7 août 2005

Maîtriser son corps

Prédicateur:
Passage: 1 Thessaloniciens 4:1-8, 1 Thessaloniciens 5:23

Introduction

Hier après-midi encore j'étais loin d'Ozoir, à la Convention baptiste, en Suisse. J'y ai vécu des moment agréables, mais je suis content de retrouver aujourd'hui ma famille et mon Eglise.

Le thème de la Convention était : Entrez dans le futur. L'idée, c'est qu'il faut préparer le retour de Jésus-Christ en se donnant de bonnes priorités déjà aujourd'hui. Et le support de cette thème, c'était les deux épîtres de Paul aux Thessaloniciens. Deux épîtres très pratiques, écrites dans l'urgence, mais toujours actuelles.

Vendredi soir, on m'a demandé d'aborder un thème très particulier : Maîtriser son corps. Je vais lire le passage qui devait m'inspirer. Il s'agit de 1 Thessaloniciens 4.1-8, que je lirai dans la version du Semeur. Si vous avez la Nouvelle Bible Segond, la Bible en Français Courant, ou la TOB, vous remarquerez une différence de traduction au verset 4.

Lecture

1Thes 4,1  Enfin, frères, vous avez appris de nous comment vous devez vous conduire pour plaire à Dieu, et vous vous conduisez déjà ainsi. Mais, nous vous le demandons, et nous vous y invitons à cause de votre union avec le Seigneur Jésus : faites toujours plus de progrès dans ce domaine.

1Thes 4,2  Car vous connaissez les instructions que nous vous avons données de la part du Seigneur Jésus.

1Thes 4,3  Ce que Dieu veut, c'est que vous meniez une vie sainte : que vous vous absteniez de toute immoralité ;

1Thes 4,4  que chacun de vous sache gagner une parfaite maîtrise de son corps pour vivre dans la sainteté et l'honneur,

1Thes 4,5  sans se laisser dominer par des passions déréglées, comme le font les païens qui ne connaissent pas Dieu.

1Thes 4,6  Qu'ainsi personne ne cause du tort à son frère dans ce domaine en portant atteinte à ses droits. Dieu, en effet, fait justice de toute faute de ce genre : nous vous l'avons déjà dit et nous vous en avons avertis.

1Thes 4,7  Car Dieu ne nous a pas appelés à nous adonner à des pratiques dégradantes mais à vivre d'une manière sainte.

1Thes 4,8  Celui donc qui rejette cet enseignement rejette, non pas un homme, mais Dieu qui vous donne son Esprit saint.

Progressez

Avec le début du chapitre 4, Paul aborde la deuxième moitié de l'épître, la partie plus pratique. Et le verset 1 donne le mot d'ordre essentiel : Progressez ! Au début de la lettre, Paul a rendu hommage aux Thessaloniciens en saluant l'œuvre de leur foi, le travail de leur amour, leur persévérance au milieu des épreuves. Ce sont donc de bons chrétiens ; Paul ne commence pas à se plaindre d'eux ici. Il leur dit simplement de progresser.

Paul dit au verset 3 : Ce que Dieu veut, c'est votre sanctification, votre consécration, c'est que vous meniez une vie sainte. La sanctification, c'est le processus, la sainteté, c'est l'état. Ce que Dieu veut, c'est que vous progressiez vers la sainteté. Quel que soit votre point de départ, faites des progrès. Pourquoi faire ? Pour arriver à la sainteté.

La sainteté touche à beaucoup de domaines de la vie. Dans la suite de la lettre plusieurs de ses aspects seront abordés : manifester l'amour fraternel, vivre dans la paix, s'occuper de ses propres affaires, travailler de ses mains, se comporter convenablement envers les non-chrétiens, ne pas rendre le mal pour le mal, etc. Mais pour commencer, Paul aborde un domaine de la sainteté qui est incontournable : celui de la sexualité. Pratiquement tout le passage que nous avons lu tourne autour de ce thème.

Ce que Dieu veut, c'est que vous meniez une vie sainte : que vous vous absteniez de toute immoralité : sous entendu, de toute immoralité sexuelle. Dans le monde gréco-romain, c'était un vrai problème. Les Juifs avaient une éthique sexuelle et familiale assez stricte. Mais les païens ne voyaient aucune raison de se priver de quoi que ce soit. Un auteur classique a dit : Nous avons des prostitués pour le plaisir, des courtisanes pour des conversations intéressantes, et des épouses pour engendrer des enfants légitimes. Des relations entre adultes et jeunes garçons étaient courantes. La nourriture est pour le ventre, le ventre est pour la nourriture, et le bas-ventre est pour des plaisirs en tout genre, pensait-on. C'était normal. Sauf pour ceux qui suivaient la Bible.

