Écouter
11 février 2007

Écouter

Prédicateur:
Passage: Jacques 1.19, Proverbes 18.13

Introduction

Écoute ! C’est ce que la femme dit à son mari. C’est ce que le père dit à son enfant. C’est ce que la maîtresse dit à son élève. Écoute ! C’est ce que Dieu dit à son peuple.

Mais tu n’écoutes pas ! C’est ce que la femme dit à son mari. C’est que le père dit à son enfant. C’est ce que la maîtresse dit à son élève. Mais tu n’écoutes pas ! C’est ce que Dieu dit à son peuple.

Nous avons une bouche pour parler et deux oreilles pour écouter. Il n’y a pas de relation s’il n’y a pas d’écoute. Parler pour soi, parler dans le vide, parler aux murs, c’est la solitude. Mais une relation, c’est parler et écouter, à tour de rôle. Parler dans la vérité. Mais aussi écouter dans la vérité, c’est à dire écouter vraiment.

Ecouter, c’est aimer. Voilà pourquoi la lettre de Jacques nous dit ceci :

Que chacun de vous soit toujours prêt à écouter, qu'il ne se hâte pas de parler, ni de se mettre en colère (Jacques 1.19).

Ces temps-ci nous pensons beaucoup au développement de nos relations personnelles : entre nous, dans l’Eglise ; et autour de nous, dans le monde. Dans quelques semaines, nous aurons une série de soirées sur le thème des passerelles à construire avec les gens. Nous nous fixons comme but :

Opérer un changement de mentalité en nous et dans l’Eglise pour que notre mission dans le monde soit mieux comprise et mieux vécue. Qu’à la longue nous soyons tous plus à l’aise dans nos contacts avec ceux qui ne connaissent pas le Seigneur, que nous en connaissions beaucoup, que nous sachions apporter à chacun la parcelle de vérité qu’il est capable de recevoir, que nous ayons une panoplie complète d’approches qui permettent à nos contemporains de nous découvrir, de découvrir notre message, de découvrir notre Seigneur.

Apporter Jésus-Christ au monde, c’est un signe d’amour pour le monde. Et pour aimer, il faut savoir écouter. Pour avoir le droit de parler, il faut écouter. Cela semble si naturel, n’est-ce pas ? Qu’est-ce qui nous empêche d’écouter, alors ?

Qu’est-ce qui nous empêche d’écouter ?

La première chose qui nous empêche d’écouter est déjà indiquée par la lettre de Jacques. Nous n’écoutons pas parce que nous sommes impatients de parler. Nous pensons à nous-mêmes, à nos sentiments, à notre message. Nous avons envie d’impressionner par notre bonne blague, par l’histoire de nos vacances. Nous ne pensons qu’à nous. Alors, nous écoutons d’une oreille distraite, nous sommes aux aguets, nous sommes prêts à bondir pour couper l’autre, pour reprendre le dessus. Il est vrai qu’il y a parfois des gens qu’il faut arrêter, des gens qui ne savent pas se taire, qui ne savent pas faire court. Mais c’est une minorité. La plupart du temps, quand nous sommes avec les autres, la personne que nous voulons surtout écouter, c’est nous-mêmes.

Le chrétien qui veut témoigner de Jésus-Christ sans savoir écouter, c’est un véritable danger public. Par son impatience il dit à l’autre : Vous ne m’intéressez pas. Par son impatience il répond à des questions que l’autre ne se pose pas. Par son impatience il fait de grands discours généralistes sans savoir ce que l’autre croit ou ne croit pas. Il mitraille aveuglément, sans jamais atteindre sa cible.

Le livre des Proverbes est cinglant :

Qui répond avant d’avoir écouté manifeste sa sottise et se couvre de confusion (Proverbes 18.13).

L’impatience nous empêche d’écouter. Que chacun de vous soit toujours prêt à écouter, qu'il ne se hâte pas de parler, ni de se mettre en colère.

