Galates 3, partie 1
20 février 2005

Galates 3, partie 1

Prédicateur:
Passage: Galates 3:1-5

Introduction

Toutes les religions du monde ont des règles. Et toutes les religions du monde semblent nous dire qu'il suffit de respecter ces règles pour que tout aille bien.

L'Évangile ne dit pas cela. Il dit que personne ne respecte comme il faut les règles de sa conscience, de sa religion, de ses livres. Personne n'atteindra un degré de sainteté ou de soumission à Dieu ou d'obéissance qui soit suffisant pour que Dieu l'accepte. L'être humain est pécheur, il mélange le plus beau et le plus laid. Et si quelque se croit assez fort pour me dire qu'il n'a jamais fait ce qu'il ne devait pas faire, je le mets au défi de me dire qu'il a toujours fait tout ce qu'il devait faire. Ce n'est pas possible.

C'est pour cela qu'il nous faut un Sauveur.

Vers la fin des années 40 de notre ère, on trouve un nombre grandissant de personnes qui comprennent que ce Sauveur, c'est Jésus. Il est le Christ, le Messie.

Jésus était Juif. Sa venue et son œuvre sont annoncées à l'avance dans les Écritures du peuple juif. Certains disent alors que quand quelqu'un se tourne vers Christ, qu'il soit Juif ou pas, il doit endosser toute la loi juive : les dix commandements, bien sûr, mais aussi la circoncision, le sabbat et les règles alimentaires. On le dit dans les jeunes Églises de la Galatie. On le dit à Antioche. Et c'est faux.

C'est faux, et en plus c'est dangereux. Ce message divise les chrétiens. Il fait obstacle au progrès de l'Évangile parmi les Grecs et les Romains. Il dénature l'Évangile.

Nous avons déjà vu dans l'Épître aux Galates comment Paul combat cette compréhension de l'Évangile. Ce n'est pas ce qu'il a enseigné dans les Églises. Ce n'est pas ce que les autres apôtres enseignent ou pratiquent. La Loi de Moïse ne peut plus rien dire à celui qui est mort… et le chrétien a été crucifié avec Christ. Voilà ce que Paul a expliqué dans les chapitres 1 et 2.

Applications

Vous avez peut-être des amis qui estiment qu'ils doivent respecter les lois alimentaires de l'Ancien Testament. L'apôtre Paul nous dit que ce n'est pas nécessaire. Vous avez peut-être des amis qui estiment qu'il faut respecter toutes les lois sur le sabbat. L'apôtre Paul nous dit que ce n'est pas nécessaire. La Loi de Moïse ne pouvait pas nous sauver de nos péchés. On ne revient pas à la Loi quand on trouve le salut en Christ.

Pour nous chrétiens cela change totalement notre façon de lire l'Ancien Testament, et surtout les cinq premiers livres. Nous n'y cherchons pas une liste de règlements à mettre en pratique. Cela a été fait, d'ailleurs, on en a trouvé 613 ou 618. Non, on ne cherche pas une liste de règles, on cherche à discerner les principes permanents de la loi, valables pour Israël il y a 3200 ans et valables pour la banlieue parisienne en 2005. La mort de Jésus-Christ a changé beaucoup de choses, la création de l'Église à partir des gens de toutes les nations en a changé d'autres. Mais les principes de la loi de Dieu ne changent pas, parce qu'ils reflètent le caractère de Dieu.

Les chrétiens d'aujourd'hui ne savent pas toujours dans quel sens il faut prendre l'Ancien Testament. Et ils sont toujours tentés de se simplifier la vie en se donnant un tas de règles à observer. Un verset du Lévitique mal compris. Une règle imposée par le missionnaire il y a 150 ans. Une invention du pasteur. C'est une fausse piste.

Un argument choc : l'Esprit Saint

Si cela vous paraît évident, sachez qu'à l'époque ce ne l'était pas. Et c'est pour cela que l'apôtre Paul ne se contente pas des arguments que j'ai déjà rappelés. Il faut maintenant à Paul un argument choc, on le trouve en Galates 3.1-5.