L'homme s'attachera à sa femme, dit la Bible. A sa femme, pas à un autre homme. A sa femme, pas à ses femmes. Il s'attachera, il ne changera pas de femme comme on change de chemise.

Comme les croyants du premier siècle, nous aussi nous avons un problème avec la mentalité ambiante. Nous sommes tellement décalés. Alors que beaucoup de gens ont encore un idéal d'amour durable, ils apprennent à travers les média, à travers leurs copains, leurs copines, à travers les discours officiels, que plus personne ne fonctionne comme ça. La normalité, ce serait de commencer jeune, de changer plus ou moins souvent, et d'utiliser le préservatif. Même aujourd'hui ce n'est probablement pas la norme : mais c'est l'image de la normalité que l'on nous renvoie. Le choix individuel, sans limites. En été, les trois « s » : soleil, sable, et sexe !

Pourquoi Paul commence-t-il par le problème de l'immoralité sexuelle ? Pourquoi est-ce important ?

Parce que le corps compte. Dieu l'a voulu, Dieu l'a créé. La vie dans un corps fait partie du monde que Dieu a déclaré bon. Et si aujourd'hui toute la création se trouve marqué par le péché, le fait même d'avoir un corps, un corps sexué, reste une bonne chose.

Le corps fait partie de la personne, il l'exprime. Ce que mon corps fait, je fais. Je suis pleinement intégré à mon corps, pleinement responsable de mon corps. Mon corps m'engage. Ce corps évolue, vieillit et meurt. Mais en attendant, ce corps a toute son importance. Il n'est pas possible de se déresponsabiliser en rejetant sur le corps des péchés dont mon âme ne serait pas coupable.

Le problème de l'immoralité est important pour une autre raison aussi. C'est que la pulsion sexuelle est très forte. Heureusement. S'il n'en était pas ainsi, la race humaine s'éteindrait rapidement, toute vie cesserait. C'est quelque chose de fort, et son abus aura donc des conséquences importantes. Dans le plan de Dieu, la relation sexuelle va souder le couple, elle vous marque, elle vous lie.

Dans le journal « 20 minutes » un psychiatre a dit : « Notre drogue la plus naturelle, c'est l'amour ». Il cite les hormones du désir, du plaisir sexuel, les endorphines qui provoquent un état de détente, de bien-être cotonneux, et puis l'ocytocine, qui est l'hormone de l'attachement. « Plus on jouit, dit-il, plus on s'attache ».[1]

Mais quand le plan de Dieu est perverti, la relation sexuelle finit par ne plus vous lier à personne, parce qu'elle vous lie à plusieurs. Elle devient uniquement un lieu de plaisir personnel, tout en gardant sa puissance. L'immoralité sexuelle est donc un obstacle majeur sur la route de la sainteté.

Se garder de l'immoralité : comment ?

Allons donc un peu plus loin et regardons les instructions que l'apôtre nous donne pour nous aider à progresser. Nous arrivons au verset 4, et ce faisant nous rencontrons une difficulté de compréhension. Je lis dans Darby 1991 :

1Thes 4,4  que chacun de vous sache posséder son propre vase en sainteté et en honneur

Qu'est-ce que cela veut dire, posséder son propre vase ? Les traducteurs, tous plus doués que moi, se divisent en deux camps. La Bible du Semeur, la Colombe et la Bible de Jérusalem pensent que ce mot vase désigne le corps. La Nouvelle Bible Segond, la Bible en Français Courant et la TOB pensent que ce mot vase est plus métaphorique et qu'il désigne la femme. Pour éviter l'immoralité, nous avons donc le choix entre deux pistes : user de son corps dans la sainteté et l'honneur ; ou alors prendre femme dans la sainteté et l'honneur.

Prendre femme dans la sainteté et l'honneur, c'est respecter Genèse 2.24 : Un homme se séparera de son père et de sa mère et s'attachera à sa femme, et les deux ne feront plus qu'un. Mais est-ce vrai, messieurs, que le fait de prendre femme nous prémunit contre l'immoralité ? L'adultère concerne les gens mariés ; la pornographie rend esclaves beaucoup d'hommes mariés ; les monstres qui défraient la chronique sont souvent mariés. Que celui qui croit être debout – célibataire ou marié – prenne garde de tomber. La maîtrise de soi reste à l'ordre du jour quel que soit son état civil, et quelle que soit la traduction exacte du verset 4. Dans les deux cas, le verset 5 s'applique :

1Thes 4,5  sans se laisser dominer par des passions déréglées, comme le font les païens qui ne connaissent pas Dieu.

