Inspiration des prophètes
Introduction
Prenez la Bible que vous avez apportée ce matin. Elle est le fruit d’une longue chaîne de travail. Quelqu’un vous l’a vendue ou vous l’a offerte. Quelqu’un l’a éditée, s’est occupé de la mise en page et de la reliure. Une équipe s’est occupée de traduire cette Bible en français. Avant cela, des spécialistes ont comparé tous les manuscrits anciens. Avant cela, des générations et des générations de moines et de scribes ont copié à la main les textes hébreu et grec. Et avant eux, tel prophète, tel apôtre a écrit.
Comment est-ce qu’ils ont fait ? Ils étaient en transe ? Ils ont copié un livre céleste ? Ils ont tout imaginé eux-mêmes ?
J’aimerais lire avec vous un court passage dans la première lettre de Pierre qui lève un coin du voile à ce sujet. C’est dans 1 Pierre, au chapitre 1 et les versets 10 à 12.
Lecture
1.Pi 1,10 Ce salut a fait l'objet des recherches et des investigations des prophètes qui ont annoncé d'avance la grâce qui vous était destinée.
1.Pi 1,11 Ils cherchaient à découvrir à quelle époque et à quels événements se rapportaient les indications données par l'Esprit du Christ. Cet Esprit était en eux et annonçait à l'avance les souffrances du Messie et la gloire dont elles seraient suivies.
1.Pi 1,12 Il leur fut révélé que le message dont ils étaient chargés n'était pas pour eux, mais pour vous. Et ce message vous a été communiqué maintenant par ceux qui vous ont annoncé la Bonne Nouvelle sous l'action de l'Esprit Saint envoyé du ciel ; les anges eux-mêmes ne se lassent pas de le découvrir.
La personnalité du prophète est engagée
Notre passage dit que les prophètes ont fait des recherches et des investigations, qu’ils ont cherché à découvrir des choses. Autrement dit, leur personnalité humaine était tout à fait engagée. Ils ont réfléchi. Ils n’étaient pas en transe. Leur intelligence était mise à contribution.
Nous pouvons dire autant de tous les auteurs bibliques. Celui qui a écrit 1 et 2 Chroniques a compulsé des archives. Le docteur Luc a écrit son Evangile en interrogeant à la fois des témoins directs et des documents écrits. Plusieurs auteurs bibliques ont employé toutes les armes des poètes pour nous communiquer leur pensée. Ils avaient chacun leur langue ou leur dialecte, et ils ont utilisé des formes d’écriture le plus variés pour s’exprimer.
Si donc on nous dit que ce sont des hommes qui ont écrit la Bible, il n’y a pas de problème, c’est tout à fait exact. C’est le rôle des hommes qui explique que les différents livres bibliques ne se ressemblent pas. On peut reconnaître le style tout simple de Jean, les phrases plus compliquées de l’apôtre Paul, les grandes envolées de l’auteur de Job. Nous avons parfois du grand art, digne de figurer dans les manuels de littérature ; nous avons parfois une petite correspondance personnelle qui tient sur une seule feuille de papyrus. Si c’est Dieu qui avait tout écrit, nous aurions le style de Dieu, parfait, immuable et sans fautes de grammaire. Au lieu de cela, nous avons des livres qui nous révèlent –entre autres – des hommes comme nous, avec leurs centres d’intérêt, leurs émotions et leur façon de parler à eux.
La Bible est le fruit du travail des humains. Mais ce n’est pas tout.
Le Saint-Esprit était en eux
Le Saint-Esprit était en eux. Notre passage l’a dit. L’apôtre mentionne les indications données par l'Esprit du Christ. Son Esprit était en eux et annonçait à l'avance les souffrances du Messie et la gloire dont elles seraient suivies. Il leur a révélé des choses.
Comment est-ce que cette révélation s’est produite ? Il est assez rare que la Bible le dise. Parfois le prophète voit quelque chose ou entend quelque chose qu’il doit transmettre. Parfois Dieu lui demande d’écrire certaines choses. Mais ce n’est pas comme ça pour la plupart des livres bibliques. « L’Esprit de Dieu était en eux. » C’est tout. Et c’est déjà pas mal.
Dans la deuxième lettre de Pierre il y a une petite phrase qui nous aidera à le comprendre. Il dit : « C’est poussé par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 Pierre 1.21). En d’autres termes, l’Ecriture est inspirée de Dieu (cf. 2 Timothée 3.16). Dieu ne l’a pas souvent dictée : il l’a toujours inspirée.
Le Seigneur Jésus a manifesté un très grand respect pour les Ecritures. Il dénonçait les traditions qui en faussaient le sens. Il citait abondamment la Bible. Il n’a jamais essayé de la corriger sur quoi que ce soit. Et les chrétiens, qui portent le nom du Christ, feraient bien de suivre son exemple. Comme Jésus, nous pouvons dire que l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Comme Jésus, nous pouvons, nous devons faire de la Bible notre pain quotidien.
La confession de foi de nos Eglises résume la situation ainsi :
Nous croyons que la Bible est la Parole que Dieu nous adresse. En elle réside la seule et infaillible règle de foi et de vie, ainsi que les critères fondamentaux pour éprouver toute doctrine, toute tradition, tout système religieux ou ecclésiastique et toute action chrétienne. La révélation qu'elle nous apporte ne saurait être modifiée ni complétée par aucune autre.
Nous croyons que le Saint-Esprit a souverainement présidé à l'origine et à la formation des soixante-six livres du recueil biblique. Nous croyons qu'il en a lui-même assuré l'enseignement parfait et l’entière vérité par l'intermédiaire des auteurs qui, dans leur humanité et par sa divine inspiration, ont contribué à nous communiquer la Parole de Dieu.
