9 mai 2004

Introduction au mois de la diversité culturelle

Prédicateur:

Introduction

Apocalypse 7, les versets 9 et 10 :

Je vis une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer. C'était des gens de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, de toute langue. Ils se tenaient debout devant le trône et devant l'Agneau, vêtus de tuniques blanches et ils avaient à la main des branches de palmiers. Ils proclamaient d'une voix forte : Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le trône, et à l'Agneau.

Je me souviens de l'été 1969. J'étais dans le Sud de la France avec une équipe d'évangélisation. J'étais responsable de l'équipe. Un jour, à midi, j'ai voulu acheter de quoi casser la coûte pour l'équipe. Et j'ai acheté des anchois, salés. Rien, mais rien dans ma culture d'Anglais ne m'avait préparé au goût des anchois, servis brut.

La diversité culturelle. Il a fallu que je m'habitue aux olives, à l'indiscipline des conducteurs, aux repas de fête interminables, à un autre regard sur le monde. J'ai eu un peu de mal dans le Berry. Mais j'ai appris à connaître et à aimer les particularités de l'âme bretonne. Puis, en venant à Ozoir, j'ai découvert, en plus de la France aux 360 fromages, l'Afrique et les îles. J'aime.

Les bonnes âmes nous disent que la diversité culturelle est une richesse. Mais en privé les gens laisseront parfois échapper un mot qui révèle leur inquiétude : ils se sentent menacés quand ils se trouvent en face de quelqu'un qui ne leur ressemble pas. C'est parfois compliqué, la diversité culturelle. C'est pour cela que nous organisons à partir du dimanche 23 le mois de la diversité culturelle : pour mieux de connaître, pour mieux s'aimer.

Le monde de la Bible est un monde où les cultures s'affrontent. Mais aussi, du temps des apôtres, un monde où les différentes cultures se trouvent unies sous une même autorité romaine et unies dans une même Eglise en Christ. J'aimerais explorer ce que la Bible dit à ce sujet ce matin.

1.      Une seule race humaine

Quand l'apôtre Paul devait expliquer l'Evangile devant des intellectuels grecs à Athènes, il a dit entre autres ceci : A partir d'un seul homme Dieu a créé tous les peuples pour qu'ils habitent toute la surface de la terre ; il a fixé des périodes déterminées et établi les limites de leurs domaines (Actes 17.26).

Il y a une seule race humaine, qui remonte au premier humain que Dieu a fait, Adam. Il y a différents peuples, différentes périodes de l'histoire, différents espaces géographiques : mais une seule race humaine.

Les nazis ne croyaient pas cela. Ils pensaient que les Juifs et quelques autres étaient des Untermenschen, des sous-hommes. Les Néerlandais qui ont colonisé le Sud de l'Afrique au 18e siècle croyaient que les Bochimans n'étaient pas des humains ; ils ont sanctionné un pasteur pour avoir baptisé soi-disant des animaux ! Et quand l'autre en face de moi n'est pas un vrai humain, je peux faire de lui ce que je veux. Du temps des Romains, l'esclave était considéré sur le plan juridique comme un outil animé. A acheter, à vendre, à exploiter au maximum avant de le jeter au rebut.

Il y a une seule race humaine, dit la Bible. Et aujourd'hui la biologie le confirme. Un seul ADN, une seule humanité. Ce qui implique que nous sommes solidaires les uns des autres, que nous avons droit au même respect, à la même considération. Il y a une seule race humaine.

1.      Un seul corps en Christ

Pour les chrétiens, il y a quelque chose de plus fort encore qui nous lie les uns aux autres. Il y a une seule Eglise, il y a un seul corps en Christ. C'est de nouveau l'apôtre Paul qui le dit : Par la foi en Jésus-Christ, vous êtes tous fils de Dieu. Car vous tous qui avez été baptisés pour le Christ, vous vous êtes revêtus du Christ. Il n'y a donc plus de différence entre les Juifs et les non-Juifs, entre les esclaves et les hommes libres, entre les hommes et les femmes. Unis à Jésus-Christ vous êtes tous un (Galates 3.26-28)… Nous avons tous été baptisés par un seul et même Esprit pour former un seul corps, que nous soyons Juifs ou non-Juifs, esclaves ou hommes libres (1 Cor 12.13).

L'identité de chacun demeure : c'est un Juif ou pas ; c'est un homme libre ou pas ; c'est un homme ou une femme. L'identité de chacun demeure : mais dans l'Eglise, nous sommes un en Christ, unis dans un même élan de louange, unis dans une même mission, unis dans la communion les uns avec les autres, unis dans une même confession de foi. Il y a un seul corps et un seul Esprit ; de même Dieu vous a appelés à une seule espérance lorsqu'il vous a fait venir à lui. Il y a un seul Seigneur, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous qui règne sur tous, qui agit par tous et qui est en tous (Eph 4.4-6). Nous témoignons de cette unité lorsque nous nous unissons autour de la Table du Seigneur. Nous pouvons en être fiers.

