Galates 2.11-2
13 février 2005

Galates 2.11-2

Prédicateur:
Passage: Galates 2:11-21

Introduction

Il s'agit sans doute du document le plus ancien du christianisme. Non pas l'un des quatre Évangiles, mais une lettre : la lettre de Paul aux Galates.

Les fameux Galates habitaient une province romaine qui se situe aujourd'hui dans le sud de la Turquie. La lettre de Paul n'est pas destinée à toute la population, mais à ceux qui ont découvert Jésus-Christ grâce à lui. Parmi eux des Juifs, avec un arrière-plan religieux très strict, et des non-Juifs, venus du paganisme.

Il y a une crise dans ces Églises de la Galatie. C'est qu'après le départ de Paul d'autres sont venus enseigner les chrétiens. Et ce qu'ils enseignaient ne cadrait pas avec l'Évangile, le vrai. Ils disaient qu'un chrétien doit suivre tout ce qui est marqué dans la loi de Moïse : la circoncision, le sabbat, les règles alimentaires, et tout le reste. Les Juifs doivent le faire, les non-Juifs doivent le faire. Sinon, ils désobéissent à Dieu. Croire que Jésus est le Messie, c'est bien. Croire qu'il est mort pour nos péchés, c'est bien. Mais maintenant il faut assumer tout le reste. Ce qui ne devait pas être trop difficile pour quelqu'un d'origine juive, mais qui était énorme pour les pauvres païens.

L'épître aux Galates a été écrite pour contrer ce faux Évangile. Et nous en avons déjà tiré un certain nombre d'enseignements :

  • - que nous devons rejeter avec la dernière énergie un évangile qui ne serait pas conforme à celui annoncé par les apôtres ;
  • - que nous devons recevoir l'enseignement des apôtres comme venant de Christ lui-même. Il les a appelés à être ses porte-parole ; il leur a donné le Saint-Esprit pour inspirer et valider leur message ;
  • - que l'apôtre Paul a reçu un appel comme celui des Douze. Même s'il n'a pas vécu avec Jésus comme les autres, Christ s'est révélé à lui. Son message est tout aussi inspiré que le leur. Eux-mêmes l'ont reconnu.

Lisons maintenant la suite, qui va nous apporter autre chose encore.

Lecture

Galates 2.11-21.

Voilà dix versets plutôt difficiles. Commençons donc par le plus facile, les versets 11 à 14.

L'incident d'Antioche

C'est ce qu'on appelle l'incident d'Antioche. Antioche était une grande ville syrienne, à 500 km au nord de Jérusalem, tout près de la mer. Il s'y trouvait une grande Église dont Paul faisait partie avant d'entamer ses voyages missionnaires. Une Église qui avait la particularité d'être la première à évangéliser les non-Juifs. Une Église où, en principe, les chrétiens d'origines diverses, Juifs et non-Juifs vivaient ensemble en bonne intelligence.

Cela n'allait pas de soi. Les Juifs avaient tous appris dès leur plus jeune âge que les païens étaient des gens impurs, malhonnêtes, débauchés. Les païens pensaient que les Juifs étaient des gens bizarres, avec des règles de vie incompréhensibles, et des rites barbares. Et maintenant tout ce monde trouve en Christ une vraie fraternité. Les Juifs comprennent que certaines coutumes ne sont pas indispensables ; les païens prennent connaissance des dix commandements. Ils forment un seul et même corps en Christ.

La preuve, c'est qu'ils mangent ensemble. Cela nous semble peut-être évident, mais je peux vous assurer que pour les Juifs ce ne l'était pas du tout. Toute une vie où l'on s'inquiète de savoir si une viande a été saignée, si ce ragoût ne contient pas du porc, si la personne qui l'a préparé était rituellement pure ou pas… tout un mode de vie passe à la trappe. Il y a des repas en commun. Et au cours du repas un responsable rappelle le dernier repas du Christ, et invite les gens à partager un même pain, une même coupe. Ils sont un en Christ.

