Jésus triomphe
3 décembre 2006

Jésus triomphe

Prédicateur:
Passage: 1 Pierre 3:18-22

Introduction

C’est bientôt Noël. Et vous allez peut-être offrir une Bible à vos proches ou à vos enfants. Vous allez peut-être demander une Bible. S’il vous plaît, je vous en supplie, prenez une traduction moderne comme la Bible du Semeur. Ce n’est pas la peine d’avoir une Bible vieille et vénérable si vous ne la comprenez pas. Ce n’est pas la peine d’acheter des tas de Bibles à 5 euros, libres de tout copyright, si vos amis ne peuvent pas les comprendre ou s’ils vont être troublés par des problèmes qui n’en sont pas. Avec une traduction moderne dans le français d’aujourd’hui, un bon nombre de nos difficultés disparaissent.

Mais pas toutes. La lecture que je vous propose aujourd’hui fait partie des passages difficiles à comprendre. Mais c’est dans la suite de nos lectures dans la première épître de Pierre : je ne vais donc pas l’escamoter. Je vais le lire dans la Bible du Semeur, cela nous aidera déjà un peu. Et dès les premiers mots vous verrez le lien entre ce passage et la Sainte Cène que nous venons de célébrer.

Lecture

Le verset 18 est limpide.

Parfois les chrétiens souffrent et sont rejetés sans avoir fait de mal. Et en cela, Christ est notre exemple. Il était innocent. Il a souffert la mort. Mais ce qu’il a vécu était bien plus qu’une injustice. Il a souffert pour les péchés. Il l’a fait une fois pour toutes. Il était comme un sacrifice offert, comme une rançon payée, comme une expiation voulue. Il fallait qu’il soit innocent et sans péché, pour porter les péchés de nous autres coupables et pour nous conduire à Dieu. Et pour prouver au monde qu’il n’était pas mort en vain, le Père l’a ramené à la vie par le Saint-Esprit.

Nous sommes réconciliés avec Dieu par un Sauveur toujours vivant ! Pas par nos efforts. Pas par une série d’incarnations pour éliminer le mauvais karma. Pas par la grâce bon marché qui occulterait la gravité du péché. Mais par la mort du Fils de Dieu. Voilà ce que nous vivons, voilà ce que nous proclamons au monde voilà ce que nous célébrons ensemble. Le verset 18 et limpide, il est magnifique.

Le verset 19 constitue notre première difficulté. Pour vous qui êtes attentifs aux détails du texte biblique, je peux vous signaler les deux grandes difficultés du verset :

  • Est-ce que Jésus a déjà fait une proclamation par la bouche de Noé aux rebelles d’autrefois ? Le texte de la Bible du Semeur l’implique1. Ou est-ce que qu’il a annoncé au monde des esprits la victoire de la croix ? C’est l’option que vous verrez proposée dans la note du Semeur. C'est alors, après la croix, qu'il est allé proclamer sa victoire aux esprits célestes en prison.

  • Est-ce que Jésus a annoncé le salut aux morts, pour qu’ils se convertissent ? Non, je ne le crois pas. Il ne s’agit pas d’annoncer la bonne nouvelle, euangelizô, mais de faire une proclamation, kêrussô.<3 C’est dans cette vie-ci que nous devons nous tourner vers Dieu.

Dans la foulée de sa victoire sur le péché Jésus a proclamé son triomphe aux esprits invisibles, rebelles et déjà jugés. Sa victoire était totale.

Le verset 20 donne une précision sur ces esprits. L’apôtre Pierre pense à des rebelles particulièrement coriaces. C’était ceux de la période du grand déluge. Soit les puissances du mal qui étaient à l’œuvre à ce moment-là, soit les hommes rebelles qui n’ont rien voulu savoir de Dieu, malgré sa patience, et malgré la présence au milieu d’eux d’un homme juste et craignant Dieu, Noé. L’eau qui les a engloutis rappelle à tous les humains qui le péché ne restera pas pour toujours impuni. Il y aura un jugement. Et le témoignage de Noé nous rappelle que Dieu offre le salut à ceux qui se tournent vers lui. S’ils croient en lui, et s’ils montrent par leurs actes qu’ils croient vraiment, ils seront sauvés du jugement.

Quand les chrétiens du monde entier récitent le credo, ils disent entre autres que Christ viendra du ciel pour juger les vivants et les morts. La différence entre le bien et le mal semble s’estomper de nos jours. Chacun voit midi à sa porte. Et on fait n’importe quoi : on fait plus attention à la bourse qu’aux êtres humains ; on met des enfants au monde sans s’engager leur donner un cadre de vie stable ; on trafique les êtres humains dans l’œuf ; on les achète comme des esclaves ; on ment et on manipule les autres. Comme on l’a toujours fait. Au cours de l’histoire, Dieu est intervenu à plusieurs reprises par un acte de jugement. Et à la fin des temps il le fera de façon générale.