Et pourtant, nous ne sommes pas tous des copies conformes les uns des autres, et encore moins de parfaits petits Français. Pour moi, en tout cas, c'est raté. Il y aura toujours des différences d'opinion sur un film ou sur un chant, il y aura toujours des différences de personnalité entre les gens chaleureux et les gens discrets. Vous aimez les prédicateurs les plus enflammés ; vous les aimez studieux et calmes. Vous aimez le silence avant le culte ; vous aimez une musique de fond ; vous aimez le brouhaha des gens qui se saluent uns les autres. Il y aura toujours un certain nombre de différences théologiques : sur la création, sur le retour de Christ, sur les ministères féminins… Quand il y a unité sur le fond, on peut apprendre à accepter voire à apprécier les différences sur les questions secondaires. C'est à l'armée que le sous-officier crie : Je ne veux voir qu'une seule tête. Dans une Eglise unie, plein de différences demeurent.

1.      La diversité comme problème

Si vous lisez attentivement le Nouveau Testament, vous vous rendrez compte que la diversité a souvent été une cause de problèmes. Entre chrétiens d'origine juive ou non-juive, par exemple. Pour nous, le problème est très abstrait, nous ne sommes que quelques-uns à être d'origine juive. Mais à l'époque, c'était un problème énorme. Les Juifs en général considéraient que les non-Juifs étaient des gens impurs. Ils avaient donc des préjugés à surmonter. De plus, les Juifs avaient des règles très strictes sur ce qu'on avait le droit de manger, et sur la manière de le manger. Manger avec un frère chrétien qui ne savait rien des règles alimentaires, cela pouvait donner des boutons. Même l'apôtre Pierre à eu des boutons un jour. C'est son frère dans la foi Paul qui raconte : Mais lorsque Pierre est venu à Antioche, je me suis opposé ouvertement à lui, car il avait tort. En effet, avant l'arrivée de quelques personnes de l'entourage de Jacques, il prenait part aux repas communs avec les frères non-Juifs ; mais après leur venue il s'est esquivé et s'est tenu à l'écart, parce qu'il craignait les croyants d'origine juive (Galates 2.11-12). La cohabitation de chrétiens de cultures différentes n'allait pas de soi, au premier siècle, à cause des repas.

Et chez nous ? Il y a des surprises, parfois, dans notre façon de manger. Le système entrée-plat-fromage-dessert n'est pas universel. Les Anglais ont du mal à poser un morceau de pain sur la nappe, et l'idée de coincer la feuille de salade entre la fourchette et le pain est une horreur pour eux. Quand Avril et moi avons mangé chez Isaac et Rachel, Rachel m'a servi moi en premier. Nous étions dans une famille camerounaise. Quand Isaac et Rachel sont venus manger chez nous à leur tour, nous avons servi Rachel en premier, parce que c'est la coutume française de servir les dames d'abord. Cela nous a fait bien sourire. Mais je peux imaginer des situations où ces petites différences susciteraient des remarques déplaisantes, une gêne. Quelqu'un pourrait avoir l'impression d'un grave manque de respect.

Il y a un autre exemple de conflit culturel dans le livre des Actes des Apôtres. Cette fois-ci, en Actes 6, tout le monde est juif. Cela aurait dû régler tous les problèmes. Mais non. Certains étaient originaires de la Palestine, parlaient araméen, restaient très traditionnels. D'autres venaient de familles habitant depuis des années à l'extérieur de la Palestine ; ils étaient plus ouverts à la culture dominante et parlaient grec. Et ceux de culture grecque se plaignaient parce qu l'aide aux veuves était entre les mains des traditionalistes et que, d'après eux, les veuves grecques étaient laissées pour compte. L'Eglise de Jérusalem a failli éclater à cause d'un conflit de cultures.

Tous un en Christ ? Oui, mais des problèmes culturels peuvent toujours surgir. Il est normal d'avoir des amis de la même culture que nous, il est normal de ne pas avoir le même mode de vie que le frère qui vient d'un autre pays. Mais des fois, cela crée des incompréhensions et des conflits de groupe.

Il faut même oser dire que tout n'est pas bon dans nos cultures. Il doit y avoir des péchés typiquement anglais, typiquement français, typiquement africains. Vous baignez dans votre culture et vous ne remarquez même pas le problème. Mais quand l'étranger vous regarde, il se dit que votre comportement n'est pas chrétien. Faut-il défendre sa propre culture coûte que coûte ? Non, mais plutôt apprendre à soumettre tout ce que nous faisons à la lumière de Dieu. Nous sommes tous des pécheurs.

Il n'y a pas que les Africains à arriver au culte en retard. Il n'y a pas que les blancs à abandonner leurs vieux. Il n'y a pas que les Antillais aimer les fêtes bruyantes. Il n'y a pas que les Anglais à être froids. Tout cela, c'est des caricatures, elles sont injustes. Et même lorsque la critique est fondée, dites-vous bien que quand on commence à connaître les gens et à comprendre leur histoire, on critique beaucoup moins. Quand on aime, on parle autrement.

1.      La diversité comme richesse

L'autre jour je discutais avec Daniel Upelele après le culte. Il m'a dit que son frère est venu du pays, du Congo Kinshasa. Je lui ai dit : Même père même mère ? Et Daniel a rigolé en disant : Non, tu comprends, c'est mon cousin. Moi j'étais content parce que j'ai posé la bonne question. Et Daniel était content parce que je connaissais assez de la culture africaine pour la poser. Nous avons rigolé tous les deux.