Et voilà une deuxième chose qui nous empêche d’écouter : des réactions inadaptées. Ici, c’est la colère. C’est ce qui se passe quand nous n’arrivons pas à écouter l’autre tel qu’il est, avec ses expressions maladroites, avec ses réactions injustes, avec les âneries qu’il raconte. Au lieu de nous dire : Il pense comme ça, il est comme ça, il a pris ça comme ça, nous nous sentons personnellement visés et nous réagissons au quart de tour.

Le livre des Proverbes, encore lui, peut nous aider à écouter calmement :

Une réponse douce apaise la colère, mais une parole blessante excite l'irritation (Proverbes 15.1). Mieux vaut être lent à la colère que puissant, mieux vaut savoir se dominer que de conquérir des villes (Proverbes 16.32). La raison de l'homme lui fait retenir sa colère, et sa gloire c'est de passer par-dessus l'offense (Proverbes 19.11).

La colère est une réaction inadaptée. Mais ce n’est pas la seule.

Une troisième chose qui nous empêche d’écouter, c’est l’envie de donner des leçons. C’est l’un des péchés mignons des chrétiens et des pasteurs en particulier. Nous avons la Bible, nous avons l’Esprit, nous savons plus et mieux que les autres, il faut donc que nous parlions. De plus, le pasteur est payé pour savoir plus et mieux que les autres.

Les donneurs de leçons sont une peste. Au début de ma vie chrétienne j’étais une vraie peste. Peut-être que je le suis encore dans certaines situations. Qui veut être l’ami de quelqu’un qui sait tout, qui a réponse à tout, et qui croit qu’il doit tout reprendre, tout contrer, tout conseiller ? Très souvent les gens veulent simplement se raconter, lever un coin du voile, vous faire partager un peu de leur vie. Et nous, nous croyons que c’est le moment de passer à l’attaque, de les mettre sur le bon chemin. Mais ils ne demandent peut-être pas à être mis sur le bon chemin. Ils racontent leur vie, c’est tout. C’est tout un art que de rebondir dans la conversation sans faire sentir à l’autre notre écrasante supériorité. Le chrétien doit être humble. Il doit écouter. Est-ce qu’il a le droit de parler ?

Oui s’il a écouté. Oui si l’autre demande son avis. Oui si sa vie est en phase avec ses paroles. Mais il n’a pas le droit de parler s’il n’a pas écouté, ou s’il ne sent pas une demande de la part de l’autre, ou si son comportement contredit ses belles paroles, ou s’il ne se donne pas la peine de puiser sa sagesse dans la parole de Dieu.

Le donneur de leçons se sent personnellement responsable de la vie et des opinions d’autrui. Il a envie de réglementer ce que l’autre doit faire ou penser. Il se positionne comme un sauveur, comme un père, comme un directeur de conscience. Et il peut se mettre en colère ou retirer son amitié quand les gens ne l’écoutent pas. Un seul est notre Sauveur, un seul est notre Père, un seul est notre directeur de conscience, c’est le Seigneur (cf. Matthieu 23.8-10).

Le donneur de leçons ne sait pas écouter.

Job et ses amis

La Bible nous donne un exemple formidable d’un homme qui voulait être écouté et qui s’est trouvé confronté à des gens qui savaient tout. L’homme, c’est Job. C’était un homme intègre et droit. Dieu a permis qu’il soit éprouvé dans sa famille, dans ses biens et dans sa santé. Il n’y a rien compris. Il a demandé à Dieu de s’expliquer, sans avoir de réponse. Il a crié sa détresse. Et ses amis ne l’ont pas écouté, ne l’ont pas compris. Ils avaient leurs explications toutes faites, et ils se sont empressés de les dire. Ils étaient à côté de la plaque, mais quand Job a essayé de le leur dire, ils se sont acharnés, ils sont même devenus méchants.

Voici un exemple de leur fausse interprétation du cas de Job :

Crois-tu que Dieu te fait des reproches, qu'il te traîne en justice, pour ton amour pour lui ? Ne t'es-tu pas rendu coupable de nombreux torts ? Oui, tes péchés sont innombrables. Tu prenais sans raison des gages de tes frères, et, de leurs vêtements, tu dépouillais les gens jusqu'à les laisser nus. Tu ne donnais pas d'eau à l'assoiffé et, à qui avait faim, tu refusais le pain. Tu livrais le pays à l'homme violent et tu y installais qui te favorisait. Tu renvoyais les veuves sans rien leur accorder et tu brisais la force des orphelins. Voilà pourquoi des pièges sont tendus tout autour de toi, voilà pourquoi soudain des frayeurs t'épouvantent. Ne vois-tu donc pas ces ténèbres, toute cette eau qui te submerge ? (Job 22.4-11).

