La chute de David
23 septembre 2007

La chute de David

Prédicateur:
Passage: 2 Samuel 11.1-12.14

Introduction

(Ouvrir le « Parisien »)

Cela se passe aux assises de Melun. C’est un homme qui abuse de son autorité et qui séduit une jeune femme pendant que son mari est en déplacement. La femme tombe enceinte. L’homme veut éviter d’être éclaboussé par le scandale, mais il ne peut pas faire endosser la paternité au mari. Il s’arrange alors pour que le mari soit tué dans ce qui semble être un accident. Il risque la perpétuité…

Mais non, ce n’est pas à Melun que ça se passe, mais à la cour des rois d’Israël et de Juda. La victime s’appelait Urie, c’était un proche collaborateur du roi David. Sa femme s’appelait Bath-Chéba. Et le séducteur, le père de l’enfant, l’assassin, c’était le roi David lui-même.

Nous commençons donc aujourd’hui notre série de réflexions sur les rois d’Israël et de Juda, sur les bons, les brutes et les méchants. La Bible nous les montre dans toute leur humanité. Leurs bons côtés, comme Jean-Rémy a vu avec la jeunesse de David la semaine dernière. Leurs échecs, leurs travers, leurs péchés, comme nous allons le voir avec David aujourd’hui.

A bien des égards David était un roi exemplaire. Après lui, on va toujours demander si les autres rois étaient à sa hauteur ou pas. Il a unifié les douze tribus d’Israël qui partaient dans une guerre civile. Il a crée une capitale qui n’appartenait ni aux uns ni aux autres, à Jérusalem. Il y a organisé le culte, en ramenant le tabernacle et en installant des équipes de musiciens. Il a préparé la construction du Temple. Il a agrandi les frontières d’Israël. Il a mis le pays à l’abri de ses ennemis. Il a écrit un bon nombre de Psaumes. Il reçoit de Dieu la promesse que l’un de ses descendants sera le messie, le roi éternel. Et c’est Jésus qui est ce roi. On l’appelle fils de David, c’est un titre de gloire.

Et pourtant, à un moment donné, ce grand homme a chuté. Gravement. Il s’en est remis à moitié seulement. La fin de son règne en est profondément marquée. Nous allons lire une partie du récit.

Lecture

2 Samuel 11.1-17 ; 11.26-12.14

Que celui qui croit être debout prenne garde de tomber, dit la Bible. David n’a pas pris garde. Il est tombé. Pourquoi ?

L’attrait physique d’une femme

La première raison est toute simple. Bath-Chéba était belle, peut-être jeune, elle s’est baignée sur la terrasse de sa maison, sans s’inquiéter des terrasses du palais d’à côté. J’espère qu’elle n’a pas fait exprès. Une belle femme, nue, il n’en faut pas plus pour faire tomber les hommes. La nature est ainsi faite. Si les hommes n’étaient pas attirés par les femmes, la race humaine disparaîtrait. David n’a pas été attiré, que je sache, par la personnalité de Bath-Chéba, par son intelligence, par sa culture générale. Il a été attiré par la beauté de son corps. De plus, à cette période du mois, sa peau avait un éclat particulier, son sourire était plus beau, ses yeux étaient des feux.

Les jeunes ne se rendent pas toujours compte à quel point ça peut être fort. Les filles suivent la mode, elles ont le ventre à l’air, les seins à l’air, les vêtements moulants : sans se douter de l’effort de maîtrise de soi que cela exige des hommes. Des jeunes et des vieux. Et les garçons eux aussi jouent avec le feu, poussés par la curiosité et par le désir, sans se rendre compte que la sexualité n’est pas un jeu. C’est une puissance belle et forte et voulue de Dieu qui doit être canalisée et maîtrisée.

Est-ce que Bath-Chéba était malheureuse d’être convoquée par le roi ? Est-ce qu’elle a pleuré après ? Je l’espère pour elle. Ou est-ce qu’elle trouvait ça excitant, est-ce qu’elle était fière du pouvoir qu’elle exerçait sur le roi ? Nous ne le savons pas. Parce que la Bible met l’accent sur la responsabilité de David. Il est tombé parce qu’il voulait bien. La beauté d’une femme l’a séduit, parce qu’il l’a bien voulu.

David était sans ambition et sans but

Ce qui pose une nouvelle fois la question du pourquoi. Et en un mot, la réponse c’est qu’il était vulnérable. Il était à un tournant de sa vie. Il était oisif. Il était seul. Sa vie affective était déjà un naufrage.