L'apôtre Paul bien sûr est complètement à l'aise ici. C'est son Eglise, il a été l'un de ses principaux enseignants, il a de nombreux amis Juifs et non-Juifs. L'apôtre Pierre est également à l'aise. Il est peut-être un peu plus traditionaliste que Paul, mais c'est bien lui, Pierre, qui a baptisé le premier païen converti, un Romain du nom de Corneille. Il a entendu le Seigneur Jésus déclarer qu'on peut manger de tout. Il a été au bénéfice d'une vision où Dieu lui a dit de n'appeler aucune nourriture impure. Il s'est donc libéré de certaines traditions. A Antioche Pierre n'est pas dans son cadre habituel, il est en visite, mais il est à l'aise.

Et puis, il change son fusil d'épaule au milieu de gué. Des Juifs plus stricts arrivent depuis Jérusalem. Se réclamant de l'apôtre Jacques. Tatillons sur la fréquentation des païens. Soupçonneux. Et dans l'Église d'Antioche tous les chrétiens d'origine juive prennent peur, ils cessent de fréquenter les chrétiens d'origine païenne. Pierre le premier, apparemment. Un vrai reniement. Une forme de racisme.

De quoi avait-il peur ? Je pense qu'il avait peur des histoires. Il avait peur qu'on l'accuse d'abandonner la foi des ses ancêtres, de se compromettre, de mettre de l'eau dans son vin. Il aurait abandonné les principes juifs pour être bien vu des païens, au lieu de les ramener dans le droit chemin. Il craignait certainement des histoires sur place à Antioche, il craignait des histoires au pays, à Jérusalem. Pour avoir la paix, et pour sauver sa réputation, il était prêt à sacrifier ses frères.

C'est la preuve qu'un apôtre peut se tromper. Même nommé par Christ et formé par Christ. Même s'il bénéficie de la promesse de l'Esprit en ce qui concerne son enseignement, il n'est pas infaillible dans tout. Il est porté par l'Esprit uniquement quand il enseigne. D'ailleurs, plus tard on verra une lamentable dispute entre l'apôtre Paul et son meilleur ami Barnabas. C'était un homme pécheur comme nous. Mais quand il enseigne il dit : « Nous, nous avons la pensée du Christ. »

Voilà donc l'apôtre Pierre qui par ses actes est en train de compromettre l'unité de l'Église et la vérité de l'Évangile. Et voilà l'apôtre Paul qui le conteste en face, devant tout le monde. Dans certains pays du monde, une confrontation comme cela, directe, est impensable. Il faut se soumettre à une autorité supérieure. Il ne faut jamais faire perdre la face à un aîné. Dans d'autres pays, vous le savez, on conteste pour un oui, pour un non. Ici, la lettre aux Galates nous montre qu'il y a des cas où il faut assumer les risques du conflit, de la confrontation, des histoires. Il y a des causes pour lesquelles il faut se battre.

L'épître aux Galates ne dit pas ce qui s'est passé après cette confrontation. Mais le livre des Actes des Apôtres nous apprend que l'Église d'Antioche a fini par envoyer des délégués à Jérusalem pour régler le problème une fois pour toutes. Et qu'à Jérusalem Paul a eu le soutien de Barnabas, de Jacques, réputé plus strict, et de Pierre. Il a donc gagné son frère Pierre. Il a gagné l'unité de l'Eglise. Il a gagné une porte ouverte pour la conversion des païens.

Gloire à Dieu !

