Doctrine et pratique
27 novembre 2005

Doctrine et pratique

Prédicateur:
Passage: 1 Timothée 3.14-4.8

Introduction

Il y a quelques semaines nous avons regardé très attentivement un passage dans la première lettre de Paul à Timothée où il était question des qualités des anciens et des diacres. Essentiellement de leurs qualités spirituelles et morales. Mais il était également dit que le dirigeant, l'ancien doit être en mesure d'enseigner la Parole de Dieu et que le diacre doit être attaché à la vérité que Dieu nous a révélée.

La semaine d'après, Sylvain a enfoncé le clou en parlant de l'importance de la saine doctrine.

Ce matin nous allons continuer notre étude en regardant un passage de 1 Timothée qui commence et qui termine par le mot piété, un mot que la Bible du Semeur traduit généralement par attachement à Dieu. Je vais afficher ce texte dans la Nouvelle Version Segond de 2002.

3:14 Je t'écris cela avec l'espoir que je viendrai bientôt te voir; 3:15 mais si je tarde, tu sauras ainsi comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l'Église du Dieu vivant, la colonne et l'appui de la vérité. 3:16 Et, il faut le reconnaître, le mystère de la piété est grand :

Il s'est manifesté dans la chair,

il a été justifié dans l'Esprit,

il est apparu aux anges,

il a été proclamé parmi les nations,

il a été cru dans le monde,

il a été enlevé dans la gloire.

4:1 Pourtant l'Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns s'éloigneront de la foi pour s'attacher à des esprits d'égarement et à des enseignements de démons, 4:2 par l'hypocrisie de discoureurs de mensonge marqués au fer rouge dans leur propre conscience. 4:3 Ils interdisent de se marier et prescrivent de s'abstenir d'aliments que Dieu a créés pour qu'ils soient pris avec actions de grâces par ceux qui sont croyants et qui connaissent la vérité. 4:4 Or tout ce que Dieu a créé est bon, et rien n'est à rejeter, pourvu qu'on le prenne avec actions de grâces, 4:5 car tout est consacré par la parole de Dieu et la prière.

4:6 En exposant cela aux frères, tu seras un bon ministre de Jésus-Christ, nourri des paroles de la foi et du bel enseignement que tu as toujours bien suivi. 4:7 Mais repousse les fables profanatrices, les contes de vieilles femmes.

Exerce-toi plutôt à la piété; 4:8 l'exercice corporel, en effet, est utile à peu de chose, tandis que la piété est utile à tout : elle a la promesse de la vie, pour le présent et l'avenir. 4:9 C'est une parole certaine et digne d'être pleinement accueillie : 4:10 si nous nous donnons de la peine et si nous luttons, c'est parce que nous avons mis notre espérance dans un Dieu vivant, qui est le sauveur de tous les humains, et en particulier des croyants.

Nous allons regarder ce thème de la piété sus trois aspects : la connaissance, la pratique et l'entraînement à la piété.

La connaissance du Christ

Au verset 16 : Le mystère de la piété est grand. Cela veut dire quoi, au juste ? Dans le langage de l'apôtre, un mystère n'est pas quelque chose de mystérieux. Ce n'est pas un puzzle. C'est une vérité longtemps restée cachée mais qui maintenant a été révélée par le Seigneur. Et la piété, c'est notre façon de nous approcher de Dieu, c'est notre foi qui s'exprime dans les choses que nous disons et faisons. Le mystère de la piété est grand. Cela veut dire : Il est grand, ce que Dieu a révélé, ce que nous croyons.

Quoi, alors ? Le secret révélé, c'est ce bout de cantique que nous avons au verset 16. Je dis un bout de cantique, parce que dans l'original il est très poétique et qu'il commence au milieu d'une phrase. Nous comprenons qu'il s'agit du Christ – mais ce n'est pas dit en toutes lettres, le nom de Jésus-Christ devait venir avant l'extrait que l'apôtre cite ici.

