Galates 3, partie 2
6 mars 2005

Galates 3, partie 2

Prédicateur:
Passage: Galates 3:15-29 ou Galates 4:4-7

Gal 3,28      Il n'y a donc plus de différence entre les Juifs et les non-Juifs, entre les esclaves et les hommes libres, entre les hommes et les femmes. Unis à Jésus-Christ, vous êtes tous un. (Semeur 2000)

Gal 3,28      Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Christ-Jésus. (Colombe 1978)

De temps en temps les magazines nous promettent d'étonnantes révélations sur les origines du christianisme. Et très souvent l'apôtre Paul est cité en mauvaise part. Il est souvent le vilain de la pièce.

Ecoutez donc cette phrase de Paul que nous trouvons dans l'une de ses épîtres. Il n'y a donc plus de différence entre les Juifs et les non-Juifs, entre les esclaves et les hommes libres, entre les hommes et les femmes. Unis à Jésus-Christ, vous êtes tous un (Semeur 2000). Vous entendez cela dans les anciennes cités grecques où 80% de la population était esclave ? Vous entendez cela dans une belle église des plantations, où les maîtres viennent écouter la messe ?

Et quelle résonance partout où les femmes sont discriminées ! Partout où il y a du racisme ! Quelle résonance dans les Églises de la Galatie, où la cohabitation entre Juifs et non-Juifs était si difficile ! Il n'y a donc plus de différence entre les Juifs et les non-Juifs, entre les esclaves et les hommes libres, entre les hommes et les femmes. Unis à Jésus-Christ, vous êtes tous un.

Pourquoi la cohabitation entre Juifs et non-Juifs était-elle difficile ? Parce qu'au départ les deux communautés se méprisaient mutuellement et se considéraient les uns comme barbares, les autres comme impurs.

Et puis, dans l'Église, le message de l'Évangile a fait l'objet d'un OPA (offre publique d'achat) de la part de chrétiens très rigoristes et très juifs. Les pauvres païens avaient pensé que Jésus-Christ était mort pour leurs péchés, et que qu'il était normal de le suivre en toute simplicité. Les rigoristes arrivent et leur disent que ce n'est pas suffisant. Il faut croire en Christ, d'accord. Mais ensuite il faut se plier à toutes les lois de Moïse, à toutes les règles de la tradition juive : les lois alimentaires, le sabbat, la circoncision. En un mot, le païen qui rencontre Jésus-Christ doit devenir Juif.

Vous le savez, quand l'apôtre entend que ces chrétiens qu'il aime sont embarqués dans une galère pareille, il réagit. Il écrit une lettre aux Églises de la Galatie. Il leur dit : Il n'y a donc plus de différence entre les Juifs et les non-Juifs, entre les esclaves et les hommes libres, entre les hommes et les femmes. Unis à Jésus-Christ, vous êtes tous un.

Il ne s'agit pas seulement de le dire. Il faut le prouver. Et comment est-ce qu'un chrétien bien dans sa peau le prouverait ? En faisant appel bien sûr à l'Ecriture. Paul revient à la Genèse, il revient à l'exemple d'Abraham.

On va lire le passage.

Galates 3.15-29 (ou 4.4.7)

Comment prouver que nous sommes sauvés de nos péchés uniquement par la foi en Christ, sans être obligés de se faire circoncire ou de respecter les 613 commandements de la loi de Moïse ?

Il y a d'abord l'argument chronologique. La promesse que Dieu a faite à Abraham vient 400 ans avant le don de la Loi. Ce que Dieu a dit à Abraham, c'est comme un testament auquel on ne touche plus. C'est une alliance que Dieu entend appliquer, vaille que vaille. La loi de Moïse ne peut donc pas la supplanter. Par rapport à ce que nous avons déjà étudié dans l'épître, cela veut dire qu'Abraham a été agréé par Dieu avant d'être circoncis et 400 ans avant la Loi. Il est le père spirituel et des peuples non-circoncis et du peuple Juif.

Il y a un deuxième argument. La promesse faite à Abraham concernait une descendance. Miraculeuse, forcément, parce qu'Abraham et Sara étaient âgés. En Genèse 12 et en Genèse 15 Abraham croit cette promesse. Et Paul dit quelque chose d'étonnant, c'est que la descendance promise, c'est le Christ. Qu'est-ce que cela veut dire ? C'est qu'au-delà de l'enfant-miracle qui s'appelait Isaac, au-delà de son fils qui s'appelait Jacob, il y a une lignée. Et cette lignée est destinée à aboutir au Messie, au Christ, au fils d'Abraham à travers qui toute la terre sera bénie. Et après, cette lignée va s'élargir à tous ceux qui appartiennent au Christ. Juifs et non-Juifs.