Nous croyons que la Bible révèle tout ce que nous avons à connaître pour parvenir au salut, pour vivre selon Dieu et trouver notre joie en lui.
La Bible est révélation de Dieu, étalée dans le temps, marqué par les époques et par les hommes, mais révélation quand même.
Les prophètes ont annoncé le salut en Christ
Les gens utilisent la Bible pour toutes sortes d choses. Avant de connaître l’Evangile, l’un de nos anciens la mettait bien en évidence chez lui pour éloigner les mauvais esprits. D’autres ouvrent la Bible au hasard quand ils ne savent pas quoi faire, ils cherchent un conseil, un mot d’ordre, comme dans les horoscopes. Ca, c’est la Bible comme un livre magique. Mais nos Eglises disent : Nous croyons que la Bible révèle tout ce que nous avons à connaître pour parvenir au salut, pour vivre selon Dieu et trouver notre joie en lui.
Le salut n’est pas le seul thème de la Bible, mais c’en est le thème majeur. C’est l’objet des recherches des prophètes, dit l’apôtre Pierre. Le salut tourne autour des souffrances du Messie et de la gloire dont elles ont été suivies. Quelle gloire ? Sa résurrection, son ascension, son règne, la création du peuple de Dieu, le don de l’Esprit, et j’en passe. Les prophètes ont discerné que Dieu allait envoyer un nouveau David. Ils ont compris que la portée de son action serait bien plus grande que celle du grand roi d’autrefois : il établirait une nouvelle alliance ; il pardonnerait les péchés ; toutes les nations se tourneraient vers lui. Esaïe en particulier a annoncé le rejet et les souffrances de celui que Dieu enverrait. Et sa gloire.
Le ministère des prophètes prolongé par les apôtres
Aucun des prophètes de l’Ancien Testament n’a vu la réalisation des promesses. Ils savaient que c’était pour une génération encore à venir. Il fallait donc qu’il y ait des gens qui prolongent le message des prophètes. Leurs disciples, puis les fidèles sur plusieurs générations ont copié et transmis leur message jusqu’à notre époque. Et à notre époque, la Bonne Nouvelle a été annoncé par les apôtres sous l’action de l’Esprit Saint. Eux aussi s’y sont investis en tant qu’hommes ; eux aussi ont bénéficié de l’inspiration de l’Esprit.
Grâce à eux, nous avons découvert le Christ, nous avons compris comment et pourquoi un roi de la lignée de David peut être couronné d’épines. Nous avons saisi en Christ un salut qui est pour tous les peuples de la terre. C’est quelque chose de tellement grandiose que les anges mêmes ne se lassent pas de le contempler et d’en découvrir toute la profondeur. Que le Créateur des étoiles soit devenu un homme ; que celui qui est la lumière des hommes ait été plongé dans les ténèbres ; que celui en qui réside la vie soit happé par la mort ; que le Fils de Dieu soit devenu péché pour nous : c’est tellement énorme que les anges ne peuvent pas arrêter d’y penser. C’est à cause de ce magnifique salut que nous avons envie de vivre selon Dieu et de trouver notre joie en lui.
Et nous ?
Les prophètes et les apôtres sont des êtres humains. Ils ont écrit sous l’inspiration de Dieu. Ils ont parlé du salut en Christ. Et nous, qu’est-ce que le Seigneur nous dira, si nous négligeons un si grand salut ? Trois défis se dressent devant nous.
Le premier défi, c’est de prendre au sérieux la parole des prophètes. Ils ont fait des recherches et des investigations. Ils ont cherché à découvrir des choses. Ils ont réfléchi. Ils n’étaient pas en transe. Leur intelligence était mise à contribution. De la même manière, nous ne pouvons pas faire moins que d’engager toute notre personnalité pour lire et pour comprendre la Bible. Avec l’aide des frères. Avec l’aide de certains livres. Mais surtout avec un engagement personnel. J’espère que la période des vacances nous donnera quelques heures de tranquillité pour ouvrir notre Bible et pour approfondir nos connaissances.
Le deuxième défi, c’est de passer de la compréhension aux actes. Cette année, certains d’entre nous ont compris ce qu’est le baptême : il faut passer aux actes. Certains ont mieux compris ce qu’est l’Eglise, ce qu’est la communion fraternelle : il faut passer aux actes. Chez certains Dieu a pointé un déficit de générosité, d’amour, de pardon, d’esprit de service… il faut passer aux actes. Quelqu’un a dit : Dans la Bible, ce n’est pas ce que je ne comprends pas qui me pose problème ; c’est ce que je comprends ! Le deuxième défi, c’est de passer de la compréhension aux actes.
Et le troisième défi, c’est de faire connaître le message de salut que les prophètes nous ont laissé. Le faire connaître à nos enfants, et aux enfants de l’Eglise. Le faire connaître dans un monde où nous sommes confrontés à de puissants systèmes de pensée qui s’opposent à l’Evangile. Le faire connaître en toute simplicité et en toute humilité aux hommes et aux femmes qui nous entourent. Nous n’avons pas tous le don de tout expliquer, et Dieu ne nous demande pas de le faire. Mais nous pouvons tous, au minimum, attendre le moment où une petite phrase donnera envie à quelqu’un d’autre d’en savoir un peu plus.
Conclusion
A travers les prophètes et les apôtres nous avons reçu la grâce du salut. A nous maintenant de l’approfondir, de passer aux actes, de le transmettre plus loin.
Amen.