13 avril 2008

Hommes et femmes devant Dieu

Prédicateur:
Passage: Genèse 2

L’homme et la femme selon Genèse 2

Prédication du pasteur Gordon Margery

Introduction

Il y a deux semaines nous avons réfléchi ensemble au premier chapitre de la Bible. Nous nous sommes efforcés de retenir son message essentiel : c’est un Dieu personnel qui est à l’origine de tout ; la création était très bonne ; et l’être humain est le point culminant de la création, il est l’image de Dieu. Nous avons évoqué la possibilité, retenue par beaucoup de chrétiens, que les sept jours de la création sont à comprendre comme une architecture poétique et non comme un calendrier historique.

Au chapitre deux, nous changeons d’histoire. L’homme vient avant la végétation et les animaux ; il vient seul, sans sa moitié ; il y a quelque chose dans la création qui n’est pas bon. Si nous nous attachions à la forme des chapitres 1 et 2, nous dirions qu’ils se contredisent. Ou alors nous forcerions l’interprétation pour éliminer les contradictions. Mais il y a une meilleure approche : découvrir les vérités que la deuxième histoire veut nous révéler. Et là, nous verrons que les deux chapitres se complètent.

Jésus a raconté les paraboles de la pièce perdue ; de la brebis perdue ; du fils perdu. Je les ai lues samedi dans les « 5 Minutes. » Ces trois récits ne se contredisent pas, ils se complètent. De la même façon, Genèse 2 ne contredit pas Genèse 1. Il le complète, il va plus loin sur un sujet particulier : l’homme et la femme dans la création.

Lecture : Genèse 2.4-25

La création de Dieu est très bonne. Effectivement, nous voyons l’homme dans un paradis, c’est le cas de le dire, dans un jardin où poussent des arbres remarquables pour leur beauté et pour leurs fruits. Ce jardin est arrosé par les quatre fleuves les plus puissants du monde antique, le Nil, le Tigre, l’Euphrate et un quatrième fleuve difficile à identifier, des fleuves qui donnent accès à de grandes richesses naturelles. De plus, ce jardin contient l’arbre de vie, qui symbolise l’accès à la vie éternelle.

Mais quelque chose dans ce tableau n’est pas bon. L’homme est seul. Il n’y a pas un chat. Alors, des chats, Dieu en fait, et des chiens, et des canaris, et des lions, et des buffles. L’homme doit éprouver une certaine satisfaction à les connaître, à les nommer, à comprendre qu’ils sont là pour lui. Mais il reste seul.

C’est alors que Dieu créa la femme. C’est le début d’une histoire aux variations infinies, d’un mystère insondable : bienvenu chez les humains !

La relation entre les hommes et les femmes est souvent tordue : dans quinze jours on verra pourquoi. Mais dans son chapitre deux Moïse souligne quatre points essentiels, souvent ignorés, souvent bafoués.

1. Similitude

Le premier point, c’est la similitude de l’homme et de la femme. Nous sommes de la même pâte, de la même chair. La femme n’est pas une version tronquée de l’homme, une forme de vie inférieure, comme certaines traditions religieuses le disent. Elle est, pour l’homme, os de mes os et chair de ma chair. Elle est semblable à lui. Elle est la seule qui puisse être pour lui un compagnon, un vis-à-vis, un partenaire.

Au chapitre premier, déjà, Moïse nous avait dit que quand Dieu créa les hommes à son image, il les créa homme et femme. Ils ont le même statut, la même dignité, la même gloire.

L’apôtre Paul dira que l’homme et la femme sont un en Christ ; l’apôtre Pierre dira qu’ils sont cohéritiers de la vie éternelle.

Voilà pourquoi nous devrions lutter de toutes nos forces pour l’égalité en droit des hommes et des femmes. A plus forte raison devrions-nous lutter contre les injustices faites aux femmes. Comment se fait-il que dans tant de cultures si vous tapez sur une femme inconnue dans la rue, vous allez en prison, et si vous tapez sur votre femme chez vous on l’accepte ?