O Galates insensés ! Qui vous a envoûtés ainsi ? Pourtant, la mort de Jésus-Christ sur la croix a été clairement dépeinte à vos yeux. Je ne vous poserai qu'une seule question : A quel titre avez-vous reçu le Saint-Esprit ? Est-ce parce que vous avez accompli la Loi, ou parce que vous avez accueilli avec foi la Bonne Nouvelle que vous avez entendue ? Manquez-vous à ce point d'intelligence ? Après avoir commencé par l'Esprit de Dieu, est-ce en comptant sur vos propres ressources que vous allez parvenir à la perfection ? Avez-vous fait tant d'expériences pour rien ? Si encore, c'était pour rien ! Voyons ! Lorsque Dieu vous donne son Esprit et qu'il accomplit parmi vous des miracles, le fait-il parce que vous obéissez à la Loi ou parce que vous accueillez avec foi la Bonne Nouvelle que vous avez entendue ?

Vous avez entendu ce langage fort ? Insensés… envoûtés… manquer d'intelligence… faire tant d'expériences pour rien… Ce n'est pas une lamentable querelle de théologiens que nous avons ici. Nous sommes au cœur de ce qui fait la vie chrétienne.

La meilleure morale du monde n'a pas pu donner l'Esprit. Le Saint-Esprit. C'est au verset 2 : A quel titre avez-vous reçu le Saint-Esprit ? Est-ce parce que vous avez accompli la Loi, ou parce que vous avez accueilli avec foi la Bonne Nouvelle que vous avez entendue ? La Bonne Nouvelle, c'est que Christ est mort pour nous, pécheurs. Accueillir la Bonne Nouvelle, c'est la croire, c'est donc croire en Jésus-Christ, c'est répondre à l'annonce de la Parole de Dieu par la foi. Je ne dis pas seulement que c'est vrai, mais j'y adhère, je m'engage, à la vie et à la mort. C'est le volet humain de la conversion. Et le volet divin, c'est que Dieu nous donne son Esprit, qui nous fait naître de nouveau, qui nous fait entrer dans la famille de Dieu, qui nous permet d'appeler Dieu notre Père, qui développe en nous les fruits de la sainteté et de l'amour. Ca ne vient pas par la Loi de Moïse, mais par la foi en la Bonne Nouvelle.

Il y a deux erreurs à éviter ici. La première, c'est de réduire la foi qui sauve à un vague assentiment. Non, c'est la foi du pilote qui va faire voler l'Airbus 380 au-dessus de Toulouse pour la première fois. C'est la foi de celui qui se jette dans le filet tendu par les pompiers. C'est la foi d'Avril qui m'a mis cette bague au doigt il y a trente ans. Un engagement. La foi sans engagement et sans conséquences, ce n'est pas la foi.

La deuxième erreur ici, ce serait de séparer la venue de l'Esprit de la conversion à Christ. Si quelqu'un n'a pas l'Esprit du Christ, il ne lui appartient pas, dira Paul aux Romains. Il est vrai que Dieu peut intervenir dans ma vie plusieurs fois, avant ma conversion comme après. Mais sans l'Esprit, il n'y a pas de vie chrétienne du tout. A quel titre avez-vous reçu le Saint-Esprit ? Est-ce parce que vous avez accompli la Loi, ou parce que vous avez accueilli avec foi la Bonne Nouvelle que vous avez entendue ? C'est bien par la foi en Christ qu'on reçoit le Saint-Esprit. Et verset 3, c'est avec l'aide de l'Esprit que nous allons progresser vers la perfection.

Est-ce que la présence de l'Esprit s'accompagne toujours de miracles ? Le verset 5 nous amène à poser cette question. Et pour y répondre, je dirais plusieurs choses.

Il est évident que la vie de Jésus-Christ et le témoignage des apôtres ont été marqués par des miracles nombreux et remarquables. C'est normal. L'apôtre dira aux Corinthiens que les miracles qu'il a opérés sont la preuve de son apostolat. C'était donc unique.

En même temps, les chrétiens d'aujourd'hui peuvent très bien être témoins de l'intervention miraculeuse de Dieu dans leur vie. Pourquoi telle personne peut-elle témoigner ici d'une délivrance miraculeuse, alors que telle autre restera 14 ans malade ? Nous ne le savons pas. Mais il est clair que Dieu intervient dans la vie des gens aujourd'hui, et de différentes façons.