Le tournant de sa vie, c’est qu’il a tout réussi, son autorité n’est plus contestée par personne, il n’a plus à se battre. Il est comme un homme qui arrive à la quarantaine et qui n’a plus d’ambitions. Ou comme un homme qui arrive à la retraite et qui ne sait pas comment la remplir. Il a tout fait, il a tout vu. Ses conseillers lui disent peut-être qu’il n’a plus besoin de sortir lui-même à la tête de ses armées, que c’est trop dangereux, qu’il peut prendre du bon temps. Peut-être disent-ils qu’il est trop vieux. Quel projet de vie alors pour le roi David ? Il n’en a plus. Il est donc vulnérable. Il n’est plus porté en avant. Il est oisif. Il n’a rien à faire. David était sans ambition et sans but. Le proverbe le dit bien : L’oisiveté est la mère de tous les vices.

Un chrétien qui ne vit que pour les plaisirs va se trouver vulnérable au même titre que David. Si tu ne cherches pas d’abord le royaume et la justice de Dieu, tu es vulnérable.

David était seul

Il y a quelque chose de plus. David était aussi seul. Ses meilleurs collaborateurs étaient partis à la guerre. Son meilleur ami, Jonathan, était mort. Il était entouré de serviteurs, mais il était seul, comme beaucoup de gens peuvent l’être. La solitude est souvent associée à l’exercice d’un pouvoir : la solitude d’un président, d’un grand général, d’un chef d’entreprise. La solitude de certains pasteurs. Mais la solitude peut aussi caractériser la vie des petites gens que nous sommes. Etre en couple, mais au fond de son âme se trouver seul. Se trouver seul au milieu de ses enfants. C’est une tristesse pour certains ; c’est un danger pour tous. Il n’est pas bon que l’homme soit seul.

Des fois la solitude provoque la chute ; des fois c’est la chute qui enferme dans la solitude. Le Seigneur a voulu que l’Eglise se construise non seulement par la prière ou par l’annonce de la parole, mais par des relations humaines. A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres... Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières. C’est primordial. Imaginer la vie chrétienne sans un réseau d’amis chrétiens, sans l’Eglise, c’est rater le plan de Dieu, c’est se rendre vulnérable. David n’avait pas d’égaux en face de lui, personne ne pouvait le mettre en garde.

Si tu as un lourd secret, si tu es tenté, tu as besoin d’un confident. Non pas un copain qui partage tes faiblesses et qui va t’encourager dans le péché ; mais un confident, quelqu’un qui t’aidera dans tes luttes et qui n’en dira pas un mot au dehors. David n’avait personne à qui ouvrir son cœur.

Sa vie sentimentale était un naufrage

De plus, sa vie sentimentale était un naufrage. La Bible dit : L’homme quittera son père et sa mère et s’attacheras à sa femme… Maris aimez chacun votre femme comme Christ a aimé l’Eglise. Et effectivement David a aimé une femme, c’était la fille du roi Saül, qui lui a même sauvé la vie. Mais ce mariage a été brisé de force par le roi Saül. David a pris une autre femme, et puis une autre, et puis une autre. Il a fait de la polygamie comme les rois païens de son époque ou comme Louis XIV. Il a fini par collectionner huit femmes, plus des veuves, plus des concubines. Il a même récupéré sa première femme, amère comme la mort. Je pense qu’il n’a pas connu l’amour. Il a fait des enfants à ces femmes, des enfants qu’il ne pouvait pas suivre, des enfants à qui il n’a laissé aucun exemple, qui n’ont pas eu de vrai père, des enfants qui plus tard intrigueront contre lui et les uns contre les autres pour avoir le trône.

Quand un homme a plusieurs femmes, il n’en a aucune, en fait. Aucune qui soit le vis-à-vis que Dieu a voulu pour lui, aucune qui soit son aide, son soutien, son partenaire. David a sans doute pris du bon temps avec ses femmes. Il a peut-être oublié dans les bras de l’une l’échec de sa relation avec l’autre. Mais il n’avait pas sa moitié, comme on dit.

Sa vie sentimentale était en lambeaux. Cela le rendait très vulnérable. Ce n’était pas grave pour lui d’ajouter une femme à sa collection. Bath-Chéba allait être sa huitième femme. Il ne lui restait plus aucun sentiment d’attachement personnel à celles qu’il avait déjà. Il était en manque d’affection. Il était poussé par le désir. Pourquoi pas ? Surtout quand on est le roi et qu’on peut tout se permettre.