Ils ont tout faux. Les trois amis pensent que si Job souffre, c’est qu’il a péché. S’il souffre beaucoup, c’est qu’il a beaucoup péché. Mais ils sont totalement à côté de la plaque. Job a témoigné de sa vie droite. Le diable a reconnu qu’il était droit. Dieu a reconnu qu’il était intègre et droit. Mais les trois amis ont leur théorie, ils y tiennent, ils inventent même cette liste de péchés pour mieux accabler Job. Pire, ils le somment de se repentir, je vous en donne un exemple :

Accorde-toi donc avec Dieu, fais la paix avec lui. Ainsi tu connaîtras de nouveau le bonheur. Accepte l'instruction émanant de sa bouche, prends à cœur ses paroles. Si tu reviens au Tout-Puissant tu seras rétabli, tu feras disparaître le crime de ta tente. Si tu jettes l'or pur dans la poussière et l'or d'Ophir aux cailloux du torrent, alors le Tout-Puissant sera pour toi de l'or, et des monceaux d'argent, car alors tu feras tes délices du Tout-Puissant, tu lèveras le visage vers Dieu. Oui, tu l'imploreras, et il t'exaucera, et tu t'acquitteras des vœux que tu as faits. Aux décisions que tu prendras répondra le succès, et, sur tous tes chemins, brillera la lumière (Job 22.21-28).

De belles paroles. Qui peut être contre un appel à la repentance ? Mais ici, ces paroles sont inutiles et cruelles. Voici comment Job réagit à ces donneurs de leçon :

Quant à vous, mes amis, vous forgez des mensonges, vous êtes tous des médecins incompétents (Job 13.4)… J'ai entendu beaucoup de discours de ce genre, vous êtes tous de bien piètres consolateurs ! Quand donc cesserez-vous de parler pour du vent ? Qu'est-ce qui vous incite à répliquer encore ? (Job 16.4-5)… Jusques à quand me tourmenterez-vous ? Oui, jusqu'à quand allez-vous m'accabler de vos discours ? Voilà déjà dix fois que vous me flétrissez ! N'avez-vous donc pas honte de m'outrager ainsi ? (Job 19.2-3)… Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous, du moins, mes amis ! Car, la main de Dieu m'a frappé. Pourquoi vous acharner sur moi, tout comme Dieu ? N'en avez-vous donc pas assez de me persécuter ? (Job 19.21-22).

Plaise à Dieu que jamais nos amis ne disent cela de nous ! Mais si nous sommes impatients, si nous avons des réactions inadaptées, si nous manquons d’humilité, c’est ce qui pourrait se passer.

Nous n’écoutons pas parce que sommes impatients de parler. Ou parce que nous prenons les choses trop personnellement. Ou parce que nous nous voyons comme des donneurs de leçons.

C’est quoi alors, témoigner, s’il faut écouter ?

C’est quoi alors, témoigner, s’il faut écouter ? C’est d’abord aimer. C’est être à l’aise dans nos contacts avec ceux qui ne connaissent pas le Seigneur, c’est en connaître beaucoup, c’est savoir apporter à chacun la parcelle de vérité qu’il est capable de recevoir. Dans l’humilité, nous dit la lettre de Pierre, et avec une conscience pure (1 Pierre 3.16).

Jésus a dit : -Faites pour les autres tout ce que vous voudriez qu'ils fassent pour vous, car c'est là tout l'enseignement de la Loi et des prophètes (Mt 7.12 ; Lc 6.31).

Si nous voulons être écoutés, commençons par écouter.

Que chacun de vous soit toujours prêt à écouter, qu'il ne se hâte pas de parler, ni de se mettre en colère (Jacques 1.19).

Ecouter, c’est aimer.

Amen