Guéris ou pas, tous les chrétiens sont au bénéfice de ce qui est le plus grand miracle de l'Esprit, à savoir qu'ils ont été transférés du royaume des ténèbres à celui de la lumière, de la mort à la vie. La nouvelle naissance change vraiment la vie des gens, dans tous les cas de figure c'est un miracle qui serait impossible sans l'Esprit.

Au verset 4, les traductions plus anciennes parlent de souffrances endurées pour Christ. Toutes les traductions plus récentes, de la TOB au Semeur en passant par la Nouvelle Bible Segond et la Bible en Français Courant, disent quelque chose comme : Avez-vous fait tant d'expériences en vain. La Bible de Jérusalem dit même : Avez-vous éprouvé tant de faveurs en vain ? Si les Galates tournaient le dos à la vie de l'Esprit, pour revenir à la Loi et à leurs efforts humains, tout ce que l'Esprit a fait dans leur vie serait effectivement vain. Les miracles qu'ils ont vus seraient vains aussi. La vie chrétienne, ce n'est pas la vie sous le régime de la Loi, c'est la vie dans la foi au Fils de Dieu. Son Esprit s'exprime en nous et nous porte plus loin.

Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi

Ce qui m'amène à faire un petit retour en arrière au chapitre 2, au verset 20. Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi. Ma vie en tant qu'homme, je la vis maintenant dans la foi au Fils de Dieu, qui, par amour pour moi, s'est livré à la mort à ma place.

De nombreux chrétiens ont imaginé que Paul parle ici d'un niveau de vie chrétienne où l'être humain disparaît complètement, où seul Christ vit en nous. Je suis mort… ce n'est plus moi, c'est Christ qui vit. Cette idée a beaucoup marqué la piété chrétienne, elle a fait l'objet d'innombrables sermons, de retraites, de livres. Elle semble promettre un incroyable niveau de victoire sur le péché et de succès dans la vie : Ce n'est plus moi, c'est Christ.

En même temps, cette idée pose quantité de problèmes. Le chrétien est-il parfait ? Non. Est-il devenu complètement insensible à la tentation ? Non. Tout ce qu'il fait, est-ce l'expression de la vie du Christ ? Non. Peut-il se couper en deux pour dire qu'à tel moment c'est Christ qui agit en lui, et qu'à tel autre moment c'est lui-même qui agit ? Non plus. Comprendre les choses de cette façon, c'est se créer des problèmes psychologiques insurmontables.

Quand Paul dit : J'ai été crucifié avec Christ, je suis mort avec Christ, il veut dire ceci : Christ a pris ma place en mourant à la croix. Pour la Loi de Dieu, je suis donc mort. Plus aucune condamnation ne peut m'atteindre. Je suis dégagé de toutes mes obligations envers la loi. Un nouveau chapitre s'ouvre, celui de la vie nouvelle en Christ. Ce n'est plus moi en tant que pécheur condamné qui vis, puisque la condamnation est tombée, et cette condamnation, c'est la mort. C'est Christ qui vit, Christ le ressuscité, Christ qui s'est identifié à moi dans la mort et qui m'emporte maintenant dans la vie. Je vis en lui, et lui en moi, par son Esprit.

La vie humaine continue. Mais en même temps, l'Esprit est en train de la transformer. Je reste le même. Je joue au Scrabble avec ma femme, je perds ou je gagne. Mais en même temps le Saint-Esprit est en train de faire quelque chose avec moi. Pas trop tôt, diraient certains. Ma vie en tant qu'homme, je la vis maintenant dans la foi au Fils de Dieu. Pas sous le régime de la Loi, mais sous celui de l'Esprit.

Conclusion

J'entends protester les légalistes de la Galatie. C'est trop facile ! Au moins avec la Loi on a des règles. Tous ces mots sur la foi et sur l'Esprit, c'est pour cacher votre lâcheté, votre manque de rigueur ! C'est pour vivre comme avant !

Paul leur répondra un peu plus tard dans l'épître. Mais on peut déjà dire ceci : Quand je vis dans la foi au Fils de Dieu, quand j'ai les yeux fixés sur Jésus, ce n'est pas pour pécher. Ce n'est pas pour mentir, pour faire des sacrifices sur des crânes, pour rester au lit le dimanche matin, pour macérer dans la haine, pour courir les filles. C'est pour vivre saintement, avec l'aide de l'Esprit.

Je ne regarde pas en arrière, vers Moïse. Je regarde en avant, vers Jésus-Christ. Amen.