Il essaie de tout cacher

Sauf qu’ici, il s’en est pris à une femme mariée. Sa réputation était donc en jeu. Il devait cacher son jeu. Ses compatriotes pouvaient lui pardonner son harem, et même l’admirer pour son harem, mais il ne fallait surtout pas qu’ils sachent qu’il avait trahi l’un de ses fidèles serviteurs. Il ne fallait pas que le monde sache qu’il avait fait un enfant à la femme d’Urie. Sa faute initiale s’est doublée donc d’une magouille puis d’un meurtre. C’est typique de l’homme qui fait le mal, de l’homme qui s’éloigne de Dieu. Il aimerait se couvrir, couvrir son mensonge, couvrir sa malhonnêteté, couvrir sa liaison illicite. Et parfois, c’est tragique, ça va très loin.

Les conséquences de la faute de David

Quand le prophète Nathan est venu le confronter avec son péché, le roi David a reconnu sa faute, sans la minimiser et sans se chercher des excuses. Nous lisons sa prière de repentance dans le Psaume 51. Il reconnaît l’énormité de son acte. Il implore le pardon de Dieu. Mais malgré le pardon il reste de lourdes conséquences pratiques.

David régularise sa situation vis-à-vis de Bath-Chéba, elle devient sa femme. La huitième, c’est vrai, mais au moins c’était officiel et non pas une liaison cachée.

L’enfant que portait Bath-Chéba meurt peu de temps après sa naissance. Dieu punit ainsi non l’enfant mais le père coupable.

Le plus frappant, c’est que David perd la maîtrise de la maison royale. Sa fille Tamar se fait violer par son demi-frère Amôn, qui lui sera assassiné par le frère de Tamar, Absalom. Absalom essaie de prendre le pouvoir et force son père à s’enfuir, avant d’être lui-même tué au combat. Plus tard, un autre fils, Adoniya, essayera de prendre le trône avec l’appui du chef de l’armée, le général Joab. David vit une vieillesse pas très glorieuse et ne passe la main à Salomon qu’au tout dernier moment. C’est plutôt triste. Et le début de tous ces déboires, c’est l’affaire d’Urie. Comme si là, quelque chose s’était réellement cassé.

Ce que le pardon n’efface pas

Il y a deux semaines je vous ai proposé un chant qui dit, entre autres : Tu peux naître de nouveau, tu peux tout recommencer, balayer ta vie passée. Je crois que c’est juste. Quand quelqu’un est en Christ il est une nouvelle créature, les choses anciennes sont passées, voici toutes choses sont devenues nouvelles, dit la Bible.

Le pardon de Dieu efface beaucoup de choses. Il efface le contentieux entre toi et Dieu. Il efface ta dette vis-à-vis de Dieu. Il te fait entrer dans la communion avec Dieu maintenant et pour l’éternité. Il te permet de reconstruire ta vie autrement, avec de nouvelles bases, avec Jésus pour berger. Et quand le pardon de Dieu est accompagné par une démarche de pardon auprès des hommes, alors tes relations humaines peuvent elles aussi être réparées et restaurées.

Mais il y a des choses que le pardon n’efface pas. Il n’efface pas tout de suite le sentiment de honte que tu peux avoir. Il n’efface pas les conséquences directes de ta faute – tout comme il ne pouvait pas faire revivre le brave Urie. Tu as perdu ton emploi, tu as brisé ton mariage, tu as vidé ton compte en banque, tu as cassé un collaborateur sur le plan professionnel, tu as dégoûté tes enfants de la foi : rien de tout cela ne s’effacera comme par un tour de magie.

Et plus grave encore, le pardon ne changera pas du jour au lendemain ta personnalité. En principe la repentance et le pardon mettent une sorte de barrière invisible entre toi et la récidive. Tu as mal fait, tu le dis ouvertement, tu demandes pardon à Dieu et aux hommes, tu t’engages dans une direction nouvelle : en principe, ce n’est pas pour recommencer les mêmes fautes. Mais si tu croies alors être tiré d’affaire, c’est sûr que tu vas tomber. Reconstruire ta personnalité sainement, cela prendra du temps. En attendant, si tu crois être debout, prends garde de tomber.

Conclusion

Est-ce que quelqu’un sait quel est le dernier endroit dans la Bible où Bath-Chéba et Urie sont mentionnées ? C’est dans Matthieu 1 verset 6, c’est dans la généalogie du Seigneur Jésus-Christ. Pour nous rappeler la réalité du péché. Pour nous dire que même après une catastrophe le plan de Dieu se poursuit. Que David y a sa place, malgré sa chute. Et pour nous dire que Jésus-Christ est solidaire d’un peuple de pécheurs.

Quelle leçon est-ce que toi tu vas tirer de l’expérience de David ?

Que celui qui croit être debout prenne garde de tomber

1 Corinthiens 10.12