Juifs et non-Juifs déclarés justes par la foi

Si Galates ne raconte pas la fin de l'histoire, c'est que la grande concertation d'Actes 15 n'avait pas encore eu lieu. Paul est en train décrire aux Eglises de Galatie où la bataille fait rage comme à Antioche. Il passe donc du conflit avec Pierre à un raisonnement plus théologique, toujours avec le même but : montrer que personne n'est sauvé de ses péchés par la loi de Moïse, et que le chrétien vit sa vie autrement qu'en mettant en pratique toutes les prescriptions de la loi. C'est la portée des versets 15 à 21. Vous les avez peut-être trouvés un peu difficiles à suivre. Nous allons donc les regarder de plus près.

Paul use d'abord d'un peu d'ironie, il campe l'attitude des traditionalistes : Nous qui sommes Juifs d'origine, nous ne faisons pas partie de ces « pécheurs » que sont les païens. Puis il raisonne en chrétien : Cependant, nous avons compris que l'on est déclaré juste devant Dieu, non parce que l'on accomplit les œuvres que commande la Loi, mais uniquement par la foi en Jésus-Christ. C'est pourquoi nous avons, nous aussi, placé notre confiance en Jésus-Christ pour être déclarés justes par la foi et non parce que nous aurons accompli ce qu'ordonne la loi. Car, comme le dit l'Ecriture, personne ne sera déclaré juste devant Dieu parce qu'il aura accompli ce qu'ordonne la loi.

Tout ce que nous faisons de bien sera insuffisant pour nous sauver. Nous ne pourrons jamais en faire assez. Il y aura toujours des failles. Nous serons toujours loin de la perfection. Un seul péché, un seul, nous rendrait inaptes à supporter la présence de Dieu. Les œuvres de la loi ne nous sauveraient pas. Il faut un autre moyen, et cet autre moyen, c'est Christ.

Evidemment, un tel raisonnement suscitait chez les traditionalistes des arguments plus ou moins solides, que l'on trouve au verset 17. Du genre : Paul, si tu abandonnes la loi de Moïse comme voie de salut, tu te ranges du côté de ces pécheurs de païens. Du coup, la foi en Christ te pousse à devenir pécheur, Christ t'incite à pécher !

N'importe quoi !

Paul dit qu'il est impossible pour quelqu'un qui a trouvé le salut – la justification – par la foi en Christ de revenir à la loi. C'est ce que les traditionalistes demandaient. Mais non. Je ne peux pas être sauvé par la Loi. Je viens à Christ, mon Sauveur, qui est mort pour moi. Si je reviens à la Loi de Moïse après, je la remets en vigueur, je me trouve donc de nouveau condamné par elle. Comme si Christ était mort pour rien.

Le verset 19 veut dire ceci. La loi de Moïse enseigne que le salaire que mérite le péché, c'est la mort. Quand le pécheur est ainsi puni, la Loi n'a plus rien à lui dire. Et effectivement, j'ai été crucifié et mis à mort avec Christ. Je me suis identifié à lui comme lui s'est identifié à moi. Pour la loi de Moïse, je suis mort, le régime de la Loi ne me concerne plus. Par contre, comme Christ est mort et ressuscité, moi aussi je vis. C'est un autre moi qui vit maintenant. Christ vit en moi, et je vis en Christ. Revenir au sabbat, à la circoncision, à l'alimentation cascher, ce serait revenir à l'ancien régime et renier la grâce de Dieu.

Car c'est par la Loi que je suis mort au régime de la Loi afin de vivre pour Dieu. En effet, j'ai été crucifié avec le Christ. Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi. Mai vie en tant qu'homme, je la vis maintenant dans la foi au Fils de Dieu qui, par amour pour moi, s'est livré à la mort à ma place. Ainsi, je ne rejette pas la grâce de Dieu en revenant à la Loi. En effet, si c'est l'obéissance à la Loi qui me permet d'être déclaré juste, alors le Christ est mort pour rien ! (v 19-21)

Cela vous paraît loin ? Nous ne sommes pas nombreux ici à être d'origine juive. Mais le même raisonnement vaut pour nous qui sommes d'origine non-juive. Nous avons tous probablement essayé de plaire à Dieu en suivant une religion, une morale. Cette morale était incapable de nous sauver : elle nous disait où se trouvait le bien, mais ne pouvait pas nous délivrer du mal. Elle nous condamnait, en fait. Nous aussi nous avions besoin d'un Sauveur. Nous avions besoin de la croix. A nous aussi Dieu nous dit de venir au pied de la croix avec cette montagne de péchés accumulés depuis si longtemps et de reconnaître que le Christ est mort pour ça, pour tout ça, pour moi.