Sur la date du déluge, sur son étendue, sur son lien avec les sciences de la terre et de la vie, il y aurait beaucoup de choses à dire. Nous pourrions en parler après le culte. Mais ce qu’il faut retenir en 1 Pierre 3, c’est que le déluge est à la fois signe du jugement et du salut.

Comme la naissance de Jésus. Comme la croix. Comme le baptême.

En quoi est-ce que le sauvetage de Noé préfigure le baptême, comme le dit le verset 21 ? C’est une comparaison où tout n’est pas rigoureusement identique. Mais on peut dire ceci : le déluge a mis fin à un mode de vie sans Dieu ; et le baptême signifie que pour le chrétien les choses anciennes sont passées, toutes choses sont devenues nouvelles. L’eau du déluge n’a pas sauvé Noé, c’est l’avertissement de Dieu, c’est la foi, c’est le bateau. L’eau du baptême ne nous sauve pas non plus, c’est l’annonce de la Parole et Dieu et l’engagement de la foi. L’épisode du déluge4 et le baptême parlent tous les deux de la grâce de Dieu au milieu du péché des humains.

Faut-il comprendre que le baptême nous sauve ? Certaines traductions le supposent. Mais comme l’eau du déluge ne sauvait pas, l’eau du baptême ne nous sauve pas non plus. Pierre prend bien soin de dire que c’est l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu qui compte, c’est à dire une foi sincère, responsable et résolue. Et cet engagement en tant que tel ne sauverait pas sans la résurrection de Jésus d’entre les morts.

Les lecteurs du temps de Pierre pouvaient penser que le baptême ressemblait à ces lavements rituels que les Juifs pratiquaient pour les impuretés du corps. C’était faux. De nos jours, nos contemporains peuvent penser que le baptême est le passeport pour le ciel. C’est faux. Le baptême est le geste qui accompagne l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu.

Si vous avez compris qui est Jésus-Christ et ce qu’il a fait pour vous, si vous êtes décidé à vivre comme son disciple, le baptême est pour vous. C’est le signe d’une foi sincère et résolue, c’est un signe voulu par Jésus-Christ lui-même. Vous croyez en Christ, vous êtes en mesure de vous engager d’une façon responsable, alors vous ne devez pas tarder à demander le baptême.

Nous arrivons au verset 22. Notre lecture a commencé par un rappel : Christ est mort pour nous, lui juste pour nous autres injustes, afin de nous ramener à Dieu. Sa victoire a été proclamée dans le monde des esprits. Elle a été proclamée sur la terre par sa résurrection. Et notre lecture termine en parlant de l’ascension du Christ et son règne à la droite du Père dans le ciel. Les anges, les autorités et les puissances célestes lui sont soumis.

Et ça, c’est très fort, ça. Beaucoup de personnes vivent dans la crainte des esprits. Certains pratiquent le culte des anges. Certains chrétiens vivent en regardant constamment par-dessus l’épaule pour voir ce que Satan est en train de leur mijoter.

Il est vrai que le monde invisible existe. Il est vrai que nous luttons non pas contre la chair et le sang, mais contre les puissances, les autorités, les pouvoirs, les esprits du mal dans les lieux célestes. Ephésiens 6 le dit. Mais nous ne luttons pas par une sorte de contre-magie, avec ses pratiques infaillibles et ses formules puissantes. Nous luttons par la vérité, la droiture, l’esprit de service, la foi, la Parole de Dieu. Sauvés par un Christ qui règne, nous avons toute la protection et tout le blindage qu’il nous faut. A condition de nous en servir.

Conclusion

Nous vivons dans un monde difficile. Mais pas plus difficile que le monde du 1er siècle. Comme les premiers lecteurs de l’épître de Pierre, nous pouvons subir des injustices. Nous pouvons être tentés. Nous pouvons craindre encore les dieux païens. Nous pouvons avoir à répondre de notre foi devant des personnes qui ne comprennent rien ou qui sont plutôt hostiles.

Le passage que nous avons lu ce matin dit une chose, et il le dit très fort : nous avons tout pleinement en Christ5<. Il sauve. Il règne.

Dans cette traduction moderne qu’on nous offrira à Noël, que nous puissions tous mieux voir Jésus, et mieux suivre son exemple.

Amen.

1 Suivant ainsi Augustin et Thomas d’Aquin

2 Théologie catholique après la Réforme, débouchant sur le salut, rejoignant ainsi Origène et d’autres auteurs anciens.

3 Luthéranisme orthodoxe à partir du 17e siècle, tendance exégétique actuelle selon et avec Samuel Bénétreau. Kêrussô comme en Apoc 5.2.

4 Semeur : ces événements

5 Colossiens 2.10.