La relation à Dieu, la piété, ne peut pas être séparée de la doctrine de Jésus-Christ. Dans ces six lignes, certaines choses sont dites à son sujet qui sont au cœur de la foi :

1.Il s'est manifesté dans la chair, c'est à dire dans un véritable corps humain. Les évangiles apocryphes, les évangiles du Da Vinci Code nient pour beaucoup d'entre eux la corporalité du Christ, nient son corps matériel. La Bonne Nouvelle, le message des Évangiles authentiques, c'est que le Christ s'est manifesté dans un corps tout à fait comme le nôtre. Dans quelques jours, Noël le célèbre.

2.Ce corps a souffert, il est mort. On aurait pu penser que Jésus était un imposteur. Mais il a été justifié dans l'Esprit, c'est à dire que sa résurrection par la puissance de l'Esprit à prouvé au monde qu'il était vrai et véridique.

3.Il est apparu aux anges[1] : soit le jour de sa résurrection, soit le jour de son ascension. Dans tous les cas, le Christ venu dans la chair, venu dans un vrai corps, a été vu et honoré par toutes les puissances invisibles du ciel. Et puis par les hommes.

4.Il a été proclamé parmi les nations – et pas seulement parmi les Juifs. C'était un élément radicalement nouveau : Juifs et non-Juifs s'approchent de Dieu sur un pied d'égalité en Christ.

5.Il a été cru dans le monde, du vivant de l'apôtre, l'Évangile s'est propagé de Jérusalem à Rome, et sans doute jusqu'aux portes de l'Inde aussi.

6.Il a été élevé dans la gloire : il s'est assis à la droite du Père tout-puissant, d'où il viendra pour juger les vivants et les morts. Il règne !

Le secret du plan de Dieu, secret révélé maintenant, c'est le Christ humilié et exalté, Seigneur et Sauveur des nations. Ce secret-là est au cœur de la piété. Il est au cœur de la foi. En dehors de ce Christ-là, nous ne sommes plus dans la foi chrétienne.

Quand on fait de la poésie, quand on écrit un cantique, on ne dit pas forcément tout. Dans l'extrait que Paul cite, il ne mentionne pas le nom de Jésus. Il ne lui donne pas son titre de Christ. Il ne parle même pas de la croix. Les chercheurs de petites bêtes crieraient au scandale. Mais en disant Il s'est manifesté dans la chair, cela sous-entend qu'il existait autrement que dans la chair, avant de se manifester dans la chair. Cela renvoie à sa divinité.

En disant il a été justifié dans l'Esprit, cela sous-entend qu'il avait besoin d'être déclaré juste, qu'il avait besoin d'une réhabilitation, cela sous-entend la condamnation de la croix.

Je dis donc que la vraie piété, la vraie foi, se base sur une compréhension claire de la personne de Jésus-Christ, dans sa vie terrestre et dans sa gloire. Et cette compréhension de la grandeur du Christ rejaillira dans le culte que nous lui rendons.

La pratique de la piété

Mais la piété n'est pas seulement une question de croyances. Elle concerne aussi la vie pratique. Et cela ressort ici au chapitre 4, où Paul fustige de faux enseignements concernant la vie pratique. Il va même jusqu'à dire que ces faux enseignements ont leur origine chez les démons et que ceux qui les propagent sont des hypocrites et des discoureurs de mensonge. Aux abris, c'est grave !

Que disent ces gens-là ? Ils interdisent le mariage et édictent des règles sur des aliments à ne pas consommer. Pour des aliments à ne pas consommer, on pourrait penser au porc, par exemple, interdit par la loi de Moïse. On pourrait penser aux lois concernant les aliments cascher, on aurait à faire à des prédicateurs qui veulent ramener l'Église sous le joug de Moïse, comme dans l'épître aux Galates. De nos jours on penserait à des courants orientaux ou nouvel âge qui attachent une grande importance à l'alimentation, qui en font un aspect vital de la spiritualité.

Jésus a dit : Ce n'est pas ce qui entre dans l'homme qui souille l'homme, c'est ce qui en sort. Romains 14.17 dit : Le règne de Dieu, ce n'est pas le manger et le boire, mais la justice, la paix et la joie, par le Saint-Esprit. Les aliments sont tous purs, sur le plan religieux. Il y a parfois des indications ou des contre-indications sur le plan médical. Mais ce n'est pas une question qui affecte notre relation à Dieu. La piété biblique est à l'aise devant une bonne assiette, elle rend grâces à Dieu.