Nous ne pouvons pas être humains sans être hommes ou femmes ; mais nous sommes d’abord, tous, des humains faits à l’image de Dieu. Cela doit nous marquer.

2. Différences

Ensuite, et ensuite seulement, il faut dire que nous ne sommes pas pareils ! De là toutes les blagues possibles et imaginables. Les hommes sont douillets, les femmes ne savent pas utiliser changer une roue, les hommes doivent toujours se monter les meilleurs, les femmes essaient de vous manipuler… c’est sans fin. Cela donne beaucoup de piquant à la vie.

Est-il possible d’avoir le même statut et d’être différents ? Oui ! La Bible ne confond pas Dieu le Père et Dieu le Fils. Le Père n’est pas mort pour nous à la croix. Ils sont deux, différents, mais d’une même nature et d’une même gloire ; ils sont un. De la même façon, l’homme et la femme sont en même temps différents et de la même nature.

Certains traits typiquement féminins se trouvent chez les hommes, et vice versa : c’est très bien ainsi. Mais personne ne peut nier que les tennismen font cinq sets et les tenniswomen trois ; qu’en moyenne les hommes sont plus grands et plus lourds que les femmes. Personne ne peut nier que les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Et personne ne peut nier les différences de personnalité et de sensibilité qui accompagnent les différences physiques.

Ces différences tournent souvent autour du fait que ce sont les femmes qui portent les enfants et les nourrissent. Les deux parents sont là pour protéger et élever l’enfant pendant 15 ou 20 ans. Mais la mère a toujours une relation particulière à ce petit être qu’elle a porté : elle doit le sentir, le comprendre, avant qu’il ne puisse parler. Bien sûr qu’il a des hommes intuitifs ! Mais ce n’est pas sans raison qu’on parle habituellement de l’intuition féminine. Jeunes ou vieux, célibataires ou mariés, notre identité sexuelle porte toujours sur des différences qui sont en rapport avec la mise au monde et la protection des enfants.

Quand on écoute la radio, on entend des choses étonnantes. Actuellement, aux Etats-Unis ou au Canada, se trouve un homme enceinte. Un homme marié. Comment est-ce possible ? Cette personne est née femme. Elle a voulu changer d’identité sexuelle au regard de la loi et elle s’est mariée. C’est maintenant un homme qui vit comme un homme, qui se voit comme un homme, que la loi traite comme un homme, et qui a une femme. Mais cet homme a conservé les organes féminins : il a pu devenir enceinte, naturellement ou artificiellement, je ne sais plus. Il trouvait ça très bien, il pensait que c’était un progrès.

Ce n’est pas un progrès. Cet homme ou cette femme a fait ce dont beaucoup rêvent : gommer les différences homme-femme, s’affranchir de cette contrainte insupportable qui fait que nous soyons soit l’un soit l’autre. Mais être homme ou femme, et donc différent, fait partie des données les plus basiques de la vie sur terre.

Cela veut dire que nous devons tenir compte de nos faiblesses réciproques. La plus grande force physique des hommes doit profiter aux femmes ; la plus grande sensibilité des femmes doit profiter aux hommes. Messieurs, si vous écoutiez les intuitions de votre femme de temps en temps ? Mesdames, si vous disiez merci de temps en temps à cet ours qui vous sort les poubelles et lave la voiture ? Et si nous ne nous reconnaissons pas dans ces portraits-type, si au moins nous arrivions à valoriser nos différences, au lieu de penser que c’est nous, hommes ou femmes, qui sommes les meilleurs ?

3. Ordre

Chaque couple est différent. Il n’empêche que les psychologues et les conseillers familiaux parlent souvent du rôle du père et de la mère, de la tendresse et de l’autorité. Cela aussi fait partie de nos différences. Je suis frappé de voir comment Sigmund Freud rejoint Moïse et l’apôtre Paul sur ce chapitre.

