faux prophètes et leurs faux miracles.
  • Prêts à écouter les paroles de Christ qui ne passeront pas.
  • Prêts à assumer les différentes tâches que Dieu nous confie.
  • Prêts à annoncer l’Evangile à toutes les nations.

Ce n’est pas un calendrier que Jésus laisse à ses disciples, mais un appel à l’action !

Soyons donc prêts !


1 Cf. Romains 8. 35-39

2 Daniel 11.31

3 Conseiller la fuite n’aurait aucun sens s’il s’agissait de la fin des temps

4 Selon l’historien Eusèbe

5 Par exemple dans Hébreux 1.1-3

6 dans le Credo

7 Reprenant l’interprétation de François Bassin dans son commentaire.