Quand je compare mon expérience à Ozoir avec ce que j'ai vécu à Rennes, je me dis que nous avons une sacrée chance d'être dans une Eglise multiculturelle. Sans même passer par le porche et aller dans la rue je peux discuter avec les gens d'une bonne quinzaine de pays différents. Je peux même en faire des amis. Je peux faire le tour du monde sans bouger d'ici. C'est une énorme richesse humaine. Et sur le plan spirituel, c'est encore plus fort. Les uns ont le sens de l'organisation, les autres l'amour de la musique, d'autres encore du zèle pour l'évangélisation, le sens de la famille, la spontanéité, la joie. Cela donne de la force à notre vie d'Eglise. On me dit que cela explique pourquoi les Eglises de la banlieue sont généralement plus grandes que les Eglises de province. Et si dans la société les gens ne se mélangent pas trop, si de temps en temps on entend des propos racistes, s'il y a parfois une discrimination au logement ou à l'embauche : dans l'Eglise l'occasion nous est donnée de montrer autre chose. Oh, je ne suis pas naïf. Nous ne sommes pas parfaits. Mais nous avons, je l'espère, une petite avance sur les autres, et cette petite avance, il faut la conforter.

Adrien m'a dit un jour que dans l'Eglise on ne faisait pas de différences entre les personnes. Ce qui implique qu'il a vu autre chose ailleurs. J'ai envie de dire : nous essayons de ne pas faire de différences. Nous avons tous nos craintes, nos préférences, nos préjugés, nos difficultés à communiquer, nos blessures. Mais nous essayons de les surmonter en Christ. Nous commençons à nous aimer, à cause de Christ. Et le monde le voit.

Conclusion : comment avancer ?

En pensant à ce mois de la diversité culturelle qui vient, j'aimerais vous proposer des buts tout simples :

  • - Se parler
  • - Se connaître
  • - Se comprendre
  • - S'apprécier
  • - S'aimer

Dans une Eglise d'une certaine taille, ce serait déjà un défi même si tout le monde était du même pays ou de la même région de France. Les humains sont tellement différents les uns des autres : même quand nous sommes de la même culture il faut faire un effort pour se connaître et pour s'aimer. Dans notre belle Eglise d'Ozoir il faut faire encore plus d'efforts. Mais la récompense est énorme.

Se parler, c'est maintenant après le culte que vous pouvez le faire. Faites l'effort de saluer quelqu'un que vous ne connaissez pas bien. Se comprendre : dans le mois de la diversité culturelle, nous vous invitons à des ateliers le dimanche après-midi où on pourra apprendre des choses. Il faudra que nos trois grandes composantes soient là à chaque fois : vieille France, Antilles, Afrique, pour dialoguer ensemble. S'aimer : c'est à cela que le monde verra que nous sommes chrétiens.

Mes enfants, dit l'apôtre Jean, que notre amour ne se limite pas à des discours et à de belles paroles, mais qu'il se traduise par des actes accomplis dans la vérité (1 Jean 3.18).

 

Le mois de la diversité culturelle

Une seule race humaine

A partir d'un seul homme Dieu a créé tous les peuples pour qu'ils habitent toute la surface de la terre ; il a fixé des périodes déterminées et établi les limites de leurs domaines (Actes 17.26).

Un seul corps en Christ

Par la foi en Jésus-Christ, vous êtes tous fils de Dieu. Car vous tous qui avez été baptisés pour le Christ, vous vous êtes revêtus du Christ. Il n'y a donc plus de différence entre les Juifs et les non-Juifs, entre les esclaves et les hommes libres, entre les hommes et les femmes. Unis à Jésus-Christ vous êtes tous un (Galates 3.26-28)… Nous avons tous été baptisés par un seul et même Esprit pour former un seul corps, que nous soyons Juifs ou non-Juifs, esclaves ou hommes libres (1 Cor 12.13).

Il y a un seul corps et un seul Esprit ; de même Dieu vous a appelés à une seule espérance lorsqu'il vous a fait venir à lui. Il y a un seul Seigneur, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous qui règne sur tous, qui agit par tous et qui est en tous (Eph 4.4-6).

La diversité comme problème

Mais lorsque Pierre est venu à Antioche, je me suis opposé ouvertement à lui, car il avait tort. En effet, avant l'arrivée de quelques personnes de l'entourage de Jacques, il prenait part aux repas communs avec les frères non-Juifs ; mais après leur venue il s'est esquivé et s'est tenu à l'écart, parce qu'il craignait les croyants d'origine juive (Galates 2.11-12).

La diversité comme richesse

Comment avancer ?

  • - Se parler
  • - Se connaître
  • - Se comprendre
  • - S'apprécier
  • - S'aimer

Mes enfants, dit l'apôtre Jean, que notre amour ne se limite pas à des discours et à de belles paroles, mais qu'il se traduise par des actes accomplis dans la vérité (1 Jean 3.18).