Ce n’est pas du tout que la femme serait subordonnée à l’homme, destinée surtout à lui tenir compagnie et à l’aider dans ses projets. Dans de nombreux Psaumes, c’est Dieu lui-même qui est notre aide, notre secours, et il ne nous est pas soumis pour autant ! Dans Genèse 1 c’est à l’homme et la femme ensemble de gérer la terre comme les représentants de Dieu. Dans Genèse 2, la femme est un vis-à-vis pour l’homme, pas une subalterne, et encore moins un marchepied !

Mais dans toute communauté, il y a un ordre. Dieu le Fils est soumis à Dieu le Père, et pas le contraire. Le Père et le Fils nous envoient l’Esprit, et pas le contraire. Alors que Père, Fils et Esprit sont un, de la même nature divine, et reçoivent le même titre divin : le Seigneur.

De la même façon, nous ne pouvons pas y échapper, la Bible enseigne que dans le couple, l’homme est le chef de la femme. C’est une autorité qu’il doit exercer à la manière de Jésus-Christ, dans la douceur et le service et le don de soi. Mais c’est une autorité quand même. L’absence, l’inefficacité, le silence, l’incompétence, la démission des pères posent un problème énorme à notre société. Souvent l’incompétence va de paire avec la brutalité et le manque de communication.

Dans le récit de Genèse 2, cette structure dans le couple se devine à travers des indices fins :

  • La femme, ishsha, reçoit son nom de l’homme, ish.
  • La femme a été créée pour l’homme, et pas l’inverse
  • C’est l’homme qui quitte ses parents pour fonder le nouveau foyer.

Ces indications sont fines, parce qu’il s’agit d’une relation subtile, pas d’une domination tyrannique. Il s’agit d’un leadership entre égaux. Qui se trouvera reflété à la tête des Eglises.

Faisons l’homme à notre image. L’homme et la femme sont semblables ; ils sont différents ; leur relation en couple manifeste une certaine polarité.

4. Mariage

Ce qui nous amène à la quatrième grande vérité qu’enseigne Moïse ici. L’importance du mariage. L’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme. Il ne vivra plus sous l’autorité de son père ou de sa mère. Il ne vivra pas tout collé à eux. Il y aura un minimum de distance qui lui permettra de s’attacher en priorité à sa femme. Ce nouveau couple n’est pas l’extension des projets de papa et de maman. Il a sa propre existence, ses propres projets, il est responsable de ses propres enfants.

Quitter et s’attacher, c’est quelque chose de solennel et de public. Dans toutes les cultures du monde une fête s’attache à ce changement. Dans les sociétés organisées ce changement de statut implique aussi l’Etat et son représentant, chez nous le maire. La société européenne a considérablement affaibli l’importance du mariage, comme si la création d’un foyer et la mise au monde des enfants étaient des gestes purement individuels. Dans la tête des gens ils le sont… jusqu’au jour où on a besoin des grands-parents pour garder un enfant malade, jusqu’au jour où on a besoin de l’Etat pour régler un conflit.

Dans la Bible, dans le plan de Dieu, le mariage ne se fait pas en cachette. Il implique le reste du monde. Il est scellé, soudé, confirmé par l’union sexuelle qui vient après.

Conclusion

Le premier récit de la création se termine en disant que pour Dieu tout était très bon. Le deuxième récit termine lui aussi sur une note positive : l’homme et la femme sont nus, ils n’en ont pas honte. Ils sont dans une relation de confiance, d’ouverture l’un à l’autre, ils n’ont pas peur, ils ne vont pas s’exploiter l’un l’autre.

Cela ne durera pas, on le sait. Mais restons un moment à contempler la beauté et l’équilibre de la création de Dieu. C’est vers cela que nous voulons tendre, c’est cela que nous voulons retrouver. Respecter notre commune humanité et nos différences. Retrouver avec l’aide de Dieu l’harmonie qui prévalait au commencement, quand tout était très bon.

Nous en sommes parfois loin ! Je vous laisse un moment de réflexion pour confier à Dieu ce qui ne va pas, pour vous engager à changer, pour lui dire : Béni sois-tu, Seigneur notre Dieu, roi de l’univers, qui nous a faits hommes et femmes.

Amen.