Et maintenant comment je vais vivre ? Dans la foi au Fils de Dieu ! Ce qui entraîne pas mal de choses. Une autre piété, une autre sainteté, une autre relation avec Dieu et avec son Esprit. Comment ? C'est ce qu'on va voir une prochaine fois.

 

Galates 1.1-2.10

Quelques leçons

  • - nous devons rejeter avec la dernière énergie un évangile qui ne serait pas conforme à celui annoncé par les apôtres ;
  • - nous devons recevoir l'enseignement des apôtres comme venant de Christ lui-même. Il les a appelés à être ses porte-parole ; il leur a donné le Saint Esprit pour inspirer et valider leur message ;
  • - l'apôtre Paul a reçu un appel comme celui des Douze. Même s'il n'a pas vécu avec Jésus comme les autres, Christ s'est révélé à lui. Son message est tout aussi inspiré que le leur.

 

Galates 2.11-21

11    Mais, lorsque Pierre est venu à Antioche, je me suis opposé ouvertement à lui, car il avait tort.

12    En effet, avant l'arrivée de quelques personnes de l'entourage de Jacques, il prenait part aux repas communs avec les frères non-juifs ; mais après leur venue, il s'est esquivé et s'est tenu à l'écart, parce qu'il craignait les croyants d'origine juive.

13    Comme lui, les autres chrétiens d'origine juive se sont mis, eux aussi, à cacher leurs véritables convictions, au point que Barnabas lui-même s'est laissé entraîner par leur dissimulation.

14    Mais quand j'ai vu qu'ils ne marchaient pas droit, selon la vérité de l'Evangile, j'ai dit à Pierre devant tous les frères : " Toi qui es d'origine juive, tu vis comme un croyant d'origine païenne, et non comme un Juif. Comment peux-tu vouloir obliger les frères d'origine païenne à vivre comme des Juifs ? "

15    Nous qui sommes Juifs d'origine, nous ne faisons pas partie de ces " pécheurs " que sont les païens.

16    Cependant, nous avons compris que l'on est déclaré juste devant Dieu, non parce que l'on accomplit les oeuvres que commande la Loi, mais uniquement par la foi en Jésus-Christ. C'est pourquoi nous avons, nous aussi, placé notre confiance en Jésus-Christ pour être déclarés justes par la foi et non parce que nous aurions accompli ce qu'ordonne la Loi. Car, comme le dit l'Ecriture : Personne ne sera déclaré juste devant Dieu parce qu'il aura accompli ce qu'ordonne la Loi.

17    Mais si, en cherchant à être déclarés justes dans l'union avec le Christ, nous avons montré par là même que nous étions des pécheurs comme les païens, cela signifie-t-il que le Christ est complice du péché ? Loin de là !

18    Car si je remets en vigueur le régime de la Loi que j'ai abandonné, alors je me place moi-même dans la situation d'un homme qui transgresse la Loi.

19    Car c'est par la Loi que je suis mort au régime de la Loi afin de vivre pour Dieu. En effet, j'ai été crucifié avec le Christ.

20    Ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi. Ma vie en tant qu'homme, je la vis maintenant dans la foi au Fils de Dieu qui, par amour pour moi, s'est livré à la mort à ma place.

21    Ainsi, je ne rejette pas la grâce de Dieu en revenant à la Loi. En effet, si c'est l'obéissance à la Loi qui permet d'être déclaré juste, alors le Christ est mort pour rien !