Une passion, c'est quelque chose qui vous domine, qui vous dévore. C'est une très bonne chose – dans le bon contexte. C'est très bien d'aimer sa femme avec passion. C'est très bien de ressentir le désir sexuel. Mais il existe des passions déréglées. Il existe des désirs impérieux que l'on prend plaisir à ne pas réfréner. Il existe des pulsions qui vous dominent et qui vous poussent à franchir les limites. Dans la pensée, puis dans l'acte.

L'histoire de David et de Bath-Chéba est l'histoire d'une passion déréglée qui conduit au meurtre. Dans notre entourage nous avons peut-être vu des hommes et des femmes qui pleurent parce que quelqu'un n'a pas voulu maîtriser ses passions. Sans doute dans une assemblée comme celle-ci sommes-nous quelques-uns à lutter sérieusement pour maintenir le bon cap. Peut-être quelqu'un a-t-il succombé à la passion qui rend esclave, peut-être mène-t-il au jour d'aujourd'hui une double vie. Tous les cas de figure sont possibles.

Je crois que le verset 6 continue sur ce thème. La Bible du Semeur traduit :

1Thes 4,6      Qu'ainsi personne ne cause du tort à son frère dans ce domaine

Ah, tu pensais que tu étais le seul concerné par tes débordements sexuels ! Mais il y a aussi ton frère. Pas seulement ton frère en Christ, mais ton frère en Adam, ton prochain. Cette pauvre fille dans sa camionnette, esclave de trafiquants bulgares. Ton meilleur ami que tu as trompé en prenant sa femme. Les deux enfants qui perdent leur père, leur mère, leur maison. Ces malheureux dont les photos sont diffusées par internet. Cette épouse privée de tendresse qui un jour tombera sur tes journaux préférés. Ce jeune homme à qui tu fileras le sida. Ces adolescents à qui tu fais croire que tu es libre et sans souci, alors que tu es obligé de chercher des sensations de plus en plus fortes pour noyer ta solitude. Non, tu n'es pas le seul à être concerné par le péché sexuel. Tu portes atteinte à ton frère. Tu l'exploites, tu le blesses, tu le pourris.

Un jour, le sang de frère criera contre toi ! Et Dieu lui rendra justice.

1Thes 4,6      Qu'ainsi personne ne cause du tort à son frère dans ce domaine en portant atteinte à ses droits. Dieu, en effet, fait justice de toute faute de ce genre.

Quand ? Au grand plus tard, quand Christ reviendra.

Conclusion

1Thes 4,7      Dieu ne nous a pas appelés à nous adonner à des pratiques dégradantes mais à vivre d'une manière sainte.

La maîtrise du corps est donc une affaire sérieuse. Mon corps, c'est moi. Et Dieu m'appelle à vivre dans la sainteté.

1Thes 4,8  Celui donc qui rejette cet enseignement rejette, non pas un homme, mais Dieu qui vous donne son Esprit saint.

Subir son corps, plutôt que de le maîtriser, c'est attrister l'Esprit que Dieu nous a donné et tourner le dos à ses beaux fruits : amour, joie, paix, maîtrise de soi.

Heureusement qu'il y a l'Esprit ! Dieu est à l'œuvre en nous pour canaliser notre volonté et pour nous faire agir. Après avoir appelé ses amis à faire de sérieux efforts en vue de la sainteté l'apôtre Paul prie :

1Thes 5,23    Que le Dieu de paix vous rende lui-même entièrement saints et qu'il vous garde parfaitement esprit, âme et corps pour que vous soyez irréprochables lors de la venue de notre Seigneur Jésus-Christ.

Vous êtes d'accord avec cette prière ? Je la relis alors, pour que vous puissiez dire : Amen.

1Thes 5,23    Que le Dieu de paix vous rende lui-même entièrement saints et qu'il vous garde parfaitement esprit, âme et corps pour que vous soyez irréprochables lors de la venue de notre Seigneur Jésus-Christ.

Amen !

[1] Michel Reyaud, dans le 20 minutes du jeudi 7 juillet 2005