L'interdiction de certains aliments, c'est assez courant, et c'est facile à comprendre. Mais interdire de se marier ? C'est bizarre !

Remarquez que ce n'est pas l'apôtre Paul qui interdit de se marier, ni Jésus. Ce sont les discoureurs de mensonge du verset 2. Pourquoi est-ce qu'ils interdiraient de se marier ? Peut-être parce qu'ils estiment que le corps est mauvais, que les gens spirituels doivent supprimer tout ce qui a trait au corps, tous les plaisirs du corps. Au deuxième siècle, les évangiles apocryphes adoptent souvent cette ligne-là. Le mouvement monastique l'a souvent suivie. C'est peut-être là l'explication. Ou alors, c'est en rapport avec un enseignement dénoncé au début de 2 Timothée : la résurrection aurait déjà eu lieu. Maintenant nous devrions donc vivre comme des anges qui n'ont pas de corps.

D'où qu'elle vienne, cette idée, elle est fausse. La vie avec Dieu se vit dans un corps et dans un monde matériel que Dieu a voulu. Tout ce que Dieu a créé est bon, et rien n'est à rejeter, pourvu qu'on le prenne avec actions de grâces, car tout est consacré par la parole de Dieu et la prière. La piété ne consiste pas à nier la création pour être plus près de Dieu. Elle consiste à vivre comme des hommes et des femmes à part entière, des hommes et des femmes qui remercient Dieu pour les plaisirs et les bienfaits de la vie.

S'entraîner à la piété

Premier aspect de la piété : des croyances justes au sujet de Jésus-Christ. Deuxième aspect de la piété : une pratique spirituelle conforme à la Parole de Dieu. Et troisième aspect, versets 8 et 9 : Il faut s'entraîner à la piété, car la piété est utile à tout : elle a la promesse de la vie, pour le présent et l'avenir. S'entraîner, verset 10, c'est se donner du mal et lutter.

Je vois bien en quoi consiste l'entraînement d'un sportif : la musculation, des exercices tous les jours pour maîtriser les gestes techniques et les rendre automatiques, un suivi médical, une hygiène de vie, une alimentation parfaitement calibrée. Mais en quoi consisterait l'entraînement à la piété ?

En rapport avec le passage que nous avons lu, l'entraînement à la piété inclut certainement la fréquentation assidue de la Parle de Dieu. Elle permet d'avoir une bonne connaissance du Christ et une vie spirituelle équilibrée. Il faut solliciter tous les muscles et toutes les techniques : lecture, méditation, mémorisation, étude ; exercices personnels et exercices collectifs ; culte et groupes de maison ; écoute pour soi et transmission aux autres. Dans le reste du chapitre 4 Timothée doit y veiller pour son propre bien et pour le bien de l'Église dont il est responsable. Il faut se donner du mal pour cela, et lutter.

Mais la connaissance de la Parole de Dieu, est-ce que c'est tout ? Manifestement que non. Ce passage n'a pas l'occasion de le dire, mais connaître sans mettre en pratique, c'est une abomination. Et Timothée, en tout cas, ne doit pas se contenter d'un entraînement biblique. Verset 12, il doit être un modèle par ses paroles, sa conduite, son amour, sa foi, sa pureté. S'entraîner à cette piété-là, c'est encore se donner du mal et lutter pour l'amour, pour la foi, pour la pureté.

Conclusion

A quoi bon se décarcasser ? C'est que la piété a la promesse de la vie, pour le présent et l'avenir. L'entraînement physique est utile dans cette vie ; l'entraînement à la piété porte ses fruits dans cette vie-ci et dans la vie à venir. C'est déjà utile dans la vie ici-bas : pour distinguer la vérité de l'erreur ; pour profiter de tout ce que Dieu a crée de bon, pour vivre dans la pureté. Mais la foi, l'espérance et l'amour demeurent. Ils demeurent vraiment. Ce que nous apprenons ici-bas ne sera pas perdu dans la gloire, quand nos louanges se joindront à celles des anges. Exerçons-nous donc à la piété !

Amen


[1] Fee, Kelly et Guthrie : Christ a été vu par les anges à son ascension ; Knight : Le Christ ressuscité a été vu par les anges qui ont ensuite communiqué la nouvelle de la résurrection aux disciples.