Dieu tient ses promesses, et aucun événement ultérieur ne le fait renier ses promesses. On peut se demander en passant si nous fonctionnons pareil… Vous tenez vos engagements longtemps après ? Quand ce n'est plus à votre avantage ? Bon, fermons la parenthèse, et gardons-la pour plus tard. L'alliance de Dieu n'est pas un pacte négocié par des intermédiaires, c'est une promesse unilatérale faite de la part d'un Dieu qui ne ment pas et qui ne défaillira pas.

Devant les chrétiens de la Galatie l'apôtre Paul prouve par la Bible qu'ils n'ont pas à se laisser troubler par les rigoristes qui veulent les forcer à adopter les coutumes juives. Des le départ, Dieu avait un projet pour tous les peuples de la terre, et ce projet aboutit à Jésus-Christ, pas à la loi de Moïse.

Problème. La loi de Moïse, c'est tout un pan de l'Ancien Testament. D'Exode 12 à Deutéronome 32. A quoi ça sert, si ça ne s'applique plus ?

La Loi de Moïse, dit Paul fait partie de la pédagogie de Dieu. Elle définit le péché. Elle nous permet de distinguer entre le bien et le mal. Elle nous place devant des choix. Et, du coup, elle met en évidence notre désobéissance à tous. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Vous l'avez toujours fait ? Non ? Vous voilà donc désigné comme pécheur. Tu ne porteras pas ton désir sur la femme d'autrui, ou sur les biens d'autrui … Vous avez toujours respecté ce commandement ? Non ? Alors, vous voilà désigné comme pécheur.

Et de là découle un verdict juste mais implacable, que l'on trouve au verset 22 : Mais voici le verdict de l'Écriture : l'humanité entière se trouve prisonnière de sa culpabilité devant Dieu.

Une bien mauvaise nouvelle qui prépare la très bonne qui suit : Mais voici le verdict de l'Écriture : l'humanité entière se trouve prisonnière de sa culpabilité devant Dieu afin que le don promis par Dieu soit accordé aux croyants au moyen de leur foi en Jésus-Christ.

La Loi sert donc à mettre en évidence nos fautes, pour qu'ensuite nous puissions comprendre l'immensité de l'amour de Dieu manifesté en Christ. Au verset 23 Paul semble dire aussi qu'elle est un régime temporaire qui nous tient sous bonne garde, qui nous surveille, qui nous protège contre les pires excès du péché, en attendant que vienne le Sauveur. Elle est comme un personnage que les Grecs et les Romains voyaient tous les jours dans leurs rues : l'esclave chargé corriger les enfants et de les accompagner chez le maître d'école. Mais quand Christ est venu et que nous avons placé notre foi en lui, nous n'avons plus besoin de ce tuteur, nous sommes libres. Enfants de Dieu et libres.

Cela change notre relation avec Dieu. Et cela change notre vie d'Église. Il n'y a donc plus de différence entre les Juifs et les non-Juifs, entre les esclaves et les hommes libres, entre les hommes et les femmes. Unis à Jésus-Christ, vous êtes tous un. Si vous lui appartenez, vous êtes la descendance d'Abraham et donc, aussi, les héritiers des biens que Dieu a promis à Abraham.

A la lumière de ce passage, j'aimerais maintenant vous inviter à tirer deux conclusions pratiques.

Non, pas sur le respect de nos promesses et des nos engagements, cela, je l'ai déjà indiqué.

Sur le racisme. Unis à Jésus-Christ, vous êtes tous un. Je crois que nous le vivons pour une très large part dans l'Église, je trouve que c'est très beau et que c'est un sujet de fierté devant le monde. Mais je pense à une réunion qu'un professeur de l'Institut Biblique de Nogent a tenue à Lagny pour les pasteurs de notre région. Nous lui avons demandé de parlé des Églises multiculturelles. Il nous a demandé à un moment donné si nous étions racistes. Personne n'a osé lever la main. Sauf moi. Et lui. Parce qu'au fond de nous tous, de vous comme de moi, il y a cette vieille tendance à juger les autres, à les cataloguer, puis à trouver que nous, on est mieux. Vous voyez la devise sur le bulletin des annonces : Une Église pour tous ? Ce n'est pas un acquis, c'est un but. Pour tout le monde.

Être un en Christ ne signifie pas que nous nous ressemblons tous. Vous n'avez sans doute pas envie de devenir rouge au soleil comme moi ou d'écouter Éric Clapton comme moi. Mais j'espère que nous avons envie de nous aimer les uns les autres.

Ce verset nous incite donc à ne pas nous cacher dans notre petite communauté à nous, mais d'aller vers les autres, sans les juger.

Et puis une autre chose. Ce verset et tout ce passage nous rappellent que les efforts humains ne réussiront jamais à faire de nous des être parfaits qui mériteraient l'amour de Dieu. L'amour de Dieu ne se mérite pas, il se reçoit. Si vous ne le recevez pas, avec soulagement et avec reconnaissance et avec joie, si vous ne le recevez pas, autant dire que Jésus-Christ est mort pour rien.